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Mensonge

53 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection mensonge

    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    La chauve-souris le buisson et le canard Le buisson, le canard et la chauve-souris, Voyant tous trois qu’en leur pays Ils faisaient petite fortune, Vont trafiquer au loin, et font bourse commune. Ils avaient des comptoirs, des facteurs, des agents Non moins soigneux qu’intelligents, Des registres exacts de mise et de recette. Tout allait bien; quand leur emplette, En passant par certains endroits, Remplis d’écueils, et fort étroits, Et de trajet très difficile, Alla tout emballée au fond des magasins Qui du Tartare sont voisins. Notre trio poussa maint regret inutile; Ou plutôt il n’en poussa point; Le plus petit marchand est savant sur ce point Pour sauver son crédit, il faut cacher sa perte. Celle que, par malheur, nos gens avaient soufferte Ne put se réparer le cas fut découvert. Les voilà sans crédit, sans argent, sans ressource, Prêts à porter le bonnet vert. Aucun ne leur ouvrit sa bourse. Et le sort principal, et les gros intérêts, Et les sergents et les procès, Et le créancier à la porte Dès devant la pointe du jour, N’occupaient le trio à chercher maint détour Pour contenter cette cohorte. Le buisson accrochait les passants à tous coups. « Messieurs, leur disait-il, de grâce, apprenez-nous En quel lieu sont les marchandises Que certains gouffres nous ont prises.» Le plongeon sous les eaux s’en allait les chercher. L’oiseau chauve-souris n’osait plus approcher Pendant le jour nulle demeure Suivi de sergents à toute heure, En des trous il s’allait cacher. Je connais maint detteur qui n’est ni souris-chauve, Ni buisson, ni canard, ni dans tel cas tombé, Mais simple grand seigneur, qui tous les jours se sauve Par un escalier dérobé.

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    A

    Abderrahmane Amalou

    @abderrahmaneAmalou

    Mentir un peu, se mentir Mentir un peu, se mentir Mentir comme un bleu, En laissant partir De ses yeux La rengaine de la malvie ! Pourtant les scènes Qui font tant réfléchir , Qui font tout hair , Souvent collent Pendant la nuit Pour une simple parole ! Entrer dans la danse Pour quelques séquences , Aller dans ce sens En se donnant raison , Oublier son rang En s'oubliant un peu !

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    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Le mensonge Le bonheur qui me dit des paroles tout bas Prend au son de ta voix ses grâces endormantes ; Afin d'avoir ma part de minutes clémentes Je veux la chaîne souple et blanche de tes bras. Je veux ta chevelure et le bruit de tes pas, Et ton souffle léger comme l'odeur des menthes. J'ai besoin de trouver les étoiles charmantes ; Que me serait leur ciel si je ne t'aimais pas ? A ton tour aime-moi : rêve aussi ce doux songe ; Ou, si tu ne peux pas, donne-m'en le mensonge : Je sais croire, et je puis être heureux de ma foi ! Demeure haut, ainsi que mon cœur t'a placée, Et souffre que l'espoir apaise ma pensée Lors même que ton âme émanerait de moi.

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Idéal Hors la ville de fer et de pierre massive, À l’aurore, le choeur des beaux adolescents S’en est allé, pieds nus, dans l’herbe humide et vive, Le coeur pur, la chair vierge et les yeux innocents. Toute une aube en frissons se lève dans leurs âmes. Ils vont rêvant de chars dorés, d’arcs triomphaux, De chevaux emportant leur gloire dans des flammes, Et d’empires conquis sous des soleils nouveaux ! Leur pensée est pareille au feuillage du saule À toute heure agité d’un murmure incertain ; Et leur main fièrement rejette sur l’épaule Leur beau manteau qui claque aux souffles du matin. En eux couve le feu qui détruit et qui crée ; Et, croyant aux clairons qui renversaient les tours, Ils vont remplir l’amphore à la source sacrée D’où sort, large et profond, le fleuve ancien des jours. Ils ont l’amour du juste et le mépris des lâches, Et veulent que ton règne arrive enfin, seigneur ! Et déjà leur sang brûle, en lavant toutes taches, De jaillir, rouge, aux pieds sacrés de la douleur ! Tambours d’or, clairons d’or, sonnez par les campagnes ! Orgueil, étends sur eux tes deux ailes de fer ! Ce qui vient d’eux est pur comme l’eau des montagnes, Et fort comme le vent qui souffle sur la mer ! Sur leurs pas l’allégresse éclate en jeunes rires, La terre se colore aux feux divins du jour, Le vent chante à travers les cordes de leurs lyres, Et le coeur de la rose a des larmes d’amour. Là-bas, vers l’horizon roulant des vapeurs roses, Vers les hauteurs où vibre un éblouissement, Ivres de s’avancer dans la beauté des choses, Et d’être à chaque pas plus près du firmament ; Vers les sommets tachés d’écumes de lumière Où piaffent, tout fumants, les chevaux du soleil, Plus haut, plus haut toujours, vers la cime dernière Au seuil de l’Empyrée effrayant et vermeil ; Ils vont, ils vont, portés par un souffle de flamme… Et l’espérance, triste avec des yeux divins, Si pâle sous son noir manteau de pauvre femme, Un jour encore, au ciel lève ses vieilles mains ! * ** Pieds nus, manteaux flottants dans la brise, à l’aurore, Tels, un jour, sont partis les enfants ingénus, Le coeur vierge, les mains pures, l’âme sonore… Oh ! Comme il faisait soir, quand ils sont revenus ! Pareils aux émigrants dévorés par les fièvres, Ils vont, l’haleine courte et le geste incertain. Sombres, l’envie au foie et l’ironie aux lèvres ; Et leur sourire est las comme un feu qui s’éteint. Ils ont perdu la foi, la foi qui chante en route Et plante au coeur du mal ses talons frémissants. Ils ont perdu, rongés par la lèpre du doute, Le ciel qui se reflète aux yeux des innocents. Même ils ont renié l’orgueil de la souffrance, Et dans la multitude au front bas, au coeur dur, Assoupie au fumier de son indifférence, Ils sont rentrés soumis comme un bétail obscur. Leurs rêves engraissés paissent parmi les foules ; Aux fentes de leur coeur d’acier noble bardé, Le sang altier des forts goutte à goutte s’écoule, Et puis leur coeur un jour se referme, vidé. Matrone bien fardée au seuil clair des boutiques, Leur âme épanouie accueille les passants ; Surtout ils sont dévots aux seuls dieux authentiques, Et, le front dans la poudre, adorent les puissants. Ils veulent des soldats, des juges, des polices, Et, rassurés par l’ordre aux solides étaux, Ils regardent grouiller au vivier de leurs vices Les sept vipères d’or des péchés capitaux. Pourtant, parfois, des soirs, ils songent dans les villes À ceux-là qui près d’eux gravissaient l’avenir, Et qui, ne voulant pas boire aux écuelles viles, S’étant couchés là-haut, s’y sont laissés mourir ; Et le remords les prend quand, au penchant des cimes, Un éclair leur fait voir, les deux bras étendus, Des cadavres hautains, dont les yeux magnanimes Rêvent, tout grands ouverts, aux idéals perdus !

