splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Nuit

41 poésies en cours de vérification
Nuit

Poésies de la collection nuit

    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    La nuit Tiède du souvenir des occidents vermeils, La nuit sur les coteaux palpite immense & bonne. Elle est comme la mer : un vent d’aile y frissonne ; Leur couleur est semblable & leurs bruits sont pareils. Le sein large & profond qui porte les soleils, Où le flot incessant des univers rayonne, Est indulgent & n’a d’embûches pour personne, Et, mérités ou non, berce tous les sommeils. Pourtant, Nuit, je te sais peu sûre & décevante ; Ta vague illusion de spectre m’épouvante : Si les matins allaient oublier le retour ! Certitude, ô raison, aurore coutumière ! Je sens que ma pensée est faite de lumière ; Même les yeux fermés, j’ai le souci du jour.

    en cours de vérification

    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    La nuit d'Octobre Le poète Le mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve. Je n'en puis comparer le lointain souvenir Qu'à ces brouillards légers que l'aurore soulève, Et qu'avec la rosée on voit s'évanouir.

    en cours de vérification

    Alfred de Vigny

    Alfred de Vigny

    @alfredDeVigny

    Le mont des oliviers I Alors il était nuit et Jésus marchait seul, Vêtu de blanc ainsi qu’un mort de son linceul ; Les disciples dormaient au pied de la colline. Parmi les oliviers qu’un vent sinistre incline Jésus marche à grands pas en frissonnant comme eux ; Triste jusqu’à la mort; l’oeil sombre et ténébreux, Le front baissé, croisant les deux bras sur sa robe Comme un voleur de nuit cachant ce qu’il dérobe ; Connaissant les rochers mieux qu’un sentier uni, Il s’arrête en un lieu nommé Gethsémani : Il se courbe, à genoux, le front contre la terre, Puis regarde le ciel en appelant : Mon Père ! – Mais le ciel reste noir, et Dieu ne répond pas. Il se lève étonné, marche encore à grands pas, Froissant les oliviers qui tremblent. Froide et lente Découle de sa tête une sueur sanglante. Il recule, il descend, il crie avec effroi : Ne pouviez-vous prier et veiller avec moi ! Mais un sommeil de mort accable les apôtres, Pierre à la voix du maître est sourd comme les autres. Le fils de l’homme alors remonte lentement. Comme un pasteur d’Egypte il cherche au firmament Si l’Ange ne luit pas au fond de quelque étoile. Mais un nuage en deuil s’étend comme le voile D’une veuve et ses plis entourent le désert. Jésus, se rappelant ce qu’il avait souffert Depuis trente-trois ans, devint homme, et la crainte Serra son coeur mortel d’une invincible étreinte. Il eut froid. Vainement il appela trois fois : MON PÈRE ! – Le vent seul répondit à sa voix.. Il tomba sur le sable assis et, dans sa peine, Eut sur le monde et l’homme une pensée humaine. – Et la Terre trembla, sentant la pesanteur Du Sauveur qui tombait aux pieds du créateur. II Jésus disait :  » Ô Père, encor laisse-moi vivre ! Avant le dernier mot ne ferme pas mon livre ! Ne sens-tu pas le monde et tout le genre humain Qui souffre avec ma chair et frémit dans ta main ? C’est que la Terre a peur de rester seule et veuve, Quand meurt celui qui dit une parole neuve ; Et que tu n’as laissé dans son sein desséché Tomber qu’un mot du ciel par ma bouche épanché. Mais ce mot est si pur, et sa douceur est telle, Qu’il a comme enivré la famille mortelle D’une goutte de vie et de Divinité, Lorsqu’en ouvrant les bras j’ai dit : FRATERNITE ! – Père, oh ! si j’ai rempli mon douloureux message, Si j’ai caché le Dieu sous la face du Sage, Du Sacrifice humain si j’ai changé le prix, Pour l’offrande des corps recevant les esprits, Substituant partout aux choses le Symbole, La parole au combat, comme au trésor l’obole, Aux flots rouges du Sang les flots vermeils du vin, Aux membres de la chair le pain blanc sans levain ; Si j’ai coupé les temps en deux parts, l’une esclave Et l’autre libre ; – au nom du Passé que je lave Par le sang de mon corps qui souffre et va finir : Versons-en la moitié pour laver l’avenir ! Père Libérateur ! jette aujourd’hui, d’avance, La moitié de ce Sang d’amour et d’innocence