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Erotique

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Poésies de la collection erotique

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Õommage dû Je suis couché tout de mon long sur son lit frais : Il fait grand jour ; c’est plus cochon, plus fait exprès Par le prolongement dans la lumière crue De la fête nocturne immensément crue Pour la persévérance et la rage du cu Et de ce soin de se faire soi-même cocu. Elle est à poil et s’accroupit sur mon visage Pour se faire gamahucher, car je fus sage Hier et c’est — bonne, elle, au-delà du penser ? — Sa royale façon de me récompenser. Je dis royale, je devrais dire divine : Ces fesses, chair sublime, alme peau, pulpe fine, Galbe puissamment pur, blanc, riche, aux stries d’azur, Cette raie au parfum bandatif, rose obscur, Lente, grasse, et le puits d’amour, que dire sur ! Régal final, dessert du con, bouffé, délire De ma langue harpant les plis comme une lyre ! Et ces fesses encor, telle une lune en deux Quartiers, mystérieuse et joyeuse, où je veux Dorénavant nicher mes rêves de poète Et mon cœur de tendeur et mes rêves d’esthète ! Et, maîtresse, ou mieux, maître en silence obéi, Elle trône sur moi, caudataire ébloui.

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    Prête aux baisers résurrecteurs Pauvre je ne peux pas vivre dans l’ignorance Il me faut voir entendre et abuser T’entendre nue et te voir nue Pour abuser de tes caresses Par bonheur ou par malheur Je connais ton secret pas coeur Toutes les portes de ton empire Celle des yeux celle des mains Des seins et de ta bouche où chaque langue fond ET la porte du temps ouverte entre tes jambes La fleur des nuits d’été aux lèvres de la foudre Au seuil du paysage où la fleur rit et pleure Tout en gardant cette pâleur de perle morte Tout en donnant ton coeur tout en ouvrant tes jambes Tu es comme la mer tu berces les étoiles Tu es le champ d’amour tu lies et tu sépares Les amants et les fous Tu es la faim le pain la soif l’ivresse haute Et le dernier mariage entre rêve et vertu.

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    A Londres je connus Bella A Londres je connus Bella, Princesse moins lointaine Que son mari le capitaine Qui n’était jamais là. Et peut-être aimait-il la mangue ; Mais Bella, les Français Tels qu’on le parle : c’est assez Pour qui ne prend que langue ; Et la tienne vaut un talbin. Mais quoi ? Rester rebelle, Bella, quand te montre si belle Le désordre du bain ?

