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Créativité

131 poésies en cours de vérification
Créativité

Poésies de la collection créativité

    S

    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Crémaillère Mécanique primitive pour esprits bouillonnants Alter ego Terminologie d’une nouvelle vie Les sentiers se croisent, se dessinent dans une croyance unique Le toit du monde survole mon intellect Je t’en prie, rassure-moi ! Une coupe de champagne à la main, je me dirige seule vers les champs de maïs. Autour de ton règne au dessus des nuages de la ville. Fête onirique, fête d’esprits solitaires unis autour de l’unique projet La création Je m’accroche à toi rouage des rêveries Pour exister. Je sais que le néant est prêt à m’absorber, à inhaler mon souffle. Résistance outrancière Je suis heureuse d’avoir été invitée Dans ce monde.

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    S

    Sybille Rembard

    @sybilleRembard

    Écriture Un livre une page des mots Un adulte l’enfant caché Tu parles à toi, de toi à moi au monde Maintenant, tout de suite Sans aucune règle Libre de t’affirmer sans respecter les conventions bourgeoises, castratrices, arbitraires la pensée globalisée se construit élixir alchimique enivrant réaffirme notre analogie le temps d’un instant recompose le puzzle fraternel le mot philosophale rayonne ainsi restauré

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    La coupe Le poëte en sa coupe, orgueil du ciseleur, S’enivre, et boit le vin amer de la douleur. Puis, après avoir bu le vin, il boit la lie Où dorment la tristesse et la mélancolie. Et puis, après la lie encore, tout au fond, Dorment en un flot noir l’accablement profond Et l’inutile amour de l’Idéal qui lève Son front chaste, et l’horreur effrayante du rêve. Et comme, en regardant longtemps ce flot moqueur, Le poëte qui sent se soulever son coeur, A dans ses sombres yeux l’égarement d’Oreste, La Muse lui dit: Mon bien-aimé, bois le reste! Paris, le dimanche 5 septembre 1886.

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    La muse La muse est un oiseau, disait un maître ancien. Auguste Vacquerie. Près du ruisseau, sous la feuillée, Menons la Muse émerveillée Chanter avec le doux roseau, Puisque la Muse est un oiseau. Puisque la Muse est un oiseau, Gardons que quelque damoiseau N’apprenne ses chansons nouvelles Pour aller les redire aux belles. Un méchant aux plus fortes ailes Tend mille pièges infidèles. Gardons-la bien de son réseau, Puisque la Muse est un oiseau. Puisque la Muse est un oiseau, Empêchons qu’un fatal ciseau Ne la poursuive et ne s’engage Dans les plumes de son corsage. Mère, veillez bien sur la cage Où la Muse rêve au bocage. Veillez en tournant le fuseau, Puisque la Muse est un oiseau. Avril 1844.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    L’art Oui, l’œuvre sort plus belle D’une forme au travail Rebelle, Vers, marbre, onyx, émail. Point de contraintes fausses ! Mais que pour marcher droit Tu chausses, Muse, un cothurne étroit. Fi du rythme commode, Comme un soulier trop grand, Du mode Que tout pied quitte et prend ! Statuaire, repousse L’argile que pétrit Le pouce, Quand flotte ailleurs l’esprit ; Lutte avec le carrare, Avec le paros dur Et rare, Gardiens du contour pur ; Emprunte à Syracuse Son bronze où fermement S’accuse Le trait fier et charmant ; D’une main délicate Poursuis dans un filon D’agate Le profil d’Apollon. Peintre, fuis l’aquarelle, Et fixe la couleur Trop frêle Au four de l’émailleur. Fais les sirènes bleues, Tordant de cent façons Leurs queues, Les monstres des blasons ; Dans son nimbe trilobe La Vierge et son Jésus, Le globe Avec la croix dessus. Tout passe. – L’art robuste Seul a l’éternité. Le buste Survit à la cité. Et la médaille austère Que trouve un laboureur Sous terre Révèle un empereur. Les dieux eux-mêmes meurent Mais les vers souverains Demeurent Plus forts que les airains. Sculpte, lime, cisèle ; Que ton rêve flottant Se scelle Dans le bloc résistant !

