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Océan

34 poésies en cours de vérification
Océan

Poésies de la collection océan

    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Les sirènes Les Sirènes chantaient... Là-bas, vers les îlots, Une harpe d'amour soupirait, infinie ; Les flots voluptueux ruisselaient d'harmonie Et des larmes montaient aux yeux des matelots. Les Sirènes chantaient... Là-bas, vers les rochers, Une haleine de fleurs alanguissait les voiles ; Et le ciel reflété dans les flots pleins d'étoiles Versait tout son azur en l'âme des nochers, Les Sirènes chantaient... Plus tendres à présent, Leurs voix d'amour pleuraient des larmes dans la brise, Et c'était une extase où le cœur plein se brise, Comme un fruit mûr qui s'ouvre au soir d'un jour pesant ! Vers les lointains, fleuris de jardins vaporeux, Le vaisseau s'en allait, enveloppé de rêves ; Et là-bas — visions — sur l'or pâle des grèves Ondulaient vaguement des torses amoureux. Diaphanes blancheurs dans la nuit émergeant, Les Sirènes venaient, lentes, tordant leurs queues Souples, et sous la lune, au long des vagues bleues, Roulaient et déroulaient leurs volutes d'argent. Les nacres de leurs chairs sous un liquide émail Chatoyaient, ruisselant de perles cristallines, Et leurs seins nus, cambrant leurs rondeurs opalines, Tendaient lascivement des pointes de corail. Leurs bras nus suppliants s'ouvraient, immaculés ; Leurs cheveux blonds flottaient, emmêlés d'algues vertes, Et, le col renversé, les narines ouvertes, Elles offraient le ciel dans leurs yeux étoilés !... Des lyres se mouraient dans l'air harmonieux ; Suprême, une langueur s'exhalait des calices, Et les marins pâmés sentaient, lentes délices, Des velours de baisers se poser sur leurs yeux... Jusqu'au bout, aux mortels condamnés par le sort, Chœur fatal et divin, elles faisaient cortège ; Et, doucement captif entre leurs bras de neige, Le vaisseau descendait, radieux, dans la mort ! La nuit tiède embaumait...Là-bas, vers les îlots, Une harpe d'amour soupirait, infinie ; Et la mer, déroulant ses vagues d'harmonie, Étendait son linceul bleu sur les matelots. Les Sirènes chantaient... Mais le temps est passé Des beaux trépas cueillis en les Syrtes sereines, Où l'on pouvait mourir aux lèvres des Sirènes, Et pour jamais dormir sur son rêve enlacé.

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Les voiles Quand j’étais jeune et fier et que j’ouvrais mes ailes, Les ailes de mon âme à tous les vents des mers, Les voiles emportaient ma pensée avec elles, Et mes rêves flottaient sur tous les flots amers. Je voyais dans ce vague où l’horizon se noie Surgir tout verdoyants de pampre et de jasmin Des continents de vie et des îles de joie Où la gloire et l’amour m’appelaient de la main. J’enviais chaque nef qui blanchissait l’écume, Heureuse d’aspirer au rivage inconnu, Et maintenant, assis au bord du cap qui fume, J’ai traversé ces flots et j’en suis revenu. Et j’aime encor ces mers autrefois tant aimées, Non plus comme le champ de mes rêves chéris, Mais comme un champ de mort où mes ailes semées De moi-même partout me montrent les débris. Cet écueil me brisa, ce bord surgit funeste, Ma fortune sombra dans ce calme trompeur ; La foudre ici sur moi tomba de l’arc céleste Et chacun de ces flots roule un peu de mon coeur.