Sur la tête de ceux qui viendront en disant : « Il est permis pour tous de tuer l’innocent. » Nous savons qu’il naîtra, dans le lointain des âges, Des dominateurs durs escortés de faux Sages Qui troubleront l’esprit de chaque nation En donnant un faux sens à ma rédemption. – Hélas ! je parle encor que déjà ma parole Est tournée en poison dans chaque parabole ; Eloigne ce calice impur et plus amer Que le fiel, ou l’absinthe, ou les eaux de la mer. Les verges qui viendront, la couronne d’épine, Les clous des mains, la lance au fond de ma poitrine, Enfin toute la croix qui se dresse et m’attend, N’ont rien, mon Père, oh ! rien qui m’épouvante autant ! – Quand les Dieux veulent bien s’abattre sur les mondes, Es n’y doivent laisser que des traces profondes, Et si j’ai mis le pied sur ce globe incomplet Dont le gémissement sans repos m’appelait, C’était pour y laisser deux anges à ma place De qui la race humaine aurait baisé la trace, La Certitude heureuse et l’Espoir confiant Qui dans le Paradis marchent en souriant. Mais je vais la quitter, cette indigente terre, N’ayant que soulevé ce manteau de misère Qui l’entoure à grands plis, drap lugubre et fatal, Que d’un bout tient le Doute et de l’autre le Mal. Mal et Doute ! En un mot je puis les mettre en poudre ; Vous les aviez prévus, laissez-moi vous absoudre De les avoir permis. – C’est l’accusation Qui pèse de partout sur la Création ! – Sur son tombeau désert faisons monter Lazare. Du grand secret des morts qu’il ne soit plus avare Et de ce qu’il a vu donnons-lui souvenir, Qu’il parle. – Ce qui dure et ce qui doit finir ; Ce qu’a mis le Seigneur au coeur de la Nature, Ce qu’elle prend et donne à toute créature ; Quels sont, avec le Ciel, ses muets entretiens, Son amour ineffable et ses chastes liens ; Comment tout s’y détruit et tout s’y renouvelle Pourquoi ce qui s’y cache et ce qui s’y révèle ; Si les astres des cieux tour à tour éprouvés Sont comme celui-ci coupables et sauvés ; Si la Terre est pour eux ou s’ils sont pour la Terre ; Ce qu’a de vrai la fable et de clair le mystère, D’ignorant le savoir et de faux la raison ; Pourquoi l’âme est liée en sa faible prison ; Et pourquoi nul sentier entre deux larges voies, Entre l’ennui du calme et des paisibles joies Et la rage sans fin des vagues passions, Entre la Léthargie et les Convulsions ; Et pourquoi pend la Mort comme une sombre épée Attristant la Nature à tout moment frappée ; – Si le Juste et le Bien, si l’Injuste et le Mal Sont de vils accidents en un cercle fatal Ou si de l’univers ils sont les deux grands pôles, Soutenant Terre et Cieux sur leurs vastes épaules ; Et pourquoi les Esprits du Mal sont triomphants Des maux immérités, de la mort des enfants ; – Et si les Nations sont des femmes guidées Par les étoiles d’or des divines idées Ou de folles enfants sans lampes dans la nuit, Se heurtant et pleurant et que rien ne conduit ; – Et si, lorsque des temps l’horloge périssable Aura jusqu’au dernier versé ses grains de sable, Un regard de vos yeux, un cri de votre voix, Un soupir de mon coeur, un signe de ma croix, Pourra faire ouvrir l’ongle aux Peines Eternelles, Lâcher leur proie humaine et reployer leurs ailes ; – Tout sera révélé dés que l’homme saura De quels lieux il arrive et dans quels il ira.  » III Ainsi le divin fils parlait au divin Père. Il se prosterne encore, il attend, il espère, Mais il renonce et dit : Que votre Volonté Soit faite et non la mienne et pour l’Eternité. Une terreur profonde, une angoisse infinie Redoublent sa torture et sa lente agonie. Il regarde longtemps, longtemps cherche sans voir. Comme un marbre de deuil tout le ciel était noir. La Terre sans clartés, sans astre et sans aurore, Et sans clartés de l’âme ainsi qu’elle est encore, Frémissait. – Dans le bois il entendit des pas, Et puis il vit rôder la torche de Judas. Le silence S’il est vrai qu’au Jardin sacré des Ecritures, Le Fils de l’Homme ait dit ce qu’on voit rapporté ; Muet, aveugle et sourd au cri des créatures, Si le Ciel nous laissa comme un monde avorté, Le juste opposera le dédain à l’absence Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité.