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    La chimère La chimère a passé dans la ville où tout dort, Et l’homme en tressaillant a bondi de sa couche Pour suivre le beau monstre à la démarche louche Qui porte un ciel menteur dans ses larges yeux d’or. Vieille mère, enfants, femme, il marche sur leurs corps… Il va toujours, l’oeil fixe, insensible et farouche… Le soir tombe… il arrive ; et dès le seuil qu’il touche, Ses pieds ont trébuché sur des têtes de morts. Alors soudain la bête a bondi sur sa proie Et debout, et terrible, et rugissant de joie, De ses grilles de fer elle fouille, elle mord. Mais l’homme dont le sang coule à flots sur la terre, Fixant toujours les yeux divins de la chimère Meurt, la poitrine ouverte et souriant encor.

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    Alfred de Vigny

    Alfred de Vigny

    @alfredDeVigny

    La colère de samson Le désert est muet, la tente est solitaire. Quel pasteur courageux la dressa sur la terre Du sable et des lions ? — La nuit n’a pas calmé La fournaise du jour dont l’air est enflammé. Un vent léger s’élève à l’horizon et ride Les flots de la poussière ainsi qu’un lac limpide. Le lin blanc de la tente est bercé mollement ; L’œuf d’autruche, allumé, veille paisiblement, Des voyageurs voilés intérieure étoile, Et jette longuement deux ombres sur la toile. L’une est grande et superbe, et l’autre est à ses pieds : C’est Dalila, l’esclave, et ses bras sont liés Aux genoux réunis du maître jeune et grave Dont la force divine obéit à l’esclave. Comme un doux léopard elle est souple et répand Ses cheveux dénoués aux pieds de son amant. Ses grands yeux, entr’ouverts comme s’ouvre l’amande, Sont brûlants du plaisir que son regard demande, Et jettent, par éclats, leurs mobiles lueurs. Ses bras fins tout mouillés de tièdes sueurs, Ses pieds voluptueux qui sont croisés sous elle, Ses flancs, plus élancés que ceux de la gazelle, Pressés de bracelets, d’anneaux, de boucles d’or, Sont bruns, et, comme il sied aux filles de Hatsor, Ses deux seins, tout chargés d’amulettes anciennes, Sont chastement pressés d’étoffes syriennes. Les genoux de Samson fortement sont unis Comme les deux genoux du colosse Anubis. Elle s’endort sans force et riante et bercée Par la puissante main sous sa tête placée. Lui, murmure le chant funèbre et douloureux Prononcé dans la gorge avec des mots hébreux. Elle ne comprend pas la parole étrangère, Mais le chant verse un somme en sa tête légère. « Une lutte éternelle en tout temps, en tout lieu, Se livre sur la terre, en présence de Dieu, Entre la bonté d’Homme et la ruse de Femme. Car la Femme est un être impur de corps et d’âme. L’Homme a toujours besoin de caresse et d’amour, Sa mère l’en abreuve alors qu’il vient au jour, Et ce bras le premier l’engourdit, le balance Et lui donne un désir d’amour et d’indolence. Troublé dans l’action, troublé dans le dessein, Il rêvera partout à la chaleur du sein, Aux chansons de la nuit, aux baisers de l’aurore, À la lèvre de feu que sa lèvre dévore, Aux cheveux dénoués qui roulent sur son front, Et les regrets du lit, en marchant, le suivront. Il ira dans la ville, et, là, les vierges folles Le prendront dans leurs lacs aux premières paroles. Plus fort il sera né, mieux il sera vaincu, Car plus le fleuve est grand et plus il est ému. Quand le combat que Dieu fit pour la créature Et contre son semblable et contre la nature Force l’Homme à chercher un sein où reposer, Quand ses yeux sont en pleurs, il lui faut un baiser. Mais il n’a pas encor fini toute sa tâche. Vient un autre combat plus secret, traître et lâche ; Sous son bras, sous son cœur se livre celui-là, Et, plus ou moins, la Femme est toujours Dalila. Elle rit et triomphe, en sa froideur savante, Au milieu de ses sœurs elle attend et se vante De ne rien éprouver des atteintes du feu. À sa plus belle amie elle en a fait l’aveu : « Elle se fait aimer sans aimer elle-même ; « Un Maître lui fait peur. C’est le plaisir qu’elle aime, « L’Homme est rude et le prend sans savoir le donner. « Un sacrifice illustre et fait pour étonner « Rehausse mieux que l’or, aux yeux de ses pareilles, « La beauté qui produit tant d’étranges merveilles « Et d’un sang précieux sait arroser ses pas. » — Donc ce que j’ai voulu, Seigneur, n’existe pas ! — Celle à qui va l’amour et de qui vient la vie, Celle-là, par orgueil, se fait notre ennemie. La Femme est, à présent, pire que dans ces temps Où, voyant les humains, Dieu dit : « Je me repens ! » Bientôt, se retirant dans un hideux royaume, La Femme aura Gomorrhe et l’Homme aura Sodome ; Et se jetant, de loin, un regard irrité, Les deux sexes mourront chacun de son côté. Éternel ! Dieu des forts ! vous savez que mon âme N’avait pour aliment que l’amour d’une femme, Puisant dans l’amour seul plus de sainte vigueur Que mes cheveux divins n’en donnaient à mon cœur. — Jugez-nous. — La voilà sur mes pieds endormie. Trois fois elle a vendu mes secrets et ma vie, Et trois fois a versé des pleurs fallacieux Qui n’ont pu me cacher la rage de ses yeux ; Honteuse qu’elle était, plus encor qu’étonnée, De se voir découverte ensemble et pardonnée ; Car la bonté de l’Homme est forte, et sa douceur Écrase, en l’absolvant, l’être faible et menteur. Mais enfin je suis las. J’ai l’âme si pesante, Que mon corps gigantesque et ma tête puissante Qui soutiennent le poids des colonnes d’airain Ne la peuvent porter avec tout son chagrin. Toujours voir serpenter la vipère dorée Qui se traîne en sa fange et s’y croit ignorée ; Toujours ce compagnon dont le cœur n’est pas sûr, La Femme, enfant malade et douze fois impur ! Toujours mettre sa force à garder sa colère Dans son cœur offensé, comme en un sanctuaire D’où le feu s’échappant irait tout dévorer. Interdire à ses yeux de voir ou de pleurer, C’est trop ! Dieu, s’il le veut, peut balayer ma cendre. J’ai donné mon secret, Dalila va le vendre. Qu’ils seront beaux, les pieds de celui qui viendra Pour m’annoncer la mort ! — Ce qui sera, sera ! » Il dit et s’endormit près d’elle jusqu’à l’heure Où les guerriers tremblants d’être dans sa demeure, Payant au poids de l’or chacun de ses cheveux, Attachèrent ses mains et brûlèrent ses yeux, Le traînèrent sanglant et chargé d’une chaîne Que douze grands taureaux ne tiraient qu’avec peine, La placèrent debout, silencieusement, Devant Dagon, leur Dieu, qui gémit sourdement Et deux fois, en tournant, recula sur sa base Et fit pâlir deux fois ses prêtres en extase ; Allumèrent l’encens ; dressèrent un festin Dont le bruit s’entendait du mont le plus lointain ; Et près de la génisse aux pieds du Dieu tuée Placèrent Dalila, pâle prostituée, Couronnée, adorée et reine du repas, Mais tremblante et disant : Il ne me verra pas ! – Terre et ciel ! avez-vous tressailli d’allégresse Lorsque vous avez vu la menteuse maîtresse Suivie d’un œil hagard les yeux tachés de sang Qui cherchaient le soleil d’un regard impuissant ? Et quand enfin Samson, secouant les colonnes Qui faisaient le soutien des immenses Pylônes, Écrasa d’un seul coup, sous les débris mortels, Ses trois mille ennemis, leurs dieux et leurs autels ? Terre et Ciel ! punissez par de telles justices La trahison ourdie en des amours factices, Et la délation du secret de nos cœurs Arraché dans nos bras par des baisers menteurs ! Écrit à Shavington (Angleterre), 7 avril 1839.

