splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Malheur

151 poésies en cours de vérification
Malheur

Poésies de la collection malheur

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Naufragé Il a froid il a faim il a peur Dans sa solitude il étreint son épave son crucifix Il n’a pas la foi toutefois l’obscur en lui peu à peu devient lueur Sous le fouet du vent s’abattent des vagues sous ses pieds l’abîme qui s’impatiente avide de proies Il n’a pas la foi mais une Présence étrangement de chaleur l’inonde malgré cette mer et son dessein barbare Repenser au monde Trop tard entre les « muscles errants » du reptile sans aucun espoir d’île ou de navire ami Drôle de destin de la terre ferme au furieux désert mouvant avec le feu-follet du divin paix dans l’anarchie des éléments

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Séisme Malgré les décombres les anciens refuges qui s’effondrent un nouveau-né encore relié à sa mère sans vie par le cordon ombilical défi de l’espérance lancé à la Terre qui vous trahit Habitants de Turquie ou de Syrie qui ne comptent plus leurs morts quel mystère choisit vos pays pour y semer la désolation ? Notre planète insurgée contre nos ignominies ou le Mal aveugle qui sans distinction vous frappe ? Non-sens peut-être régneras-tu sans partage Nature sans maîtres imprévisible rage

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Tragédie Fils de Freha et de Bachir tu assistes impuissant à cette haine qui déchire les corps et les coeurs Jamais donc ne sonnera l’heure de l’osmose de ces deux monothéismes que rien ne semble opposer mais que tout sépare ? Sara ou Agar que font vos enfants que le goût du sang versé égare ? Fils de Freha et de Bachir né de l’amour d’une juive et d’un arabe abolition des murs de toutes sortes rencontre de deux êtres mus par ce sentiment qui anime les astres vain antidote du désastre d’autres comme toi montrent le chemin qui mène à l’être humain

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Victime Notre Terre corps meurtri fait de beauté défigurée et de la poussière de nos morts d’arbres abattus exécutés dans les forets d’ou fuit le chant de l’oiseau étouffé par les tronçonneuses d’hémorragies de pétrole et d’océans en deuil de requins à la dérive qui rougissent le silence des eaux Notre Terre à l’air irrespirable dans le poison des villes à la nature inaccessible comme un rêve lointain que le citadin amnésique n’ose plus faire Notre Terre que l’orgueil luciférien transforme en enfer

    en cours de vérification

    K

    Kieran Wall

    @kieranWall

    La plume Dans une flaque boueuse Une plume gît En cette danse noueuse Dont son masque vit. Et l’air est épris De sa mine langoureuse Fondu de mépris Dans la froideur douloureuse. Le voile hagard de la lune Déchire la nuit Et couvre de sa fortune La plume qui luit. Une plume gît Dans une flaque boueuse Dont le masque vit En une danse noueuse. La bise remue la laque Des tons un peu gris Des ridelles dans la flaque D’eau un peu aigrie. La patte d’un chat Vient déranger importune La plume en pacha Dans l’océan de fortune. Hors d’une flaque bouseuse Une plume luit Après la valse joueuse D’un chat dans la nuit.

    en cours de vérification

    K

    Kieran Wall

    @kieranWall

    L’intrus Un homme se déplace Dans la rue devant moi Et je vois de ma place Ce qu’il cache de moi. Ceci n’est pas son monde Et c’est par contre choix Que d’un devoir immonde Ce « chez lui » lui échoit. Sa tenue élégante Est du plus bel effet Comme la main qu’il gante En un geste parfait. Flottant dans son sillage L’air d’agrumes épais Vante de son village Et la brume et la paix.

    en cours de vérification

    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    De la lumière ! Quand le vieux Gœthe un jour cria : « De la lumière ! » Contre l’obscurité luttant avec effort, Ah ! Lui du moins déjà sentait sur sa paupière Peser le voile de la mort. Nous, pour le proférer ce même cri terrible, Nous avons devancé les affres du trépas ; Notre œil perçoit encore, oui ! Mais, supplice horrible ! C’est notre esprit qui ne voit pas. Il tâtonne au hasard depuis des jours sans nombre, A chaque pas qu’il fait forcé de s’arrêter ; Et, bien loin de percer cet épais réseau d’ombre, Il peut à peine l’écarter. Parfois son désespoir confine à la démence. Il s’agite, il s’égare au sein de l’Inconnu, Tout prêt à se jeter, dans son angoisse immense, Sur le premier flambeau venu. La Foi lui tend le sien en lui disant : « J’éclaire ! Tu trouveras en moi la fin de tes tourments. » Mais lui, la repoussant du geste avec colère, A déjà répondu : « Tu mens ! » « Ton prétendu flambeau n’a jamais sur la terre Apporté qu’un surcroît d’ombre et de cécité ; Mais réponds-nous d’abord : est-ce avec ton mystère Que tu feras de la clarté ? » La Science à son tour s’avance et nous appelle. Ce ne sont entre nous que veilles et labeurs. Eh bien ! Tous nos efforts à sa torche immortelle N’ont arraché que les lueurs. Sans doute elle a rendu nos ombres moins funèbres ; Un peu de jour s’est fait où ses rayons portaient ; Mais son pouvoir ne va qu’à chasser des ténèbres Les fantômes qui les hantaient. Et l’homme est là, devant une obscurité vide, Sans guide désormais, et tout au désespoir De n’avoir pu forcer, en sa poursuite avide, L’Invisible à se laisser voir. Rien ne le guérira du mal qui le possède ; Dans son âme et son sang il est enraciné, Et le rêve divin de la lumière obsède A jamais cet aveugle-né. Qu’on ne lui parle pas de quitter sa torture. S’il en souffre, il en vit ; c’est là son élément ; Et vous n’obtiendrez pas de cette créature Qu’elle renonce à son tourment. De la lumière donc ! Bien que ce mot n’exprime Qu’un désir sans espoir qui va s’exaspérant. A force d’être en vain poussé, ce cri sublime Devient de plus en plus navrant. Et, quand il s’éteindra, le vieux Soleil lui-même Frissonnera d’horreur dans son obscurité, En l’entendant sortir, comme un adieu suprême, Des lèvres de l’Humanité.