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    André Chénier

    André Chénier

    @andreChenier

    La jeune tarentine Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés, Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez. Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine. Un vaisseau la portait aux bords de Camarine. Là l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement, Devaient la reconduire au seuil de son amant. Une clef vigilante a pour cette journée Dans le cèdre enfermé sa robe d'hyménée Et l'or dont au festin ses bras seraient parés Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés. Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles, Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles L'enveloppe. Étonnée, et loin des matelots, Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots. Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine. Son beau corps a roulé sous la vague marine. Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocher Aux monstres dévorants eut soin de le cacher. Par ses ordres bientôt les belles Néréides L'élèvent au-dessus des demeures humides, Le portent au rivage, et dans ce monument L'ont, au cap du Zéphir, déposé mollement. Puis de loin à grands cris appelant leurs compagnes, Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes, Toutes frappant leur sein et traînant un long deuil, Répétèrent : « Hélas ! » autour de son cercueil. Hélas ! chez ton amant tu n'es point ramenée. Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée. L'or autour de tes bras n'a point serré de nœuds. Les doux parfums n'ont point coulé sur tes cheveux.

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    À Saint-Georges-sur-Mer À Gabriel Audiat. Pourquoi donc m'en irais-je aux pays transalpins, Quand tout charme les yeux dans ma forêt de pins ? Pourquoi fuir en ingrat cet heureux coin du monde Où le vieil Océan épouse la Gironde ; Où sur des sables fins le flot vert s'effrangeant Jusqu'à mes pieds déroule un grand ourlet d'argent ? Là j'aime à respirer le parfum de résine Se mêlant aux sels purs de la brise marine ; Sous le tranquille abri des hauts pins murmurants J'aime à voir s'effacer les navires errants. La marjolaine en fleur et les oeillets sauvages Aux marins qui s'en vont parlent de nos rivages. Le soir, quand à son nid d'amour l'oiseau revient, J'écoute un cœur qui bat à l'unisson du mien.

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Côtes de Saintonge Comme un orgue lointain sur une immense grève, Bruit du flot qui recouvre un lit de sable fin, Et toujours recommence et jamais ne s'achève, La mer, la vaste mer se déroulait sans fin. Sur les dunes épars, de grands pins maritimes Dans le rythme des flots murmurants s'accordaient Aux souffles du matin, en secouant leurs cimes, Et comme à l'unisson gravement répondaient. Sur l'Océan d'azur, où passait un navire, Sans crainte aventurés, des papillons volaient Comme un vrai tourbillon de neige. Ils semblaient dire Aux marins du pays, qui sous bon vent filaient : « Lorsque s'achèvera votre course lointaine, Nous ne saluerons pas votre joyeux retour, Car, livrant aux hasards notre vie incertaine, Nous durons peu d'instants, comme les fleurs d'un jour. À l'horizon des flots, noyant ses voiles hautes, Quand le vaisseau parti lentement s'effaçait, Le croisant dans sa route en approchant des côtes, Un autre grand navire au large apparaissait. Après un long voyage aux mers orientales, Les hommes revenaient, las d'avoir navigué, Mais la fièvre d'amour pour les grèves natales Verse un baume divin dans le corps fatigué. Ils avaient aperçu le clocher de Marennes, Dont la flèche en plein ciel des eaux semblait jaillir, Et dans le chaud parfum des plantes riveraines Les plus robustes cœurs se sentaient défaillir.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Le bateau ivre Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. J’étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais. Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants. La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots ! Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures, L’eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin. Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d’astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rhythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l’amour ! Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants : je sais le soir, L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes, Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir ! J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets ! J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baisers montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ! J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l’assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs ! J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux ! J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces, Et les lointains vers les gouffres cataractant ! Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises ! Échouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants. – Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants. Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux… Presque île, ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons ! Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ; Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d’azur ; Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ; Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l’Europe aux anciens parapets ! J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : – Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles, Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ? Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer ! Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai. Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    L'albatros Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. À peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait ! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    L'homme et la mer Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. Tu te plais à plonger au sein de ton image ; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ; Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets ! Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    La chevelure Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure ! Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir ! La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique ! Comme d’autres esprits voguent sur la musique, Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum. J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève, Se pâment longuement sous l’ardeur des climats ; Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève ! Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts : Un port retentissant où mon âme peut boire A grands flots le parfum, le son et la couleur ; Où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire, Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire D’un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur. Je plongerai ma tête amoureuse d’ivresse Dans ce noir océan où l’autre est enfermé ; Et mon esprit subtil que le roulis caresse Saura vous retrouver, ô féconde paresse, Infinis bercements du loisir embaumé ! Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues, Vous me rendez l’azur du ciel immense et rond ; Sur les bords duvetés de vos mèches tordues Je m’enivre ardemment des senteurs confondues De l’huile de coco, du musc et du goudron. Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde Sèmera le rubis, la perle et le saphir, Afin qu’à mon désir tu ne sois jamais sourde ! N’es-tu pas l’oasis où je rêve, et la gourde Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Maesta et errabunda Dis-moi, ton cœur parfois s'envole-t-il, Agathe, Loin du noir océan de l'immonde cité, Vers un autre océan où la splendeur éclate, Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité ? Dis-moi, ton cœur parfois s'envole-t-il, Agathe ? La mer, la vaste mer, console nos labeurs ! Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs, De cette fonction sublime de berceuse ? La mer, la vaste mer, console nos labeurs ! Emporte-moi, wagon ! enlève-moi, frégate ! Loin ! loin ! ici la boue est faite de nos pleurs ! - Est-il vrai que parfois le triste cœur d'Agathe Dise : Loin des remords, des crimes, des douleurs, Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate ?