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    Alfred de Vigny

    Alfred de Vigny

    @alfredDeVigny

    Le somnambule À M. Soumet Voyez, en esprit, ces blessures : l’esprit, quand on dort, a des yeux, et quand on veille, il est aveugle. Eschyle. « Déjà, mon jeune époux ? Quoi ! l’aube paraît-elle ? Non ; la lumière, au fond de l’albâtre, étincelle Blanche et pure, et suspend son jour mystérieux ; La nuit règne profonde et noire dans les cieux, Vois, la clepsydre encor n’a pas versé trois heures : Dors près de ta Néra, sous nos chastes demeures ; Viens, dors près de mon sein. » Mais lui, furtif et lent, Descend du lit d’ivoire et d’or étincelant. Il va, d’un pied prudent, chercher la lampe errante, Dont il garde les feux dans sa main transparente, Son corps blanc est sans voile, il marche pas à pas, L’oeil ouvert, immobile, et murmurant tout bas : « Je la vois, la parjure !… interrompez vos fêtes, Aux Mânes un autel… des cyprès sur vos têtes… Ouvrez, ouvrez la tombe… Allons… Qui descendra ? » Cependant, à genoux et tremblante, Néra, Ses blonds cheveux épars, se traîne. « Arrête, écoute, Arrête, ami ; les Dieux te poursuivent, sans doute ; Au nom de la pitié, tourne tes yeux sur moi ; Vois, c’est moi, ton épouse en larmes devant toi ; Mais tu fuis ; par tes cris ma voix est étouffée ! Phoebé, pardonne-lui ; pardonne-lui, Morphée. » — « J’irai… je frapperai… le glaive est dans ma main : Tous les deux… Pollion.., c’est un jeune Romain… Il ne résiste pas. Dieux ! qu’il est faible encore ! D’un blond duvet sa joue à peine se décore, L’amour a couronné ce luxe éblouissant… Ecartez ce manteau, je ne vois pas le sang. » Mais elle : « O mon amant ! compagnon de ma vie ! Des foyers maternels si ton char m’a ravie, Tremblante, mais complice, et si nos vœux sacrés Ont fait luire à l’Hymen des feux prématurés, Par cette sainte amour nouvellement jurée, Par l’antique Vesta, par l’immortelle Rhée Dont j’embrasse l’autel, jamais nulle autre ardeur De mes pieux serments n’altéra la candeur : Non, jamais Pénélope, à l’aiguille pudique, Plus chaste n’a vécu sous la foi domestique. Pollion, quel est-il ? » — « Je tiens tes longs cheveux… Je dédaigne tes pleurs et tes tardifs aveux, Corinne, tu mourras… » — « Ce n’est pas moi ! Ma mère, Il ne m’a point aimée ! Oh ! ta sainte colère A comme un Dieu vengeur poursuivi nos amours ! Que n’ai-je cru ma mère et ses prudents discours ? Je ne détourne plus ta sacrilège épée ; Tiens, frappe, j’ai vécu puisque tu m’as trompée… … Ah ! cruel !.., mon sang coule !… Ah ! reçois mes adieux ; Puisses-tu ne jamais t’éveiller ! » — « Justes Dieux ! » Écrit en 1819

