Crémaillère Mécanique primitive pour esprits bouillonnants
Alter ego
Terminologie d’une nouvelle vie
Les sentiers se croisent, se dessinent dans une croyance unique
Le toit du monde survole mon intellect
Je t’en prie, rassure-moi !
Une coupe de champagne à la main,
je me dirige seule vers les champs de maïs.
Autour de ton règne au dessus des nuages de la ville.
Fête onirique, fête d’esprits solitaires unis autour de l’unique projet
La création
Je m’accroche à toi rouage des rêveries
Pour exister.
Je sais que le néant est prêt à m’absorber,
à inhaler mon souffle.
Résistance outrancière
Je suis heureuse d’avoir été invitée
Dans ce monde.
il y a 9 mois
S
Sybille Rembard
@sybilleRembard
Écriture Un livre une page des mots
Un adulte
l’enfant caché
Tu parles
à toi, de toi
à moi
au monde
Maintenant, tout de suite
Sans aucune règle
Libre de t’affirmer
sans respecter les conventions
bourgeoises, castratrices, arbitraires
la pensée globalisée se construit
élixir alchimique enivrant
réaffirme notre analogie
le temps d’un instant
recompose le puzzle fraternel
le mot philosophale rayonne
ainsi restauré
il y a 9 mois
Théodore de Banville
@theodoreDeBanville
La coupe Le poëte en sa coupe, orgueil du ciseleur,
S’enivre, et boit le vin amer de la douleur.
Puis, après avoir bu le vin, il boit la lie
Où dorment la tristesse et la mélancolie.
Et puis, après la lie encore, tout au fond,
Dorment en un flot noir l’accablement profond
Et l’inutile amour de l’Idéal qui lève
Son front chaste, et l’horreur effrayante du rêve.
Et comme, en regardant longtemps ce flot moqueur,
Le poëte qui sent se soulever son coeur,
A dans ses sombres yeux l’égarement d’Oreste,
La Muse lui dit: Mon bien-aimé, bois le reste!
Paris, le dimanche 5 septembre 1886.
il y a 9 mois
Théodore de Banville
@theodoreDeBanville
La muse La muse est un oiseau, disait un maître ancien.
Auguste Vacquerie.
Près du ruisseau, sous la feuillée,
Menons la Muse émerveillée
Chanter avec le doux roseau,
Puisque la Muse est un oiseau.
Puisque la Muse est un oiseau,
Gardons que quelque damoiseau
N’apprenne ses chansons nouvelles
Pour aller les redire aux belles.
Un méchant aux plus fortes ailes
Tend mille pièges infidèles.
Gardons-la bien de son réseau,
Puisque la Muse est un oiseau.
Puisque la Muse est un oiseau,
Empêchons qu’un fatal ciseau
Ne la poursuive et ne s’engage
Dans les plumes de son corsage.
Mère, veillez bien sur la cage
Où la Muse rêve au bocage.
Veillez en tournant le fuseau,
Puisque la Muse est un oiseau.
Avril 1844.
il y a 9 mois
Théophile Gautier
@theophileGautier
L’art Oui, l’œuvre sort plus belle
D’une forme au travail
Rebelle,
Vers, marbre, onyx, émail.
Point de contraintes fausses !
Mais que pour marcher droit
Tu chausses,
Muse, un cothurne étroit.
Fi du rythme commode,
Comme un soulier trop grand,
Du mode
Que tout pied quitte et prend !
Statuaire, repousse
L’argile que pétrit
Le pouce,
Quand flotte ailleurs l’esprit ;
Lutte avec le carrare,
Avec le paros dur
Et rare,
Gardiens du contour pur ;
Emprunte à Syracuse
Son bronze où fermement
S’accuse
Le trait fier et charmant ;
D’une main délicate
Poursuis dans un filon
D’agate
Le profil d’Apollon.
Peintre, fuis l’aquarelle,
Et fixe la couleur
Trop frêle
Au four de l’émailleur.
Fais les sirènes bleues,
Tordant de cent façons
Leurs queues,
Les monstres des blasons ;
Dans son nimbe trilobe
La Vierge et son Jésus,
Le globe
Avec la croix dessus.
Tout passe. – L’art robuste
Seul a l’éternité.
Le buste
Survit à la cité.
Et la médaille austère
Que trouve un laboureur
Sous terre
Révèle un empereur.
Les dieux eux-mêmes meurent
Mais les vers souverains
Demeurent
Plus forts que les airains.
