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190 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection lieux

    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À la France Personne pour toi. Tous sont d'accord. Celui-ci, Nommé Gladstone, dit à tes bourreaux : merci ! Cet autre, nommé Grant, te conspue, et cet autre, Nommé Bancroft, t'outrage ; ici c'est un apôtre, Là c'est un soldat, là c'est un juge, un tribun, Un prêtre, l'un du Nord, l'autre du Sud ; pas un Que ton sang, à grands flots versé, ne satisfasse ; Pas un qui sur ta croix ne te crache à la face. Hélas ! qu'as-tu donc fait aux nations ? Tu vins Vers celles qui pleuraient, avec ces mots divins : Joie et Paix ! - Tu criais : - Espérance ! Allégresse ! Sois puissante, Amérique, et toi sois libre, ô Grèce ! L'Italie était grande ; elle doit l'être encor. Je le veux ! - Tu donnas à celle-ci ton or ; A celle-là ton sang, à toutes la lumière. Tu défendis le droit des hommes, coutumière De tous les dévouements et de tous les devoirs. Comme le boeuf revient repu des abreuvoirs, Les hommes sont rentrés pas à pas à l'étable, Rassasiés de toi, grande soeur redoutable, De toi qui protégeas, de toi qui combattis. Ah ! se montrer ingrats, c'est se prouver petits. N'importe ! pas un d'eux ne te connaît. Leur foule T'a huée, à cette heure où ta grandeur s'écroule, Riant de chaque coup de marteau qui tombait Sur toi, nue et sanglante et clouée au gibet. Leur pitié plaint tes fils que la fortune amère Condamne à la rougeur de t'avouer pour mère. Tu ne peux pas mourir, c'est le regret qu'on a. Tu penches dans la nuit ton front qui rayonna ; L'aigle de l'ombre est là qui te mange le foie ; C'est à qui reniera la vaincue ; et la joie Des rois pillards, pareils aux bandits des Adrets, Charme l'Europe et plaît au monde... - Ah ! je voudrais, Je voudrais n'être pas Français pour pouvoir dire Que je te choisis, France, et que, dans ton martyre, Je te proclame, toi que ronge le vautour, Ma patrie et ma gloire et mon unique amour !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À l’Arc de triomphe II Oh ! Paris est la cité mère ! Paris est le lieu solennel Où le tourbillon éphémère Tourne sur un centre éternel ! Paris ! feu sombre ou pure étoile ! Morne Isis couverte d’un voile ! Araignée à l’immense toile Où se prennent les nations ! Fontaine d’urnes obsédée ! Mamelle sans cesse inondée Où pour se nourrir de l’idée Viennent les générations ! Quand Paris se met à l’ouvrage Dans sa forge aux mille clameurs, A tout peuple, heureux, brave ou sage, Il prend ses lois, ses dieux, ses moeurs. Dans sa fournaise, pêle-mêle, Il fond, transforme et renouvelle Cette science universelle Qu’il emprunte à tous les humains ; Puis il rejette aux peuples blêmes Leurs sceptres et leurs diadèmes, Leurs préjugés et leurs systèmes, Tout tordus par ses fortes mains ! Paris, qui garde, sans y croire, Les faisceaux et les encensoirs, Tous les matins dresse une gloire, Eteint un soleil tous les soirs ; Avec l’idée, avec le glaive, Avec la chose, avec le rêve, Il refait, recloue et relève L’échelle de la terre aux cieux ; Frère des Memphis et des Romes, Il bâtit au siècle où nous sommes Une Babel pour tous les hommes, Un Panthéon pour tous les dieux ! Ville qu’un orage enveloppe ! C’est elle, hélas ! qui, nuit et jour, Réveille le géant Europe Avec sa cloche et son tambour ! Sans cesse, qu’il veille ou qu’il dorme, Il entend la cité difforme Bourdonner sur sa tête énorme Comme un essaim dans la forêt. Toujours Paris s’écrie et gronde. Nul ne sait, question profonde ! Ce que perdrait le bruit du monde Le jour où Paris se tairait !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À un visiteur Parisien Moi, que je sois royaliste ! C'est à peu près comme si Le ciel devait rester triste Quand l'aube a dit : Me voici ! Un roi, c'est un homme équestre, Personnage à numéro, En marge duquel de Maistre Écrit : Roi, lisez : Bourreau. Je n'y crois plus. Est-ce un crime Que d'avoir, par ma cloison, Vu ce point du jour sublime, Le lever de la raison ! J'étais jadis à l'école Chez ce pédant, le Passé ; J'ai rompu cette bricole ; J'épelle un autre A B C. Mon livre, ô fils de Lutèce, C'est la nature, alphabet Où le lys n'est point altesse, Où l'arbre n'est point gibet. Maintenant, je te l'avoue, Je ne crois qu'au droit divin Du coeur, de l'enfant qui joue, Du franc rire et du bon vin. Puisque tu me fais visite Sous mon chaume, à Domremy, À toi le Grec, moi le Scythe, J'ouvre mon âme à demi... Pas tout à fait. — La feuillée Doit voiler le carrefour, Et la porte entrebâillée Convient au timide amour. J'aime, en ces bois que j'habite, L'aurore ; et j'ai dans mon trou Pour pareil, lé cénobite, Pour contraire, le hibou. Une femme me fascine ; Comme Properce, j'entends Une flûte tibicine Dans les branches du printemps. J'ai pour jeu la poésie ; J'ai pour torture un minois, Vieux style, et la jalousie, Ce casse-tête chinois. Je suis fou d'une charmeuse, De Paris venue ici, Dont les saules de la Meuse Sont tous amoureux aussi. Je l'ai suivie en Sologne, Je la suis à Vaucouleurs. Mon coeur rit, ma raison grogne, Et me voilà dans les fleurs. Je l'ai nommée Euryanthe. J'en perds l'âme et l'appétit. Circonstance atténuante : Elle a le pied très petit. Plains-moi. Telle est ma blessure. Cela dit, amusons-nous. Oublions tout, la censure, Rome, et l'abbé Frayssinous. Cours les bals, danse aux kermesses. Les filles ont de la foi ; Fais-toi tenir les promesses Qu'elles m'ont faites à moi. Ris, savoure, aime, déguste, Et, libres, narguons un peu Le roi, ce faux nez auguste Que le prêtre met à Dieu.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À villequier Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres, Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ; Maintenant que je suis sous les branches des arbres, Et que je puis songer à la beauté des cieux ; Maintenant que du deuil qui m'a fait l'âme obscure Je sors, pâle et vainqueur, Et que je sens la paix de la grande nature Qui m'entre dans le cœur ;