    en cours de vérification

    André Chénier

    André Chénier

    @andreChenier

    Salut, ô belle nuit, étincelante et sombre Salut, ô belle nuit, étincelante et sombre, Consacrée au repos. Ô silence de l’ombre, Qui n’entends que la voix de mes vers, et les cris De la rive aréneuse où se brise Téthys. Muse, muse nocturne, apporte-moi ma lyre. Comme un fier météore, en ton brûlant délire, Lance-toi dans l’espace ; et, pour franchir les airs, Prends les ailes des vents, les ailes des éclairs, Les bonds de la comète aux longs cheveux de flamme. Mes vers impatients, élancés de mon âme, Veulent parler aux dieux, et volent où reluit L’enthousiasme errant, fils de la belle nuit. Accours, grande nature, ô mère du génie ; Accours, reine du monde, éternelle Uranie. Soit que tes pas divins sur l’astre du Lion Ou sur les triples feux du superbe Orion Marchent, ou soit qu’au loin, fugitive, emportée, Tu suives les détours de la voie argentée, Soleils amoncelés dans le céleste azur. Où le peuple a cru voir les traces d’un lait pur, Descends ; non, porte-moi sur ta route brûlante, Que je m’élève au ciel comme une flamme ardente. Déjà ce corps pesant se détache de moi. Adieu, tombeau de chair, je ne suis plus à toi. Terre, fuis sous mes pas. L’éther où le ciel nage M’aspire. Je parcours l’océan sans rivage. Plus de nuit. Je n’ai plus d’un globe opaque et dur Entre le jour et moi l’impénétrable mur. Plus de nuit, et mon œil et se perd et se mêle Dans les torrents profonds de lumière éternelle. Me voici sur les feux que le langage humain Nomme Cassiopée et l’Ourse et le Dauphin. Maintenant la Couronne autour de moi s’embrase. Ici l’Aigle et le Cygne et la Lyre et Pégase. Et voici que plus loin le Serpent tortueux Noue autour de mes pas ses anneaux lumineux. Féconde immensité, les esprits magnanimes Aiment à se plonger dans tes vivants abîmes, Abîmes de clartés, où, libre de ses fers. L’homme siège au conseil qui créa l’univers ; Où l’âme, remontant à sa grande origine, Sent qu’elle est une part de l’essence divine…

    en cours de vérification

    André Suarès

    André Suarès

    @andreSuares

    Âme de la nuit Mol et sans voix, le couperet de l’ombre descend du ciel et le jour tombe, la face contre terre, dans le fatal étang ; et les yeux s’enfoncent dans la fosse. Long crépuscule.

    en cours de vérification

    Anna Akhmatova

    Anna Akhmatova

    @annaAkhmatova

    Nuit La lune est au ciel, à peine vivante, Parmi des nuages petits qui s’enfuient, Au palais une sentinelle farouche Regarde, irritée, l’horloge de la tour. La femme infidèle rentre chez elle, Son visage est pensif et sévère, Mais dans l’étroite étreinte du rêve, La femme fidèle brûle d’un feu violent. Que m’importe ? Il y a sept jours, En soupirant, j’ai dit adieu au monde. Mais on respire mal, et je me suis glissée dans le jardin Pour voir les étoiles et toucher la lyre. *** Comme une pierre blanche au fond d’un puits, Dort en moi un souvenir. Je ne peux pas, je ne veux pas me battre : Il est joie, il est souffrance. Il me semble que si on regardait De près dans mes yeux on le verrait. On se sentirait plus triste et plus pensif Que celui qui entend le douloureux récit. Je sais que les dieux ont transformé Des hommes en objets, sans tuer la conscience. Pour que vive à jamais ce miracle de douleur, Tu es transformé en un souvenir.