    en cours de vérification

    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Le positivisme Il s’ouvre par-delà toute science humaine Un vide dont la Foi fut prompte à s’emparer. De cet abîme obscur elle a fait son domaine ; En s’y précipitant elle a cru l’éclairer. Eh bien ! nous t’expulsons de tes divins royaumes, Dominatrice ardente, et l’instant est venu Tu ne vas plus savoir où loger tes fantômes ; Nous fermons l’Inconnu. Mais ton triomphateur expiera ta défaite. L’homme déjà se trouble, et, vainqueur éperdu, Il se sent ruiné par sa propre conquête En te dépossédant nous avons tout perdu. Nous restons sans espoir, sans recours, sans asile, Tandis qu’obstinément le Désir qu’on exile Revient errer autour du gouffre défendu.

    en cours de vérification

    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Les malheureux La trompette a sonné. Des tombes entr'ouvertes Les pâles habitants ont tout à coup frémi. Ils se lèvent, laissant ces demeures désertes Où dans l'ombre et la paix leur poussière a dormi. Quelques morts cependant sont restés immobiles ; Ils ont tout entendu, mais le divin clairon Ni l'ange qui les presse à ces derniers asiles Ne les arracheront. « Quoi ! renaître ! revoir le ciel et la lumière, Ces témoins d'un malheur qui n'est point oublié, Eux qui sur nos douleurs et sur notre misère Ont souri sans pitié ! Non, non ! Plutôt la Nuit, la Nuit sombre, éternelle ! Fille du vieux Chaos, garde-nous sous ton aile. Et toi, sœur du Sommeil, toi qui nous as bercés, Mort, ne nous livre pas ; contre ton sein fidèle Tiens-nous bien embrassés. Ah ! l'heure où tu parus est à jamais bénie ; Sur notre front meurtri que ton baiser fut doux ! Quand tout nous rejetait, le néant et la vie, Tes bras compatissants, ô notre unique amie ! Se sont ouverts pour nous. Nous arrivions à toi, venant d'un long voyage, Battus par tous les vents, haletants, harassés. L'Espérance elle-même, au plus fort de l'orage, Nous avait délaissés. Nous n'avions rencontré que désespoir et doute, Perdus parmi les flots d'un monde indifférent ; Où d'autres s'arrêtaient enchantés sur la route, Nous errions en pleurant. Près de nous la Jeunesse a passé, les mains vides, Sans nous avoir fêtés, sans nous avoir souri. Les sources de l'amour sous nos lèvres avides, Comme une eau fugitive, au printemps ont tari. Dans nos sentiers brûlés pas une fleur ouverte. Si, pour aider nos pas, quelque soutien chéri Parfois s'offrait à nous sur la route déserte, Lorsque nous les touchions, nos appuis se brisaient : Tout devenait roseau quand nos cœurs s'y posaient. Au gouffre que pour nous creusait la Destinée Une invisible main nous poussait acharnée. Comme un bourreau, craignant de nous voir échapper, À nos côtés marchait le Malheur inflexible. Nous portions une plaie à chaque endroit sensible, Et l'aveugle Hasard savait où nous frapper. Peut-être aurions-nous droit aux célestes délices ; Non ! ce n'est point à nous de redouter l'enfer, Car nos fautes n'ont pas mérité de supplices : Si nous avons failli, nous avons tant souffert ! Eh bien, nous renonçons même à cette espérance D'entrer dans ton royaume et de voir tes splendeurs, Seigneur ! nous refusons jusqu'à ta récompense, Et nous ne voulons pas du prix de nos douleurs. Nous le savons, tu peux donner encor des ailes Aux âmes qui ployaient sous un fardeau trop lourd ; Tu peux, lorsqu'il te plaît, loin des sphères mortelles, Les élever à toi dans la grâce et l'amour ; Tu peux, parmi les chœurs qui chantent tes louanges, À tes pieds, sous tes yeux, nous mettre au premier rang, Nous faire couronner par la main de tes anges, Nous revêtir de gloire en nous transfigurant. Tu peux nous pénétrer d'une vigueur nouvelle, Nous rendre le désir que nous avions perdu... Oui, mais le Souvenir, cette ronce immortelle Attachée à nos cœurs, l'en arracheras-tu ? Quand de tes chérubins la phalange sacrée Nous saluerait élus en ouvrant les saints lieux, Nous leur crierions bientôt d'une voix éplorée : « Nous élus ? nous heureux ? Mais regardez nos yeux ! Les pleurs y sont encor, pleurs amers, pleurs sans nombre. Ah ! quoi que vous fassiez, ce voile épais et sombre Nous obscurcit vos cieux. » Contre leur gré pourquoi ranimer nos poussières ? Que t'en reviendra-t-il ? et que t'ont-elles fait ? Tes dons mêmes, après tant d'horribles misères, Ne sont plus un bienfait. Ah ! tu frappas trop fort en ta fureur cruelle. Tu l'entends, tu le vois ! la Souffrance a vaincu. Dans un sommeil sans fin, ô puissance éternelle ! Laisse-nous oublier que nous avons vécu. »