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    Voltaire

    Voltaire

    @voltaire

    Aux habitants de Lyon Il est vrai que Plutus est au rang de vos dieux, Et c’est un riche appui pour votre aimable ville : Il n’est point de plus bel asile ; Ailleurs il est aveugle, il a chez vous des yeux. Il n’était autrefois que Dieu de la richesse ; Vous en faites le dieu des arts : J’ai vu couler dans vos remparts Les ondes du Pactole et les eaux du Permesse.

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    Voltaire

    Voltaire

    @voltaire

    La Bastille Or ce fut donc par un matin, sans lune, En beau printemps, un jour de Pentecôte, Qu’un bruit étrange en sursaut m’éveilla. Un mien valet, qui du soir était ivre: « Maître, dit-il, le Saint-Esprit est là; C’est lui sans doute, et j’ai lu dans mon livre Qu’avec vacarme il entre chez les gens. » Et moi de dire alors entre mes dents: « Gentil puîné de l’essence suprême, Beau Paraclet, soyez le bienvenu; N’êtes-vous pas celui qui fait qu’on aime? En achevant ce discours ingénu, Je vois paraître au bout de ma ruelle, Non un pigeon, non une colombelle, De l’Esprit saint oiseau tendre et fidèle, Mais vingt corbeaux de rapine affamés, Monstres crochus que l’enfer a formés. L’un près de moi s’approche en sycophante: Un maintien doux, une démarche lente, Un ton cafard, un compliment flatteur, Cachent le fiel qui lui ronge le coeur. « Mon fils, dit-il, la cour sait vos mérites; On prise fort les bons mots que vous dites, Vos petits vers, et vos galants écrits; Et, comme ici tout travail a son prix, Le roi, mon fils, plein de reconnaissance, Veut de vos soins vous donner récompense, Et vous accorde, en dépit des rivaux, Un logement dans un de ses châteaux. Les gens de bien qui sont à votre porte Avec respect vous serviront d’escorte; Et moi, mon fils, je viens de par le roi Pour m’acquitter de mon petit emploi. ¾ Trigaud, lui dis-je, à moi point ne s’adresse Ce beau début; c’est me jouer d’un tour: Je ne suis point rimeur suivant la cour; Je ne connais roi, prince, ni princesse; Et, si tout bas je forme des souhaits, C’est que d’iceux ne sois connu jamais. Je les respecte, ils sont dieux sur la terre; Mais ne les faut de trop près regarder: Sage mortel doit toujours se garder De ces gens-là qui portent le tonnerre. Partant, vilain, retournez vers le roi; Dites-lui fort que je le remercie De son logis; c’est trop d’honneur pour moi; Il ne me faut tant de cérémonie: Je suis content de mon bouge; et les dieux Dans mon taudis m’ont fait un sort tranquille: Mes biens sont purs, mon sommeil est facile, J’ai le repos; les rois n’ont rien de mieux. J’eus beau prêcher, et j’eus beau m’en défendre, Tous ces messieurs, d’un air doux et bénin, Obligeamment me prirent par la main: « Allons, mon fils, marchons. » Fallut se rendre, Fallut partir. Je fus bientôt conduit En coche clos vers le royal réduit Que près Saint-Paul ont vu bâtir nos pères Par Charles Cinq. O gens de bien, mes frères, Que Dieu vous gard’ d’un pareil logement! J’arrive enfin dans mon appartement. Certain croquant avec douce manière Du nouveau gîte exaltait les beautés, Perfections, aises, commodités. « Jamais Phébus, dit-il, dans sa carrière, De ses rayons n’y porta la lumière: Voyez ces murs de dix pieds d’épaisseur, Vous y serez avec plus de fraîcheur. » Puis me faisant admirer la clôture, Triple la porte et triple la serrure, Grilles, verrous, barreaux de tout côté: « C’est, me dit-il, pour votre sûreté. » Midi sonnant, un chaudeau l’on m’apporte; La chère n’est délicate ni forte: De ce beau mets je n’étais point tenté; Mais on me dit: « C’est pour votre santé; Mangez en paix, ici rien ne vous presse. » Me voici donc en ce lieu de détresse, Embastillé, logé fort à l’étroit, Ne dormant point, buvant chaud, mangeant froid, Trahi de tous, même de ma maîtresse. O Marc-René, que Caton le Censeur Jadis dans Rome eût pris pour successeur, O Marc-René, de qui la faveur grande Fait ici-bas tant de gens murmurer, Vos beaux avis m’ont fait claquemurer: Que quelque jour le bon Dieu vous le rende!