    en cours de vérification

    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Sensation Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme, Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, – heureux comme avec une femme. Mars 1870

    en cours de vérification

    C

    Catulle Mendès

    @catulleMendes

    Reste. N’allume pas la lampe Reste. N'allume pas la lampe. Que nos yeux S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse De leurs ondes sur nos baisers silencieux.

    en cours de vérification

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Harmonie du soir Voici venir les temps où vibrant sur sa tige Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ; Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ; Valse mélancolique et langoureux vertige ! Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ; Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ; Valse mélancolique et langoureux vertige ! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

    en cours de vérification

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne, Ô vase de tristesse, ô grande taciturne, Et t'aime d'autant plus, belle, que tu me fuis, Et que tu me parais, ornement de mes nuits, Plus ironiquement accumuler les lieues Qui séparent mes bras des immensités bleues. Je m'avance à l'attaque, et je grimpe aux assauts, Comme après un cadavre un chœur de vermisseaux, Et je chéris, ô bête implacable et cruelle ! Jusqu'à cette froideur par où tu m'es plus belle !

    en cours de vérification

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    L'examen de minuit La pendule, sonnant minuit, Ironiquement nous engage A nous rappeler quel usage Nous fîmes du jour qui s'enfuit : - Aujourd'hui, date fatidique, Vendredi, treize, nous avons, Malgré tout ce que nous savons, Mené le train d'un hérétique ; Nous avons blasphémé Jésus, Des Dieux le plus incontestable ! Comme un parasite à la table De quelque monstrueux Crésus, Nous avons, pour plaire à la brute, Digne vassale des Démons, Insulté ce que nous aimons Et flatté ce qui nous rebute ;

    en cours de vérification

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le coucher du soleil romantique Que le soleil est beau quand tout frais il se lève, Comme une explosion nous lançant son bonjour ! - Bienheureux celui-là qui peut avec amour Saluer son coucher plus glorieux qu'un rêve !

    en cours de vérification

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Recueillement Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici : Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci. Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci, Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici, Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ; Le Soleil moribond s'endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

    en cours de vérification

    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Les horloges La nuit, dans le silence en noir de nos demeures, Béquilles et bâtons, qui se cognent, là-bas ; Montant et dévalant les escaliers des heures, Les horloges, avec leurs pas ; Émaux naïfs derrière un verre, emblèmes Et fleurs d’antan, chiffres et camaïeux, Lunes des corridors vides et blêmes Les horloges, avec leurs yeux ; Sons morts, notes de plomb, marteaux et limes, Boutique en bois de mots sournois Et le babil des secondes minimes, Les horloges, avec leurs voix ; Gaînes de chêne et bornes d’ombre, Cercueils scellés dans le mur froid, Vieux os du temps que grignotte le nombre, Les horloges et leur effroi ; Les horloges Volontaires et vigilantes, Pareilles aux vieilles servantes Boitant de leurs sabots ou glissant sur leurs bas, Les horloges que j’interroge Serrent ma peur en leur compas.

    en cours de vérification

    Emily Dickinson

    Emily Dickinson

    @emilyDickinson

    Poème 419 Ainsi de Ténèbres - plus vastes - Ces Crépuscules du Cerveau - Quand nulle Lune ne se manifeste - Nulle Étoile - au-dedans - ne perce - Les plus Braves - tâtonnent un peu - Et parfois heurtent un Arbre En plein Front - mais à mesure Qu'ils apprennent à voir - Ou bien la Ténèbre s'allège - Ou quelque chose dans la vue À la Minuit s'adapte - Et à la Vie va presque droite.

