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Esotérisme

55 poésies en cours de vérification
Esotérisme

Poésies de la collection esotérisme

    J

    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Le voyage Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route ; Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu'à près de midi ; Voir sur sa tête alors s'amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir, en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain où l'on n'arrive pas ; Détrempé vers le soir, chercher une retraite, Arriver haletant, se coucher, s'endormir : On appelle cela naître, vivre et mourir. La volonté de Dieu soit faite !

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    Jean Racine

    Jean Racine

    @jeanRacine

    Le songe d’thalie C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit. Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée, Comme au jour de sa mort pompeusement parée. Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté ; Même elle avait encor cet éclat emprunté Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage, Pour réparer des ans l'irréparable outrage. « Tremble, m'a-t-elle dit, fille digne de moi. Le cruel Dieu des Juifs l'emporte aussi sur toi. Je te plains de tomber dans ses mains redoutables, Ma fille. » En achevant ces mots épouvantables, Son ombre vers mon lit a paru se baisser ; Et moi, je lui tendais les mains pour l'embrasser. Mais je n'ai plus trouvé qu'un horrible mélange D'os et de chairs meurtris et traînés dans la fange, Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.

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    Jean Racine

    Jean Racine

    @jeanRacine

    Sur les vaines occupations des gens du siècle Quel charme vainqueur du monde Vers Dieu m'élève aujourd'hui ? Malheureux l'homme, qui fonde Sur les hommes son appui. Leur gloire fuit, et s'efface En moins de temps que la trace Du vaisseau qui fend les mers, Ou de la flèche rapide, Qui loin de l'œil qui la guide Cherche l'oiseau dans les airs.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Si notre vie est moins qu'une journée Si notre vie est moins qu'une journée En l'eternel, si l'an qui fait le tour Chasse nos jours sans espoir de retour, Si périssable est toute chose née,

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    Max Jacob

    Max Jacob

    @maxJacob

    Angoisses et autres J'ai peur que tu ne t'offenses lorsque je mets en balance dans mon cœur et dans mes œuvres ton amour dont je me prive et l'autre amour dont je meurs Qu'écriras-tu en ces vers ou bien Dieu que tu déranges Dieu les prêtres et les anges ou bien tes amours d'enfer et leurs agonies gourmandes Justes rochers vieux molochs je pars je reviens j'approche de mon accessible mal mes amours sont dans ma poche je vais pleurer dans une barque Sur les remparts d'Édimbourg tant de douleur se marie ce soir avec tant d'amour que ton cheval Poésie en porte une voile noire

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    N

    Nicolas Gilbert

    @nicolasGilbert

    Ode imitée de plusieurs psaumes J'ai révélé mon cœur au Dieu de l'innocence ; Il a vu mes pleurs pénitents. Il guérit mes remords, il m'arme de constance ; Les malheureux sont ses enfants. Mes ennemis, riant, ont dit dans leur colère : "Qu'il meure et sa gloire avec lui !" Mais à mon cœur calmé le Seigneur dit en père : "Leur haine sera ton appui. À tes plus chers amis ils ont prêté leur rage : Tout trompe ta simplicité ; Celui que tu nourris court vendre ton image Noire de sa méchanceté.

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    Paul Valéry

    Paul Valéry

    @paulValery

    Ebauche d'un serpent … Soleil, soleil!… Faute éclatante! Toi qui masques la mort, Soleil, Sous l'azur et l'or d'une tente Où les fleurs tiennent leur conseil; Par d'impénétrables délices, Toi, le plus fier de mes complices, Et de mes pièges le plus haut, Tu gardes les cœurs de connaître Que l'univers n'est qu'un défaut Dans la pureté du Non-être!…