    en cours de vérification

    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Satan Nous voilà donc encore une fois en présence, Lui le tyran divin, moi le vieux révolté. Or je suis la Justice, il n’est que la Puissance ; A qui va, de nous deux, rester l’Humanité ? Ah ! tu comptais sans moi, Divinité funeste, Lorsque tu façonnais le premier couple humain, Et que dans ton Éden, sous ton regard céleste, Tu l’enfermas jadis au sortir de ta main. Je n’eus qu’à le voir là, languissant et stupide, Comme un simple animal errer et végéter, Pour concevoir soudain dans mon âme intrépide L’audacieux dessein de te le disputer. Quoi ! je l’aurais laissée, au sein de la nature, Sans espoir à jamais s’engourdir en ce lieu ? Je l’aimais trop déjà, la faible créature, Et je ne pouvais pas l’abandonner à Dieu. Contre ta volonté, c’est moi qui l’ai fait naître, Le désir de savoir en cet être ébauché ; Puisque pour s’achever, pour penser, pour connaître, Il fallait qu’il péchât, eh bien ! il a péché. Il le prit de ma main, ce fruit de délivrance, Qu’il n’eût osé tout seul ni cueillir ni goûter : Sortir du fond obscur d’une éroite ignorance, Ce n’était point déchoir, non, non ! c’était monter. Le premier pas est fait, l’ascension commence ; Ton Paradis, tu peux le fermer à ton gré ; Quand tu l’eusses rouvert en un jour de clémence, Le noble fugitif n’y fût jamais rentré. Ah ! plutôt le désert, plutôt la roche humide, Que ce jardin de fleurs et d’azur couronné ! C’en est fait pour toujours du pauvre Adam timide ; Voici qu’un nouvel être a surgi : l’Homme est né ! L’Homme, mon œuvre, à moi, car j’y mis tout moi-même : Il ne saurait tromper mes vœux ni mon dessein. Défiant ton courroux, par un effort suprême J’éveillai la raison qui dormait en son sein. Cet éclair faible encor, cette lueur première Que deviendra le jour, c’est de moi qu’il ta tient. Nous avons tous les deux créé notre lumière, Oui, mais mon Fiat lux l’emporte sur le tien ! Il a du premier coup levé bien d’autres voiles Que ceux du vieux chaos où se jouait ta main. Toi, tu n’as que ton ciel pour semer tes étoiles ; Pour lancer mon soleil, moi, j’ai l’esprit humain ! (fragment)

    en cours de vérification

    Louise Colet

    Louise Colet

    @louiseColet

    Le malheur Le malheur m'a jeté son souffle desséchant : De mes doux sentiments la source s'est tarie, Et mon âme incomprise avant l'heure flétrie, En perdant tout espoir perd tout penser touchant, Mes yeux n'ont plus de pleurs, ma voix n'a plus de chant, Mon cœur désenchanté n'a plus de rêverie ; Pour tout ce que j'aimais avec idolâtrie, Il ne me reste plus d'amour ni de penchant. Une aride douleur ronge et brûle mon âme, Il n'est rien que j'envie et rien que je réclame, Mon avenir est mort, le vide est dans mon coeur. J'offre un corps sans pensée à l'œil qui me contemple ; Tel sans divinité reste quelque vieux temple, Telle après le banquet la coupe est sans liqueur.

    en cours de vérification

    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    À l'amour Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs, Ces lettres qui font mon supplice, Ce portrait qui fut ton complice ; Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs. Je te rends ce trésor funeste, Ce froid témoin de mon affreux ennui. Ton souvenir brûlant, que je déteste, Sera bientôt froid comme lui. Oh ! Reprends tout. Si ma main tremble encore, C'est que j'ai cru te voir sous ces traits que j'abhorre. Oui, j'ai cru rencontrer le regard d'un trompeur ; Ce fantôme a troublé mon courage timide. Ciel ! On peut donc mourir à l'aspect d'un perfide, Si son ombre fait tant de peur ! Comme ces feux errants dont le reflet égare, La flamme de ses yeux a passé devant moi ; Je rougis d'oublier qu'enfin tout nous sépare ; Mais je n'en rougis que pour toi. Que mes froids sentiments s'expriment avec peine ! Amour... que je te hais de m'apprendre la haine ! Eloigne-toi, reprends ces trompeuses couleurs, Ces lettres, qui font mon supplice, Ce portrait, qui fut ton complice ; Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs ! Cache au moins ma colère au cruel qui t'envoie, Dis que j'ai tout brisé, sans larmes, sans efforts ; En lui peignant mes douloureux transports, Tu lui donnerais trop de joie. Reprends aussi, reprends les écrits dangereux, Où, cachant sous des fleurs son premier artifice, Il voulut essayer sa cruauté novice Sur un coeur simple et malheureux. Quand tu voudras encore égarer l'innocence, Quand tu voudras voir brûler et languir, Quand tu voudras faire aimer et mourir, N'emprunte pas d'autre éloquence. L'art de séduire est là, comme il est dans son coeur ! Va ! Tu n'as plus besoin d'étude. Sois léger par penchant, ingrat par habitude, Donne la fièvre, amour, et garde ta froideur. Ne change rien aux aveux pleins de charmes Dont la magie entraîne au désespoir : Tu peux de chaque mot calculer le pouvoir, Et choisir ceux encore imprégnés de mes larmes... Il n'ose me répondre, il s'envole... il est loin. Puisse-t-il d'un ingrat éterniser l'absence ! Il faudrait par fierté sourire en sa présence : J'aime mieux souffrir sans témoin. Il ne reviendra plus, il sait que je l'abhorre ; Je l'ai dit à l'amour, qui déjà s'est enfui. S'il osait revenir, je le dirais encore : Mais on approche, on parle... hélas ! Ce n'est pas lui !

    en cours de vérification

    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Malheur a Moi Ah ! ce n'est pas aimer que prendre sur soi-même De pouvoir vivre ainsi loin de l'objet qu'on aime. André Chénier. Malheur à moi ! je ne sais plus lui plaire ; Je ne suis plus le charme de ses yeux ; Ma voix n'a plus l'accent qui vient des cieux, Pour attendrir sa jalouse colère ; Il ne vient plus, saisi d'un vague effroi, Me demander des serments ou des larmes. Il veille en paix, il s'endort sans alarmes : Malheur à moi ! Las de bonheur, sans trembler pour ma vie, Insoucieux, il parle de sa mort ! De ma tristesse il n'a plus le remord, Et je n'ai pas tous les biens qu'il envie ! Hier, sur mon sein, sans accuser ma foi, Sans les frayeurs que j'ai tant pardonnées, Il vit des fleurs qu'il n'avait pas données : Malheur à moi ! Distrait d'aimer, sans écouter mon père, Il l'entendit me parler d'avenir ; Je n'en ai plus, s'il n'y veut pas venir. Par lui je crois, sans lui je désespère ; Sans lui, mon Dieu ! comment vivrai-je en toi ? Je n'ai qu'une âme, et c'est par lui qu'elle aime ; Et lui, mon Dieu, si ce n'est pas toi-même, Malheur à moi !