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    Alphonse Allais

    Alphonse Allais

    @alphonseAllais

    Le châtiment de la cuisson infligé aux imposteurs Chaque fois que les gens découvrent son mensonge, Le châtiment lui vient, par la colère accru. « Je suis cuit, je suis cuit ! » gémit-il comme en songe. Le menteur n’est jamais cru.

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    A

    Amina Saïd

    @aminaSaid

    L'heure est mensonge blanc la clarté masque les ténèbres le ciel se fait transparent comme au premier jour la vie berce une méditation intérieure je suis souffle j'effleure à peine le monde ses désirs contrariés d'un songe tumultueux je m'éveille toits de cendres terrasses blanches chaque ville est un destin dans le labyrinthe du temps la nostalgie suit le fil d'enfance

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    Aimer, c'est de ne mentir plus Aimer, c'est de ne mentir plus. Nulle ruse, n'est nécessaire Quand le bras chaleureux enserre Le corps fuyant qui nous a plu. — Crois à ma voix qui rêve et chante Et qui construit ton paradis. Saurais-tu que je suis méchante Si je ne te l'avais pas dit ? — Faiblement méchante, en pensée, Et pour retrouver par moment Cette solitude sensée Que j'ai reniée en t'aimant !

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    A

    Armel Guerne

    @armelGuerne

    Mentir la vie Il neige de la mort sur les routes du monde Il pleut sur l'eau des océans comme une pâte Et le vent de la nuit sans le levain du deuil Passe à travers avec indifférence Et n'aérant nulle tristesse de son poids. Les malheureux, déchirés du commencement Qu'ils n'ont jamais connu, n'ont pas de fin non plus!

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    S

    Sadek Belhamissi

    @sadekBelhamissi

    Il ne fallait pas me mentir Il ne fallait pas me rencontrer Il ne fallait pas me mentir, Il ne fallait pas m’ensorceler Avec des mots qui font rougir. . Je t’ai aimé, aimé à la folie J’étais sincère avec toi, Je ne jouais pas avec ma vie, Je t’ai prié, supplié tant de fois. . Il ne fallait pas me sourire Il ne fallait pas m’endormir, Il ne fallait pas m’enchanter Il ne fallait pas me faire danser. . Je t’ai aimé quand tu parlais Faisant mon faible cœur vibrer, Tes yeux, leur feu ont emporté Toute résistance à ta volonté. . Mais ne faisant toujours que mentir Tel un bambin tu ignorais l’amour, Ton besoin ne faisant qu’assouvir Ma vie amère devenue chaque jour. . Tu ne m’as jamais vu qu’en objet Je ne veux plus te voir menteur, J’en avais assez d’être humiliée Ne serviront plus à rien tes pleurs. . Va-t’en ! . Belhamissi Sadek le 01.12.17

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    L'amour du mensonge Quand je te vois passer, ô ma chère indolente, Au chant des instruments qui se brise au plafond Suspendant ton allure harmonieuse et lente, Et promenant l'ennui de ton regard profond ; Quand je contemple, aux feux du gaz qui le colore, Ton front pâle, embelli par un morbide attrait, Où les torches du soir allument une aurore, Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait, Je me dis : Qu'elle est belle ! et bizarrement fraîche ! Le souvenir massif, royale et lourde tour, La couronne, et son coeur, meurtri comme une pêche, Est mûr, comme son corps, pour le savant amour. Es-tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines ? Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs, Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines, Oreiller caressant, ou corbeille de fleurs ? Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques Qui ne recèlent point de secrets précieux ; Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques, Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô Cieux ! Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence, Pour réjouir un coeur qui fuit la vérité ? Qu'importe ta bêtise ou ton indifférence ? Masque ou décor, salut ! J'adore ta beauté.

