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Septembre

13 poésies en cours de vérification
Septembre

Poésies de la collection septembre

    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    C'est la terre sans fleurs C'est la terre sans fleurs de pourpre et sans décor, Le champ dur qui nourrit les bras et leur résiste. Septembre dans le ciel a mis sa pâleur triste, Et le soir au couchant se lit en un trait d'or. L'heure qui vient n'a pas de fantômes encor, Mais des solennités où le contour persiste. Le tableau se déroule ample, sans jeu d'artiste : On dirait un poëme ancien d'un grand essor. Deux jeunes filles font vivre le paysage, L'une grave et debout, l'autre dont le visage Est comme un fruit d'été substantiel et clair. Leur front ne pense pas, leurs yeux rêvent à peine : Mais, subissant le rhythme austère de la plaine, Elles suivent un vol de cigognes dans l'air.

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    L’automne Voici venu le froid radieux de septembre : Le vent voudrait entrer et jouer dans les chambres ; Mais la maison a l’air sévère, ce matin, Et le laisse dehors qui sanglote au jardin. Comme toutes les voix de l’été se sont tues ! Pourquoi ne met-on pas de mantes aux statues ? Tout est transi, tout tremble et tout a peur ; je crois Que la bise grelotte et que l’eau même a froid. Les feuilles dans le vent courent comme des folles ; Elles voudraient aller où les oiseaux s’envolent, Mais le vent les reprend et barre leur chemin Elles iront mourir sur les étangs demain. Le silence est léger et calme ; par minute Le vent passe au travers comme un joueur de flûte, Et puis tout redevient encor silencieux, Et l’Amour qui jouait sous la bonté des cieux S’en revient pour chauffer devant le feu qui flambe Ses mains pleines de froid et ses frileuses jambes, Et la vieille maison qu’il va transfigurer Tressaille et s’attendrit de le sentir entrer.

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    A

    Auguste Lacaussade

    @augusteLacaussade

    Les soleils de Septembre Sous ces rayons cléments des soleils de septembre Le ciel est doux, mais pâle, et la terre jaunit. Dans les forêts la feuille a la couleur de l’ambre ; L’oiseau ne chante plus sur le bord de son nid. Du toit des laboureurs ont fui les hirondelles ; La faucille a passé sur l’épi d’or des blés ; On n’entend plus dans l’air des frémissements d’ailes : Le merle siffle seul au fond des bois troublés. La mousse est sans parfum, les herbes sans mollesse ; Le jonc sur les étangs se penche soucieux ; Le soleil, qui pâlit, d’une tiède tristesse Emplit au loin la plaine et les monts et les cieux. Les jours s’abrègent ; l’eau qui court dans la vallée N’a plus ces joyeux bruits qui réjouissaient l’air : Il semble que la terre, et frileuse et voilée, Dans ses premiers frissons sente arriver l’hiver. Ô changeantes saisons ! ô lois inexorables ! De quel deuil la nature, hélas ! va se couvrir ! Soleils des mois heureux, printemps irréparables, Adieu ! ruisseaux et fleurs vont se taire et mourir. Mais console-toi, terre ! ô Nature ! ô Cybèle ! L’hiver est un sommeil et n’est point le trépas : Les printemps reviendront te faire verte et belle ; L’homme vieillit et meurt, toi, tu ne vieillis pas ! Tu rendras aux ruisseaux, muets par la froidure, Sous les arceaux feuillus leurs murmures chanteurs ; Aux oiseaux tu rendras leurs nids dans la verdure ; Aux lilas du vallon tu rendras ses senteurs. Ah ! des germes captifs quand tu fondras les chaînes, Quand, de la sève à flots épanchant la liqueur, Tu feras refleurir les roses et les chênes, Ô Nature ! avec eux fais refleurir mon cœur ! Rends à mon sein tari les poétiques sèves, Verse en moi les chaleurs dont l’âme se nourrit, Fais éclore à mon front les gerbes de mes rêves, Couvre mes rameaux nus des fleurs de mon esprit. Sans l’ivresse des chants, ma haute et chère ivresse, Sans le bonheur d’aimer, que m’importent les jours ! Ô soleils! ô printemps ! je ne veux la jeunesse Que pour toujours chanter, que pour aimer toujours !