Sculpte, lime, cisèle ;
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant !
il y a 9 mois
V
Vlad Negrescu
@vladNegrescu
Chemins On dit que tous les chemins mènent à Rome,
je dis que chaque chemin s’envoie en l’air
il faut bien qu’ils s’amusent aussi, bonhommes
à feindre l’orgasme demain mais surtout hier
tortueux et sinueux ils lancent des ficelles
qu’on suit ou pas qu’on dicte ou non et
tentés de se teindre de se maquiller de rimmel
poussent le vrai aux fonds étiolés
ils prennent parfois le métro seuls comme des grands
parlant aux gens sérieux et aux filles écarlates
aux gamins pleurnichards aux vieux de cent ans
et se fixent juste là au dessus des omoplates
les chemins s’achètent se vendent et s’échangent
à la foire du mercredi au marché aux puces
objets vaporeux suintant comme des servantes
aux yeux mielleux aux yeux de russes
moi même j’en ai acheté plus de mille et un
chemins sentiers bordels aussi, car il en faut
pour s’amuser de même juste un petit instant
embruns et poussières d’ébats, le matin tôt
les chemins riment entre eux et triment
de faire de nous des valeureux
pour que les guerres et les affreux abîmes
ne soient que des petits jeux
ils testent poussent à bout d’une main sévère
dans des pays aux noms exotiques
à prendre l’un d’eux et faire
des tours avec sa clique
les chemins dansent les chemins pleurent
promettent vraiment un lendemain
heureux ou pas l’on ne sait guère
une chose est sure ils seront miens
il y a 9 mois
Walt Whitman
@waltWhitman
Je chante le soi-même Je chante le soi-même, une simple personne séparée,
Pourtant je prononce le mot démocratique, le mot En Masse,
C’est de la physiologie du haut en bas, que je chante,
La physionomie seule, le cerveau seul, ce n’est pas digne de la Muse;
je dis que l’Ëtre complet en est bien plus digne.
C’est le féminin à l’égal du mâle que je chante,
C’est la vie, incommensurable en passion, ressort et puissance,
Pleine de joie, mise en oeuvre par des lois divines pour la plus libre action,
C’est l’Homme Moderne que je chante.
il y a 9 mois
Walt Whitman
@waltWhitman
Ne fermez pas vos portes Ne fermez pas vos portes, orgueilleuses bibliothèques,
Car ce qui manquait sur vos rayons bien remplis, mais dont on
a bien besoin, Je l’apporte,
Au sortir de la guerre, j’ai fait un livre
Les mots de mon livre, rien; son âme, tout;
Un livre isolé, sans attache, avec les autres, point senti avec l’entendement.
Mais à chaque page, vous allez tressaillir de choses qu’on n’a pas dites.
il y a 9 mois
W
Winston Perez
@winstonPerez
Empoisonné J’ai vu la Croix par dessus la Lune
merveilleux soir de brume
j’avais vingt ans passés
Mille cornes plantées
Mille crevasses brunes
et faisceaux éclatants
Mille pas gravés sur terre
et parfums enivrants
J’ai vu l’homme, la princesse éphémère
et le Père flamboyant
J’étais plus que moi-même
plus grand que le grand
Mon corps lacéré ne me faisait plus mal
J’étais l’air et l’humide
Et il n’y avait plus d’organes
Il n’y avait plus d’ennui
J’ouvrais les portes de la perception divine
Ce soir par dessus la Lune
J’étais empoisonné
il y a 9 mois
W
Winston Perez
@winstonPerez
Sonnet à creus Ô Sculptures pliées par le doigt des Dieux
Créations invisibles qu’on n’ose pas toucher
Et l’aigle qui vole par dessus l’Enfer
et qui se fixe sur l’astre aride craché par la mer
Et le vent qui vient chaque jour défier l’horizon
puis dessiner ces formes mortes hurlant à l’unisson
Et le vent qui souffle son éternel Amour
à la Gloire du Vide, et du Silence lourd
Chaque pas sur le chemin raconte cette autre histoire
Celle qu’on ne raconte pas, par peur de voir
le Nous, le Eux, que l’on ne verra plus jamais
Et même si on a cru le voir dans un passé lointain
Ce sera le chameau qui surgira au bout de la route
et le Rhinocéros sèché paraîtra endormi
il y a 9 mois
Wislawa Szymborska
@wislawaSzymborska
Impressions théâtrales Pour moi, de toute la tragédie, rien ne vaut l’acte six.
Les morts ressuscitant après la bataille,
les perruques repeignées, les robes époussetées,
les couteaux arrachés des cœurs,
les nœuds coulants desserrés,
les morts et les vivants en rangs bien ordonnés,
face au public.
Saluts individuels et collectifs :
main blanche sur le cœur qui saigne,
la révérence de la suicidée,
le hochement de la tête coupée.
Salut par deux :
la fureur main dans la main avec la bonté
la victime l’œil tendrement plongé dans celui du bourreau
le rebelle sans rancune avance près du tyran.
La pantoufle dorée piétine l’éternité,
moralité pesante qu’on chasse d’un coup de chapeau,
le zèle incorrigible de recommencer demain.
Les morts en rang par deux qui nous reviennent plus tôt,
après le troisième acte, entre les deux derniers.
Miraculeux retour d’éternels disparus.
La pensée qu’en coulisses ils attendaient leur tour,
sans toucher aux costumes, sans effacer le fard,
tout cela me bouleverse bien mieux que les tirades.
Et le rideau qui tombe est une élévation.
Tout ce qu’on entrevoit sous la frange fuyante :
la main qui précipitamment saisit la fleur,
où l’autre qui s’empare du glaive abandonné.
Et c’est alors seulement qu’une troisième main
invisible, fait son office
me prenant à la gorge.