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    À mon ami Ulric Guttinguer Depuis que de mon Dieu la bonté paternelle Baigna mon cœur enfant de tendresse et de pleurs, Alluma le désir au fond de ma prunelle, Et me ceignit le front de pudiques couleurs ; Et qu'il me dit d'aller vers les filles des hommes Comme une mère envoie un enfant dans un pré Ou dans un verger mûr, et des fleurs ou des pommes Lui permet de cueillir la plus belle à son gré ; Bien souvent depuis lors, inconstant et peu sage. En ce doux paradis j'égarais mes amours ; À chaque fruit charmant qui tremblait au passage, Tenté de le cueillir, je retardais toujours. Puis, j'en voyais un autre et je perdais mémoire : C'étaient des seins dorés et plus blonds qu'un miel pur ; D'un front pâli j'aimais la chevelure noire ; Des yeux bleus m'ont séduit à leur paisible azur. J'ai, changeant tour-à-tour de faiblesse et de flamme, Suivi bien des regards, adoré bien des pas, Et plus d'un soir, rentrant, le désespoir dans l'âme, Un coup-d'œil m'atteignit que je ne cherchais pas. Caprices ! vœux légers ! Lucile, Natalie, Toi qui mourus, Emma, fantômes chers et doux. Et d'autres que je sais et beaucoup que j'oublie, Que de fois pour toujours je me crus tout à vous ! Mais comme un Ilot nouveau chasse le flot sonore, Comme passent des voix dans un air embaumé, Comme l'aube blanchit et meurt à chaque aurore. Ainsi rien ne durait... et je n'ai point aimé. Non jamais, non l'amour, l'amour vrai, sans mensonge. Ses purs ravissements en un cœur ingénu, Et l'unique pensée où sa vertu nous plonge, Et le choix éternel.... je ne l'ai pas connu ! Et si, trouvant en moi cet ennui que j'évite, Retombé dans le vide et las des longs loisirs, Pour dévorer mes jours et les tarir plus vite, J'ai rabaissé mon âme aux faciles plaisirs ; Si, touché des cris sourds de la chair qui murmure. Sans attendre, ô mon Dieu, le fruit vermeil et frais, J'ai mordu dans la cendre et dans la pourriture, Comme un enfant glouton, pour m'assoupir après ; Pardonne à mon délire, à l'affreuse pensée D'une mort sans réveil et d'une nuit sans jour, À mon vœu de m'éteindre en ma joie insensée ; Pardonne. — Tout cela, ce n'était pas l'amour. Mais, depuis quelques soirs et vers l'heure où l'on rêve, Je rencontre en chemin une blanche beauté ; Elle est là quand je passe, et son front se relève, Et son œil sur le mien semble s'être arrêté. Comme un jeune Asphodèle, au bord d'une eau féconde, Elle penche à la brise et livre ses parfums ; Sa main, comme un beau lys, joue à sa tête blonde ; Sa prunelle rayonne à travers des cils bruns. Comme sur un gazon, sur sa tempe bleuâtre Les flots de ses cheveux sont légers à couler ; Dans le vase, à travers la pâleur de l'albâtre, On voit trembler la lampe et l'âme étinceler. Souvent en vous parlant, quelque rêveuse image Tout-à-coup sur son front et dans ses yeux voilés Passe, plus prompte à fuir qu'une ombre de nuage, Qui par un jour serein court aux cimes des blés. Ses beaux pieds transparents, nés pour fouler la rose, Plus blancs que le satin qui les vient enfermer, Plus doux que la senteur dont elle les arrose, Je les ai vus.... Mon Dieu, fais que je puisse aimer ! Aimer, c'est croire en toi, c'est prier avec larmes Pour l'angélique fleur éclose en notre nuit, C'est veiller quand tout dort et respirer ses charmes, Et chérir sur son front ta grâce qui reluit ; C'est, quand autour de nous le genre humain en troupe S'agite éperdument pour le plaisir amer. Et sue, et boit ses pleurs dans le vin de sa coupe. Et se rue à la mort comme un fleuve à la mer, C'est trouver en soi seul ces mystiques fontaines, Ces torrents de bonheur qu'a chantés un saint Roi ; C'est passer du désert aux régions certaines, Tout entiers l'un à l'autre, et tous les deux dans toi : C'est être chaste et sobre, et doux avec courage ; C'est ne maudire rien quand ta main a béni ; C'est croire au ciel serein, à l'éclair dans l'orage ; C'est vouloir qu'ici bas tout ne soit pas fini ; C'est, lorsqu'au froid du soir, aux approches de l'ombre, Le couple voyageur s'est assis pour gémir, Et que la mort sortant, comme un hôtelier sombre, Au plus lassé des deux a crié de dormir ; C'est, pour l'inconsolé qui poursuit solitaire, Être mort et dormir dans le même tombeau ; Plus que jamais c'est vivre au-delà de la terre, C'est voir en songe un ange avec un saint flambeau. Juillet 1819.

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Les courtisans Ça se faufile à pas glissants, Les courtisans. Ça vous parle si humblement. Ça s’interpose à tout moment. À tout moment, les courtisans, Ça se faufile à pas glissants. Ça sourit d’un air compassé, Les courtisans. Tête penchée, le cou rentré Et la bouche en cul-de-poulet. Cul-de-poulet, les courtisans. Ça rit d’un ton acidulé. Ils ont la face du moment, Les courtisans. Quand face est noire, pile sera blanc Ou le contraire, commodément. Commodément, les courtisans, Ils ont la face du moment. C’est si pur et c’est si décent, Les courtisans. C’est bien parfois un peu changeant. Côté jardin, ça fait manant. Ça fait manant, les courtisans. Mais côté cour, c’est l’adjudant. Car ça sait aussi péter sec, Les courtisans. Ça change de manières en cinq sec. De cette façon, y’a pas d’échec. Y’a pas d’échec, les courtisans. Car ça sait aussi péter sec. Ça se faufile à pas glissants…

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Les ronds-de-cuir Les ronds de jambe des ronds-de-cuir, C’est pour les galons. Les poignées de mains, les sourires, C’est la promotion. Les flatteries faites sans rougir, C’est bénédiction. Existe-t-il rien d’aussi bon Qu’un chemin tracé au Cordon ! C’est cordeau qu’il fallait leur dire Et j’ai dit Cordon. Dans une vie sans coup férir, C’est décoration. Il est prédit leur avenir, Et du meilleur ton. Existe-t-il rien de plus beau Qu’un chemin tracé au cordeau ! D’un cordeau ils savent se munir Sans trop de chichis. Et ce courage fera pâlir Tous leurs ennemis. La dignité saura grandir Ce qui les unit. Ah, qu’il est beau ! ah, qu’il est bon Le chemin tracé au Cordon ! Ils tournent en rond, les ronds-de-cuir. Ils font des ron-ron. C’est pas méchant, ça n’veut rien dire. Ça fait les dos ronds. Ils portent les problèmes d’avenir Dans leurs réflexions. Et-ron-et-ron-et-ron-et-ron C’est le poids d’la méditation…

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    L’accolade Ne s’aimant pas, pourtant voyez : Par-devant toute l’assemblée attentive et si éduquée, l’accolade ils vont se donner, en chaleureux gestes de bras, en face-à-face de coeurs glacés, en relents de hargnes rentrées. Applaudissez !

