splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Malheur

151 poésies en cours de vérification
Malheur

Poésies de la collection malheur

    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    La mort et le malheureux Un Malheureux appelait tous les jours La mort à son secours. O mort, lui disait-il, que tu me sembles belle ! Viens vite, viens finir ma fortune cruelle. La Mort crut, en venant, l'obliger en effet. Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre. Que vois-je! cria-t-il, ôtez-moi cet objet ; Qu'il est hideux ! que sa rencontre Me cause d'horreur et d'effroi ! N'approche pas, ô mort ; ô mort, retire-toi. Mécénas fut un galant homme : Il a dit quelque part : Qu'on me rende impotent, Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu'en somme Je vive, c'est assez, je suis plus que content. Ne viens jamais, ô mort ; on t'en dit tout autant.

    en cours de vérification

    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    La tête et la queue du serpent Le serpent a deux parties Du genre humain ennemies, Tête et queue; et toutes deux Ont acquis un nom fameux Auprès des Parques cruelles: Si bien qu’autrefois entre elles Il survint de grands débats Pour le pas. La tête avait toujours marché devant la queue. La queue au Ciel se plaignit, Et lui dit: « Je fais mainte et mainte lieue, Comme il plaît à celle-ci: Croit-elle que toujours j’en veuille user ainsi? Je suis son humble servante. On m’a faite, Dieu merci, Sa soeur et non sa suivante. Toutes deux de même sang, Traîtez-nous de même sorte: Aussi bien qu’elle je porte Un poison prompt et puissant. Enfin, voilà ma requête: C’est à vous de commander Qu’on me laisse précéder A mon tour ma soeur la tête. Je la conduirai si bien, Qu’on ne se plaindra de rien.» Le ciel eut pour ses voeux une bonté cruelle. Souvent sa complaisance a de méchants effets. Il devrait être sourd aux aveugles souhaits. Il ne le fut pas lors; et la guide nouvelle, Qui ne voyait, au grand jour, Pas plus clair que dans un four, Donnait tantôt contre un marbre, Contre un passant, contre un arbre: Droit aux ondes du Styx elle mena sa soeur.

    en cours de vérification

    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le singe et le chat Bertrand avec Raton, l’un Singe et l’autre Chat, Commensaux d’un logis, avaient un commun Maître. D’animaux malfaisants c’était un très bon plat ; Ils n’y craignaient tous deux aucun, quel qu’il pût être. Trouvait-on quelque chose au logis de gâté, L’on ne s’en prenait point aux gens du voisinage. Bertrand dérobait tout ; Raton de son côté Etait moins attentif aux souris qu’au fromage. Un jour au coin du feu nos deux maîtres fripons Regardaient rôtir des marrons. Les escroquer était une très bonne affaire : Nos galands y voyaient double profit à faire, Leur bien premièrement, et puis le mal d’autrui. Bertrand dit à Raton : Frère, il faut aujourd’hui Que tu fasses un coup de maître. Tire-moi ces marrons. Si Dieu m’avait fait naître Propre à tirer marrons du feu, Certes marrons verraient beau jeu. Aussitôt fait que dit : Raton avec sa patte, D’une manière délicate, Ecarte un peu la cendre, et retire les doigts, Puis les reporte à plusieurs fois ; Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque. Et cependant Bertrand les croque. Une servante vient : adieu mes gens. Raton N’était pas content, ce dit-on. Aussi ne le sont pas la plupart de ces Princes Qui, flattés d’un pareil emploi, Vont s’échauder en des Provinces Pour le profit de quelque Roi.

