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Méditation

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Poésies de la collection méditation

    A

    Alain Lortie

    @alainLortie

    Argus Tu deviens un argus, lorsque ta nature en union avec l’énergie pourvoit les sons. Tu deviens un argus, lorsque ta nature saisi le nuage des vertus, ta maison. Tu deviens un argus, lorsque ta nature cerclée de lumière comprend tes prochains. Tu deviens un argus, lorsque ta nature contemple l’Artisan divin, la grande Main. Tu deviens un argus, dans ton temple de joie, le jour ou tu nais en Dieu, savoir logique. Tu deviens un argus, dans ton temple de joie, parcours chemin dans la céleste musique. Tu deviens un argus, dans ton temple de joie, la liqueur des vibrations montant où? En toi. Tu deviens un argus, dans ton temple de joie quand tu as choisit la présence de grand Moi.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Le bateau ivre Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. J’étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais. Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants. La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots ! Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures, L’eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin. Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d’astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rhythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l’amour ! Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants : je sais le soir, L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes, Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir ! J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets ! J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baisers montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ! J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l’assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs ! J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux ! J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces, Et les lointains vers les gouffres cataractant ! Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises ! Échouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants. – Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants. Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux… Presque île, ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons ! Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ; Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d’azur ; Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ; Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l’Europe aux anciens parapets ! J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : – Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles, Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ? Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer ! Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai. Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

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    Heinrich Heine

    Heinrich Heine

    @heinrichHeine

    L’amour du poète De mes larmes ont éclos Nombre de fleurs épanouies Et mes soupirs forment Un chœur de rossignols. Et si tu m’aimes bien, petite, Je t’offrirai toutes les fleurs, Et devant ta fenêtre résonnera Le chant du rossignol. ---- La rose, le lis, la colombe, le soleil, Tous je les aimai jadis d’un amour joyeux. Je ne les aime plus, je n’aime plus que La petite, la fine, la pure, l’unique ; Elle-même, source de tout amour, Est rose et lis et colombe et soleil. --- Je veux plonger mon âme Au fond de la corolle du lis, Le lis devra résonnant murmurer Un des plus chers de mes chants. Le chant devra frémir et trembler Comme le baiser de sa bouche, Qu’un jour elle m’a donné À l’heure douce, merveilleuse. ---- Je ne gronde pas, et si mon cœur se brise, Amour éternel perdu ! je ne gronde pas. Tu peux rayonner de ton éclat de diamant, Aucun rayon n’entre dans la nuit de ton cœur. Je l’ai toujours su. Car je t’avais vue en rêve, Et j’avais vu la nuit dans l’espace de ton cœur, Et j’avais vu le serpent qui se repaît de ton cœur J’avais vu, mon amour, l’ampleur de ta misère. --- Un jeune homme aime une fille, Elle en a choisi un autre, Cet autre en aime une autre, Et s’est marié avec elle. La fille épouse par colère Le premier homme décent Qu’elle rencontre en chemin, Le jeune homme en a de la peine. C’est une vieille histoire, Qui reste toujours neuve ; Et celui à qui cela arrive, Son cœur se brise en deux. Traduit par Claire Placial

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    J

    J.Q. Louison

    @jqLouison

    Les saisons et l'être Les saisons sont là pour montrer Qu'à loisir nous pouvons changer, Nous transformer au fil du temps Et revoir la direction de nos destins. Le printemps, le soleil de nos âmes Qui fait fleurir nos belles pensées. L'été enflamme de joie nos cœurs. L'automne: pour enlever les feuilles Jaunies des temps passés et morts. L'hiver revient pour nous rappeler L'utilité de veiller auprès de l'âtre Pour, en nous lovant en nous-mêmes, Sentir notre plénitude.