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Rêves Je te vois t’accrochant aux rêves. Triste et dur sera ton réveil, car poursuivant de faux soleils, en eux se dessèchera ta sève. En toi tu sais vivre par coeur à force d’imagination. Tristes et dures seront les heures te ramenant à la raison. Tu vas, t’inventant des images, inversant les réalités. Triste et dur sera le voyage qui vient parfois te réveiller. Eh bien, qu’il me soit triste et dur! Encor j’en veux payer le prix, et que mes rêves ne soient finis! Par-delà mes réveils, qu’ils durent!

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Tu te racontes Tu te racontes sans le savoir même quand tu poses et fais semblant. Tes gestes sont comme le miroir de tes pensées d’hier, de maintenant. De toi tu n’arrêtes de parler tout en ne cessant de te taire. Tu es, malgré toi, livre ouvert qui traduit ton langage codé. Souvent rien qu’un tic te résume. En lui s’abrite ton amertume et dans chacun de tes mouvements tu trahis tes rêves latents. Pourtant tu te tiens sur tes gardes et à personne ne te confies. A quoi cela sert-il, ma fille ? puisque tous tes secrets bavardent…

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    F

    François Creteau

    @francoisCreteau

    La franchise Faut-il tout dire, tout se dire Par l’ouverture d’une besace Là où se sont cachés; à ma belle face Des mots inaudibles mais tenaces De les dire, c’est un retournement De les dire, c’est la soupe à la grimace Ne pas les dire, c’est un piège inefficace Ne pas les dire, c’est le soupçon efficace La franchise à ce prix qui trompe Mais peut-elle ; un jour se défausser Car elle doit être, cette honnêteté Qui opère, avec délicatesse mesurée Elle ne doit pas frauder, sa vraie nature S’asseoir sur la bonne moralité Se déverser sur l’honorabilité Pour prendre pied, sur la tranquillité Ne pas dire c’est, prescrire le faux Dans l’espoir, de se dédouaner Dire toute la faute, ce doit d’être l’accepter En jurant, de ne plus recommencer Si l’on ne dit, notre conscience crie Persécutée par tous les vils remords Si l’on dit : Elle se met en batterie à tord Pour connaître étranglée; enfin son sort On se prend la tête, entre les mains Quand enfin tout est dit, c’est alors dit et tout dit Tracasserie du sort, réservée à la franchise du dit Mais doit-on encore se demande si elle a tout dit. ☼₣€

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    La vengeance Quand j’entrai dans la vie, au sortir de l’enfance, A cet âge innocent où l’homme sans défense, Inquiet, sans appui, cherche un guide indulgent, Et, demandant au ciel un ami qui l’entende. Sent qu’il a si besoin d’une main qu’on lui tende Et d’un regard encourageant ; Toi seule, armant ta voix d’une affreuse ironie, As fait sur un enfant peser ta tyrannie : A tes rires amers que tu m’as immolé ! Par un plaisir cruel prolongeant ma souffrance, Ta bouche comme un crime a puni l’ignorance Et tes dédains m’ont accablé. Sais-tu que se venger est bien doux ? Mon courage A supporté l’affront et dévoré l’outrage : Comme une ombre importune attachée à tes pas J’ai su te fatiguer par ma fausse tendresse, J’ai su tromper ton cœur, j’ai su feindre l’ivresse D’un amour que je n’avais pas. Te souviens-tu d’abord comme ta résistance Par de cruels mépris éprouva ma constance. Mais je pleurai, je crois, je parlai de mourir… Et puis, on ne peut pas toujours être rebelle ; A s’entendre sans fin répéter qu’on est belle, Il faut pourtant bien s’attendrir. Grâce au ciel ! ma victoire est enfin assurée ; Au mépris d’un époux et de la foi jurée. Enfin, tu t’es livrée à moi, tu m’appartiens ! J’ai senti dans ma main frémir ta main tremblante Et mes baisers errants sur ta bouche brûlante Se sont mêlés avec les tiens ! Et bien ! sache à présent, et que ton cœur se brise. Sache que je te hais et que je te méprise, Sache bien que jamais je ne voulus t’avoir Que pour pouvoir un jour en face te maudire. Rire de tes tourments, à mon tour, et te dire Tout ce que je souffre à te voir ! As-tu donc pu jamais, malheureuse insensée, Croire que ton image occupait ma pensée ? Connais-moi maintenant et comprends désormais Quelle horreur me poussait, quelle rage m’enflamme, Et ce qu’il m’a fallu de haine au fond de l’âme Pour te dire que je t’aimais ? J’ai donc bien réussi, je t’ai donc bien frappée ; Par un adolescent ta vanité trompée A pu croire aux serments que ma voix te jurait ! Malgré cet œil perçant, malgré ce long usage, Tu n’as donc jamais rien trouvé sur mon visage Qui trahît cet affreux secret ? Je te lègue en fuyant, une honte éternelle. Je veux que le remords, active sentinelle. S’attache à sa victime, et veille à tes côtés, Qu’il expie à la fois mes chagrins, mes injures Et cette horrible gêne et ces mille parjures Que la vengeance m’a coûtés. C’est bien. Je suis content : j’ai passé mon envie ; D’un souvenir amer j’empoisonne ta vie. Va-t’en ! pour me fléchir ces cris sont superflus. Va-t’en ! pleure à jamais ta honte et ta faiblesse Et songe bien au moins que c’est moi qui te laisse Et que c’est moi qui ne veux plus !