    en cours de vérification

    M

    Marie De France

    @marieDeFrance

    Le pauvre malheureux J'ai éprouvé le désir de rappeler un lai que j'ai entendu raconter. Je vous en dirai l'histoire et vous citerai le nom de la ville d'où il vient ainsi que son titre. On l'appelle Le Pauvre Malheureux mais beaucoup aussi le nomment Les Quatre Deuils. En Bretagne, à Nantes, habitait une dame d'une parfaite beauté, d'une excellente éducation et d'une distinction sans pareille. Il n'y avait aucun chevalier du pays avec quelque mérite qui eût pu la voir ne serait-ce qu'une fois sans l'aimer ni la courtiser. Mais elle ne pouvait pas les aimer tous et elle ne voulait pas non plus les faire mourir. Il vaudrait mieux rechercher l'amour de toutes les dames d'un pays qu'ôter à un fou son morceau de pain car celui-ci voudrait aussitôt vous frapper. La dame au contraire sait gré à un soupirant de ses bonnes intentions. Même si elle ne veut pas l'écouter, elle ne doit pas avoir pour lui des paroles injurieuses mais elle doit l'honorer et l'estimer, lui témoigner son empressement et le remercier. Cette dame dont je veux vous conter l'histoire et qui était tant courtisée pour sa beauté et son mérite, les chevaliers lui faisaient la cour nuit et jour. En Bretagne, il y avait quatre barons dont je ne saurai vous donner les noms. Ils étaient encore bien jeunes mais ils étaient tous très beaux et c'étaient de preux et vaillants chevaliers, larges, courtois et généreux. Très estimés, ils faisaient partie des nobles du pays. Tous les quatre ' aimaient la dame et s'appliquaient à se dévouer à cet amour. Pour obtenir l'amour de la dame, chacun faisait tout son possible. Chacun la voulait pour lui et consacrait tous ses efforts à la conquérir. Aucun d'entre eux ne doutait de réussir mieux que les autres. La dame se montre fort avisée. Elle prend un délai de réflexion pour savoir et pour se demander lequel il serait préférable d'aimer. Us étaient tous d'un tel mérite qu'elle ne pouvait choisir le meilleur. Pour en avoir choisi un, elle ne veut pas en perdre trois. Elle se montre très avenante à l'égard de chacun d'eux; elle leur offre ses gages d'amour, elle leur envoie ses messages. Chacun savait ce qu'il en était au sujet des autres mais aucun ne pouvait rompre. Par son dévouement et ses prières, chacun pensait l'emporter sur les autres. Lors des réunions de chevaliers, chacun veut être le premier à bien faire, s'il en est capable, pour plaire à la dame. Tous les quatre la considéraient comme leur amie ; tous portaient ses gages d'amour', anneau, manche ou banderole et chacun avait pris son nom comme cri de ralliement. Elle les aime tous les quatre et les retient auprès d'elle jusqu'à ce qu'un jour, après une fête de Pâques, un tournoi soit annoncé sous les murs de Nantes. Pour affronter les quatre amants sont venus d'autres régions, des Français et des Normands, des Flamands et des Brabançons, des Boulonnais et des Angevins, ainsi que leurs proches voisins. Tous s'y rendirent avec plaisir car cela faisait longtemps qu'ils attendaient ce moment. Le soir du tournoi, ils s'affrontèrent très durement. On arma les quatre amants et ils sortirent de la ville. Leurs chevaliers les suivirent car c'était sur eux que reposait le poids du combat. Les chevaliers du dehors ' les reconnurent à leurs bannières et à leurs écus. Ils envoient contre eux des chevaliers, deux de Flandre, deux du Hainaut, prêts à donner la charge. Aucun d'entre eux ne reste à distance et les quatre les voient venir ; ils n'ont aucune envie de s'enfuir. Lance baissée, piquant des deux, chacun repère son adversaire. Ils se heurtèrent avec une telle violence que les quatre chevaliers du dehors tombèrent de cheval. Les assaillants n'avaient cure des destriers qu'ils abandonnèrent sans leur maître, préférant rester auprès des chevaliers à terre. Mais ces derniers furent secourus par leurs hommes. L'arrivée des renforts provoqua une mêlée générale où maints coups d'épée furent portés. La dame se trouvait sur une tour. Elle aperçoit parfaitement ceux de son camp et les autres. Elle voit ses amants se défendre fort bien mais ne sait pas lequel mérite le plus son estime. Le tournoi commença. Les rangs s'étoffèrent et devinrent très denses. Devant la porte ce jour-là se multiplièrent les passes d'armes. Les quatre amants de la dame se battaient si bien qu'ils furent reconnus comme les meilleurs jusqu'à la tombée de la nuit où ils durent se séparer. Mais ils s'exposèrent alors à un fol assaut à l'écart de tout le monde et ils le payèrent cher. Trois d'entre eux furent tués et le quatrième fut si grièvement blessé à la cuisse ' et au corps qu'une lance le traversa de part en part. On les frappa au flanc et tous les quatre tombèrent de cheval. Ceux qui les blessèrent mortellement jetèrent leurs écus sur la lice. Ils étaient profondément affligés pour eux car ils ne l'avaient pas fait exprès. La rumeur et la nouvelle se répandirent. Jamais on n'entendit de telles plaintes. Les chevaliers de la cité se rendent sur place sans redouter leurs adversaires. Du fait de leur douleur, deux mille chevaliers se mirent à délacer leur ventaille et à s'arracher cheveux et barbes. Le deuil était partagé par tous. Chaque cadavre fut déposé sur un écu. Ils les portèrent ensuite dans la cité auprès de la dame qui les avait aimés. Celle-ci s'évanouit et s'effondra. Quand elle revint à elle, elle déplora la perte de chacun d'eux en l'appelant par son nom : « Hélas ! dit-elle. Que ferai-je ? Plus jamais je ne connaîtrai le bonheur. J'aimais ces quatre chevaliers et mon désir se portait sur chacun d'eux en particulier. Il y avait en eux tant de qualités ! Ils m'aimaient plus que tout au monde. Leur beauté, leur courage, leur valeur, leur générosité firent que je les ai incités à m'aimer. Je ne voulais pas les perdre tous pour n'en retenir qu'un seul. Je ne sais pas lequel je dois plaindre le plus. Je ne peux plus ni me cacher la chose ni feindre qu'elle n'existe pas. Je vois un blessé et trois morts et plus rien au monde ne peut m'apporter du réconfort. Je ferai donner une sépulture aux morts et si le blessé peut se rétablir, je m'occuperai volontiers de lui et je lui trouverai de bons médecins. » Elle le fait porter dans ses appartements et demande qu'on procède à l'ultime toilette des autres. Avec une grande tendresse et très noblement, elle leur fait revêtir de somptueux vêtements. Elle fait de grandes aumônes et des donations importantes à une très importante abbaye où ils furent enterrés. Que Dieu leur accorde sa miséricorde ! Elle avait fait venir de savants médecins et leur confia le chevalier blessé qui était couché dans sa chambre. Il finit par se rétablir. Elle allait souvent le voir et le réconfortait avec une grande bonté. Mais elle regrettait les trois autres et manifestait pour eux une grande douleur. Un jour d'été, après le repas, la dame parlait avec le chevalier. Mais elle se souvenait de sa grande douleur et elle baissait la tête et les yeux puis se mettait à songer. Il se prit alors à l'observer et s'aperçut qu'elle méditait. Il lui adressa alors la parole : « Dame, vous êtes toute troublée ! À quoi pensez-vous ? Dites-le-moi ! Oubliez votre chagrin ! Vous devriez plutôt rechercher le réconfort. — Ami, dit-elle, je songeais et me souvenais de vos compagnons. Jamais une dame de mon rang, aussi belle, aussi valeureuse et avisée soit-elle, ne pourra aimer quatre hommes tels que vous en même temps ni les perdre en un seul jour, si toutefois l'on vous met à part puisque vous n'avez été que blessé. Mais comme vous avez dû craindre de mourir! Puisque je vous ai tant aimés, je veux que l'on garde le souvenir de ma douleur. Je ferai donc un lai sur vous quatre et je l'intitulerai: Les Quatre Deuils. Dès qu'il l'entendit, le chevalier lui répondit sans tarder : « Dame, composez le lai nouveau mais intitulez-le plutôt : Le Pauvre Malheureux. Je vais vous expliquerpourquoi il doit porter ce titre. Les trois autres, depuis quelque temps déjà, ont fini leur temps. Durant toute leur vie, ils ont épuisé en pure perte la peine qu'ils souffraient pour avoir éprouvé de l'amour envers vous. Mais moi qui en suis sorti vivant, me voilà plongé dans le malheur ! Celle que j'aime le plus au monde, je la vois aller et venir, elle me parle soir et matin et je ne peux jamais éprouver la joie de l'embrasser ni de l'enlacer, ni aucune autre joie, si ce n'est celle de lui parler. Tels sont les cent maux que vous me faites souffrir et il vaudrait mieux pour moi obtenir la mort. Voilà pourquoi il faudrait intituler le lai en pensant à moi. Il s'appellera : Le Pauvre Malheureux. Quiconque le nommera Les Quatre Deuils modifiera son vrai titre. — Ma foi, répondit la dame, cela me convient! Appelons-le donc Le Pauvre Malheureux. C'est ainsi que le lai fut commencé puis achevé et publié. Parmi les premiers qui le répandirent, certains le nommèrent Les Quatre Deuils. Chacun des noms lui convient bien car il correspond bien à l'histoire. On l'intitule habituellement : Le Pauvre Malheureux. Il s'achève ici. Il ne contient rien de plus. Je n'en ai pas entendu davantage et je n'en sais rien de plus. Je ne vous en raconterai pas davantage.