    en cours de vérification

    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le vieillard et ses enfants Toute puissance est faible, à moins que d'être unie. Ecoutez là-dessus l'esclave de Phrygie. Si j'ajoute du mien à son invention, C'est pour peindre nos moeurs, et non point par envie ; Je suis trop au-dessous de cette ambition. Phèdre enchérit souvent par un motif de gloire ; Pour moi, de tels pensers me seraient malséants. Mais venons à la Fable ou plutôt à l'Histoire De celui qui tâcha d'unir tous ses enfants. Un Vieillard prêt d'aller où la mort l'appelait : Mes chers enfants, dit-il (à ses fils, il parlait), Voyez si vous romprez ces dards liés ensemble ; Je vous expliquerai le noeud qui les assemble. L'aîné les ayant pris, et fait tous ses efforts, Les rendit, en disant : "Je le donne aux plus forts." Un second lui succède, et se met en posture ; Mais en vain. Un cadet tente aussi l'aventure. Tous perdirent leur temps, le faisceau résista ; De ces dards joints ensemble un seul ne s'éclata. Faibles gens ! dit le père, il faut que je vous montre Ce que ma force peut en semblable rencontre. On crut qu'il se moquait ; on sourit, mais à tort. Il sépare les dards, et les rompt sans effort. Vous voyez, reprit-il, l'effet de la concorde. Soyez joints, mes enfants, que l'amour vous accorde. Tant que dura son mal, il n'eut autre discours. Enfin se sentant prêt de terminer ses jours : Mes chers enfants, dit-il, je vais où sont nos pères. Adieu, promettez-moi de vivre comme frères ; Que j'obtienne de vous cette grâce en mourant. Chacun de ses trois fils l'en assure en pleurant. Il prend à tous les mains ; il meurt ; et les trois frères Trouvent un bien fort grand, mais fort mêlé d'affaires. Un créancier saisit, un voisin fait procès. D'abord notre Trio s'en tire avec succès. Leur amitié fut courte autant qu'elle était rare. Le sang les avait joints, l'intérêt les sépare. L'ambition, l'envie, avec les consultants, Dans la succession entrent en même temps. On en vient au partage, on conteste, on chicane. Le Juge sur cent points tour à tour les condamne. Créanciers et voisins reviennent aussitôt ; Ceux-là sur une erreur, ceux-ci sur un défaut. Les frères désunis sont tous d'avis contraire : L'un veut s'accommoder, l'autre n'en veut rien faire. Tous perdirent leur bien, et voulurent trop tard Profiter de ces dards unis et pris à part.

    en cours de vérification

    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Les deux chèvres Dès que les Chèvres ont brouté, Certain esprit de liberté Leur fait chercher fortune ; elles vont en voyage Vers les endroits du pâturage Les moins fréquentés des humains. Là s’il est quelque lieu sans route et sans chemins, Un rocher, quelque mont pendant en précipices, C’est où ces Dames vont promener leurs caprices ; Rien ne peut arrêter cet animal grimpant. Deux Chèvres donc s’émancipant, Toutes deux ayant patte blanche, Quittèrent les bas prés, chacune de sa part. L’une vers l’autre allait pour quelque bon hasard. Un ruisseau se rencontre, et pour pont une planche. Deux Belettes à peine auraient passé de front Sur ce pont ; D’ailleurs, l’onde rapide et le ruisseau profond Devaient faire trembler de peur ces Amazones. Malgré tant de dangers, l’une de ces personnes Pose un pied sur la planche, et l’autre en fait autant. Je m’imagine voir avec Louis le Grand Philippe Quatre qui s’avance Dans l’île de la Conférence. Ainsi s’avançaient pas à pas, Nez à nez, nos Aventurières, Qui, toutes deux étant fort fières, Vers le milieu du pont ne se voulurent pas L’une à l’autre céder. Elles avaient la gloire De compter dans leur race (à ce que dit l’Histoire) L’une certaine Chèvre au mérite sans pair Dont Polyphème fit présent à Galatée, Et l’autre la chèvre Amalthée, Par qui fut nourri Jupiter. Faute de reculer, leur chute fut commune ; Toutes deux tombèrent dans l’eau. Cet accident n’est pas nouveau Dans le chemin de la Fortune.