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    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Le tiède après-midi paisible de Septembre Le tiède après-midi paisible de septembre Languit sous un ciel gris, mélancolique et tendre, Pareil aux derniers jours d'un amour qui s'achève. Après les longs et vains et douloureux voyages, Le solitaire, ouvrant sans bruit la grille basse, Rentre ce soir dans le logis de sa jeunesse. Ah ! comme tout est lourd, comme tout sent l'automne ! Comme ton cœur d'enfant prodigue bat, pauvre homme, Devant ces murs où tu laissas ta vie ancienne ! La vigne vierge rouge étreint les persiennes, Le seuil humide et froid est obscur sous les arbres, Et le portail, vêtu de lierre, se lézarde. Le voyageur, avant de rouvrir les fenêtres, Respire en défaillant l'odeur des chambres closes ; Il regarde onduler les rideaux des alcôves Et le miroir verdi briller dans les ténèbres. Il pèse sur le bois gonflé, les volets crient, La poussière voltige à la lumière triste ; L'âme émue et les doigts tremblants, pieux, il touche Les roseaux desséchés, le clavecin qui vibre, Les estampes, les maroquins ouatés de mousses : Ah ! ces mousses qui sont les cheveux blancs des livres ! L'enfant morne, oppressé de souvenirs, étouffe, Et son fragile cœur frémit comme une vitre.

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    Francis Jammes

    Francis Jammes

    @francisJammes

    Je ne désire point… Je ne désire point ces ardeurs qui passionnent. Non : elle me sera douce comme l'Automne. Telle est sa pureté que je désirerais qu'elle eût sur son chapeau des narcisses-des-prés. Mais que, si elle doit me donner cette grâce que la blanche vertu rend calme et efficace, et veiller aux travaux ainsi que la fourmi, je la voie au jardin me sourire parmi les carrés de piments que Septembre rougit. Ils me feront penser à mes passions passées. Elle sera le lys qui les a dominées.

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    Francis Jammes

    Francis Jammes

    @francisJammes

    Septembre Le mois de Septembre, expliquent les savants qui ont des bonnets carrés pour voir s'il fait du vent, est soumis au régime de la Balance. À cette époque, les bateaux sur la mer dansent furieusement. Les livres parlent d'équinoxe. J'en ai même vu un où sont des PARADOXES, des écliptiques, des zodiaques et des reflux qui expliquent la terre au moment de Septembre. C'est d'une grande poésie et, dans ma chambre, j'ai vu sur le papier des ronds blancs et noirs, avec des rubans et des rayons emplis d'astres. Et cela fait penser à Christophe Colomb, ce fou sublime qui allait devant lui, et qu'un méchant roi a mis en prison parce que l'ingratitude est la sœur de la jalousie. Maintenant je chanterai les animaux de ce mois, qui sont les mêmes que ceux des autres, je le crois, mais je ne nommerai que les principaux, à cause du papier qui coûte cher aux poètes.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Septembre au ciel léger taché de cerfs-volants Septembre au ciel léger taché de cerfs-volants Est favorable à la flânerie à pas lents, Par la rue, en sortant de chez la femme aimée, Après un tendre adieu dont l’âme est parfumée. Pour moi, je crois toujours l’aimer mieux et bien plus Dans ce mois-ci, car c’est l’époque où je lui plus. L’après-midi, je vais souvent la voir en fraude ; Et, quand j’ai dû quitter la chambre étroite et chaude Après avoir promis de bientôt revenir, Je m’en vais devant moi, distrait. Le Souvenir Me fait monter au coeur ses effluves heureuses ; Et de mes vêtements et de mes mains fiévreuses Se dégage un arôme exquis et capiteux, Dont je suis à la fois trop fier et trop honteux Pour en bien définir la volupté profonde, – Quelque chose comme une odeur qui serait blonde.

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Ballade de retour Le Temps met Septembre en sa hotte, Adieu, les clairs matins d'été ! Là-bas, l'Hiver tousse et grelotte En son ulster de neige ouaté. Quand les casinos ont jeté Leurs dernières tyroliennes, La plage est triste en vérité ! Revenez-nous, Parisiennes ! Toujours l'océan qui sanglote Contre les brisants irrités, Le vent d'automne qui marmotte Sa complainte à satiété, Un ciel gris à perpétuité, Des averses diluviennes, Cela doit manquer de gaieté ! Revenez-nous, Parisiennes !