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Parfum exotique Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne, Je respire l'odeur de ton sein chaleureux, Je vois se dérouler des rivages heureux Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ; Une île paresseuse où la nature donne Des arbres singuliers et des fruits savoureux ; Des hommes dont le corps est mince et vigoureux, Et des femmes dont l'œil par sa franchise étonne.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Un voyage à Cythère Mon coeur, comme un oiseau, voltigeait tout joyeux Et planait librement à l'entour des cordages ; Le navire roulait sous un ciel sans nuages, Comme un ange enivré d'un soleil radieux. Quelle est cette île triste et noire ? - C'est Cythère, Nous dit-on, un pays fameux dans les chansons, Eldorado banal de tous les vieux garçons. Regardez, après tout, c'est une pauvre terre.

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    J

    Jean Aicard

    @jeanAicard

    Les vieux vaisseaux Je regrette les vieux vaisseaux dont la voilure, Large et lourde, pendait du faîte au pied des mâts, Et leurs pesants rouleaux de toile dont l'amas Faisait fléchir l'antenne à l'immense envergure. La marche du meilleur navire était peu sûre : On dépendait du temps, des saisons, des climats ; On restait immobile aux jours des calmes plats Et parfois on errait longtemps à l'aventure. Mais ils étaient si fiers les fins voiliers, si beaux, Quand leurs voiles claquaient comme de grands drapeaux, Puis s'enflaient tout d'un coup, souveraines et rondes ! L'ombre autour d'eux tombait en longs plis sur les eaux, Et les voiles semblaient dans leurs courbes profondes Porter en soupirant l'espoir de nouveaux mondes !

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    J

    Jean de Sponde

    @jeanDeSponde

    Qui sont, qui sont ceux-là, dont le cœur idolâtre Qui sont, qui sont ceux-là, dont le cœur idolâtre Se jette aux pieds du Monde, et flatte ses honneurs, Et qui sont ces valets, et qui sont ces Seigneurs, Et ces âmes d'Ebène, et ces faces d'Albâtre ? Ces masques déguisés, dont la troupe folâtre S'amuse à caresser je ne sais quels donneurs De fumées de Cour, et ces entrepreneurs De vaincre encor le Ciel qu'ils ne peuvent combattre ?