    en cours de vérification

    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Les obsèques de la lionne La femme du Lion mourut : Aussitôt chacun accourut Pour s’acquitter envers le Prince De certains compliments de consolation, Qui sont surcroît d’affliction. Il fit avertir sa Province Que les obsèques se feraient Un tel jour, en tel lieu ; ses Prévôts y seraient Pour régler la cérémonie, Et pour placer la compagnie. Jugez si chacun s’y trouva. Le Prince aux cris s’abandonna, Et tout son antre en résonna. Les Lions n’ont point d’autre temple. On entendit à son exemple Rugir en leurs patois Messieurs les Courtisans. Je définis la cour un pays où les gens Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents, Sont ce qu’il plaît au Prince, ou s’ils ne peuvent l’être, Tâchent au moins de le parêtre, Peuple caméléon, peuple singe du maître, On dirait qu’un esprit anime mille corps ; C’est bien là que les gens sont de simples ressorts. Pour revenir à notre affaire Le Cerf ne pleura point, comment eût-il pu faire ? Cette mort le vengeait ; la Reine avait jadis Etranglé sa femme et son fils. Bref il ne pleura point. Un flatteur l’alla dire, Et soutint qu’il l’avait vu rire. La colère du Roi, comme dit Salomon, Est terrible, et surtout celle du roi Lion : Mais ce Cerf n’avait pas accoutumé de lire. Le Monarque lui dit : Chétif hôte des bois Tu ris, tu ne suis pas ces gémissantes voix. Nous n’appliquerons point sur tes membres profanes Nos sacrés ongles ; venez Loups, Vengez la Reine, immolez tous Ce traître à ses augustes mânes. Le Cerf reprit alors : Sire, le temps de pleurs Est passé ; la douleur est ici superflue. Votre digne moitié couchée entre des fleurs, Tout près d’ici m’est apparue ; Et je l’ai d’abord reconnue. Ami, m’a-t-elle dit, garde que ce convoi, Quand je vais chez les Dieux, ne t’oblige à des larmes. Aux Champs Elysiens j’ai goûté mille charmes, Conversant avec ceux qui sont saints comme moi. Laisse agir quelque temps le désespoir du Roi. J’y prends plaisir. A peine on eut ouï la chose, Qu’on se mit à crier : Miracle, apothéose ! Le Cerf eut un présent, bien loin d’être puni. Amusez les Rois par des songes, Flattez-les, payez-les d’agréables mensonges, Quelque indignation dont leur coeur soit rempli, Ils goberont l’appât, vous serez leur ami. Jean de La Fontaine, Livre VIII – Fable 14

    en cours de vérification

    Jean Richepin

    Jean Richepin

    @jeanRichepin

    Cimetière intime J’ai déjà vu plus d’une année, Belle fille aux fraîches couleurs, Mourir vieille, jaune, fanée, Et perdre son chapeau de fleurs. Adieu, adieu, rose qui tombes ! Adieu, adieu, beau mois de mai! Mon cœur est le pays des tombes Où mon bonheur est enfermé. Espoirs, illusions vermeilles, Vœux de gloire, pensées d’amour, Ainsi qu’un jeune essaim d’abeilles S’envolèrent au point du jour. Mais, comme ils montaient vers la nue, Un tourbillon les emporta, Et le vent à l’haleine aiguë Brutalement les souffleta. Tombez ! tombez ! et sur la terre Je les ramassais, étouffant. Je les mis dans mon cimetière Couchés dans des cercueils d’enfant. Et tous les soirs, lorsque vient l’heure Où loin du monde je suis seul, J’ouvre chaque bière, et je pleure En déployant chaque linceul. Quand j’ai fini, d’une main lente Je clos mon cœur, morne cité, Cimetière, cité dolente, Où pas un n’est ressuscité. J’ai déjà vu plus d’une année, Belle fille aux fraîches couleurs, Mourir vieille, jaune, fanée, Et perdre son chapeau de fleurs. Adieu, adieu, rose qui tombes ! Adieu, adieu, beau mois de mai! Mon cœur est le pays des tombes Où mon bonheur est enfermé.

    en cours de vérification

    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    9 décembre Comment te deviner, toi qui t’échappes sans le dire bien au delà du ciel bien au delà des océans, tranquilles de te voir pleurer. J’écris pour toi, et pour toi chante des poèmes que nul ne comprend, et ils disent : c’est beau Comment t’aimer, mezza voce, je vois le soleil dans la nuit, les yeux fermés, et tes yeux gris ouverts sur la beauté du monde et sa misère ; t’aimer, et je suis libre, merveilleusement libre ; prends-moi dans tes bras et jouons ! T’aimer. Seul Dieu le sait, et nous, ainsi lui devenant semblables. Le soleil joue avec la nuit. Nous deux. Elle avec lui, lui avec elle, et ce poème, que j’écris pour toi tes yeux gris, ouverts sur la beauté du monde, et sa misère

