Les soleils de Juillet Les voici revenus, les jours que vous aimez,
Les longs jours bleus et clairs sous des cieux sans nuage.
La vallée est en fleur, et les bois embaumés
Ouvrent sur les gazons leur balsamique ombrage.
Tandis que le soleil, roi du splendide été,
Verse tranquillement sa puissante clarté,
Au pied de ce grand chêne aux ramures superbes,
Amie, asseyons-nous dans la fraîcheur des herbes ;
Et là, nos longs regards perdus au bord des cieux,
Allant des prés fleuris dans l’éther spacieux,
Ensemble contemplons ces beaux coteaux, ces plaines
Où les vents de midi, sous leurs lentes haleines,
Font des blés mûrissants ondoyer les moissons.
Avec moi contemplez ces calmes horizons,
Ce transparent azur que la noire hirondelle
Emplit de cris joyeux et franchit d’un coup d’aile ;
Et là-bas ces grands bœufs ruminants et couchés,
Et plus loin ces hameaux d’où montent les clochers,
Et ce château désert, ces croulantes tourelles,
Qu’animent de leur vol les blanches tourterelles,
Et ce fleuve paisible au nonchalant détour,
Et ces ravins ombreux, frais abris du pâtour,
Et tout ce paysage, heureux et pacifique,
Où s’épanche à flots d’or un soleil magnifique ! …
il y a 9 mois
E
Eugène Imbert
@eugeneImbert
Le quatorze Juillet Fier et joyeux comme un dimanche,
Voyez, à l'appel des tambours,
Ce Paris, humaine avalanche,
Rouler du haut de ses faubourgs.
Il veut rétablir l'équilibre
Entre la force et la raison ;
Il veut vivre, il veut mourir libre ;
Il veut détruire une prison.
Refrain
Salut au réveil de la France !
Las, enfin, des tourments soufferts,
Le front rayonnant d'espérance,
Le grand peuple a brisé ses fers.
Le front rayonnant d'espérance,
Le grand peuple a brisé ses fers.
il y a 9 mois
François Coppée
@francoisCoppee
Mois de Juillet Le ciel flambe et la terre fume,
La caille frémit dans le blé ;
Et, par un spleen lourd accablé,
Je dévore mon amertume.
Sous l'implacable Thermidor
Souffre la nature immobile ;
Et dans le regret et la bile
Mon chagrin s'aigrit plus encor.
Crève donc, cœur trop gonflé, crève,
Cœur sans courage et sans raison,
Qui ne peux vomir ton poison
Et ne peux oublier ton rêve !
Par cet insultant jour d'été,
Cœur torturé d'amour, éclate !
Et que, de ta fange écarlate
Me voyant tout ensanglanté,
Ainsi que l'apostat antique,
Avec un blasphème impuissant,
Je jette à pleines mains mon sang
A ce grand soleil ironique !
il y a 9 mois
H
Hégésippe Moreau
@hegesippeMoreau
Chanson patriotique des danseuses de l'opéra Pour fêter l'anniversaire de la Révolution de Juillet
De politique et cœtera
S'occupant après boire,
Les dames du grand Opéra
Hier chantaient : Victoire !
À s'émanciper aussi
Les Amours ont réussi :
Aux marchands de lorgnettes
Juillet du moins à profité.
Vivent les pirouettes !
Vive la liberté !
Devant les galbes et des nus,
Tartufe, qui s'indigne,
Dans nos jardins coiffait Vénus
D'une feuille de vigne :
Il eût, sans des jours meilleurs
Aux marchands de lorgnettes
Juillet du moins à profité.
Vivent les pirouettes !
Vive la liberté !
il y a 9 mois
J
Joseph Autran
@josephAutran
La chanson de Juillet Je suis l'été riche et superbe,
La saison des brûlants soleils,
Jusqu'au genou, plongé dans l'herbe,
Je me couronne d'une gerbe,
Pleine de fleurs aux tons vermeils !
il y a 9 mois
Louis-Honoré Fréchette
@louisHonoreFrechette
Juillet Depuis les feux de l'aube aux feux du crépuscule,
Le soleil verse à flots ses torrides rayons ;
On voit pencher la fleur et jaunir les sillons
Voici les jours poudreux de l'âpre canicule.
Le chant des nids a fait place au chant des grillons ;
Un fluide énervant autour de nous circule ;
La nature, qui vit dans chaque animalcule,
Fait frissonner d'émoi tout ce que nous voyons.
il y a 9 mois
Robert Desnos
@robertDesnos
La fleur de pommier Joli rossignol et fleur de pommier,
Si la neige tombe au mois de Juillet,
Joli rossignol et fleur de pommier,
C'est que le soleil en Janvier brillait,
Joli rossignol et fleur de pommier.
il y a 9 mois
S
Sabine Sicaud
@sabineSicaud
Thermidor Des lézards et des chats suis-je la sœur ?
D’où me vient cet amour des pierres chaudes
Et de ce plein soleil où rôdent
Comme des taches de rousseur ?
il y a 9 mois
Théodore de Banville
@theodoreDeBanville
Été On dit à ce cruel Été,
Qui tanne la peau des gorilles :
Tu nous endors, comme un Léthé ;
Puis tu nous cuis et tu nous grilles.