    en cours de vérification

    Fernando Pessoa

    Fernando Pessoa

    @fernandoPessoa

    Ce n'est pas encore la nuit Ce n’est pas encore la nuit, Pourtant le ciel est déjà froid. L’inerte coup de fouet du vent Assaille l’ennui que je sens. Combien de victoires perdues Pour n’avoir pas été voulues! Et de vies perdues, ah, combien! Et le rêve dépourvu d’être… Soulève-toi, ô vent, des solitudes De la nuit qui paraît! Il est un silence sans terme Par-derrière ce qui frémit… Lamento des rêves futiles, Que la mémoire a éveillé. Inutiles, si inutiles --- Ah, qui me dira qui je suis?

    en cours de vérification

    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Crépuscule À Mademoiselle Marie Laurencin. Frôlée par les ombres des morts Sur l’herbe où le jour s’exténue L’arlequine s’est mise nue Et dans l’étang mire son corps Un charlatan crépusculaire Vante les tours que l’on va faire Le ciel sans teinte est constellé D’astres pâles comme du lait Sur les tréteaux l’arlequin blême Salue d’abord les spectateurs Des sorciers venus de Bohême Quelques fées et les enchanteurs Ayant décroché une étoile Il la manie à bras tendu Tandis que des pieds un pendu Sonne en mesure les cymbales L’aveugle berce un bel enfant La biche passe avec ses faons Le nain regarde d’un air triste Grandir l’arlequin trismégiste

    en cours de vérification

    H

    Henry Wadsworth Longfellow

    @henryWadsworthLongfellow

    Hymne à la nuit J'entendis la robe de la Nuit Frôler tout du long ses corridors de marbre. Je vis ses vêtements noirs avec les franges de lumière Qui venaient d'une demeure céleste. J'entendis la musique de tristesse et de plaisir, La sonnerie diverse et harmonieuse, Qui remplit les corridors mystérieux de la nuit, Comme les rimes d'un vieux poète. Je sentais sa présence comme un charme divin, Descendre d'en haut, La présence calme et majestueuse de la nuit, Douce comme celle de la personne qu on aime. De ces profondeurs fraiches et immenses, Mon coeur respirait du repos, On y trouve une source de repos inépuisable, Une paix perpétuelle. Nuit sacrée! 0 Nuit sublime, [Moi Tu m'as enseigné å endurer ce que l'lhomme a enduri avant Tu poses ton doigt sur la lèvre des soucis Et l'on ne s'en plaint plus.

    en cours de vérification

    H

    Hélène Cadou

    @heleneCadou

    Ce soir, la nuit est bleue Ce soir La nuit est bleue Avec un parfum de girofle Sous la pierre lente et chaude Tu vas et viens De ton cœur Au jardin Et le pouls des planètes Pourrait cesser de battre Sans que la peur Ne soit nommée Dans la douceur des choses. Si nous allions vers les plages,

    en cours de vérification

    I

    Ida Vitale

    @idaVitale

    La nuit, cette demeure La nuit, cette demeure où l’homme se trouve et il est seul, sur le point de mourir et de se mettre à marcher par d’autres airs. Le monde va perdre des nuages, des chevaux, il vacille, s’étonne, se défait, tombe comme aux bords du désir mais déjà à l’écart du miracle. L’espoir lentement revêt sa peau d’oubli. Je ne vois pas au-delà d’un nom que j’ai appelé lettre à baiser à caresse à rose ouverte à vol aveugle à larmes. Et comme tout est dépossédé, tout d’un pied juste afin de toucher la terre obscure, le ciel devenu creux sans voix et sans rivages, je ne suis plus déjà la pauvre, évaluée entre des airs mortels, mélancoliques, corps aveuglé de lumière ou simple larme. Ce que cette mer, cette ombre croissante perd peu à peu vient se sauver en moi, nuage toujours, cheval bleu, ciel éternel.