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    J

    Jacques Richard

    @jacquesRichard

    Passant Et tout ça et tout ça le tout incandescent l’espèce d’incendie d’interdit irradié éloigné reculé écarté ignoré c’est la conscience même et de moi et de ce paysage étendu au long de l’âme nue dans la nuit sans limite passant et je contiens tout je et je contient le tout l’infini espacé le seul l’un retiré éloigné reculé écarté ignoré la conscience arrêtée au bord du bout du monde passé au long de l’âme nue paysage témoin de la nuit sans limite

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    J

    Jo Cassen

    @joCassen

    Le sourire Le sourire Pourquoi faut-il toujours s’attacher à sourire ? Je ne me plierai pas au propos sibyllin, Tant à vouloir le bien on passe pour vilain, La fausse complaisance est un mal à proscrire. Pour m’être fourvoyé, léger mais imprudent, J’ai appris la réserve, et même s’il m’en coûte, Je me garde du rire et j’élude le doute, Car je ne puis risquer un effet impudent. Notre monde à souhait se sustente d’horrible, Les crimes et les dols, la souffrance d’enfants, Alors dans l’anecdote et les on-dit bluffants; Il semble malvenu le racontar terrible. Chacun à sa façon reste maître absolu, Prétend à se gérer, agir en autonome Expert en tout sujet, l’excellence de l’homme, Jaloux de son nombril, jamais irrésolu. Pourquoi faut-il toujours s’attacher à sourire ? Pour benêt satisfaire au réflexe courtois Qui désigne plutôt l’hypocrite matois Jouant l’émerveillé plus qu’on ne sait décrire ? Les yeux sont ainsi faits, surtout pour ne pas voir Le charmant, le hideux, mieux vaut faire l’autruche Et se montrer ravi, se révéler baudruche, Flatter « l’autre » innocent et ne pas décevoir.   Pourquoi s’illuminer d’un intérêt factice Au récit d’un exploit médiocre ou banal, Feindre d’être témoin d’un trait phénoménal, Quand votre ennui s’installe appelant l’armistice ? Ce sermon, humble avis, n’engagera que moi, Ne vous obligez pas, car un discours utile, Séduit très rarement la démarche infantile, Il attise l’humeur et réveille l’émoi. Alors, oui, je me tais et même vous conforte, L’excès de politesse est un piteux respect, La fausse déférence enivre le suspect ; La bêtise commune est une place forte.

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    S

    Serge Langlet

    @sergeLanglet

    L’humanité L’Humanité C’est un peuple ancien qui essaima jadis, Pour qu’en d’autres contrées puisse naître leur fils, Les années ont passé et les siècles aussi, Ces contrées aujourd’hui sont devenues pays, Et voila que, un jour, advint la religion, Elle-même coupée en diverses moignons, Ils en prirent un bout pour parler en leurs noms, Devinrent ennemis sous la foi des sermons, Et alors ces pays devinrent combattants, Avec divers drapeaux et de diverses chants, Tout pour détruire l’autre, et tout cela pourtant, Alors que dans leurs corps coule le même sang, Belles histoires venues de ce lointain passé, Où l’homme et la femme sont créés pour s’aimer, Dans lequel nous vivions tous en communauté, Craignons que le futur soit sans humanité

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    S

    Serge Langlet

    @sergeLanglet

    Ma colline… Ma colline Saint-Jacques, combien je t’ai aimé, Posée sur cette plaine, comme un îlot sauvage, Ta flore aux parfums dont j’ai l’âme imprégnée, Où que j’aille, en mon cœur j’emporte ton image. Toi ma chère colline qui protège à tes pieds, La ville où je suis né, où j’ai vécu mon âge, Sur les bords de Durance, cette douce cité, Cours vers le Luberon, cette autre île sauvage. Chère et tendre colline, témoin de nos années, À ton point le plus haut, tu portes un héritage, Car naguère, ton calme et ta sérénité, Étaient appréciés, témoin, ton Ermitage. Tes chemins escarpés, tes escaliers usés, À la pierre luisante, par les pèlerinages, Dont tu as su garder toute la dignité, Tout en jouant parfois, avec les nuages. Colline mon amie, confidente éclairée, J’ai connu en ton sein, la clarté du langage, Que tu peux murmurer, à qui sait écouter, Au travers de son cœur, le plus pur des messages. Rien ici bas ne vaut que de savoir aimer, Et qu’il est bien futile, pour l’homme de passage, De montrer de l’orgueil ou de la vanité, Car il fait lui aussi, partie du paysage…