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    G

    Gaston Couté

    @gastonCoute

    Dans vos yeux Dans vos yeux J’ai lu l’aveu de votre âme En caractères de flamme Et je m’en suis allé joyeux Bornant alors mon espace Au coin d’horizon qui passe Dans vos yeux. Dans vos yeux J’ai vu s’amasser l’ivresse Et d’une longue caresse J’ai clos vos grands cils soyeux. Mais cette ivresse fut brève Et s’envola comme un rêve De vos yeux. Dans vos yeux Profonds comme des abîmes J’ai souvent cherché des rimes Aux lacs bleus et spacieux Et comme en leurs eaux sereines J’ai souvent noyé mes peines Dans vos yeux. Dans vos yeux J’ai vu rouler bien des larmes Qui m’ont mis dans les alarmes Et m’ont rendu malheureux. J’ai vu la trace des songes Et tous vos petits mensonges Dans vos yeux. Dans vos yeux Je ne vois rien à cette heure Hors que l’Amour est un leurre Et qu’il n’est plus sous les cieux D’amante qui soit fidèle A sa promesse… éternelle Dans vos yeux.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Les cartes C'était en octobre, un dimanche, Je revenais de déjeuner ; Vous jouiez au lit, toute blanche, Vos cartes dans votre main... franche, Qui commence à les retourner. Vous faisiez une réussite ; Est-ce pour voir si je t'aimais ? Est-ce la grande, ou la petite ?... Vous avez dit haut, pas très vite : « Les cartes ne mentent jamais ». Au fait, pourquoi mentiraient-elles ? Elles n'ont aucune raison, Vous me faisiez des peurs mortelles, Et... fixant sur moi vos prunelles : « Une femme dans la maison. » C'était vrai de vrai, tout de même ! Je ne dis rien et me tins coi. Mais je dus paraître... un peu blême. C'était une femme que j'aime, Je ne veux pas dire pourquoi. Puis vous parlâtes de concierge, Car vous voyiez mon embarras. Ah ! je vous dois un fameux cierge ! Bien que l'autre soit encor vierge De l'enlacement de mes bras. J'aime tout autant vous le dire Et jeter ma faute au panier, Belle sorcière... de Shakespeare : La vérité, c'est ton empire, Je n'essayerai pas de nier. Il me faudrait faire un mensonge, Ce qui te déplaît tellement Que j'en frémis lorsque j'y songe... Le temps a passé son éponge Délicate sur ce moment. Ah ! si ce n'était qu'une femme ! Si ce n'était qu'une maison ! Mais j'aime avec la même flamme Et la demoiselle et la dame Sur tous les points de l'horizon. Toujours à la piste, aux écoutes, Au guet, partout, sans respirer, Je les suis, sur toutes les routes. Si je ne les désirais toutes, Je ne saurais vous adorer ! Oui, quand ainsi j'ai vu la femme Pour toutes sortes de raisons... Et je ris bien au fond de l'âme, Nous avons à Paris, Madame, Tant de femmes dans les maisons !

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    G

    Guillaume de Lacoste Lareymondie

    @guillaumeDeLacosteLareymondie

    L’idiot Dans le soir moite où la salle s’enlise, L’ombre recèle un faune paresseux, – Autour de lui, seuls des pétales gisent… Point de labeur, mais seules songeries, Les siens ont fui, fui loin du bienheureux, Point de savoir, mais seules rêveries, Point de bouquin où baille l’ignorance. Dehors est vide en la peur de ses yeux, Il voit l’amour tuer son innocence.

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    H

    Hélène Monette

    @heleneMonette

    Tu auras tous les mensonges devant toi Tu auras tous les mensonges devant toi comme un paquet tout neuf de cartes à jouer tu seras le roi et il n’y aura plus de reine que des valets et des bouffons que les carreaux et les piques le cœur et le trèfle seront abandonnés en aumône aux pauvres types devant les temples sales tu auras la ville à tes pieds ses ruines gluantes tu en achèteras des reproductions où un filtre céleste ennoblit la pureté des angles ranime le blanc de la pierre teint le ciel éblouit l’œil et rachète ton âme tu diras toute la vérité, rien que la vérité avec des lieux communs, des phrases toutes faites des enthousiasmes en série tu seras normal, rassuré, intégré, bien-aimé récompensé tu auras beau jeu, bon vent sur l’autoportrait, ton blanc sourire s’harmonisera avec la ville splendide en arrière-plan Narcisse se payera ta tête avec une super caméra le Président du mensonge te décorera la Police t’offrira des fleurs la Putain t’embrassera sur la bouche ta Mère te félicitera quand tu te réveilleras simple touriste tu seras heureux que tout cela soit vrai