    en cours de vérification

    Jean Lorrain

    Jean Lorrain

    @jeanLorrain

    La nuit Portant dans ses bras nus ses deux enfants jumeaux, Le Sommeil et la Mort, la Nuit pensive et douce D'un vol auguste et calme, égal et sans secousse, Glisse au-dessus des monts, des mers et des hameaux. Sous ses longs voiles noirs étincelants d'émaux Elle allaite ses fils, et de sa toison rousse, Astre au cieux, d'un torrent d'étoiles éclabousse L'ombre, où son lait tombé verse l'oubli des maux. Et des bleues oasis, où sont les caravanes, Aux balustres des tours, où perchent les cabanes Des guetteurs, muezzins des froids climats du Nord, Le vieux monde, hanté d'un peuple d'ombres vagues, Comme un guerrier d'Homère au bercement des vagues Sous les pas de la Nuit se détend et s'endort.

    en cours de vérification

    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Déjà la nuit en son parc amassait Déjà la nuit en son parc amassait Un grand troupeau d'étoiles vagabondes, Et, pour entrer aux cavernes profondes, Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;

    en cours de vérification

    J

    Joyce Mansour

    @joyceMansour

    Vous ne connaissez pas Vous ne connaissez pas mon visage de nuit Mes yeux tels des chevaux fous d’espace Ma bouche bariolée de sang inconnu Ma peau Mes doigts poteaux indicateurs perlés de plaisir Guideront vos cils vers mes oreilles mes omoplates Vers la campagne ouverte de ma chair Les gradins de mes côtes se resserrent à l’idée Que votre voix pourrait remplir ma gorge Que vos yeux pourraient sourire Vous ne connaissez pas la pâleur de mes épaules La nuit Quand les flammes hallucinantes des cauchemars réclament le silence et que les murs mous de la réalité s’étreignent Vous ne savez pas que les parfums de mes journées meurent sur ma langue Quand viennent les malins aux couteaux flottants Que seul reste mon amour hautain Quand je m’enfonce dans la boue de la nuit.

    en cours de vérification

    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Complainte de la lune en province Ah! la belle pleine Lune, Grosse comme une fortune ! La retraite sonne au loin, Un passant, monsieur l’adjoint ; Un clavecin joue en face, Un chat traverse la place : La province qui s’endort ! Plaquant un dernier accord, Le piano clôt sa fenêtre. Quelle heure peut-il bien être ? Calme Lune, quel exil ! Faut-il dire : ainsi soit-il ? Lune, ô dilettante Lune, À tous les climats commune, Tu vis hier le Missouri, Et les remparts de Paris, Les fiords bleus de la Norvège, Les pôles, les mers, que sais-je ?