    en cours de vérification

    M

    Marie Krysinska

    @marieKrysinska

    Ariane À Jean Moréas. Trêve aux plaintes, assez de sanglots; Ce triste cœur est dévasté de larmes; Et devenu pareil à un champ de combat, Où la trahison de l’amant – Sous son glaive aux éclairs meurtriers – Coucha toutes les jeunes et puissantes joies Mortes, baignées dans leur sang. Et parmi tes roches plus clémentes Que l’âme criminelle de Thésée, Sur ton sol muet, ô farouche Naxos! Ariane s’endort; Tandis que sur la mer complice, A l’horizon s’effacent Les voiles blanches des trirèmes. Elle dort. Les mélancoliques roses Nées sous les pleurs, Font albatréen son beau visage. Et sur ses bras nus, aux joyaux barbares, Frémissent les papillons d’ombre saphirine, Que projettent les sapins Dans le soir tombant. – Le ciel a revêtu ses plus riches armures D’or et de bronze. * * Mais, voici approcher le char Et retenir les sistres; Et voici le Dieu charmant Dionisos, Couronné du gai feuillage Pris à la vigne sacrée. Et, cependant que l’agreste troupe Des Faunes et des Satyres Demeure auprès des outres pleines, Dionisos approche. Sa nudité a la grâce triomphale De l’impérissable jeunesse; Et sa chevelure de lumière S’embaume des aromates Conquis aux Indes lointaines. Au rythme prestigieux de sa marche, Ses cuisses de héros Ont l’ondoyance voluptueuse des vagues; Et le geste de son bras victorieux qui porte Le thyrse saint Montre la toison fauve de son aisselle, Attestant l’androgyne nature De l’Animale – Divinité. * * Ariane endormie est pareille A une neigée de clairs lotus. Le Dieu ravi S’émeut de délire célestement humain; Et sa caresse comme un aigle s’abat Sur le sein ingénu de la dormante belle, Qui s’éveille alors. Mais la flamme des yeux noirs Du Dieu qui règne sur les sublimes ivresses A consumé dans le cœur d’Ariane Les douleurs anciennes; Et séduite, elle se donne Aux immortelles amours Du Dieu charmant Dionisos.

