Titre : L’amour du poète
Auteur : Heinrich Heine
De mes larmes ont éclos
Nombre de fleurs épanouies
Et mes soupirs forment
Un chœur de rossignols.
Et si tu m’aimes bien, petite,
Je t’offrirai toutes les fleurs,
Et devant ta fenêtre résonnera
Le chant du rossignol.
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La rose, le lis, la colombe, le soleil,
Tous je les aimai jadis d’un amour joyeux.
Je ne les aime plus, je n’aime plus que
La petite, la fine, la pure, l’unique ;
Elle-même, source de tout amour,
Est rose et lis et colombe et soleil.
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Je veux plonger mon âme
Au fond de la corolle du lis,
Le lis devra résonnant murmurer
Un des plus chers de mes chants.
Le chant devra frémir et trembler
Comme le baiser de sa bouche,
Qu’un jour elle m’a donné
À l’heure douce, merveilleuse.
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Je ne gronde pas, et si mon cœur se brise,
Amour éternel perdu ! je ne gronde pas.
Tu peux rayonner de ton éclat de diamant,
Aucun rayon n’entre dans la nuit de ton cœur.
Je l’ai toujours su. Car je t’avais vue en rêve,
Et j’avais vu la nuit dans l’espace de ton cœur,
Et j’avais vu le serpent qui se repaît de ton cœur
J’avais vu, mon amour, l’ampleur de ta misère.
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Un jeune homme aime une fille,
Elle en a choisi un autre,
Cet autre en aime une autre,
Et s’est marié avec elle.
La fille épouse par colère
Le premier homme décent
Qu’elle rencontre en chemin,
Le jeune homme en a de la peine.
C’est une vieille histoire,
Qui reste toujours neuve ;
Et celui à qui cela arrive,
Son cœur se brise en deux.
Traduit par Claire Placial