    en cours de vérification

    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Les enfants de Nöel A Saint-Mariens, passent les trains de Bordeaux à la Rochelle de La Rochelle à Bordeaux. Il lui offrit un collier de diamants et de perles puis tendrement l’embrassa. Dans la chambrette à l’étage tous deux gaiement sont montés : leurs jours heureux qui passaient. Deux gendarmes ont frappé ainsi frappe le destin, deux minutes, juste deux, pour prendre veste et chapeau. Puis un coup de revolver, deux orphelins, une veuve, et le malheur avec eux Quand le garçon est monté dans la chambrette, à l’étage, sur le lit gisait le Père ; à la main son revolver de 14. Ils ont fermé la maison, mis dans le train quelques meubles dans le train de Saint-Mariens, de La Rochelle à Bordeaux dans le train de Saint-Mariens, les deux garçons et leur mère, et Noel un peu plus loin pour être porté en terre de La Rochelle à Bordeaux , les deux garçons et leur mère dans le train de Saint-Mariens pour porter Noel en terre… Noel, Noel, un enfant nous est né, Alleluia! chantez le Divin Enfant les deux garçons et leur mère ont porté Noel en Terre!

    en cours de vérification

    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    L’étranger Nous sommes tous des étrangers Les pensionnaires sont tranquilles le ciel bleu, le vent léger le couloir donne sur la ville mais la porte : condamnée ! C’est toujours ainsi qu’ ILS commencent porte close, puis : le silence ILS ont condamné la porte la porte par où tu entrais ma métisse, mon étrangère, mon amoureuse, ma si légère… mais la porte : condamnée ! Les pensionnaires sont tranquilles le ciel bleu, le vent léger le couloir donne sur la ville mais la porte : condamnée ! Ce n’était qu’une porte ouverte après quoi ce sera, en vrac : après 22 heures,Dvorjak faites l’amour mais pas la guerre, Sade, Villon, Apollinaire, et les blacks ! Sade, Villon, Apollinaire et les blacks ! Les pensionnaires sont tranquilles le ciel bleu, le vent léger le couloir donne sur la ville mais plus de livres : brûlés ! De la porte ILS ont fait un feu Auto da fe, autodafé, on commence toujours par là brûler les livres ! et le silence. Marquis de Sade, histoire d’O, l’Esprit des Lois une pincée : Sartre, Beauvoir, Camus, et l’Étranger ! C’est toujours ainsi qu’ ILS commencent Brûler des livres, les juifs après, puis on observe : le silence ! Les pensionnaires sont tranquilles le ciel bleu, le vent léger le couloir donne sur la ville mais la porte : condamnée ! Brûler des livres, les juifs après, Ensuite viendront les arabes , avec les blacks, en vrac ! ILS ont enfoncé la porte tiré dehors les étrangers Sénégalais, Maliens, Arabes ne pas faire peur, observer ! on finira plus grand plus tard : Après ! Les pensionnaires sont tranquilles le ciel bleu, le vent léger le couloir donne sur la ville mais la porte : condamnée !

    en cours de vérification

    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Pont du diable « Alep Est n’existera plus dans quelques mois » Le représentant des Nations Unies. Je ne sais pas qui tient les orgues barbares de la nuit, cette nuit où les fils de Satan attendent de poser la dernière pierre, Déjà se pressent les damnés de la Vingt-Cinquième heure. Billevesées dit l’esprit fort. Qui peut savoir ? Le pont du diable, son arche inachevée Le pont d’Avignon et ses danseurs de volcans Que les créatures de dieu se comptent ! Déjà se pressent les damnés de la Vingt-Cinquième heure. Il y a des pleurs et des grincements de dents. Qui tient les orgues barbares de la nuit, cette nuit ? Nos chercheurs ont inventé de nouvelles armes passent dans le ciel des vaisseaux porteurs de mort les pierres, les pierres même d’Alep en tremblent. Ce n’est pas de la vingt-cinquième heure qu’il s’agit mais de la deux-mille ou trois-mille ou dix-millième heure pour les damnés de la terre. Oui, nos chercheurs inventent de nouvelles armes. Grâces leur soient rendues, il n’y a plus un seul pont du diable debout. Qui tient les orgues barbares de la nuit, cette nuit ? Il pleut sur Alep des langues de feu sur les créatures de dieu, les damnés de la terre, les danseurs de volcans du pont d’Avignon. Non, il ne reste plus de pierre. Sur les pierres. Que chantent, chantent, et résonnent les orgues barbares de la nuit. Cette nuit.