    en cours de vérification

    M

    Marie Krysinska

    @marieKrysinska

    Le hibou À Maurice Rollinat Il agonise, l’oiseau crucifié, l’oiseau crucifié sur la porte. Ses ailes ouvertes sont clouées, et de ses blessures, de grandes perles de sang tombent lentement comme des larmes. Il agonise, l’oiseau crucifié! Un paysan à l’oeil gai l’a pris ce matin, tout effaré de soleil cruel, et l’a cloué sur la porte. Il agonise, l’oiseau crucifié. Et maintenant, sur une flûte de bois, il joue, le paysan à l’oeil gai. Il joue assis sous la porte, sous la grande porte, où, les ailes ouvertes, agonise l’oiseau crucifié. Le soleil se couche, majestueux et mélancolique, – comme un martyr dans sa pourpre funèbre; Et la flûte chante le soleil qui se couche, majestueux et mélancolique. Les grands arbres balancent leurs têtes chevelues, chuchotant d’obscures paroles; Et la flûte chante les grands arbres qui balancent leurs têtes chevelues. La terre semble conter ses douleurs au ciel, qui la console avec une bleue et douce lumière, la douce lumière du crépuscule; Il lui porte d’un pays meilleur, sans ténèbres mortelles et sans soleils cruels, d’un pays bleu et doux comme la bleue et douce lumière du crépuscule; Et la flûte sanglote d’angoisse vers le ciel, – qui lui parle d’un pays meilleur. Et l’oiseau crucifié entend ce chant, Et oubliant sa torture et son agonie, Agrandissant ses blessures, – ses saignantes blessures, – Il se penche pour mieux entendre. * * Ainsi es-tu crucifié, ô mon cœur! Et malgré les clous féroces qui te déchirent, Agrandissant tes blessures, tes saignantes blessures, Tu t’élances vers l’Idéal, A la fois ton bourreau et ton consolateur. Le soleil se couche majestueux et mélancolique. Sur la grande porte, les ailes ouvertes, agonise l’oiseau crucifié. Marie Krysinska, Rythmes pittoresques

    en cours de vérification

    M

    Maurice Oreste

    @mauriceOreste

    Crêve-Coeur... Une coupe vide m’est offerte Le jour de mon anniversaire Le venin amer et mortel Me transperce le coeur; Emu jusqu’aux larmes, J’emprunte la route du calvaire Ma joie refermée comme un éventail, Cache mes émotions discrètes. Hier encore elle couvrait de fleurs, Ses petits mots doux, charmants Ne faisaient point la cour Aux amours mensongères; Mais hélas elle a disparu. Des souvenirs! Rien qu’une photo, Une photo ne fait point le bonheur, Une photo ne sourit pas, Ne soulage pas un crêve-coeur. Sans un baiser final Ou des adieux fatals… Pas même une lettre d’adieu Avec des larmes aux yeux! Elle est partie hélas… Sans clairon ni tambour Mais dans mon âme meurtrie La flamme ne s’éteint pas. Sa photo devant moi, muette Ne fait point le récit Des années de bonheur cueillies A l’embouchure de “Latirolli” Ou sur les pierres de “ Bassin Joseph” A la tombée de la nuit… Ni conter les aventures amoureuses A l’embouchure de la “Rivière des Barres” Sous un ciel de midi Où l’on se mange cru! Quelle fringale d’amour… J’ai perdu le parfum des jasmins Mêlé aux goûts des baisers succulents Qui brûlaient nos lèvres Aucours de nos rencontres nocturnes, Et la senteur de nos corps Sur nos couches de paille sèche Après nos intrigues amoureuses Dans des campagnes avoisinantes. L’as-tu vue, rivière Calme mon angoisse… Et toi montagne, essuie mes larmes… Mais jusques à quand, Coeur endolori… Cesseras-tu de gémir? Il pleut dans mon coeur, Mais la flamme se rallume Je crie sans cesse son nom Aux quatre coins de la terre Mais enfin elle reste sourde A mes cris angoissants… C’en est fait hélas! Mon coeur est abattu J’accepte malgré moi Ce cadeau d’anniversaire.

    en cours de vérification

    M

    Maurice Oreste

    @mauriceOreste

    Vase de pleurs Les pleurs taciturnes de mon âme Ont rempli le vase jusqu'à déborder, Les complaintes, les soupirs et l'angoisse Sont autant de maux qui rongent mon coeur. Je pleure sur ces peuples malheureux, Victimes du joug de l'oppression; Sur les oppresseurs nantis et cruels, Auteurs de tant de malheurs. Je pleure sur la violence et le massacre inouï Perpétrés à l'endroit des innocents, Sur tous ceux qui les conduisent à l'abattoir Pour accomplir leur mission malhonnête. Je pleure sur l'injustice et le mauvais sort Infligés à tous les frères humains Sur l'inégalité des races et la corruption Qui font de ce monde un enfer. Je pleure sur la guerre et la maladie Destructrices de vies humaines; Sur la faim et la misère noire Qui réduisent à la déchéance. Je pleure sur la trahison et l'hypocrisie, Armes tranchantes et mortelles Sur tous les détracteurs détraqués Qui mitraillent et bâillonnent la vie. Je pleure sur ceux qui sont bourrelés de remords, Tous ceux qui cherchent en vain la joie, Qu'un petit soleil réchauffe leur coeur Pour emporter leur peine et leur mal de vivre.

