Titre : Été
Auteur : Théodore de Banville
On dit à ce cruel Été,
Qui tanne la peau des gorilles :
Tu nous endors, comme un Léthé ;
Puis tu nous cuis et tu nous grilles.
Nous vivons, grâce à ton aplomb
Comme la colombe et les ânes,
Sous une calotte de plomb
Qui fond les cerveaux dans les crânes.
Été cruel, chacun se tut
Devant ton affreux monopole ;
Car on sent, comme à l'Institut,
L'étouffement d'une coupole.
Pourquoi remplir nos vastes cieux
De ton caprice et de tes rages ?
Quel appareil prétentieux
De fournaise et de faux orages !