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    Voltaire

    Voltaire

    @voltaire

    Sur le louvre Monument imparfait de ce siècle vanté Qui sur tous les beaux-arts a fondé sa mémoire, Vous verrai-je toujours, en attestant sa gloire, Faire un juste reproche à sa postérité ? Faut-il que l’on s’indigne alors qu’on vous admire, Et que les nations qui veulent nous braver, Fières de nos défauts, soient en droit de nous dire Que nous commençons tout, pour ne rien achever ? Mais, ô nouvel affront ! quelle coupable audace Vient encore avilir ce chef d’œuvre divin ? Quel sujet entreprend d’occuper une place Faite pour admirer les traits du souverain ! Louvre, palais pompeux dont la France s’honore, Sois digne de Louis, ton maître et ton appui ; Sors de l’état honteux où l’univers t’abhorre, Et dans tout ton éclat montre-toi comme lui.

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    Walt Whitman

    Walt Whitman

    @waltWhitman

    Ne fermez pas vos portes Ne fermez pas vos portes, orgueilleuses bibliothèques, Car ce qui manquait sur vos rayons bien remplis, mais dont on a bien besoin, Je l’apporte, Au sortir de la guerre, j’ai fait un livre Les mots de mon livre, rien; son âme, tout; Un livre isolé, sans attache, avec les autres, point senti avec l’entendement. Mais à chaque page, vous allez tressaillir de choses qu’on n’a pas dites.

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    W

    William Braumann

    @williamBraumann

    Effrois de trottoir S’il faut aller plus loin, affronter des bourrasques Et croiser la peine dans des rues bousculées Couvertes de corbeaux et de pieds sous des masques, Allons trouver chimères et fous de la cité Dans le cœur de Paris, des visages fêlés S’oublient et s’abîment en pensées taciturnes, Cohabitent, zélés, avec un verre amoché A moitié plein de tout et de nectar nocturne Tout près du grand bassin, accoudés au métro Résistent des clochards assoiffés d’imprévus Qui contre un peu d’amour, bazarderaient châteaux Et matelas en soie qu’ils n’ont jamais reçus Le brouillard s’alourdit dans les heures distendues Frissons sur le parcours des longs réverbères Dans le vide du vent, sur la froide avenue Des sirènes hurlent leurs feux aux fenêtres grimacières Drame de macadam, soir suie, noyé de plumes, Meurt un oiseau marin dans un flash d’overdose, L’ombre mordorée qui trouble le bitume Pleure en écho son fils sous les portes closes Les larmes ont triomphé, que faisions-nous là ? Les mains dans les poches à regarder passer La douleur et le froid Tout comme au cinéma. Mais mon cauchemar freine enfin, J’entends grincer l’acier…

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    Yves Bonnefoy

    Yves Bonnefoy

    @yvesBonnefoy

    A une terre d'aube Aube, fille des larmes, rétablis La chambre dans sa paix de chose grise Et le cœur dans son ordre. Tant de nuit Demandait à ce feu qu'il décline et s'achève, Il nous faut bien veiller près du visage mort. A peine a-t-il changé... Le navire des lampes Entrera-t-il au port qu'il avait demandé. Sur les tables d'ici la flamme faite cendre Grandira-t-elle ailleurs dans une autre clarté ? Aube, soulève, prends le visage sans ombre, Colore peu à peu le temps recommencé.

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