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    S

    Serge Langlet

    @sergeLanglet

    Savoir aimer… Savoir aimer… Et j’écoute le temps, qui passe peu à peu, Égrenant un refrain que l’on reprend tout bas, Avec des mots de joie quand l’on se sent heureux, Ou bien des mots amers quand le cœur n’y est pas. Et je vois le soleil brillant de ses feux d’ors, Sur fond de souvenirs et de clarté ciel bleu, Phare d’une jeunesse que je croyais alors, Inscrite à jamais dans l’avenir radieux. Des visages apparaissent, puisés à ma mémoire, Et semblent me parler, apportant d’autrefois, Avec leurs sourires, un peu de leurs histoires, Qui ont croisé la mienne en si mêlant parfois ! Mais les années ont su, accolées une à une, Ciseler à mon front, comme témoins gravés, Du passage des jours, en marquer l’infortune, Rappelant à chacun le joug du sablier. Ainsi le temps qui fuit et glisse sur mon âge, Avec son contingent de peine ou de bonheur, Éclaire que la vie est faite de partage, Et qu’il faut pour cela, savoir donner son cœur Alors, il faut oser caresses et tendresse, Il n’y a pas de honte à mieux vouloir aimer, Peut-on trouver au monde de plus grande richesse, Qu’apporte à l’existence cette joie de donner.

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    S

    Serge Langlet

    @sergeLanglet

    Un petit poème impromptu de ce soir… Un petit poème impromptu de ce soir… La poésie souvent, sert pour moi d’exutoire, Et aux travers des mots, j’y écris mon histoire, Avec les sentiments les forces et les faiblesses, Qui mènent un enfant, au seuil de la vieillesse, De toutes ces années, qui ont passé trop vite, Il reste et restera un sentiment de fuite, Une fuite en avant, sans s’arrêter pour voir, Toujours bien trop pressé, du matin jusqu’au soir, Une fleur, un enfant, un sourire radieux, La beauté de la mer, la majesté des cieux.

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    M

    Marc Alyn

    @marcAlyn

    J’ai mis le désert entre moi J’ai mis le désert entre moi et ce moi autre qui me nomme qui je fus cherche qui je suis refusant d’ouvrir à la voix j’ai mis le silence entre moi et ce moi dont je suis la somme