    en cours de vérification

    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    L'hiver qui vient Blocus sentimental ! Messageries du Levant !… Oh, tombée de la pluie ! Oh ! tombée de la nuit, Oh ! le vent !… La Toussaint, la Noël et la Nouvelle Année, Oh, dans les bruines, toutes mes cheminées !… D’usines…. On ne peut plus s’asseoir, tous les bancs sont mouillés ; Crois-moi, c’est bien fini jusqu’à l’année prochaine, Tant les bancs sont mouillés, tant les bois sont rouillés, Et tant les cors ont fait ton ton, ont fait ton taine !… Ah, nuées accourues des côtes de la Manche, Vous nous avez gâté notre dernier dimanche. Il bruine ; Dans la forêt mouillée, les toiles d’araignées Ploient sous les gouttes d’eau, et c’est leur ruine. Soleils plénipotentiaires des travaux en blonds Pactoles Des spectacles agricoles, Où êtes-vous ensevelis ? Ce soir un soleil fichu gît au haut du coteau Gît sur le flanc, dans les genêts, sur son manteau, Un soleil blanc comme un crachat d’estaminet Sur une litière de jaunes genêts De jaunes genêts d’automne. Et les cors lui sonnent ! Qu’il revienne…. Qu’il revienne à lui ! Taïaut ! Taïaut ! et hallali ! Ô triste antienne, as-tu fini !… Et font les fous !… Et il gît là, comme une glande arrachée dans un cou, Et il frissonne, sans personne !… Allons, allons, et hallali ! C’est l’Hiver bien connu qui s’amène ; Oh ! les tournants des grandes routes, Et sans petit Chaperon Rouge qui chemine !… Oh ! leurs ornières des chars de l’autre mois, Montant en don quichottesques rails Vers les patrouilles des nuées en déroute Que le vent malmène vers les transatlantiques bercails !… Accélérons, accélérons, c’est la saison bien connue, cette fois. Et le vent, cette nuit, il en a fait de belles ! Ô dégâts, ô nids, ô modestes jardinets ! Mon coeur et mon sommeil : ô échos des cognées !… Tous ces rameaux avaient encor leurs feuilles vertes, Les sous-bois ne sont plus qu’un fumier de feuilles mortes ; Feuilles, folioles, qu’un bon vent vous emporte Vers les étangs par ribambelles, Ou pour le feu du garde-chasse, Ou les sommiers des ambulances Pour les soldats loin de la France. C’est la saison, c’est la saison, la rouille envahit les masses, La rouille ronge en leurs spleens kilométriques Les fils télégraphiques des grandes routes où nul ne passe. Les cors, les cors, les cors – mélancoliques !… Mélancoliques !… S’en vont, changeant de ton, Changeant de ton et de musique, Ton ton, ton taine, ton ton !… Les cors, les cors, les cors !… S’en sont allés au vent du Nord. Je ne puis quitter ce ton : que d’échos !… C’est la saison, c’est la saison, adieu vendanges !… Voici venir les pluies d’une patience d’ange, Adieu vendanges, et adieu tous les paniers, Tous les paniers Watteau des bourrées sous les marronniers, C’est la toux dans les dortoirs du lycée qui rentre, C’est la tisane sans le foyer, La phtisie pulmonaire attristant le quartier, Et toute la misère des grands centres. Mais, lainages, caoutchoucs, pharmacie, rêve, Rideaux écartés du haut des balcons des grèves Devant l’océan de toitures des faubourgs, Lampes, estampes, thé, petits-fours, Serez-vous pas mes seules amours !… (Oh ! et puis, est-ce que tu connais, outre les pianos, Le sobre et vespéral mystère hebdomadaire Des statistiques sanitaires Dans les journaux ?) Non, non ! C’est la saison et la planète falote ! Que l’autan, que l’autan Effiloche les savates que le Temps se tricote ! C’est la saison, oh déchirements ! c’est la saison ! Tous les ans, tous les ans, J’essaierai en choeur d’en donner la note.

    en cours de vérification

    M

    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    Au crépuscule Le soir, couleur cendre et corbeau, Verse au ravin qui s’extasie Sa solennelle poésie Et son fantastique si beau.

    en cours de vérification

    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    Les embarras de Paris Qui frappe l'air, bon Dieu ! de ces lugubres cris ? Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ? Et quel fâcheux démon, durant les nuits entières, Rassemble ici les chats de toutes les gouttières ? J'ai beau sauter du lit, plein de trouble et d'effroi, Je pense qu'avec eux tout l'enfer est chez moi : L'un miaule en grondant comme un tigre en furie ; L'autre roule sa voix comme un enfant qui crie. Ce n'est pas tout encor : les souris et les rats Semblent, pour m'éveiller, s'entendre avec les chats, Plus importuns pour moi, durant la nuit obscure, Que jamais, en plein jour, ne fut l'abbé de Pure.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Clair de lune Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques Jouant du luth et dansant et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques. Tout en chantant sur le mode mineur L’amour vainqueur et la vie opportune, Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur Et leur chanson se mêle au clair de lune, Au calme clair de lune triste et beau, Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres Et sangloter d’extase les jets d’eau, Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Colloque sentimental Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux formes ont tout à l'heure passé. Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l'on entend à peine leurs paroles. Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux spectres ont évoqué le passé. - Te souvient-il de notre extase ancienne ? - Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ? - Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ? Toujours vois-tu mon âme en rêve ? - Non. Ah ! les beaux jours de bonheur indicible Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    La lune blanche La lune blanche Luit dans les bois ; De chaque branche Part une voix Sous la ramée... Ô bien-aimée. L'étang reflète, Profond miroir, La silhouette Du saule noir Où le vent pleure... Rêvons, c'est l'heure. Un vaste et tendre Apaisement Semble descendre Du firmament Que l'astre irise... C'est l'heure exquise.

    en cours de vérification