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    J

    Joseph Autran

    @josephAutran

    Le feu d'épaves La maison du pêcheur, qui près du flot s'élève, Entre ses murs étroits nous avait accueillis. C'était l'heure du soir, l'heure propice au rêve. La mer, sous une brise, arrivait à la grève En doux et larges plis. A travers la croisée ouverte sur la plage, L'œil distinguait non loin, — silencieux tableau, Quelques arbres épars au rougissant feuillage, L'ancien phare, la tour, et les murs d'un village Qui s'avance dans l'eau. C'était aux jours d'octobre, et quoiqu'à la fenêtre Le vent qui se jouait n'annonçât point l'hiver, Nous avions au foyer, sans y songer peut-être, Allumé quelque bois de vieux chêne ou de hêtre... Épaves de la mer. Et, l'œil sur ces tisons, nous causions à voix basse De l'Océan voisin, du flux et du reflux, Des marins en péril que l'ouragan pourchasse, Du vaisseau démâté qu'on hèle dans l'espace Et qui ne répond plus. Poursuivant au hasard le fil des rêveries, Nous parlions, à leur tour, des naufrages du sort, Des croyances en deuil par le siècle meurtries, Et des amours éteints, — et des âmes flétries, Dont le doute est la mort. Devant nous, du passé, dans leur fraîcheur première, Les pâles souvenirs se dressaient à la fois, Les blanches visions de grâce printanière... Et l'occident, là-bas, endormait sa lumière, Et nous baissions la voix. Sous les obscurs lambris teints d'une lueur sombre, La mer nous envoyant son rythme lent et doux, Chacun de nous semblait aux yeux de l'autre une ombre ; Et, toujours plus songeurs, nous repassions le nombre Des jours vécus par nous. « Les choses de la vie au néant emportées Sont mornes à revoir aux pâleurs de la nuit. Laissons-les, vous disais-je, où Dieu les a jetées. De la mémoire, à deux, les pages feuilletées Rendent un triste bruit ! » Les tisons, à nos pieds, fumaient à peine encore ; Le jour dans un nuage expirait au couchant. Alors, — ombre du soir que son reflet colore, — Une femme passa, qui, de sa voix sonore, Chantait un divin chant. A la marge des eaux, forme entrevue à peine, Dans le rayon qui meurt elle était belle à voir. Ce qu'exhalait au vent sa voix pure et sereine, C'était le chant joyeux de la vie encore pleine De croyance et d'espoir. Et dans l'âtre, soudain, des épaves en cendre Un dernier feu jaillit comme une langue d'or. Et tous deux, en nous-même heureux de redescendre, Nous sentîmes aussi que nos cœurs pouvaient rendre Une étincelle encore !