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Ecoutez la chanson bien douce Ecoutez la chanson bien douce Qui ne pleure que pour vous plaire, Elle est discrète, elle est légère : Un frisson d'eau sur de la mousse ! La voix vous fut connue (et chère ?) Mais à présent elle est voilée Comme une veuve désolée, Pourtant comme elle encore fière, Et dans les longs plis de son voile, Qui palpite aux brises d'automne. Cache et montre au cœur qui s'étonne La vérité comme une étoile. Elle dit, la voix reconnue, Que la bonté c'est notre vie, Que de la haine et de l'envie Rien ne reste, la mort venue. Elle parle aussi de la gloire D'être simple sans plus attendre, Et de noces d'or et du tendre Bonheur d'une paix sans victoire. Accueillez la voix qui persiste Dans son naïf épithalame. Allez, rien n'est meilleur à l'âme Que de faire une âme moins triste ! Elle est en peine et de passage, L'âme qui souffre sans colère, Et comme sa morale est claire !... Ecoutez la chanson bien sage.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Je ne veux plus aimer que ma mère Marie Je ne veux plus aimer que ma mère Marie. Tous les autres amours sont de commandement. Nécessaires qu'ils sont, ma mère seulement Pourra les allumer aux cœurs qui l'ont chérie. C'est pour Elle qu'il faut chérir mes ennemis, C'est par Elle que j'ai voué ce sacrifice, Et la douceur de cœur et le zèle au service, Comme je la priais, Elle les a permis ... C'est par Elle que j'ai voulu de ces chagrins, C'est pour Elle que j'ai mon cœur dans les Cinq Plaies, Et tous ces bons efforts vers les croix et les claies, Comme je l'invoquais, Elle en ceignit mes reins. Je ne veux plus penser qu'à ma mère Marie, Siège, de la Sagesse et source des pardons, Mère de France aussi, de qui nous attendons Inébranlablement l'honneur de la patrie. Marie Immaculée, amour essentiel, Logique de la foi cordiale et vivace, En vous aimant qu'est-il de bon que je ne fasse, En vous aimant du seul amour, Porte du ciel ?

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour Et la blessure est encore vibrante, Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour. Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé Et la brûlure est encor là qui tonne, Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé. Ô mon Dieu, j'ai connu que tout est vil Et votre gloire en moi s'est installée, Ô mon Dieu, j'ai connu que tout est vil. Noyez mon âme aux flots de votre Vin, Fondez ma vie au Pain de votre table, Noyez mon âme aux flots de votre Vin. Voici mon sang que je n'ai pas versé, Voici ma chair indigne de souffrance, Voici mon sang que je n'ai pas versé. Voici mon front qui n'a pu que rougir, Pour l'escabeau de vos pieds adorables, Voici mon front qui n'a pu que rougir. Voici mes mains qui n'ont pas travaillé, Pour les charbons ardents et l'encens rare, Voici mes mains qui n'ont pas travaillé. Voici mon cœur qui n'a battu qu'en vain, Pour palpiter aux ronces du Calvaire, Voici mon cœur qui n'a battu qu'en vain. Voici mes pieds, frivoles voyageurs, Pour accourir au cri de votre grâce, Voici mes pieds, frivoles voyageurs.

