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Nuit

41 poésies en cours de vérification
Nuit

Poésies de la collection nuit

    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Nocturne Ô mer, toi que je sens frémir A travers la nuit creuse, Comme le sein d’une amoureuse Qui ne peut pas dormir ; Le vent lourd frappe la falaise… Quoi ! si le chant moqueur D’une sirène est dans mon coeur – Ô coeur, divin malaise. Quoi, plus de larmes, ni d’avoir Personne qui vous plaigne… Tout bas, comme d’un flanc qui saigne, Il s’est mis à pleuvoir.

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    Philippe Desportes

    Philippe Desportes

    @philippeDesportes

    Sommeil, paisible fils de la nuit solitaire Sommeil, paisible fils de la Nuit solitaire, Père alme, nourricier de tous les animaux, Enchanteur gracieux, doux oubli de nos maux, Et des esprits blessés l'appareil salutaire :

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    Raymond Radiguet

    Raymond Radiguet

    @raymondRadiguet

    Nues Au regard frivoles les nues Se refusent selon la nuit Vers l'aurore sans plus de bruit Dormez chère étoile ingénue Sous les arbres de l'avenue Les amours ne sont plus gratuits Au regard frivoles les nues Se refusent selon la nuit Deux étoiles à demi nues Semblables sœurs nées à minuit Chacune son tour nous conduit À des adresses inconnues De vos regards frivoles nues

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    R

    René Bichet

    @reneBichet

    Quand la nuit sortira Quand la nuit sortira des joncs enquenouillés Je ne vous dirai rien, de peur que ma voix chaude Ne s’effraie elle-même à s’entendre parler. Maintenant que l’écho dormira dans les herbes, Un seul nuage rose éclairera les champs, Les arbres trembleront comme les tuiles peintes ; On entendra les pas merveilleux des amants Dans l’ombre des pommiers et l’odeur des jacinthes. Je ne vous dirai rien — mon geste fatigué Vous montrera le ciel posé sur les champs lisses, Et le rayonnement des fleurs de cerisier Tiédir comme le soir dans un dortoir d’hospice. Et votre âme sans voix, sans rire et sans chanson Au souvenir du jour vibrera en silence, Comme un arbre d’où s’est envolé un pinson Vibre de tous ses fruits et de toutes ses branches.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Angoisse Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser Dans tes cheveux impurs une triste tempête Sous l'incurable ennui que verse mon baiser : Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes Planant sous les rideaux inconnus du remords, Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges, Toi qui sur le néant en sais plus que les morts : Car le Vice, rongeant ma native noblesse, M'a comme toi marqué de sa stérilité, Mais tandis que ton sein de pierre est habité Par un cœur que la dent d'aucun crime ne blesse, Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul, Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Sur les bois oubliés quand passe l’hiver sombre — « Sur les bois oubliés quand passe l’hiver sombre, Tu te plains, ô captif solitaire du seuil, Que ce sépulcre à deux qui fera notre orgueil Hélas ! du manque seul des lourds bouquets s’encombre. Sans écouter Minuit qui jeta son vain nombre, Une veille t’exalte à ne pas fermer l’œil Avant que dans les bras de l’ancien fauteuil Le suprême tison n’ait éclairé mon Ombre.