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    J

    Joseph Autran

    @josephAutran

    Le fond de l'océan Soufflez et mugissez, tristes vents de la nuit ! Sombres flots, déchirez et jetez à grand bruit Votre folle écume au rivage ! Penché vers vous, du bord de ces rocs frémissants, J'aspire dans mon âme et je bois dans mes sens Je ne sais quel plaisir sauvage. Le vieil astre des jours descend à l'horizon, Il y plonge à demi ; — plus rouge qu'un tison, Il rougit une mer ardente, Une mer qui ressemble à ces lacs de l'enfer, Tels que tu les décris dans ton livre de fer, Ô vieux maître ! Ô terrible Dante ! Mille oiseaux du rivage encombrent les contours Ici les goélands, aquatiques vautours, Fouillant des yeux la vase obscure ; Là, les hauts cormorans qui courent sur le bord, Et relèvent, joyeux, leur long bec où se tord Le poisson pris dans la morsure. Échevelé, fougueux, le flot de plus en plus, Se déchaîne; il mugit, il gronde à chaque flux Comme un tonnerre sur la grève. Au milieu du fracas, on dirait par moments Les acclamations et les frémissements D'un peuple entier qui se soulève ! Ô mer ! Sinistre mer ! N’as-tu donc pas assez Enfoui de trésors sous ton onde entassés, Dévoré de pâles victimes ? Que te faut-il encore ? Que demandent tes cris ? Faut-il que dans ton sein roulent plus de débris Que de vagues sur tes abîmes ? Depuis l'heure où l'espace à, tés eaux fut donné, Depuis le jour fatal où, comme un nouveau-né Qui sort du ventre de sa mère, Tu sortis du chaos et vins battre tes bords, Tu n'as jamais rendu que de plaintifs accords, Et roulé qu'une écume amère. Et jamais les écueils qui rampent sous tes flots N'ont cessé d'engloutir barques et matelots, Lourds vaisseaux, fragiles nacelles ; Et débris dispersés et morts ensevelis Roulent au fond du gouffre, et, sous tes mornes plis, Comme un linceul tu les recèles. Mais un jour est prédit, — inévitable jour, — Où toi-même, tu dois disparaître à ton tour Au souffle brûlant de l'Archange, Où ton abîme, ouvert et nu comme la main, Sera ce qu'en automne est le creux d'un chemin Dont on a balayé la fange. Alors se trahiront aux yeux épouvantés Tes gouffres, tes ravins, tes sourdes cavités Qui font le désespoir des sondes : Régions où jamais un rayon ne descend, Tartares sous-marins, où va s'épaississant L'obscurité des nuits profondes. Là, sur un lit visqueux d'algues et de limons, Parmi tes polypiers, parmi tes goémons, Tes fucus aux glauques feuillages, On verra s'élever, par tas et par monceaux, Cet éternel butin que plonge sous tes eaux Chaque saison riche en naufrages : Ruines de vaisseaux, dont les fortes cloisons, Jour à jour, lentement, s'écroulent ; cargaisons Qui croupissent dans leurs entrailles ; Lourdes ancres, agrès par la rouille mordus ; Drapeaux, sceptres des rois, qui roulent confondus Parmi de sordides ferrailles ; Écrins où l'eau pénètre, en vain cadenassés ; Masses d'argent et d'or, qui feraient dire : assez ! A tous les mendiants du globe ; De quoi vous habiller et vous nourrir enfin, Vous tous, pauvres enfants qui blêmissez de faim Et-grelottez sans feu ni robe ! Et puis, en des tombeaux de sable et de varech, Cadavres de marins enveloppés avec Des bandelettes d'algues vertes ; Et puis, déchiquetés, dénudés jusqu'à l'os, Squelettes monstrueux, spectres de cachalots Et de baleines entr'ouvertes ! Tout ce qu'a dévoré, tout ce qu'a submergé L'onde, qui ronge encore après qu'elle a rongé Avec ses dents toujours entières : Tout ce que ton flot noir ballotte dans ses plis, Tout ce qui dort, bercé d'un éternel roulis, Dans tes liquides cimetières ! Voilà quel formidable et lugubre tableau Apparaîtra, le jour que les voiles de l'eau Seront repliés par Dieu même ; Quand la mer, quand le sol, fouillés jusques au fond, Rendront ce qu'engloutit un néant si profond, Partout où le trépas nous sème. Alors, ô mer ! Alors, devant le trois fois Saint, Tous ceux qui jusque-là reposaient dans ton sein Se lèveront comme une armée ; Et toi, comme un torrent dont s'égouttent les flots, Tu seras pour jamais, dans le dernier chaos, Sous le sceau de Dieu refermée !

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    J

    Joseph Autran

    @josephAutran

    Le mousse Depuis de longs jours, l'ouragan qui gronde Va nous emportant sur l'Océan noir, Bien loin de la rive où je vins au monde, Pour des maux que nul n'eût osé prévoir. Le mât du vaisseau, que bat la tourmente, Jette en s'inclinant un douloureux cri. D'où vient qu'à son tour ce bois se lamente Comme s'il cachait un cœur tout meurtri ? Compagnon d'exil, tu pleures peut-être La colline heureuse où nous sommes nés, Toi, bel arbre, et moi, pauvre enfant champêtre, Aux mêmes douleurs tous deux condamnés !