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    Philippe Desportes

    Philippe Desportes

    @philippeDesportes

    Plainte Depuis six mois entiers que ta main courroucée Se retira, Seigneur, de mon âme oppressée, Et me laissa débile au pouvoir des malheurs, J'ai tant souffert d'ennuis, qu'hélas ! je ne puis dire Comment mes tristes yeux aux pleurs ont pu suffire, Aux complaintes ma bouche et mon cœur aux douleurs.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Source délicieuse en misères féconde Source délicieuse en misères féconde, Que voulez-vous de moi, flatteuses voluptés ? Honteux attachements de la chair et du Monde, Que ne me quittez-vous, quand je vous ai quittés ? Allez honneurs, plaisirs, qui me livrez la guerre, Toute votre félicité Sujette à l'instabilité En moins de rien tombe par terre, Et comme elle a l'éclat du verre Elle en a la fragilité.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Hymne de la mort Masures, désormais on ne peut inventer Nul argument nouveau qui soit bon à chanter, Ou haut sur la trompette, ou bas dessus la lyre : Aux anciens la Muse a tout permis de dire, Tellement qu'il ne reste à nous autres derniers Sinon le désespoir d'ensuivre les premiers Et, béant après eux, reconnaître leur trace Faite au chemin frayé qui conduit sur Parnasse ; Lesquels jadis, guidés de leur mère Vertu, Ont tellement du pied ce grand chemin battu Qu'on ne voit aujourd'hui, sur la docte poussière D'Hélicon, que les pas d'Hésiode et d'Homère, D'Arate, de Nicandre, et de mille autres Grecs Des vieux siècles passés, qui burent à longs traits Toute l'eau jusqu'au fond des filles de Mémoire, N'en laissant une goutte aux derniers pour en boire, Qui maintenant confus, à foule à foule, vont Chercher encor de l'eau dessus le double Mont ; Mais ils montent en vain, car plus ils y séjournent, Et plus mourant de soif au logis s'en retournent. Moi donc qui, de longtemps, par épreuve sais bien Qu'au sommet de Parnasse on ne trouve plus rien Pour étancher la soif d'une gorge altérée, Je veux aller chercher quelque source sacrée D'un ruisseau non touché, qui murmurant s'enfuit Dedans un beau verger, loin de gens et de bruit, Source que le soleil n'aura jamais connue, Que les oiseaux du ciel de leur bouche cornue N'auront jamais souillée, et où les pastoureaux N'auront jamais conduit les pieds de leurs taureaux. Je boirai tout mon saoul de cette onde pucelle Et puis je chanterai quelque chanson nouvelle, Dont les accords seront peut-être si très doux Que les siècles voudront les redire après nous... Si les hommes pensaient à part eux quelquefois Qu'il nous faut tous mourir, et que même les Rois Ne peuvent éviter de la Mort la puissance, Ils prendraient en leurs coeurs un peu de patience. Sommes-nous plus divins qu'Achille ni qu'Ajax, Qu'Alexandre ou César, qui ne se surent pas Défendre du trépas, bien qu'ils eussent en guerre Réduite sous leurs mains presque toute la terre ? Beaucoup, ne sachant point qu'ils sont enfants de Dieu, Pleurent avant partir et s'attristent, au lieu De chanter hautement le péan de victoire, Et pensent que la Mort soit quelque bête noire Qui les viendra manger, et que dix mille vers Rongeront de leurs corps les os tout découverts, Et leur têt qui doit être, en un coin solitaire, L'effroyable ornement d'un ombreux cimetière... C'est le tout que de l'âme, il faut avoir soin d'elle : D'autant que Dieu l'a faite à jamais immortelle, Il faut trembler de peur que par faits vicieux Nous ne la bannissions de sa maison, les Cieux, Pour endurer, après un exil très moleste, Absente du regard de son Père céleste ; Et ne faut de ce corps avoir si grand ennui Qui n'est que son valet et son mortel étui, Brutal, impatient, de nature maline, Et qui toujours répugne à la raison divine... Il ne faut pas humer de Circé les vaisseaux, De peur que, transformés en tigres ou pourceaux, Nous ne puissions revoir d'Ithaque la fumée, Du Ciel notre demeure à l'âme accoutumée, Où tous nous faut aller, non chargés du fardeau D'orgueil, qui nous ferait périr notre bateau Ains que venir au port, mais chargés d'espérance, Pauvreté, nudité, tourment et patience, Comme étant vrais enfants et disciples de Christ, Qui vivant nous bailla ce chemin par écrit Et marqua de son sang cette voie très sainte, Mourant tout le premier, pour nous ôter la crainte. Oh! que d'être jà morts nous serait un grand bien, Si nous considérions que nous ne sommes rien Qu'une terre animée et qu'une vivante ombre, Le sujet de douleur, de misère et d'encombre, Voire, et que nous passons en