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    V

    Vlad Negrescu

    @vladNegrescu

    Chemins On dit que tous les chemins mènent à Rome, je dis que chaque chemin s’envoie en l’air il faut bien qu’ils s’amusent aussi, bonhommes à feindre l’orgasme demain mais surtout hier tortueux et sinueux ils lancent des ficelles qu’on suit ou pas qu’on dicte ou non et tentés de se teindre de se maquiller de rimmel poussent le vrai aux fonds étiolés ils prennent parfois le métro seuls comme des grands parlant aux gens sérieux et aux filles écarlates aux gamins pleurnichards aux vieux de cent ans et se fixent juste là au dessus des omoplates les chemins s’achètent se vendent et s’échangent à la foire du mercredi au marché aux puces objets vaporeux suintant comme des servantes aux yeux mielleux aux yeux de russes moi même j’en ai acheté plus de mille et un chemins sentiers bordels aussi, car il en faut pour s’amuser de même juste un petit instant embruns et poussières d’ébats, le matin tôt les chemins riment entre eux et triment de faire de nous des valeureux pour que les guerres et les affreux abîmes ne soient que des petits jeux ils testent poussent à bout d’une main sévère dans des pays aux noms exotiques à prendre l’un d’eux et faire des tours avec sa clique les chemins dansent les chemins pleurent promettent vraiment un lendemain heureux ou pas l’on ne sait guère une chose est sure ils seront miens

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    Walt Whitman

    Walt Whitman

    @waltWhitman

    Je chante le soi-même Je chante le soi-même, une simple personne séparée, Pourtant je prononce le mot démocratique, le mot En Masse, C’est de la physiologie du haut en bas, que je chante, La physionomie seule, le cerveau seul, ce n’est pas digne de la Muse; je dis que l’Ëtre complet en est bien plus digne. C’est le féminin à l’égal du mâle que je chante, C’est la vie, incommensurable en passion, ressort et puissance, Pleine de joie, mise en oeuvre par des lois divines pour la plus libre action, C’est l’Homme Moderne que je chante.

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    Walt Whitman

    Walt Whitman

    @waltWhitman

    Ne fermez pas vos portes Ne fermez pas vos portes, orgueilleuses bibliothèques, Car ce qui manquait sur vos rayons bien remplis, mais dont on a bien besoin, Je l’apporte, Au sortir de la guerre, j’ai fait un livre Les mots de mon livre, rien; son âme, tout; Un livre isolé, sans attache, avec les autres, point senti avec l’entendement. Mais à chaque page, vous allez tressaillir de choses qu’on n’a pas dites.

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    W

    Winston Perez

    @winstonPerez

    Empoisonné J’ai vu la Croix par dessus la Lune merveilleux soir de brume j’avais vingt ans passés Mille cornes plantées Mille crevasses brunes et faisceaux éclatants Mille pas gravés sur terre et parfums enivrants J’ai vu l’homme, la princesse éphémère et le Père flamboyant J’étais plus que moi-même plus grand que le grand Mon corps lacéré ne me faisait plus mal J’étais l’air et l’humide Et il n’y avait plus d’organes Il n’y avait plus d’ennui J’ouvrais les portes de la perception divine Ce soir par dessus la Lune J’étais empoisonné

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    W

    Winston Perez

    @winstonPerez

    Sonnet à creus Ô Sculptures pliées par le doigt des Dieux Créations invisibles qu’on n’ose pas toucher Et l’aigle qui vole par dessus l’Enfer et qui se fixe sur l’astre aride craché par la mer Et le vent qui vient chaque jour défier l’horizon puis dessiner ces formes mortes hurlant à l’unisson Et le vent qui souffle son éternel Amour à la Gloire du Vide, et du Silence lourd Chaque pas sur le chemin raconte cette autre histoire Celle qu’on ne raconte pas, par peur de voir le Nous, le Eux, que l’on ne verra plus jamais Et même si on a cru le voir dans un passé lointain Ce sera le chameau qui surgira au bout de la route et le Rhinocéros sèché paraîtra endormi

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    Wislawa Szymborska

    Wislawa Szymborska

    @wislawaSzymborska

    Impressions théâtrales Pour moi, de toute la tragédie, rien ne vaut l’acte six. Les morts ressuscitant après la bataille, les perruques repeignées, les robes époussetées, les couteaux arrachés des cœurs, les nœuds coulants desserrés, les morts et les vivants en rangs bien ordonnés, face au public. Saluts individuels et collectifs : main blanche sur le cœur qui saigne, la révérence de la suicidée, le hochement de la tête coupée. Salut par deux : la fureur main dans la main avec la bonté la victime l’œil tendrement plongé dans celui du bourreau le rebelle sans rancune avance près du tyran. La pantoufle dorée piétine l’éternité, moralité pesante qu’on chasse d’un coup de chapeau, le zèle incorrigible de recommencer demain. Les morts en rang par deux qui nous reviennent plus tôt, après le troisième acte, entre les deux derniers. Miraculeux retour d’éternels disparus. La pensée qu’en coulisses ils attendaient leur tour, sans toucher aux costumes, sans effacer le fard, tout cela me bouleverse bien mieux que les tirades. Et le rideau qui tombe est une élévation. Tout ce qu’on entrevoit sous la frange fuyante : la main qui précipitamment saisit la fleur, où l’autre qui s’empare du glaive abandonné. Et c’est alors seulement qu’une troisième main invisible, fait son office me prenant à la gorge.

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