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    J

    Jean Auvray

    @jeanAuvray

    Contre une vieille importune Furie aux crins retors, exécrable mégère, Qui te fait tant vomir de poison contre moi, Et troubler la beauté qui me donne la loi Des importuns discours de ta langue légère ? Quel démon envieux tous les jours te suggère Les moyens d'ébranler le roc de notre foi ? Penses-tu que la sainte, en qui seule je crois, Soit infidèle autant que tu es mensongère ? Non, non, vieille sorcière, invente si tu veux, Mille charmes nouveaux pour dissoudre les nœuds Dont Cupidon étreint nos amoureuses âmes : Tu feras lors cesser nos honnêtes ébats, Quand tes yeux cesseront d'allumer aux sabbats Dans le sein des démons des impudiques flammes.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    La chatte métamorphosée en femme Un homme chérissait éperdument sa Chatte ; Il la trouvait mignonne, et belle, et délicate, Qui miaulait d’un ton fort doux. Il était plus fou que les fous. Cet Homme donc, par prières, par larmes, Par sortilèges et par charmes, Fait tant qu’il obtient du destin Que sa Chatte en un beau matin Devient femme, et le matin même, Maître sot en fait sa moitié. Le voilà fou d’amour extrême, De fou qu’il était d’amitié. Jamais la Dame la plus belle Ne charma tant son Favori Que fait cette épouse nouvelle Son hypocondre de mari. Il l’amadoue, elle le flatte ; Il n’y trouve plus rien de Chatte, Et poussant l’erreur jusqu’au bout, La croit femme en tout et partout, Lorsque quelques Souris qui rongeaient de la natte Troublèrent le plaisir des nouveaux mariés. Aussitôt la femme est sur pieds : Elle manqua son aventure. Souris de revenir, femme d’être en posture. Pour cette fois elle accourut à point : Car ayant changé de figure, Les souris ne la craignaient point. Ce lui fut toujours une amorce, Tant le naturel a de force. Il se moque de tout, certain âge accompli : Le vase est imbibé, l’étoffe a pris son pli. En vain de son train ordinaire On le veut désaccoutumer. Quelque chose qu’on puisse faire, On ne saurait le réformer. Coups de fourche ni d’étrivières Ne lui font changer de manières ; Et, fussiez-vous embâtonnés, Jamais vous n’en serez les maîtres. Qu’on lui ferme la porte au nez, Il reviendra par les fenêtres.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le cochet, le chat et le souriceau Un Souriceau tout jeune, et qui n’avait rien vu, Fut presque pris au dépourvu. Voici comme il conta l’aventure à sa mère : J’avais franchi les Monts qui bornent cet Etat, Et trottais comme un jeune Rat Qui cherche à se donner carrière, Lorsque deux animaux m’ont arrêté les yeux : L’un doux, bénin et gracieux, Et l’autre turbulent, et plein d’inquiétude. Il a la voix perçante et rude, Sur la tête un morceau de chair, Une sorte de bras dont il s’élève en l’air Comme pour prendre sa volée, La queue en panache étalée. Or c’était un Cochet dont notre Souriceau Fit à sa mère le tableau, Comme d’un animal venu de l’Amérique. Il se battait, dit-il, les flancs avec ses bras, Faisant tel bruit et tel fracas, Que moi, qui grâce aux Dieux, de courage me pique, En ai pris la fuite de peur, Le maudissant de très bon coeur. Sans lui j’aurais fait connaissance Avec cet animal qui m’a semblé si doux. Il est velouté comme nous, Marqueté, longue queue, une humble contenance ; Un modeste regard, et pourtant l’oeil luisant : Je le crois fort sympathisant Avec Messieurs les Rats ; car il a des oreilles En figure aux nôtres pareilles. Je l’allais aborder, quand d’un son plein d’éclat L’autre m’a fait prendre la fuite. – Mon fils, dit la Souris, ce doucet est un Chat, Qui sous son minois hypocrite Contre toute ta parenté D’un malin vouloir est porté. L’autre animal tout au contraire Bien éloigné de nous mal faire, Servira quelque jour peut-être à nos repas. Quant au Chat, c’est sur nous qu’il fonde sa cuisine. Garde-toi, tant que tu vivras, De juger des gens sur la mine.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    L’aigle et la pie L’aigle, reine des airs, avec Margot la pie, Différentes d’humeur, de langage et d’esprit, Et d’habit, Traversaient un bout de prairie. Le hasard les assemble en un coin détourné. L’agasse eut peur; mais l’aigle, ayant fort bien dîné, La rassure, et lui dit: « Allons de compagnie ; Si le maître des dieux assez souvent s’ennuie, Lui qui gouverne l’univers, J’en puis bien faire autant, moi qu’on sait qui le sers. Entretenez-moi donc, et sans cérémonie. » Caquet-bon-bec alors de jaser au plus dru, Sur ceci, sur cela, sur tout. L’homme d’Horace, Disant le bien, le mal à travers champs, n’eût su Ce qu’en fait de babil y savait notre agasse. Elle offre d’avertir de tout ce qui se passe, Sautant, allant de place en place, Bon espion, Dieu sait. Son offre ayant déplu, L’aigle lui dit tout en colère : «Ne quittez point votre séjour, Caquet-bon -bec, mamie ; adieu ; je n’ai que faire D’une babillarde à ma cour : C’est un fort méchant caractère.» Margot ne demandait pas mieux. Ce n’est pas ce qu’on croit que d’entrer chez les dieux: Cet honneur a souvent de mortelles angoisses. Rediseurs, espions, gens à l’air gracieux, Au coeur tout différent, s’y rendent odieux, Quoique ainsi que la pie il faille dans ces lieux Porter habit de deux paroisses.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    L’aigle, la laie, et la chatte L’Aigle avait ses petits au haut d’un arbre creux. La Laie au pied, la Chatte entre les deux ; Et sans s’incommoder, moyennant ce partage, Mères et nourrissons faisaient leur tripotage. La Chatte détruisit par sa fourbe l’accord. Elle grimpa chez l’Aigle, et lui dit : Notre mort (Au moins de nos enfants, car c’est tout un aux mères) Ne tardera possible guères. Voyez-vous à nos pieds fouir incessamment Cette maudite Laie, et creuser une mine ? C’est pour déraciner le chêne assurément, Et de nos nourrissons attirer la ruine. L’arbre tombant, ils seront dévorés : Qu’ils s’en tiennent pour assurés. S’il m’en restait un seul, j’adoucirais ma plainte. Au partir de ce lieu, qu’elle remplit de crainte, La perfide descend tout droit A l’endroit Où la Laie était en gésine. Ma bonne amie et ma voisine, Lui dit-elle tout bas, je vous donne un avis. L’aigle, si vous sortez, fondra sur vos petits : Obligez-moi de n’en rien dire : Son courroux tomberait sur moi. Dans cette autre famille ayant semé l’effroi, La Chatte en son trou se retire. L’Aigle n’ose sortir, ni pourvoir aux besoins De ses petits ; la Laie encore moins : Sottes de ne pas voir que le plus grand des soins, Ce doit être celui d’éviter la famine. A demeurer chez soi l’une et l’autre s’obstine Pour secourir les siens dedans l’occasion : L’Oiseau Royal, en cas de mine, La Laie, en cas d’irruption. La faim détruisit tout : il ne resta personne De la gent Marcassine et de la gent Aiglonne, Qui n’allât de vie à trépas : Grand renfort pour Messieurs les Chats. Que ne sait point ourdir une langue traîtresse Par sa pernicieuse adresse ? Des malheurs qui sont sortis De la boîte de Pandore, Celui qu’à meilleur droit tout l’Univers abhorre, C’est la fourbe, à mon avis.

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