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    Louis-Honoré Fréchette

    Louis-Honoré Fréchette

    @louisHonoreFrechette

    Première Moisson Je ne désire point. Au nord moment splendides Les échelons lointains des vastes Laurentides. En bas, le fleuve immense et paisible, roulant Au soleil du matin son flot superbe et lent, Reflète, avec les pins des grands rochers moroses, Le clair azur du ciel et ses nuages roses. Nous sommes en septembre ; et le blond fructidor. Qui sur la plaine verte a mis des teintes d'or, Au front des bois bercés par les brises flottantes Répand comme un fouillis de couleurs éclatantes ; On dirait les joyaux d'un gigantesque écrin. Un repos solennel plein de calme serein Plane encor sur ces bords où la chaste Nature, Aux seuls baisers du ciel dénouant sa ceinture, Drapée en sa sauvage et rustique beauté, Garde encor les trésors de sa virginité. Cependant un lambeau de brise nous apporte Comme un refrain joyeux qu'une voix mâle et forte, Mêlée à des éclats de babil argentin, Jette dans l'air sonore aux échos du lointain. Ce sont des moissonneurs avec des moissonneuses. Ils suivent du sentier les courbes sablonneuses, Et, le sac à l'épaule, ils cheminent gaîment. Ce sont des émigrés du doux pays normand, Des filles du Poitou, de beaux gars de Bretagne, Qui viennent de quitter leur lande ou leur campagne Pour fonder une France au milieu du désert. L'homme qui les conduit, c'est le robuste Hébert, Un vaillant ! le premier de cette forte race Dont tout un continent garde aujourd'hui la trace, Qui, dans ce sol nouveau par son bras assaini, Mit le grain de froment, trésor du ciel béni, Héritage sans prix dont la France féconde Dans sa maternité dota le nouveau monde. Ils vont dans la vallée où les vents assoupis Font ondoyer à peine un flot mouvant d'épis Qu'ont mûris de l'été les tépides haleines.

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    Louis-Honoré Fréchette

    Louis-Honoré Fréchette

    @louisHonoreFrechette

    Septembre L'atmosphère dort, claire et lumineuse ; Un soleil ardent rougit les houblons ; Aux champs, des monceaux de beaux épis blonds Tombent sous l'acier de la moissonneuse. Sonore et moqueur, l'écho des vallons Répète à plaisir la voix ricaneuse Du glaneur qui cherche avec sa glaneuse, Pour s'en revenir, des sentiers plus longs. Tout à coup éclate un bruit dont la chute Retentit au loin, et que répercute Du ravin profond le vaste entonnoir. N'ayez point frayeur de ce tintamarre ?... C'est quelque nemrod qui, de mare en mare, Poursuit la bécasse ou le canard noir.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    En Septembre Parmi la chaleur accablante Dont nous torréfia l’été, Voici se glisser, encor lente Et timide, à la vérité, Sur les eaux et parmi les feuilles, Jusque dans ta rue, ô Paris, La rue aride où tu t’endeuilles De tels parfums jamais taris, Pantin, Aubervilliers, prodige De la Chimie et de ses jeux, Voici venir la brise, dis-je, La brise aux sursauts courageux… La brise purificatrice Des langueurs morbides d’antan, La brise revendicatrice Qui dit à la peste : va-t’en ! Et qui gourmande la paresse Du poëte et de l’ouvrier, Qui les encourage et les presse…  » Vive la brise !  » il faut crier :  » Vive la brise, enfin, d’automne Après tous ces simouns d’enfer, La bonne brise qui nous donne Ce sain premier frisson d’hiver ! « 

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    W

    William Chapman

    @williamChapman

    Septembre Sur le chaume odorant des champs silencieux L’âpre paysan lie encore les javelles. Des torrents de rayons plus chauds tombent des cieux. Le Fleuve est caressé par des brises nouvelles. Le dais du firmament aussi paraît nouveau ; Et l’on dirait, tant l’air est limpide et sonore, Que sous le calme azur teint de reflets d’aurore S’épanouit pour nous un second renouveau. Les arbres cependant ont épuisé leur sève ; Mais, comme le feu jette un éclair en mourant, Sous la flamme du jour qui se couche ou se lève, Plus d’éclat brille au front du grand chêne souffrant. Et le soleil fécond, en rougissant les grappes, Revêt de pourpre et d’or l’érable sans verdeur. L’arbre national a toute la splendeur Du manteau solennel des césars et des papes.

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    É

    Éphraïm Mikhaël

    @ephraimMikhael

    Tristesse de Septembre Quand le vent automnal sonne le deuil des chênes, Je sens en moi, non le regret du clair été, Mais l'ineffable horreur des floraisons prochaines. C'est par l'avril futur que je suis attristé ; Et je plains les forêts puissantes, condamnées A verdir tous les ans pendant l'éternité. Car, depuis des milliers innombrables d'années, Ce sont des blés pareils et de pareilles fleurs, Invariablement écloses et fanées ; Ce sont les mêmes vents susurrants ou hurleurs, La même odeur parmi les herbes reverdies, Et les mêmes baisers et les mêmes douleurs. Maintenant les forêts vont s'endormir, raidies Par les givres, pour leur sommeil de peu d'instants. Puis, sur l'immensité des plaines engourdies, Sur la rigidité blanche des grands étangs, Je verrai reparaître à l'heure convenue - Comme un fantôme impitoyable - le printemps ; Ô les soleils nouveaux ! la saison inconnue !

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