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    Marcel Proust

    Marcel Proust

    @marcelProust

    Je contemple souvent le ciel de ma mémoire Le temps efface tout comme effacent les vagues Les travaux des enfants sur le sable aplani Nous oublierons ces mots si précis et si vagues Derrière qui chacun nous sentions l’infini. Le temps efface tout il n’éteint pas les yeux Qu’ils soient d’opale ou d’étoile ou d’eau claire Beaux comme dans le ciel ou chez un lapidaire Ils brûleront pour nous d’un feu triste ou joyeux. Les uns joyaux volés de leur écrin vivant Jetteront dans mon coeur leurs durs reflets de pierre Comme au jour où sertis, scellés dans la paupière Ils luisaient d’un éclat précieux et décevant. D’autres doux feux ravis encor par Prométhée Étincelle d’amour qui brillait dans leurs yeux Pour notre cher tourment nous l’avons emportée Clartés trop pures ou bijoux trop précieux. Constellez à jamais le ciel de ma mémoire Inextinguibles yeux de celles que j’aimai Rêvez comme des morts, luisez comme des gloires Mon coeur sera brillant comme une nuit de Mai. L’oubli comme une brume efface les visages Les gestes adorés au divin autrefois, Par qui nous fûmes fous, par qui nous fûmes sages Charmes d’égarement et symboles de foi. Le temps efface tout l’intimité des soirs Mes deux mains dans son cou vierge comme la neige Ses regards caressants mes nerfs comme un arpège Le printemps secouant sur nous ses encensoirs. D’autres, les yeux pourtant d’une joyeuse femme, Ainsi que des chagrins étaient vastes et noirs Épouvante des nuits et mystère des soirs Entre ces cils charmants tenait toute son âme Et son coeur était vain comme un regard joyeux. D’autres comme la mer si changeante et si douce Nous égaraient vers l’âme enfouie en ses yeux Comme en ces soirs marins où l’inconnu nous pousse. Mer des yeux sur tes eaux claires nous naviguâmes Le désir gonflait nos voiles si rapiécées Nous partions oublieux des tempêtes passées Sur les regards à la découverte des âmes. Tant de regards divers, les âmes si pareilles Vieux prisonniers des yeux nous sommes bien déçus Nous aurions dû rester à dormir sous la treille Mais vous seriez parti même eussiez-vous tout su Pour avoir dans le coeur ces yeux pleins de promesses Comme une mer le soir rêveuse de soleil Vous avez accompli d’inutiles prouesses Pour atteindre au pays de rêve qui, vermeil, Se lamentait d’extase au-delà des eaux vraies Sous l’arche sainte d’un nuage cru prophète Mais il est doux d’avoir pour un rêve ces plaies Et votre souvenir brille comme une fête.

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    Michel Houellebecq

    Michel Houellebecq

    @michelHouellebecq

    Puisqu’il faut que les libellules Puisqu’il faut que les libellules Sectionnent sans fin l’atmosphère Que sur l’étang crèvent les bulles, Puisque tout finit en matière. Puisque la peau du végétal, Comme une moisissure obscène Doit gangrener le minéral, Puisqu’il nous faut sortir de scène Et nous étendre dans la terre Comme on rejoint un mauvais rêve Puisque la vieillesse est amère, Puisque toute journée s’achève Dans le dégoût, la lassitude, De l’indifférente nature Nous mettrons nos peaux à l’étude, Nous chercherons le plaisir pur Nos nuits seront des interludes Dans le calme affreux de l’azur.

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    R

    Riham Hassan

    @rihamHassan

    Entrez, je suis tombé ! Mon ami, Ne te jette pas à l'enfer qui coule Vert au pied de la colline Froid il avait enveloppé tout refoulé Ne te jette pas l'âme dans cette verdure Sauvage qui n'aura pas de fin Quel héroïsme cherches-tu Quelle fuite éphémère La vie me délaisse et je choisis de la refouler Quelle honte ! On choisit pas mon ami Le choix mensonge soit-il Hein ! Je choisis la Mort Tu n'avais choisi la Vie pour que tu choisisses la Mort Laisse-le Ton corps tranquille J'aspire à la tranquillité de l'âme À la paix mentale Laisse ces bêtises La tranquillité tronc et âme C'est un don, une Grâce Je ne crois à rien, le rien je n'y crois plus C'est un don comme le soleil, l'air Une Grâce comme l'eau Comme la femme à l'homme mûr Qui nous la donne, ça peu importe On sait qu'on n'est les créateurs Mais c'est pire, c'est pire Que personne ne nous ouvre ce secret caché Quelle vie de secrets cherche-t-on Et qu'est-ce que tu sais de la mort ? C'est à la recherche du temps tranquille À la recherche du temps écrasé perdu Mais quel bonheur tu me promis Dans cette vie Chaîne d'incompréhensifs Aucun bonheur mais moins de malheur, mon ami. 19/4/2018

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    R

    Roger Milliot

    @rogerMilliot

    Qui Qui parle en moi, qui me regarde, d’où ? Qui dit le bien, le mieux, le pire ? Qui veut l’amour, qui nie l’amour ? Qui perce des issues, qui ouvre des gouffres ? Qui se sent étranger ? Qui habite le vide Où ce grand cri résonne ? Qui tient haut les étoiles ? Qui veut la vie, qui veut la mort ?