misérables maux Le reste (ô crève-coeur!) de tous les animaux. Non pour autre raison Homère nous égale A la feuille d'hiver qui des arbres dévale, Tant nous sommes chétifs et pauvres journaliers Recevant sans repos maux sur maux à milliers... Masures, on dira que toute chose humaine Se peut bien recouvrer, terres, rentes, domaine, Maisons, femmes, honneurs, mais que par nul effort On ne peut recouvrer l'âme quand elle sort, Et qu'il n'est rien si beau que de voir la lumière. De ce commun Soleil, qui n'est seulement chère Aux hommes sains et forts, mais aux vieux chargés d'ans, Perclus, estropiés, catarrheux, impotents. Tu diras que toujours tu vois ces platoniques, Ces philosophes pleins de propos magnifiques, Dire bien de la Mort; mais quand ils sont jà vieux Et que le flot mortel leur noue dans les yeux, Et que leur pied tremblant est déjà sur la tombe, Que la parole grave et sévère leur tombe, Et commencent en vain à gémir et pleurer, Et voudraient, s'ils pouvaient, leur trépas différer. Tu me diras encore que tu trembles de crainte D'un batelier Charon, qui passe par contrainte Les âmes outre l'eau d'un torrent effrayant, Et que tu crains le Chien à trois voix aboyant, Et les eaux de Tantale et le roc de Sisyphe, Et des cruelles Soeurs l'abominable griffe, Et tout cela qu'ont feint les poètes là-bas Nous attendre aux Enfers après notre trépas. Quiconque dis ceci, pour Dieu, qu'il te souvienne Que ton âme n'est pas païenne, mais chrétienne, Et que notre grand Maître en la Croix étendu, Et mourant, de la Mort l'aiguillon a perdu, Et d'elle maintenant n'a fait qu'un beau passage A retourner au Ciel, pour nous donner courage De porter notre croix, fardeau léger et doux, Et de mourir pour lui comme il est mort pour nous, Sans craindre comme enfants la nacelle infernale, Le rocher d'Ixion, et les eaux de Tantale, Et Charon, et le chien Cerbère à trois abois, Desquels le sang de Christ t'affranchit en la Croix, Pourvu qu'en ton vivant tu lui veuilles complaire, Faisant ses mandements qui sont aisés à faire ; Car son joug est plaisant, gracieux et léger, Qui le dos nous soulage en lieu de le charger... S'il y avait au monde un état de durée, Si quelque chose était en la terre assurée, Ce serait un plaisir de vivre longuement ; Mais, puisqu'on n'y voit rien qui ordinairement Ne se change et rechange, et d'inconstance abonde, Ce n'est pas grand plaisir que de vivre en ce monde ; Nous le connaissons bien, qui toujours lamentons Et pleurons aussitôt que du ventre sortons, Comme présagiant, par naturel augure, De ce logis mondain la misère future... Que ta puissance, ô Mort, est grande et admirable ! Rien au monde par toi ne se dit perdurable ; Mais, tout ainsi que l'onde à val des ruisseaux fuit Le pressant coulement de l'autre qui la suit, Ainsi le temps se coule, et le présent fait place Au futur importun qui les talons lui trace. Ce qui fut, se refait ; tout coule comme une eau, Et rien dessous le Ciel ne se voit de nouveau ; Mais la forme se change en une autre nouvelle, Et ce changement là Vivre au monde s'appelle, Et Mourir, quand la forme en une autre s'en va... Mais notre âme immortelle est toujours en un lieu Au change non sujette, assise auprès de Dieu, Citoyenne à jamais de la ville éthérée, Qu'elle avait si longtemps en ce corps désirée. Je te salue, heureuse et profitable Mort, Des extrêmes douleurs médecin et confort ! Quand mon heure viendra, Déesse, je te prie, Ne me laisse longtemps languir en maladie, Tourmenté dans un lit ; mais, puisqu'il faut mourir, Donne-moi que soudain je te puisse encourir, Ou pour l'honneur de Dieu, ou pour servir mon Prince, Navré d'une grande plaie au bord de ma province.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Quand au temple nous serons Quand au temple nous serons Agenouillés, nous ferons Les dévots selon la guise De ceux qui pour louer Dieu Humbles se courbent au lieu Le plus secret de l'église. Mais quand au lit nous serons Entrelacés, nous ferons Les lascifs selon les guises Des amants qui librement Pratiquent folâtrement Dans les draps cent mignardises. Pourquoi donque, quand je veux Ou mordre tes beaux cheveux, Ou baiser ta bouche aimée, Ou toucher à ton beau sein, Contrefais-tu la nonnain Dedans un cloître enfermée ? Pour qui gardes-tu tes yeux Et ton sein délicieux, Ta joue et ta bouche belle ? En veux-tu baiser Pluton Là-bas, après que Charon T'aura mise en sa nacelle ? Après ton dernier trépas, Grêle, tu n'auras là-bas Qu'une bouchette blêmie ; Et quand mort, je te verrais Aux Ombres je n'avouerais Que jadis tu fus m'amie.