    en cours de vérification

    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront, Ceux qui aiment l’honneur, chanteront de la gloire, Ceux qui sont près du roi, publieront sa victoire, Ceux qui sont courtisans, leurs faveurs vanteront, Ceux qui aiment les arts, les sciences diront, Ceux qui sont vertueux, pour tels se feront croire, Ceux qui aiment le vin, deviseront de boire, Ceux qui sont de loisir, de fables écriront, Ceux qui sont médisants, se plairont à médire, Ceux qui sont moins fâcheux, diront des mots pour rire, Ceux qui sont plus vaillants, vanteront leur valeur, Ceux qui se plaisent trop, chanteront leur louange, Ceux qui veulent flatter, feront d’un diable un ange : Moi, qui suis malheureux, je plaindrai mon malheur.

    en cours de vérification

    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Malheureux l'an, le mois, le jour, l'heure et le point Malheureux l'an, le mois, le jour, l'heure et le point, Et malheureuse soit la flatteuse espérance, Quand pour venir ici j'abandonnai la France : La France, et mon Anjou, dont le désir me point. Vraiment d'un bon oiseau guidé je ne fus point, Et mon coeur me donnait assez signifiance Que le ciel était plein de mauvaise influence, Et que Mars était lors à Saturne conjoint. Cent fois le bon avis lors m'en voulut distraire, Mais toujours le destin me tirait au contraire : Et si mon désir n'eût aveuglé ma raison, N'était-ce pas assez pour rompre mon voyage, Quand sur le seuil de l'huis, d'un sinistre présage, Je me blessai le pied sortant de ma maison ?

    en cours de vérification

    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Ô trois et quatre fois malheureuse la terre Ô trois et quatre fois malheureuse la terre Dont le prince ne voit que par les yeux d'autrui, N'entend que par ceux-là qui répondent pour lui, Aveugle, sourd et mut plus que n'est une pierre ! Tels sont ceux-là, Seigneur, qu'aujourd'hui l'on resserre Oisifs dedans leur chambre, ainsi qu'en un étui, Pour durer plus longtemps, et ne sentir l'ennui Que sent leur pauvre peuple accablé de la guerre. Ils se paissent enfants de trompes et canons, De fifres, de tambours, d'enseignes, gonfanons, Et de voir leur province aux ennemis en proie. Tel était celui-là, qui du haut d'une tour, Regardant ondoyer la flamme tout autour, Pour se donner plaisir chantait le feu de Troie.

    en cours de vérification

    J

    Jules Delavigne

    @julesDelavigne

    Mouton Les images passent et repassent Dans sa tête, de mouton Normal Images de couloirs sinueux d’une enfance sacrée Bordel Les cheminées tombent une par une Les poutres en acier se déforment Tout est insufflé dans une spirale descendante sans fin Il a lu tout ce qu’il fallait lire Il a étudié les meilleurs Il a dansé, chanté Pleuré L’heure de se réveiller arrive Le soleil se lève, tout comme son indifférence Et, comme d’habitude, il part brouter dans son champ Avec les autres moutons parfaits

    en cours de vérification

    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Arabesques de malheur Nous nous aimions comme deux fous ; On s’est quittés sans en parler. (Un spleen me tenait exilé Et ce spleen me venait de tout.) Que ferons-nous, moi, de mon âme, Elle de sa tendre jeunesse ! Ô vieillissante pécheresse, Oh ! que tu vas me rendre infâme ! Des ans vont passer là-dessus ; On durcira chacun pour soi ; Et plus d’une fois, je m’y vois, On ragera :  » Si j’avais su ! « …. Oh ! comme on fait claquer les portes, Dans ce Grand Hôtel d’anonymes ! Touristes, couples légitimes, Ma Destinée est demi-morte !…. – Ses yeux disaient :  » Comprenez-vous !  » Comment ne comprenez-vous pas ! «  Et nul n’a pu le premier pas ; On s’est séparés d’un air fou. Si on ne tombe pas d’un même Ensemble à genoux, c’est factice, C’est du toc. Voilà la justice Selon moi, voilà comment j’aime.