    en cours de vérification

    M

    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    Le goût des larmes L'Énigme désormais n'a plus rien à me taire, J'étreins le vent qui passe et le reflet qui fuit, Et j'entends chuchoter aux lèvres de la Nuit La révélation du gouffre et du mystère. Je promène partout où le sort me conduit Le savoureux tourment de mon art volontaire ; Mon âme d'autrefois qui rampait sur la terre Convoite l'outre-tombe et s'envole aujourd'hui. Mais en vain je suis mort à la tourbe des êtres : Mon oreille et mes yeux sont encor des fenêtres Ouvertes sur leur plainte et leur convulsion ; Et dans l'affreux ravin des deuils et des alarmes, Mon esprit résigné, plein de compassion, Flotte au gré du malheur sur des ruisseaux de larmes.

    en cours de vérification

    M

    Minod Alain

    @minodAlain

    Cristallisation de l'indicible L'ennui est un magistère Dont l'office est à l'écran épais de nuées Qui font monter de la terre Toutes les essences d'herbes qui ont sué On guette l'apparition D'une vraie lueur assainissant nos humeurs Ce serait chair pour passion Si elle se dressait jusqu'à notre demeure Le vide sur la vallée Derrière l'écran la tient encore invisible Des amis nous font aller Vers de doux chemins cristallisant l'indicible... Près de la tendre inconnue : La fée levant par sa magie le pâle ennui... : Si sauvage mise à nu Qu'à Mélancolie Grâce vient et nous unit

    en cours de vérification

    M

    Minod Alain

    @minodAlain

    Ephemere - Eternel - Brume et Lumiere Le papillon envoûtant notre silence Cache sa vie brève En cascadant de Fleur en fleur Et allume La sagesse roulant dans l'éphémère Là Pendant que les neiges éternelles Se calfeutrent sous un drap De lumière et De brume Là Le soleil allume les couleurs Tout en bridant le galop Des nuages : Ces lustres d'argent vagabondant Dans l'atmosphère moite L'azur en est tacheté par Leurs clignotements Qui bavent de Chaleur Et l'air remue à peine Caressant les oiseaux piailleurs Et glissant sur nos corps Comme une peau De soie

    en cours de vérification

    M

    Minod Alain

    @minodAlain

    L'égal dans l'ombre ou la lumiere L'égal : ombre ou lumière Touche toutes les différences Qui clignotent dans la pensée De chaque être libre Les regards s'en éclairent Sous l'arbre au savoir Et – dans le songe - Lui volent ses Oiseaux Quand le ciel s'obscurcit Jusqu'à se ramasser En une seule Nuée Nous nous apprêtons A la chaleur de L'accueil Nous en témoignons contre L'orage à venir Mais si jamais l'azur s'étend Comme peau neuve sur Nos soucis Nous ouvrons nos bras Pour saisir L'horizon Là … : Dans les montagnes dévêtues Cela : l'égalité sous Le soleil Se retrouve dans La large nuit Sous des myriades D'étoiles Nous frémissons dans le vent en rafales ! N'être pas feuille morte Mais ce soupir qui Les accompagne ? Or l'arbre au savoir Se déshabillera Et nous mettra au défi De ne jamais oublier Sa renaissance Et toutes les couleurs qui le tapissent Jusqu'à meubler la terre Rentreront dans Nos âmes

    en cours de vérification

    M

    Minod Alain

    @minodAlain

    Les murs cachent la tendresse Si derrière les murs se cache la tendresse Le charme de ta voix les outrepasse tous Je le prends avec moi et trouve la hardiesse De tirer du lointain ta proximité douce Et tant de voluptueux désirs m'y arriment Que je vois voler les tiens dessus la fenêtre Oui ! Mes beaux rêves seraient sans raison ni rime Si je ne les accordais à ton si bel être J'ouvre donc bien grands les battants de ta présence Une rose magique appelle ta musique Elle se pose dans mes mains et c'est ton essence Que je te renvoie pour ton jardin exotique Là où se cueillent les silences des baisers Les tiens qui me font danser dans mon humble nid Ainsi – les recueillant – je me permets d'oser Passer dans ton grand cœur – sans aucun déni Ville vibrant au charme de cet horizon Garde précieusement ce regard de basalte Qui perce tes murailles avec sa raison Pour que la veille s'éclaire de sa belle halte

    en cours de vérification

    M

    Minod Alain

    @minodAlain

    Nature et poésie Nature et Poésie Sur le sentier de la vie Se marient D'où nos pas Sillonnent au bord du vide Pour attraper L'infini Car même si le monde est fermé Et que les montagnes Semblent Le borner Tous ceux qui tombent Rejoignent le grand moule Où s'enroule Le monde Et il n'est pas de borne A Nature Chaque être qui naît En reforme Le futur Qu'un autre avait appelé Pour garder Son legs Du plus haut sommet endormi Par les nuées Jusqu'aux Nids Des vallées L'histoire des humains Regorge dans Son miroir De lendemains de résistance Où se forge le lointain De toute existence Enfance ! Dis tes rêves Quand tu te lèves ! Vois l'infini : Il assainit Tes souffrances Aussi longtemps qu'on entendra S'ébattre le chœur des voix Le temps battra Comme dans Le cœur de La joie Tant-pis si les guerres tonnent La terre – elle – résonne Des pas qui avancent Sans autre cadence Que celle mesurée Par la tendresse Jusqu'au plus Haut seuil de La vieillesse

    en cours de vérification

    M

    Minod Alain

    @minodAlain

    Que la vie sonne en son sourire ! Envers et contre tout accepter de la vie Que sans cesse et partout elle sonne en son sourire Contre – toujours – la borne aux beautés du désir Qui – pures – nous étonnent sans cette pauvre envie Où nous pourrions perdre la raison du bonheur ! Que toute passion ne soit l'horizon d'un leurre ! Qu'elle ne nous hante mais porte le drapeau De tout ce qui enchante et passe dans la peau ! Et tous les jours d'amour vraiment recommencés Demeureront recours à tous les artifices Où nous pourrions tomber comme en un précipice... Que jamais au rabais nous tenions le passé Car nous l'enfermerions dans des palais en ruines Où nous l'exploserions comme en un champ de mines Si la nécrose guette cueillons donc nos roses Tout en grisant nos têtes cet accueil les arrose !