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Une nuit blanche La ville, mer immense, avec ses bruits sans nombre, À sur les flots du jour replié ses flots d’ombre, Et la Nuit secouant son front plein de parfums, Inonde le ciel pur de ses longs cheveux bruns. Moi, pensif, accoudé sur la table, j’écoute Cette haleine du soir que je recueille toute. Plus rien! ma lampe seule, en mon réduit obscur De son pâle reflet inondant le vieux mur, Dit tout bas qu’au milieu du sommeil de la terre Travaille une pensée étrange et solitaire. Et cependant en proie à mille visions, Mon esprit hésitant s’emplit d’illusions, Et mes doigts engourdis laissent tomber ma plume. C’est le sommeil qui vient. Non, mon regard s’allume, Et, comme avec terreur, ma chair a frissonné. Quel est ce bruit lointain? Ah! l’horloge a sonné! Et la page est encor vierge. Mon corps débile Se débat sous le feu d’une fièvre stérile. J’attends en vain l’idée et l’inspiration. Comme tu me mentais, splendide vision Qui venais me bercer d’une espérance vaine! Être impuissant ! n’avoir que du sang dans la veine! Avoir voulu d’un mot définir l’univers, Et ne pouvoir trouver l’arrangement d’un vers! Me suis-je donc mépris? Dans mon cœur qui ruisselle Dieu n’avait-il pas mis la sublime étincelle? Oh! si, je me souviens. En mes désirs sans frein, Enfant, j’ai vu de près les colosses d’airain; Je cherchais dans la forme ardemment fécondée Le moule harmonieux de toute large idée; J’allais aux géants grecs demander tour à tour Quelle grâce polie ou quel rude contour Fait vivre pour les yeux la synthèse éternelle. Esprit épouvanté, je me perdais en elle, Tâchant de distinguer dans quels vastes accords Se fondent les splendeurs des âmes et des corps, Et méditant déjà comment notre génie Impose une enveloppe à la chose infinie. Hélas ! amants d’un soir, en vain nous enlaçons La morne Galatée et ses divins glaçons. Pourquoi m’as-tu quitté, Muse blanche? Ô ma lyre! Quel ouragan t’a pris ton suave délire? Quelle foudre a brisé votre prisme éclatant, Ô mes illusions de jeunesse? Pourtant J’aime encor les longs bruits, le ciel bleu, le vieil arbre, Les lointains discordants, et ma strophe de marbre Sait encor rajeunir la grande Antiquité. Ô Muse que j’aimais, pourquoi m’as-tu quitté? Pourquoi ne plus venir sur ma table connue Avec tes bras nerveux t’accouder chaste et nue? Jetons les yeux sur nous, vieillards anticipés, Cœurs souillés au berceau, parleurs inoccupés! Ce qui nous perdra tous, ce qui corrode l’âme, Ce qui dans nos cœurs même éteint l’ardente flamme, C’est notre lâche orgueil, spectre qui devant nous Illumine les fronts de la foule à genoux; Le poison qui décime en un jour nos phalanges, C’est ce désir de gloire et de vaines louanges Qui fait bouillir le sang vers le cœur refoulé. Oh ! nous avons l’orgueil superbement enflé, Nous autres ! travailleurs qui voulons le salaire Avant l’œuvre, et montrons une sainte colère Pour saisir les lauriers avant la lutte! Enfants Qui, le cigare en main, nous rêvons triomphants, Vierges encor du glaive et du champ de bataille! Nains au front dédaigneux qui haussons notre taille Sur les calculs étroits de notre ambition, Qui, blasés sans avoir connu la passion, Croyons sentir en nous cette verve stridente Que l’enfer avait mis dans la plume du Dante, Ou le doute fatal qui réveillait Byron, Comme un cheval fouetté par le vent du clairon! Devant nous ont passé quelques sombres génies Qui vous jetaient aux vents, farouches harmonies Dont nous psalmodions une note au hasard! Tout fiers d’avoir produit un pastiche bâtard, D’avoir éparpillé quelques syllabes fortes, Fous, ivres, éperdus, nous assiégeons les portes Des Panthéons bâtis pour la postérité! C’est un aveuglement risible en vérité! Quand nous aurons longtemps sur les livres antiques Interrogé le sens des choses prophétiques, Lu sur les marbres saints d’Égine et de Paros Le sort des Dieux, jouet mystérieux d’Éros; Dans le livre du monde, à la page où nous sommes, Quand nous épellerons le noir secret des hommes; Quand nous aurons usé sans relâche nos fronts Sous l’étude, et non pas sous de justes affronts, Ô lutteurs, nous pourrons de notre voix profonde Dire au monde : C’est nous, et remuer le monde. Mais jusque-là, sans trêve, aux Zoïles méchants Voilant avec amour l’ébauche de nos chants, Étreignons la nature, et mesurons sans crainte Ce bas-relief géant dont nous prenons l’empreinte!