    en cours de vérification

    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Clair de lune Penser qu’on vivra jamais dans cet astre, Parfois me flanque un coup dans l’épigastre. Ah ! tout pour toi, Lune, quand tu t’avances Aux soirs d’août par les féeries du silence ! Et quand tu roules, démâtée, au large A travers les brisants noirs des nuages ! Oh ! monter, perdu, m’étancher à même Ta vasque de béatifiants baptêmes ! Astre atteint de cécité, fatal phare Des vols migrateurs des plaintifs Icares ! Oeil stérile comme le suicide, Nous sommes le congrès des las, préside ; Crâne glacé, raille les calvities De nos incurables bureaucraties ; O pilule des léthargies finales, Infuse-toi dans nos durs encéphales ! O Diane à la chlamyde très-dorique, L’Amour cuve, prend ton carquois et pique Ah ! d’un trait inoculant l’être aptère, Les coeurs de bonne volonté sur terre ! Astre lavé par d’inouïs déluges, Qu’un de tes chastes rayons fébrifuges, Ce soir, pour inonder mes draps, dévie, Que je m’y lave les mains de la vie !

    en cours de vérification

    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    La petite infanticide Ô saisons d’Ossian, ô vent de province, Je mourrais encor pour peu que t’y tinsses Mais ce serait de la démence Oh! je suis blasée Sur toute rosée Le toit est crevé, l’averse qui passe En évier public change ma paillasse, Il est temps que ça cesse Les gens d’en bas Et les voisins se plaignent Que leur plafond déteigne Oh! Louis m’a promis, car je suis nubile De me faire voir Paris la grand ville Un matin de la saison nouvelle Oh ! mère qu’il me tarde D’avoir là ma mansarde… Des Édens dit-il, des belles musiques Où des planches anatomiques passent… Tout en faisant la noce Et des sénats de ventriloques Dansons la farandole Louis n’a qu’une parole Et puis comment veut-on que je précise Dès que j’ouvre l’oeil tout me terrorise. Moi j’ai que l’extase, l’extase Tiens, qui fait ce vacarme ?… Ah ! ciel le beau gendarme Qui entr’ par la lucarne. Taïaut! taïaut ! À l’échafaud ! Et puis on lui a guillotiné son cou, Et ça n’a pas semblé l’affecter beaucoup (de ce que ça n’ait pas plus affecté sa fille) Mais son ami Louis ça lui a fait tant de peine Qu’il s’a du pont des Arts jeté à la Seine Mais un grand chien terr’ neuve L’a retiré du fleuve Or justement passait par là La marquise de Tralala, Qui lui a offert sa main D’un air républicain.

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    A un poète saturnien Ô bruit doux de la pluie par terre et sur les toits Ce poète-citadin ne connaissait pas l’Afrique aux bêtes et aux enfants faméliques sans demeure sur un sol qui se craquelle et qui meurent qui meurent… Sur cette Terre même l’eau a choisi la couleur blanche Le soleil automnal ou printanier au pays de Verlaine Ici n’est que feu n’est que haine Ici où il pleure dans mon coeur pour ces damnés de la faim et de la soif Mon deuil a une raison : l’indifférence de la nature est une trahison

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Agnus dei Ils étaient entrés dans cette église s’étaient signés quelques gouttes d’eau bénite par fidélité à sa Lumière Puis s’étaient absorbés dans la prière dans cette Maison où règnent le silence que l’âme aime tant Avant peut-être avaient-ils allumé des cierges par amour de la Vierge ? Le couteau surgi de nulle part injure de sang à la pureté des lieux œuvre d’une créature sans Dieu témoignait de la folie du monde par trois crimes immondes Trinité des martyrs êtres ordinaires sacrifiés sur l’autel du non-sens quand finira l’universelle démence ?

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Azovstal Ils attendent à la surface ces héros au cœur de glace que sous l’immense usine au royaume de Proserpine cette déesse de la mort leurs victimes s’entredévorent L’ordre venu du Kremlin a chargé la soif et la faim de mettre un terme à la résistance Que dire alors de cette impuissance qui transforme le monde en spectateur de ce scénario de l’horreur ? Que dire de l’épouvantail nucléaire qui éloigne la conscience universelle et l’oblige à se taire ?