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    J

    Joseph Autran

    @josephAutran

    Le phare Parmi les noirs brisants où le flot tourbillonne, Le phare vers la nue élève sa colonne. Pilier de blocs massifs qu'unit un dur ciment, Il surgit, solitaire, ainsi qu'un monument. Des vagues, à ses pieds, la fureur se déchaîne : On dirait que la mer assiège de sa haine Cette tour qui, montrant le péril aux vaisseaux, La frustre d'un butin convoité par ses eaux. Le soir vient, l'horizon s'efface dans la brume : Sur la tour, aussitôt, le fanal se rallume ; Avant même qu'au ciel une étoile ait relui, Un astre éclaire l'onde,- et cet astre, c'est lui !... Foyer de vifs rayons dont la lueur éclate, Il enflamme les airs d'une teinte écarlate ; Et, sur l'Océan noir son reflet projeté Semble un chemin de feu par la houle agité. Averti des écueils dont ce bord se hérisse, Le navire alors cherche une onde plus propice ; Il veille à sa manœuvre, et, le long du canal, Rend grâce en le fuyant au lumineux fanal. Des nochers en péril ce guide manifeste A d'autres voyageurs sera pourtant funeste. Il en est qui par lui sont pris en trahison : Ceux-là sont les oiseaux bercés à l'horizon, Ce sont les passagers du vent et de la nue. La saison froide et triste étant déjà venue, En colonne, en triangle, ils traversaient les airs, Cherchant au loin des cieux plus tièdes et plus clairs. Voilà qu'au bord des flots l'ardent soleil du phare Brille, et dans leur essor les trouble et les égare. Eux qui des cieux profonds savent chaque sentier, Qui firent sans erreur le tour du globe entier, Pour la première fois suspendus par le doute, Se laissent détourner de l'infaillible route ; Ils veulent de plus près, dans l'ombre de la nuit, Voir l'étrange soleil dont l'éclat les séduit. Ainsi que dans un champ, par troupes inquiètes, Descendent au miroir les jeunes alouettes ; Comme le papillon, si fragile et si beau, S'abandonne le soir à l'attrait du flambeau, Ils viennent par essaims ; — ramiers blancs comme neige, Pluviers, cailles, vanneaux, ils s'approchent du piège ; Fascinés, éblouis, ils tournent ; je les vois Autour du haut fanal voler tous à la fois. En vain contre le charme ils voudraient se débattre ; Dans le rayonnement de la clarté rougeâtre, Ils sont pris de vertige... hélas ! Et tour à tour Se brisent dans leur chute aux pierres de la tour. Et la mer les saisit de ses promptes écumes ; Et, flocons dispersés, le vent sème leurs plumes ; Et le cri douloureux des blessés convulsifs Se mêle au sourd fracas des flots dans les récifs. Oiseaux infortunés ! Là-haut, près des nuages, Vous poursuiviez en paix vos éternels voyages. Conduits par un instinct si rarement déçu, Au soleil véritable et d'avance aperçu Vous alliez confiants : palmiers, claires fontaines, Doux nids, vous appelaient aux régions lointaines. Vous ne les verrez pas ; séduits par un faux jour, Vous ne connaîtrez plus ni le ciel ni l'amour ! Hélas ! Telle est du sort la cruelle ironie : On entrevoit de loin quelque sphère bénie ; Plein des rêves sacrés du sage ou de l'amant, Vers un but radieux on s'envole ardemment, Et l'on meurt en chemin, et l'on tombe victime D'un rayon qui vous ment et vous jette à l'abime !

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    J

    José Maria de Heredia

    @joseMariaDeHeredia

    Le récif de corail Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore, Éclaire la forêt des coraux abyssins Qui mêle, aux profondeurs de ses tièdes bassins, La bête épanouie et la vivante flore. Et tout ce que le sel ou l'iode colore, Mousse, algue chevelue, anémones, oursins, Couvre de pourpre sombre, en somptueux dessins, Le fond vermiculé du pâle madrépore. De sa splendide écaille éteignant les émaux, Un grand poisson navigue à travers les rameaux ; Dans l'ombre transparente indolemment il rôde ; Et, brusquement, d'un coup de sa nageoire en feu, Il fait, par le cristal morne, immobile et bleu, Courir un frisson d'or, de nacre et d'émeraude.

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    J

    José Maria de Heredia

    @joseMariaDeHeredia

    Les conquérants Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, Fatigués de porter leurs misères hautaines, De Palos de Moguer, routiers et capitaines Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal. Ils allaient conquérir le fabuleux métal Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, Et les vents alizés inclinaient leurs antennes Aux bords mystérieux du monde Occidental. Chaque soir, espérant des lendemains épiques, L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ; Ou penchés à l’avant des blanches caravelles, Ils regardaient monter en un ciel ignoré Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.