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    S

    Salazar Pascal

    @salazarPascal

    Pronoms en Juin “Je” grince comme un engrenage “Il” est vert de jade “Nous” et “Vous” partent seuls en voyage Mais “Tu” au son de flute s’évade Et à la régate, “Elle” est un nuage blanc Lumineuse fontaine de paille et d’opale Aux mailles d'un chapeau de beau temps L’instant se dilue comme l’aquarelle Où les êtres aux pronoms se mêlent

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    Theodore Roethke

    Theodore Roethke

    @theodoreRoethke

    Dans un sombre moment Dans un sombre moment, mon œil commence à voir, Je rencontre mon ombre au plus profond de l’ombre; J’écoute mon écho dans l’écho de ce bois – Seigneur de la nature pleurant la mort d’un arbre. Je vis entre le troglodyte et le héron, Les bêtes des collines et les serpents des grottes. Qu’est la folie sinon la noblesse de l’âme Brouillée avec les circonstances? Le jour brûle! Je sais la pureté du plus pur désespoir, Mon ombre épinglée sur un mur tout suintant. Ce lieu dans les rochers – est-ce bien une grotte? Un sentier sinueux? La marge est mon domaine. Tenace une tempête de correspondances ! Un flot d’oiseaux la nuit, une lune en lambeaux, Et dans le vaste jour le retour de minuit ! Un homme s’en va loin découvrir ce qu’il est – Le moi qui meurt au fond d’une longue nuit sans larmes, La nature s’embrasant d’un feu non-naturel. Sombre, sombre mon jour, plus sombre mon désir. Mouche d’été qu’affole la chaleur, mon âme Bourdonne sur le seuil. Lequel de mes moi suis-je ? Homme tombé, je me redresse hors de ma peur. L’esprit entre en lui-même, et Dieu entre en l’esprit, Alors un devient l’Un, libre au vent qui déchire.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Parfois, lorsque tout dort Parfois, lorsque tout dort, je m'assieds plein de joie Sous le dôme étoilé qui sur nos fronts flamboie ; J'écoute si d'en haut il tombe quelque bruit ; Et l'heure vainement me frappe de son aile Quand je contemple, ému, cette fête éternelle Que le ciel rayonnant donne au monde la nuit. Souvent alors j'ai cru que ces soleils de flamme Dans ce monde endormi n'échauffaient que mon âme ; Qu'à les comprendre seul j'étais prédestiné ; Que j'étais, moi, vaine ombre obscure et taciturne, Le roi mystérieux de la pompe nocturne ; Que le ciel pour moi seul s'était illuminé ! Novembre 1829

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    Walt Whitman

    Walt Whitman

    @waltWhitman

    Comme je méditais en silence Comme je méditais en silence, Que je revenais à mes poèmes, réfléchissais, m’attardais, Un Fantôme se dressa devant moi, la mine méfiante, Effrayant de beauté, d’âge, de force, Le génie poétique des terres anciennes, Qui dirigea vers moi ses yeux enflammés, Et, désignant du doigt une foule de chants intemporels, Me menaça de sa voix, Que chantes-tu là, me dit-il Ne sais-tu pas qu’il n’existe qu’un seul thème pour les bardes appelés à durer? C’est le thème de la guerre, la fortune des combats, L’éducation de guerriers parfaits. Alors je répondis, si c’est ainsi Ombre hautaine, moi aussi je chante une guerre, plus longue plus grande qu’aucune du passé, Une guerre que je livre dans mon livre avec des fortunes diverses, fuite, avancées, retraites, victoires différées ou précaires (Et cependant toutes sûres ou presque, à la fin), mon champ de bataille le monde, Ma guerre pour la vie la mort, le corps l’Âme éternelle, Regarde, moi aussi je suis venu chante le chant des batailles, Et plus que tout l’éloge des guerriers courageux.