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    À ma femme Quand ton esprit ravagé reverdira et que ton regard troublé par l’égarement retrouvera le chemin de l’oasis d’antan Quand les voix qui te hantent se tairont à jamais et que le monde exilé sera de nouveau ton familier Quand le temps d’aimer frappera à notre porte après sa longue absence les transes et ta démence Je te reconnaîtrai enfin Ô ma noyée d’aujourd’hui sauvée par la grâce de demain et sans dire un seul mot congédierai mon chagrin

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Châtiment Dans cette marche défigurée l’on ne sait où l’on va des femmes surgissent parfois pour nous offrir le privilège de leurs visages et notre seconde nature incarnée Lorsque l’homme en nous les opprime elles s’en vont et nous laissent seuls face à l’illusion de notre virilité

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Damnés Ici à Paris ce gris son vent mortel son hiver ses morts dans leur galère la rue ou la forêt quand vient la nuit putain au cœur de glace pendant que s’allument les appartements cyniques feux de joie armures contre le froid et la misère ils dorment ou ne dorment pas dans ses bras de marbre sur le trottoir ou parmi les arbres Je souffre au nom de tous ses frères inconnus ne dispose que de mots pour couvrir leurs corps grelottants dans un pays où les manants décapitèrent les nobles pas l’hydre de l’Ignoble

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Exotisme Ils nous ont arrachés nus aux bras de la forêt nourricière pour nous exposer aux regards de Blancs bien vêtus Dans cette ville Paris pourquoi ce froid ces bruits Une fillette de deux ans et demi est morte Nous l’avons enveloppée dans des peaux À présent elle dort tout près du zoo où nous attirons les foules Bientôt leurs virus nous aurons décimés Le jour croit pouvoir se passer de la nuit et le Blanc du Noir Sachez que votre double de couleur lui aussi appartient au genre humain et qu’un monstre vit sous chaque masque blanc

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Hospitalité Ne soyez pas trop sévères avec vos frères Ils arrivent sur des bateaux de fortune quelque part sur notre Terre ne demandent pas la lune juste le gîte et le couvert Nous sommes tous issus du même père et devons rendre des comptes à la même messagère qui nous rappelle que nous sommes éphémères Alors ce mépris et cette colère de la part de ceux qui seront la proie du feu ou des vers demeurent un mystère Ne soyez pas trop sévères Demain peut-être la misère et la mer à la langue amère vous parleront

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Héros Poussière du chemin, tu connais ces silhouettes dignes sous les coups de fouet du soleil ou courbées sous la bise et les rafales de neige ces êtres solidaires de leurs pareils que l’on méprise rebelles au piège Poussière du chemin, tu connais leurs vêtements lacérés de coups du sort leurs yeux d’abîme Pourtant leurs âmes bondissantes fauves à l’élan sublime bravent la mort

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Liberté Ceux par qui le scandale arrive ceux qui écrivent ceux qui dessinent et qu’on assassine Ceux qui préfèrent leur plume à leur enfer et leur crayon à leur bâillon la postérité de Voltaire et de Montesquieu qui n’a ni cieux ni dieux pauvres innocents mes frères de sang un 7 janvier votre dernier matin le rameau d’olivier est tombé de vos mains car n’est-ce pas être humain que de rire des ténèbres au nom de la liberté de dire ?

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Lola Tu revenais du collège âme légère de douze ans Dans le hall de l’immeuble ton martyr une femme vingt quatre ans d’âge agent d’un destin aveugle Qu’as-tu enduré durant ce tragique tête-à-tête dans cet appartement inconnu avec cette créature ô toi pauvre gosse ? L’on raconte que ce fut les noces de la perversion et du sadisme Tu revenais du collège à peine éclose à la vie qui sauvagement te fut ravie Des experts se pencheront sur la part sombre de cet être pour tenter de comprendre l’incompréhensible qu’une enfant puisse être la cible d’un acte en apparence gratuit Et moi qui suis père je songe pauvre Lola à la souffrance de tes parents en ce pays de France devenu soudain leur calvaire

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Martyrs Vous faites vos adieux à l’humanité en demandant que l’on se souvienne de vous soldats courageux dans Marioupol dévastée sans munitions sans nourriture face à l’étau russe qui se resserre pour vous broyer Est-ce donc cela notre présent des temps en proie aux fous qui avec des corps déchiquetés inaugurent leur sanglante littérature ? Et vous, notre Père, en qui l’on croit n’est-ce pas grande misère que cette interminable ivresse de sang ? Le poète ne peut se taire Il crie au nom des innocents parce qu’il pressent que nous entrons dans l’ère du terrestre enfer

    en cours de vérification