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    M

    Marc-Antoine Girard de Saint-Amant

    @marcAntoineGirardDeSaintAmant

    La solitude (1) O ! que j'aime la solitude ! Que ces lieux sacrés à la nuit, Éloignés du monde et du bruit, Plaisent à mon inquiétude ! Mon Dieu ! Que mes yeux sont contents De voir ces bois qui se trouvèrent A la nativité du temps, Et que tous les Siècles révèrent, Être encore aussi beaux et verts, Qu'aux premiers jours de l'Univers !

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    Marcel Proust

    Marcel Proust

    @marcelProust

    Je contemple souvent le ciel de ma mémoire Le temps efface tout comme effacent les vagues Les travaux des enfants sur le sable aplani Nous oublierons ces mots si précis et si vagues Derrière qui chacun nous sentions l’infini. Le temps efface tout il n’éteint pas les yeux Qu’ils soient d’opale ou d’étoile ou d’eau claire Beaux comme dans le ciel ou chez un lapidaire Ils brûleront pour nous d’un feu triste ou joyeux. Les uns joyaux volés de leur écrin vivant Jetteront dans mon coeur leurs durs reflets de pierre Comme au jour où sertis, scellés dans la paupière Ils luisaient d’un éclat précieux et décevant. D’autres doux feux ravis encor par Prométhée Étincelle d’amour qui brillait dans leurs yeux Pour notre cher tourment nous l’avons emportée Clartés trop pures ou bijoux trop précieux. Constellez à jamais le ciel de ma mémoire Inextinguibles yeux de celles que j’aimai Rêvez comme des morts, luisez comme des gloires Mon coeur sera brillant comme une nuit de Mai. L’oubli comme une brume efface les visages Les gestes adorés au divin autrefois, Par qui nous fûmes fous, par qui nous fûmes sages Charmes d’égarement et symboles de foi. Le temps efface tout l’intimité des soirs Mes deux mains dans son cou vierge comme la neige Ses regards caressants mes nerfs comme un arpège Le printemps secouant sur nous ses encensoirs. D’autres, les yeux pourtant d’une joyeuse femme, Ainsi que des chagrins étaient vastes et noirs Épouvante des nuits et mystère des soirs Entre ces cils charmants tenait toute son âme Et son coeur était vain comme un regard joyeux. D’autres comme la mer si changeante et si douce Nous égaraient vers l’âme enfouie en ses yeux Comme en ces soirs marins où l’inconnu nous pousse. Mer des yeux sur tes eaux claires nous naviguâmes Le désir gonflait nos voiles si rapiécées Nous partions oublieux des tempêtes passées Sur les regards à la découverte des âmes. Tant de regards divers, les âmes si pareilles Vieux prisonniers des yeux nous sommes bien déçus Nous aurions dû rester à dormir sous la treille Mais vous seriez parti même eussiez-vous tout su Pour avoir dans le coeur ces yeux pleins de promesses Comme une mer le soir rêveuse de soleil Vous avez accompli d’inutiles prouesses Pour atteindre au pays de rêve qui, vermeil, Se lamentait d’extase au-delà des eaux vraies Sous l’arche sainte d’un nuage cru prophète Mais il est doux d’avoir pour un rêve ces plaies Et votre souvenir brille comme une fête.

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Puisque tes jours ne t'ont laissé Puisque tes jours ne t'ont laissé Qu'un peu de cendre dans la bouche, Avant qu'on ne tende la couche Où ton cœur dorme, enfin glacé, Retourne, comme au temps passé, Cueillir, près de la dune instable, Le lys qu'y courbe un souffle amer, - Et grave ces mots sur le sable : Le rêve de l'homme est semblable Aux illusions de la mer.