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    R

    Robert Garnier

    @robertGarnier

    Les juives, chœur Pauvres filles de Sion, Vos liesses sont passées; La commune affliction Les a toutes effacées.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Hérodiade Le soleil que sa halte Surnaturelle exalte Aussitôt redescend Incandescent Je sens comme aux vertèbres S'éployer des ténèbres Toutes dans un frisson A l'unisson Et ma tête surgie Solitaire vigie Dans les vols triomphaux De cette faux Comme rupture franche Plutôt refoule ou tranche Les anciens désaccords Avec le corps Qu'elle de jeûnes ivre S'opiniâtre à suivre En quelque bond hagard Son pur regard

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Les fleurs Des avalanches d’or du vieil azur, au jour Premier et de la neige éternelle des astres Jadis tu détachas les grands calices pour La terre jeune encore et vierge de désastres, Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin, Et ce divin laurier des âmes exilées Vermeil comme le pur orteil du séraphin Que rougit la pudeur des aurores foulées, L’hyacinthe, le myrte à l’adorable éclair Et, pareille à la chair de la femme, la rose Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair, Celle qu’un sang farouche et radieux arrose ! Et tu fis la blancheur sanglotante des lys Qui roulant sur des mers de soupirs qu’elle effleure A travers l’encens bleu des horizons pâlis Monte rêveusement vers la lune qui pleure ! Hosannah sur le cistre et dans les encensoirs, Notre Dame, hosannah du jardin de nos limbes ! Et finisse l’écho par les célestes soirs, Extase des regards, scintillement des nimbes ! Ô Mère qui créas en ton sein juste et fort, Calices balançant la future fiole, De grandes fleurs avec la balsamique Mort Pour le poète las que la vie étiole.

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    Théodore Agrippa d'Aubigné

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    @theodoreAgrippaDaubigne

    Les tragiques Je veux peindre la France une mère affligée, Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée. Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage Dont nature donnait à son besson l'usage ; Ce voleur acharné, cet Esaü malheureux, Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux, Si que, pour arracher à son frère la vie, Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie. Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui, Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui, À la fin se défend, et sa juste colère Rend à l'autre un combat dont le champ et la mère. Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris, Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ; Mais leur rage les guide et leur poison les trouble, Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble. Leur conflit se rallume et fait si furieux Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux. Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte, Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ; Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants, Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant. Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle Celui qui a le droit et la juste querelle, Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las Viole en poursuivant l'asile de ses bras. Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ; Puis, aux derniers abois de sa proche ruine, Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ; Or vivez de venin, sanglante géniture, Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !

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    Théodore Agrippa d'Aubigné

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    @theodoreAgrippaDaubigne

    Mais quoi ! c'est trop chanté Mais quoi ! c'est trop chanté, il faut tourner les yeux Éblouis de rayons dans le chemin des cieux. C'est fait, Dieu vient régner, de toute prophétie Se voit la période à ce point accomplie. La terre ouvre son sein, du ventre des tombeaux Naissent des enterrés les visages nouveaux : Du pré, du bois, du champ, presque de toutes places Sortent les corps nouveaux et les nouvelles faces. Ici les fondements des châteaux rehaussés Par les ressuscitants promptement sont percés ; Ici un arbre sent des bras de sa racine Grouiller un chef vivant, sortir une poitrine ; Là l'eau trouble bouillonne, et puis s'éparpillant Sent en soi des cheveux et un chef s'éveillant. Comme un nageur venant du profond de son plonge, Tous sortent de la mort comme l'on sort d'un songe. Les corps par les tyrans autrefois déchirés Se sont en un moment en leurs corps asserrés, Bien qu'un bras ait vogué par la mer écumeuse De l'Afrique brûlée en Tylé froiduleuse. Les cendres des brûlés volent de toutes parts ; Les brins plus tôt unis qu'ils ne furent épars Viennent à leur poteau, en cette heureuse place Riants au ciel riant d'une agréable audace...