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    Wislawa Szymborska

    Wislawa Szymborska

    @wislawaSzymborska

    Ca va sans titre On en est arrivé là : je suis assise sous un arbre, au bord d’une rivière, un matin de soleil. C’est un évènement anodin que ne retiendra pas l’histoire. Ni une bataille, ni un pacte dont on sonde les motivations, ni le meurtre mémorable d’un tyran. Et pourtant me voilà assise, c’est un fait. Et puisque je suis ici, près de la rivière, je serai bien venue ici de quelque part, sans dire qu’auparavant j’aurai séjourné dans pas mal d’autres endroits. Tout comme les grands conquérants avant de monter à bord. Le plus éphémère des instants possède un illustre passé, son d’avant le samedi – vendredi, son d’avant le mois de juin - mois de mai. Ses horizons aussi vrais que dans les jumelles du commandant en chef. L’arbre est un peuplier enraciné depuis des lustres. La rivière s’appelle Raba et ne coule pas d’hier. Le sentier qui traverse les buissons, ne fut pas frayé aujourd’hui. Le vent qui chasse les nuages, les aura amenés par ici. Et bien que rien d’important ne se passe tout autour le monde n’en est pas tout autant plus pauvre en détails, ou privé de fondements, ou plus mal défini, qu’à l’époque où l’emportaient les grandes migrations. Les mystérieux complots n’ont pas l’exclusivité du silence. On voit le cortège des raisons ailleurs qu’aux couronnements. Les dates anniversaires peuvent être elles aussi bien rondes mais pas davantage que ce défilé des cailloux sur le bord du fleuve. Complexe et dense est la broderie des circonstances. Le point de croix de la fourmi dans l’herbe. L’herbe cousue dans la terre. Le motif de la vague tissé par la branche. Ainsi donc, par hasard, je suis et je regarde. Au-dessus, un papillon blanc agite dans les airs, ses ailes qui ne sont et ne seront qu’à lui, et l’ombre qui soudain traverse mes deux mains n’est pas une autre, ni quelconque, mais bien la sienne. Voyant cela, je ne suis jamais sûre que ce qui est important l’est vraiment davantage que ce qui ne l’est pas.

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    Y

    Yves Renaud

    @yvesRenaud

    Essence ciel poésie Humains, quand vous ne serez plus là me resteront la calligraphie des ailes la mémoire des oiseaux dans le regard des pierres Les arbres fuyant les hommes et cherchant l'azur la dentelle des rocs caressant les anges La tendresse des nids réanimant le futur la valse des jours d'or et des nuits bleues dans l'indifférence de la lune Le poudroiement des arcs-en-ciel noces de l'onde et de l'astre roi le vent divulguant l'innocence des fleurs Le cristal des ruisseaux échos argentins de la lumière le chant des cigales dans la mémoire des écorces Les crépuscules pourpres et les aubes vermeilles les brumes bleues des monts et des vaux Les virgules d'or dans les chevelures d'ombre le mystère amoureux des fleurs lèvres de la terre Le reflet des étangs repos des nuages l'éploration des saulaies écoutant le cœur de la Terre Tous participent à ma poésie comme le sont aussi mes fruits - vous délecter était me lire Mais l'équilibre du monde n'en sera pas changé et même vos tombes ne seront plus, dans les gravures de mes plaies Ni vos musiques ni vos amours ni vos victoires ni même les ponts arqués enjambant les nymphéas Mais les fêlures ambres des galets secrètes féminités minérales mais les formes des îles inspiratrices de celles des femmes Et pour l'éternité l'essentielle inutilité des poètes. * De l’indispensable inutilité de la poésie (juillet 2015)

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