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    Paul Valéry

    Paul Valéry

    @paulValery

    Le cimetière marin Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes ; Midi le juste y compose de feux La mer, la mer, toujours recommencée ! Ô récompense après une pensée Qu’un long regard sur le calme des dieux ! Quel pur travail de fins éclairs consume Maint diamant d’imperceptible écume, Et quelle paix semble se concevoir ! Quand sur l’abîme un soleil se repose, Ouvrages purs d’une éternelle cause, Le Temps scintille et le Songe est savoir. Stable trésor, temple simple à Minerve, Masse de calme, et visible réserve, Eau sourcilleuse, Œil qui gardes en toi Tant de sommeil sous un voile de flamme, Ô mon silence ! … Édifice dans l’âme, Mais comble d’or aux mille tuiles, Toit ! Temple du Temps, qu’un seul soupir résume, À ce point pur je monte et m’accoutume, Tout entouré de mon regard marin ; Et comme aux dieux mon offrande suprême, La scintillation sereine sème Sur l’altitude un dédain souverain.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    La cathédrale est majestueuse La cathédrale est majestueuse Que j'imagine en pleine campagne Sur quelque affluent de quelque Meuse Non loin de l'Océan qu'il regagne,

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Douce plage ou naquit mon âme Douce plage où naquit mon âme ; Et toi, savane en fleurs Que l'Océan trempe de pleurs Et le soleil de flamme ; Douce aux ramiers, douce aux amants, Toi de qui la ramure Nous charmait d'ombre, et de murmure, Et de roucoulements ; Où j'écoute frémir encore Un aveu tendre et fier - Tandis qu'au loin riait la mer Sur le corail sonore.

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Nocturne Ô mer, toi que je sens frémir A travers la nuit creuse, Comme le sein d’une amoureuse Qui ne peut pas dormir ; Le vent lourd frappe la falaise… Quoi ! si le chant moqueur D’une sirène est dans mon coeur – Ô coeur, divin malaise. Quoi, plus de larmes, ni d’avoir Personne qui vous plaigne… Tout bas, comme d’un flanc qui saigne, Il s’est mis à pleuvoir.

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    P

    Pierre de Marbeuf

    @pierreDeMarbeuf

    À philis Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Et la mer est amère, et l'amour est amer, L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer, Car la mer et l'amour ne sont point sans orage. Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage, Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer, Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer, Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage. La mère de l'amour eut la mer pour berceau, Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau, Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    La mer La mer pousse une vaste plainte, Se tord et se roule avec bruit, Ainsi qu’une géante enceinte Qui des grandes douleurs atteinte, Ne pourrait pas donner son fruit ; Et sa pleine rondeur se lève Et s’abaisse avec désespoir. Mais elle a des heures de trêve : Alors sous l’azur elle rêve, Calme et lisse comme un miroir. Ses pieds caressent les empires, Ses mains soutiennent les vaisseaux, Elle rit aux moindres zéphires, Et les cordages sont des lyres, Et les hunes sont des berceaux. Elle dit au marin : « Pardonne Si mon tourment te fait mourir ; Hélas ! Je sens que je suis bonne, Mais je souffre et ne vois personne D’assez fort pour me secourir ! » Puis elle s’enfle encor, se creuse Et gémit dans sa profondeur ; Telle, en sa force douloureuse, Une grande âme malheureuse Qu’isole sa propre grandeur !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    À l'océan Océan, que vaux-tu dans l'infini du monde ? Toi, si large à nos yeux enchaînés sur tes bords, Mais étroit pour notre âme aux rebelles essors, Qui, du haut des soleils te mesure et te sonde ; Presque éternel pour nous plus instables que l'onde, Mais pourtant, comme nous, œuvre et jouet des sorts, Car tu nous vois mourir, mais des astres sont morts, Et nulle éternité dans les jours ne se fonde. Comme une vaste armée où l'héroïsme bout Marche à l'assaut d'un mur, tu viens heurter la roche, Mais la roche est solide et reparaît debout. Va, tu n'es cru géant que du nain qui t'approche : Ah ! Je t'admirais trop, le ciel me le reproche, Il me dit : « Rien n'est grand ni puissant que le Tout ! »

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