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    Tristan Corbière

    Tristan Corbière

    @tristanCorbiere

    Rondel Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles ! Il n'est plus de nuits, il n'est plus de jours ; Dors… en attendant venir toutes celles Qui disaient : Jamais ! Qui disaient : Toujours ! Entends-tu leurs pas ? … Ils ne sont pas lourds : Oh ! les pieds légers ! – l'Amour a des ailes… Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles ! Entends-tu leurs voix ? … Les caveaux sont sourds.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Booz endormi Booz s'était couché de fatigue accablé ; Il avait tout le jour travaillé dans son aire ; Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ; Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé. Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ; Il était, quoique riche, à la justice enclin ; Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin ; Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge. Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril. Sa gerbe n'était point avare ni haineuse ; Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse : – Laissez tomber exprès des épis, disait-il.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Soleils couchants J'aime les soirs sereins et beaux, j'aime les soirs, Soit qu'ils dorent le front des antiques manoirs Ensevelis dans les feuillages ; Soit que la brume au loin s'allonge en bancs de feu ; Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu A des archipels de nuages. Oh ! regardez le ciel ! cent nuages mouvants, Amoncelés là-haut sous le souffle des vents, Groupent leurs formes inconnues ; Sous leurs flots par moments flamboie un pâle éclair. Comme si tout à coup quelque géant de l'air Tirait son glaive dans les nues. Le soleil, à travers leurs ombres, brille encor ; Tantôt fait, à l'égal des larges dômes d'or, Luire le toit d'une chaumière ; Ou dispute aux brouillards les vagues horizons ; Ou découpe, en tombant sur les sombres gazons, Comme de grands lacs de lumière.

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    W

    William Chapman

    @williamChapman

    La grande nuit La froide nuit d’hiver plane sur les logis, Et la neige étincelle et les astres flamboient. Dans l’ombre, les vitraux d’église au loin rougeoient Avec tout l’éclat pur et pompeux des rubis. Depuis quelques instants les cloches carillonnent, Et dans l’air glacial leur grande voix d’airain, Dont l’écho va se perdre au fond du ciel serein, Appelle les croyants aux temples qui rayonnent. Et comme les bergers accouraient autrefois Adorer l’Enfant-Dieu vagissant dans ses langes, La foule, avec émoi, sous le regard des anges, S’en vient se prosterner devant le Roi des rois. Hommes, femmes, enfants, adolescents et vierges Fixent, tout frémissants d’indicibles frissons, Sur les autels dorés les petits Jésus blonds Tout inondés des feux éblouissants des cierges. Et, mariant leur voix aux vieux noëls naïfs Dont on chérit toujours la douceur infinie, Les orgues font couler de longs flots d’harmonie Qui transportent bien loin les fidèles pensifs. La voix des souvenirs aux âmes qu’elle embrase Parle d’un soir béni par-dessus tous les soirs, Et, doré des rayons du plus doux des espoirs, Bethléem apparaît aux fervents en extase. Le regard à la fois surpris et fasciné, On voit dans une étable où le givre s’attache Le charpentier Joseph et sa femme sans tache Contempler à genoux un enfant nouveau-né. On voit ce frêle enfant réchauffé par l’haleine Des deux seuls animaux qu’abrite le réduit: On voit un ange aller, dans l’ombre de la nuit, Parler à des bergers au milieu d’une plaine. On entend palpiter dans le lointain des voix Qui de l’hymne sans fin sont les échos fidèles, On entend par moment des bruissements d’ailes Mêlés à des accords de luth et de hautbois. On entend proclamer l’ineffable mystère Du Verbe qui s’est fait chair pour nous racheter: On entend dans les airs des chérubins chanter : — Gloire à Dieu dans le ciel! paix aux hommes sur terre! ― Entre les bras du rêve on monte jusqu’au ciel, Et, le cœur palpitant, les prunelles voilées, On s’enivre du chant des harpes étoilées Qui célèbrent celui qu’attendait Israël. Puis l’on écoute encore en son âme attendrie Vibrer sur Bethléem l’hosanna triomphant: On revoit, inclinés sur un petit enfant, Dans leur réduit glacé, Joseph avec Marie. Et quand pâlit l’ardeur des cierges de l’autel, Par des chemins où l’aube a mis ses reflets roses Les croyants, tout joyeux, à leurs maisons bien closes S’en vont faire flamber la bûche de Noël. Ce feu nouveau proclame aussi le doux mystère Du Verbe qui voulut parmi nous habiter, Et son pétillement semble nous répéter : — Gloire à Dieu dans le ciel! paix aux hommes sur terre! ―

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