    en cours de vérification

    N

    Nashmia Noormohamed

    @nashmiaNoormohamed

    La marchande d’amour Le plus vieux métier du monde, en dit-on, L’argent facile, l’argent inodore et incolore, L’engrenage grisant du commerce de soi, Cet être à l’érotisme poli, un peu marchand. La femme dite facile, celle de légère vertu, Celle que les gens aiment tant ne pas voir, Celle-là même qui connaît leurs vils secrets, Cet être prêt à se monnayer pour en vivre. Dans le silence de la nuit noire et sombre, Derrière les portes closes, les volets roses, Sous les draps fins, le cuir et la peau de chagrin, Cet être désabusé, à la fois, force et fragilité. La jeune fille innocente, celle qu’elle était, Celle devenue une femme, devenue objet, Celle rendue femme-objet, objet de désir, Cet être prêt à vivre caché, et sans rang. Quand l’humanité déserte la chaire des corps, Quand la compassion délaisse les sans coeurs, Quand la cupidité consume le fond des âmes, Cet être méconnu, bafoué, est érigé en remparts. La jeunesse exploitée, usée et abusée, Celle à qui l’on a ôté l’essence innocente, Celle à qui l’on a volé toute sa candeur, Cet être prêt à tout pour ravoir sa liberté. Prestations de rêve, charmes prometteurs, Déguisements dénudés, costumes allusifs, Masques et mascarades, dissimulant à peine, Ces mystérieuses créatures, souvent à fleur de peau, De stoïques captives, simulacres d’êtres libres, De vraies aliénées, aux faux-semblants de liberté.

    en cours de vérification

    N

    Nicolas Gilbert

    @nicolasGilbert

    Le poète malheureux Ainsi je m'abusais. Sans guide, sans secours, J'abandonne, insensé, mon paisible village, Et les champs où mon père avait fini ses jours. Cieux, tonnez contre moi ; vents, armez votre rage ; Que, vide d'aliments, mon vaisseau mutilé Vole au port sur la foi d'une étoile incertaine, Et par vous loin du port soit toujours exilé. Mon asile est partout où l'orage m'entraîne. Qu'importe que les flots s'abîment sous mes pieds ; Que la mort en grondant s'étende sur ma tête ; Sa présence m'entoure, et, loin d'être effrayés, Mes yeux avec plaisir regardent la tempête : Du sommet de la poupe, armé de mon pinceau, Tranquille, en l'admirant, j'en trace le tableau. Je n'avais point alors essuyé de naufrage Mon génie abusé croyait à la vertu. Et, contre les destins rassemblant son courage, Se nourrissait des maux qui l'avaient combattu. Mon sort est d'être grand, il faut qu'il s'accomplisse; Oui, j'en crois mon orgueil, tout, jusqu'à mes revers. Qui de ceux dont la voix éclaira l'univers N'a point de l'infortune éprouvé l'injustice? Un dieu, sans doute un dieu m'a forgé ces malheurs Comme des instruments qui peuvent à ma vue Ouvrir du cœur humain les sombres profondeurs, Source de vérités, au vulgaire inconnue. Rentrez dans le néant, présomptueux rivaux; Ainsi que le soleil, dans sa lumière immense. Cache ses astres vains levés en son absence, Je vais vous effacer par mes nobles travaux. Mon âme (quel orgueil, grand Dieu, l'avait séduite!) Dévorait des talents le trône révéré. Et dans tous les objets dont je marche entouré. Ma gloire en traits de feu déjà me semble écrite. Prestiges que bientôt je vis s'évanouir ! Doux espoir de l'honneur, trop sublime délire ! Ah ! revenez encor, revenez me séduire : Pour les infortunés, espérer c'est jouir. Je n'ai donc en travaux épuisé mon enfance Que pour m'environner d'une affreuse clarté Qui me montrât l'abîme où je meurs arrêté. Ne valait-il pas mieux garder mon ignorance ?

    en cours de vérification

    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    La malédiction Un aigle, sur un rocher, contemple l’horizon béat. Un aigle défend le mouvement des sphères. Couleurs douces de la charité, tristesse, lueurs sur les arbres décharnés, lyre en étoile d’araignée, les hommes qui sous tous les cieux se ressemblent sont aussi bêtes sur la terre qu’au ciel. Et celui qui traîne un couteau dans les herbes hautes, dans les herbes de mes yeux, de mes cheveux et de mes rêves, celui qui porte dans ses bras tous les signes de l’ombre, est tombé, tacheté d’azur, sur les fleurs à quatre couleurs.

    en cours de vérification

    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Sans rancune Larmes des yeux, les malheurs des malheureux. Malheurs sans intérêt et larmes sans couleurs. Il ne demande rien, il n’est pas insensible, Il est triste en prison et triste s’il est libre. Il fait un triste temps, il fait une nuit noire À ne pas mettre un aveugle dehors. Les forts Sont assis, les faibles tiennent le pouvoir Et le roi est debout près de la reine assise. Sourires et soupirs, des injures pourrissent Dans la bouche des muets et dans les yeux des lâches. Ne prenez rien: ceci brûle, cela flambe! Vos mains sont faites pour vos poches et vos fronts. * * * * * Une ombre… Toute l’infortune du monde Et mon amour dessus Comme une bête nue.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    A Charles Baudelaire Je ne t’ai pas connu, je ne t’ai pas aimé, Je ne te connais point et je t’aime encor moins : Je me chargerais mal de ton nom diffamé, Et si j’ai quelque droit d’être entre tes témoins, C’est que, d’abord, et c’est qu’ailleurs, vers les Pieds joints D’abord par les clous froids, puis par l’élan pâmé Des femmes de péché – desquelles ô tant oints, Tant baisés, chrême fol et baiser affamé ! – Tu tombas, tu prias, comme moi, comme toutes Les âmes que la faim et la soif sur les routes Poussaient belles d’espoir au Calvaire touché ! – Calvaire juste et vrai, Calvaire où, donc, ces doutes, Ci, çà, grimaces, art, pleurent de leurs déroutes. Hein ? mourir simplement, nous, hommes de péché.

    en cours de vérification