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    Tristan Corbière

    Tristan Corbière

    @tristanCorbiere

    La rapsode foraine Bénite est l'infertile plage Où, comme la mer, tout est nud. Sainte est la chapelle sauvage De Sainte-Anne-de-la-Palud... De la Bonne Femme Sainte Anne Grand'tante du petit Jésus, En bois pourri dans sa soutane Riche... plus riche que Crésus !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Abîme - La Voie Lactée Millions, millions, et millions d'étoiles ! Je suis, dans l'ombre affreuse et sous les sacrés voiles, La splendide forêt des constellations. C'est moi qui suis l'amas des yeux et des rayons, L'épaisseur inouïe et morne des lumières, Encor tout débordant des effluves premières, Mon éclatant abîme est votre source à tous. O les astres d'en bas, je suis si loin de vous Que mon vaste archipel de splendeurs immobiles, Que mon tas de soleils n'est, pour vos yeux débiles, Au fond du ciel, désert lugubre où meurt le bruit, Qu'un peu de cendre rouge éparse dans la nuit ! Mais, ô globes rampants et lourds, quelle épouvante Pour qui pénétrerait dans ma lueur vivante, Pour qui verrait de près mon nuage vermeil ! Chaque point est un astre et chaque astre un soleil. Autant d'astres, autant d'immensités étranges, Diverses, s'approchant des démons ou des anges, Dont les planètes font autant de nations ; Un groupe d'univers, en proie aux passions, Tourne autour de chacun de mes soleils de flammes ; Dans chaque humanité sont des cœurs et des âmes, Miroirs profonds ouverts à l'œil universel, Dans chaque cœur l'amour, dans chaque âme le ciel ! Tout cela naît, meurt, croît, décroît, se multiplie. La lumière en regorge et l'ombre en est remplie. Dans le gouffre sous moi, de mon aube éblouis, Globes, grains de lumière au loin épanouis, Toi, zodiaque, vous, comètes éperdues, Tremblants, vous traversez les blêmes étendues, Et vos bruits sont pareils à de vagues clairons, Et j'ai plus de soleils que vous de moucherons. Mon immensité vit, radieuse et féconde. J'ignore par moments si le reste du monde, Errant dans quelque coin du morne firmament, Ne s'évanouit pas dans mon rayonnement.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Booz endormi Booz s'était couché de fatigue accablé ; Il avait tout le jour travaillé dans son aire ; Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ; Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé. Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ; Il était, quoique riche, à la justice enclin ; Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin ; Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge. Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril. Sa gerbe n'était point avare ni haineuse ; Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse : – Laissez tomber exprès des épis, disait-il.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    La conscience Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes, Échevelé, livide au milieu des tempêtes, Caïn se fut enfui de devant Jéhovah, Comme le soir tombait, l'homme sombre arriva Au bas d'une montagne en une grande plaine ; Sa femme fatiguée et ses fils hors d'haleine Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. » Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts. Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres, Il vit un œil, tout grand ouvert dans les ténèbres, Et qui le regardait dans l'ombre fixement. « Je suis trop près », dit-il avec un tremblement. Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse, Et se remit à fuir sinistre dans l'espace. Il marcha trente jours, il marcha trente nuits. Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits, Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve, Sans repos, sans sommeil; il atteignit la grève Des mers dans le pays qui fut depuis Assur. « Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr. Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. » Et, comme il s'asseyait, il vit dans les cieux mornes L'œil à la même place au fond de l'horizon. Alors il tressaillit en proie au noir frisson. « Cachez-moi ! » cria-t-il; et, le doigt sur la bouche, Tous ses fils regardaient trembler l'aïeul farouche. Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont Sous des tentes de poil dans le désert profond : « Étends de ce côté la toile de la tente. » Et l'on développa la muraille flottante ; Et, quand on l'eut fixée avec des poids de plomb : « Vous ne voyez plus rien ? » dit Tsilla, l'enfant blond, La fille de ses Fils, douce comme l'aurore ; Et Caïn répondit : « je vois cet œil encore ! » Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs Soufflant dans des clairons et frappant des tambours, Cria : « je saurai bien construire une barrière. » Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière. Et Caïn dit « Cet œil me regarde toujours! » Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours Si terrible, que rien ne puisse approcher d'elle. Bâtissons une ville avec sa citadelle, Bâtissons une ville, et nous la fermerons. » Alors Tubalcaïn, père des forgerons, Construisit une ville énorme et surhumaine. Pendant qu'il travaillait, ses frères, dans la plaine, Chassaient les fils d'Enos et les enfants de Seth ; Et l'on crevait les yeux à quiconque passait ; Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles. Le granit remplaça la tente aux murs de toiles, On lia chaque bloc avec des nœuds de fer, Et la ville semblait une ville d'enfer ; L'ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ; Ils donnèrent aux murs l'épaisseur des montagnes ; Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d'entrer. » Quand ils eurent fini de clore et de murer, On mit l'aïeul au centre en une tour de pierre ; Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père ! L'œil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla. Et Caïn répondit : « Non, il est toujours là. » Alors il dit: « je veux habiter sous la terre Comme dans son sépulcre un homme solitaire ; Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. » On fit donc une fosse, et Caïn dit « C'est bien ! » Puis il descendit seul sous cette voûte sombre. Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain, L'œil était dans la tombe et regardait Caïn.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Le soleil était là qui mourait dans l'abîme Le soleil était là qui mourait dans l'abîme. L'astre, au fond du brouillard, sans air qui le ranime, Se refroidissait, morne et lentement détruit. On voyait sa rondeur sinistre dans la nuit ; Et l'on voyait décroître, en ce silence sombre, Ses ulcères de feu sous une lèpre d'ombre. Charbon d'un monde éteint ! flambeau soufflé par Dieu ! Ses crevasses montraient encore un peu de feu. Comme si par les trous du crâne on eût vu l'âme. Au centre palpitait et rampait une flamme Qui par instants léchait les bords extérieurs, Et de chaque cratère il sortait des lueurs Qui frissonnaient ainsi que de flamboyants glaives, Et s'évanouissaient sans bruit comme des rêves. L'astre était presque noir. L'archange était si las Qu'il n'avait plus de voix et plus de souffle, hélas ! Et l'astre agonisait sous ses regards farouches. Il mourait, il luttait. Avec ses sombres bouches Dans l'obscurité froide il lançait par moments Des flots ardents, des blocs rougis, des monts fumants, Des rocs tout écumants de sa clarté première ; Comme si ce géant de vie et de lumière, Englouti par la brume où tout s'évanouit, N'eût pas voulu mourir sans insulter la nuit Et sans cracher sa lave à la face de l'ombre. Autour de lui le temps et l'espace et le nombre Et la forme et le bruit expiraient, en créant L'unité formidable et noire du néant. Le spectre Rien levait sa tête hors du gouffre.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À villequier Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres, Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ; Maintenant que je suis sous les branches des arbres, Et que je puis songer à la beauté des cieux ; Maintenant que du deuil qui m'a fait l'âme obscure Je sors, pâle et vainqueur, Et que je sens la paix de la grande nature Qui m'entre dans le cœur ;

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