Nous vivons, grâce à ton aplomb
Comme la colombe et les ânes,
Sous une calotte de plomb
Qui fond les cerveaux dans les crânes.
Été cruel, chacun se tut
Devant ton affreux monopole ;
Car on sent, comme à l'Institut,
L'étouffement d'une coupole.
Pourquoi remplir nos vastes cieux
De ton caprice et de tes rages ?
Quel appareil prétentieux
De fournaise et de faux orages !
il y a 9 mois
Théodore de Banville
@theodoreDeBanville
Ciels brouillés Campagne, où sur le cerisier
Je mange à même des cerises,
Chez toi je puis m'extasier !
Mais le ciel t'en fait voir de grises.
C'est vrai, nous sommes en juillet
Par ce temps-là, sang et tonnerre !
Voici bien la rose et l'œillet,
O vieux siècle nonagénaire !
Mais par un procédé nouveau,
Puisque, pour imiter décembre,
Le vent pleure et geint comme un veau,
J'allume un grand feu dans ma chambre.
il y a 9 mois
Victor Hugo
@victorHugo
Célébration du 14 juillet dans la forêt Qu’il est joyeux aujourd’hui,
Le chêne aux rameaux sans nombre,
Mystérieux point d’appui
De toute la forêt sombre !
Comme quand nous triomphons,
Il frémit, l’arbre civique ;
Il répand à plis profonds
Sa grande ombre magnifique.
D’où lui vient cette gaîté ?
D’où vient qu’il vibre et se dresse,
Et semble faire à l’été
Une plus fière caresse ?
C’est le quatorze juillet.
À pareil jour, sur la terre
La liberté s’éveillait
Et riait dans le tonnerre.
Peuple, à pareil jour râlait
Le passé, ce noir pirate ;
Paris prenait au collet
La Bastille scélérate.
À pareil jour, un décret
Chassait la nuit de la France,
Et l’infini s’éclairait
Du côté de l’espérance.
Tous les ans, à pareil jour,
Le chêne au Dieu qui nous crée
Envoie un frisson d’amour.
Et rit à l’aube sacrée.
Il se souvient, tout joyeux,
Comme on lui prenait ses branches !
L’âme humaine dans les cieux,
Fière, ouvrait ses ailes blanches.
Car le vieux chêne est gaulois ;
Il hait la nuit et le cloître ;
Il ne sait pas d’autres lois
Que d’être grand et de croître.
Il est grec, il est romain ;
Sa cime monte, âpre et noire,
Au-dessus du genre humain
Dans une lueur de gloire.
Sa feuille, chère aux soldats,
Va, sans peur et sans reproche,
Du front d’Épaminondas
À l’uniforme de Hoche.
Il est le vieillard des bois ;
Il a, richesse de l’âge,
Dans sa racine Autrefois,
Et Demain dans son feuillage.
Les rayons, les vents, les eaux,
Tremblent dans toutes ses fibres ;
Comme il a besoin d’oiseaux,
Il aime les peuples libres.
C’est son jour. Il est content.
C’est l’immense anniversaire.
Paris était haletant,
La lumière était sincère.
Au loin roulait le tambour… —
Jour béni ! jour populaire,
Où l’on vit un chant d’amour
Sortir d’un cri de colère !
Il tressaille, aux vents bercé,
Colosse où dans l’ombre austère
L’avenir et le passé
Mêlent leur double mystère.
Les éclipses, s’il en est,
Ce vieux naïf les ignore.
Il sait que tout ce qui naît,
L’œuf muet, le vent sonore,
Le nid rempli de bonheur,
La fleur sortant des décombres,
Est la parole d’honneur
Que Dieu donne aux vivants sombres.
Il sait, calme et souriant,
Sérénité formidable !
Qu’un peuple est un orient,
Et que l’astre est imperdable.
Il me salue en passant,
L’arbre auguste et centenaire ;
Et dans le bois innocent
Qui chante et que je vénère,
Étalant mille couleurs,
Autour du chêne superbe
Toutes les petites fleurs
Font leur toilette dans l’herbe.
L’aurore aux pavots dormants
Verse sa coupe enchantée ;
Le lys met ses diamants ;
La rose est décolletée.
Par-dessus les thyms fleuris
La violette regarde ;
Un encens sort de l’iris ;
L’œillet semble une cocarde.
Aux chenilles de velours
Le jasmin tend ses aiguières ;
L’arum conte ses amours,
Et la garance ses guerres.
Le moineau franc, gai, taquin,
Dans le houx qui se pavoise,
D’un refrain républicain
Orne sa chanson grivoise.
L’ajonc rit près du chemin ;
Tous les buissons des ravines
Ont leur bouquet à la main ;
L’air est plein de voix divines.
Et ce doux monde charmant,
Heureux sous le ciel prospère,
Épanoui, dit gaîment :
C’est la fête du grand-père.
il y a 9 mois
W
William Chapman
@williamChapman
Juillet Le soleil brûle au fond de l’immense ciel bleu.
Pas un lambeau de vent ne traîne sur les ondes.
La canicule étreint dans un cercle de feu
Jusqu’aux sapins touffus des savanes profondes.
Les ruisseaux ont cessé leurs chants dans les vallons ;
Les coteaux sont jaunis, les sources desséchées ;
Le grillon, accablé, se tait sur les sillons ;
Le papillon se meurt sur les roses penchées.