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    P

    Pernette du Guillet

    @pernetteDuGuillet

    Qui ira ma robe fourrée Qui dira ma robe fourrée De la belle pluie dorée Qui Daphnés enclose ébranla : Je ne sais rien moins, que cela. Qui dira qu'à plusieurs je tends Pour en avoir mon passetemps, Prenant mon plaisir çà, et là : Je ne sais rien moins, que cela. Qui dira que t'ai révélé Le feu long temps en moi celé Pour en toi voir si force il a : Je ne sais rien moins, que cela. Qui dira que, d'ardeur commune Qui les jeunes gens importune, De toi je veux... et puis holà ! Je ne sais rien moins, que cela. Mais qui dira que la Vertu, Dont tu es richement vêtu, En ton amour m'étincela : Je ne sais rien mieux, que cela. Mais qui dira que d'amour sainte Chastement au coeur suis atteinte, Qui mon honneur onc ne foula : Je ne sais rien mieux, que cela.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Amourette Or que l'hiver roidit la glace épaisse, Réchauffons-nous, ma gentille maîtresse, Non accroupis près le foyer cendreux, Mais aux plaisirs des combats amoureux. Asseyons-nous sur cette molle couche. Sus ! baisez-moi, tendez-moi votre bouche, Pressez mon col de vos bras dépliés, Et maintenant votre mère oubliez. Que de la dent votre tétin je morde, Que vos cheveux fil à fil je détorde. Il ne faut point, en si folâtres jeux, Comme au dimanche arranger ses cheveux. Approchez donc, tournez-moi votre joue. Vous rougissez ? il faut que je me joue. Vous souriez : avez-vous point ouï Quelque doux mot qui vous ait réjoui ? Je vous disais que la main j'allais mettre Sur votre sein : le voulez-vous permettre ? Ne fuyez pas sans parler : je vois bien À vos regards que vous le voulez bien. Je vous connais en voyant votre mine. Je jure Amour que vous êtes si fine, Que pour mourir, de bouche ne diriez Qu'on vous baisât, bien que le désiriez ; Car toute fille, encore qu'elle ait envie Du jeu d'aimer, désire être ravie. Témoin en est Hélène, qui suivit D'un franc vouloir Pâris, qui la ravit. Je veux user d'une douce main forte. Ah ! vous tombez, vous faites déjà la morte. Ah ! quel plaisir dans le coeur je reçois ! Sans vous baiser, vous moqueriez de moi En votre lit, quand vous seriez seulette. Or sus ! c'est fait, ma gentille brunette. Recommençons afin que nos beaux ans Soient réchauffés de combats si plaisants.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Eros Je veux mourir pour tes beautés, Maîtresse, Pour ce bel œil qui me prit à son hain, Pour ce doux ris, pour ce baiser tout plein D'ambre et de musc, baiser d'une Déesse. Je veux mourir pour cette blonde tresse, Pour l'embonpoint de ce trop chaste sein, Pour la rigueur de cette douce main, Qui tout d'un coup me guérit et me blesse. Je veux mourir pour le brun de ce teint, Pour cette voix, dont le beau chant m'étreint Si fort le cœur, que seul il en dispose. Je veux mourir es amoureux combats, Soûlant l'amour, qu'au sang je porte enclose, Toute une nuit au milieu de tes bras.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Les poètes l’ont si bien dit Je te salue, Ô merveillette fente, Qui vivement entre ces flancs reluis; Je te salue, Ô bienheureux pertuis, Qui rend ma vie heureusement contente! C’est toi qui fais que plus ne me tourmente L’archer volant qui causait mes ennuis; T’ayant tenu seulement quatre nuits Je sens sa force en moi déjà plus lente. Ô petit trou, trou mignard, trou velu, D’un poil folet mollement crespelu, Qui à ton gré domptes les plus rebelles: Tous vers galans devraient, pour t’honorer, A beaux genoux te venir adorer, Tenant au poing leurs flambantes chandelles!

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Odelette à une jeune maîtresse Pourquoy comme une jeune poutre De travers guignes tu vers moy ? Pourquoy farouche fuis-tu outre Quand je veux approcher de toy ? Tu ne veux souffrir qu’on te touche ; Mais si je t’avoy sous ma main, Asseure toy que dans la bouche Bien tost je t’aurois mis le frain. Puis te voltant à toute bride Je dresserois tes pieds au cours. Et te piquant serois ton guide Par la carriere des Amours, Mais par l’herbe tu ne fais ores Qui suivre des prez la fraicheur, Pource que tu n’as point encores Trouvé quelque bon chevaucheur.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Plût-il à dieu n’avoir jamais tâté Plût-il à Dieu n’avoir jamais tâté Si follement le tétin de m’amie ! Sans lui vraiment l’autre plus grande envie, Hélas ! ne m’eût, ne m’eût jamais tenté. Comme un poisson, pour s’être trop hâté, Par un appât, suit la fin de sa vie, Ainsi je vois où la mort me convie, D’un beau tétin doucement apâté. Qui eût pensé, que le cruel destin Eût enfermé sous un si beau tétin Un si grand feu, pour m’en faire la proie ? Avisez donc, quel serait le coucher Entre ses bras, puisqu’un simple toucher De mille morts, innocent, me froudroie.

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    Rainer Maria Rilke

    Rainer Maria Rilke

    @rainerMariaRilke

    Eros (I) Ô toi, centre du jeu où l'on perd quand on gagne ; célèbre comme Charlemagne, roi, empereur et Dieu, - tu es aussi le mendiant en pitoyable posture, et c'est ta multiple figure qui te rend puissant. - Tout ceci serait pour le mieux ; mais tu es, en nous (c'est pire) comme le noir milieu d'un châle brodé de cachemire.

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    Rainer Maria Rilke

    Rainer Maria Rilke

    @rainerMariaRilke

    Eros (Ii) Ô faisons tout pour cacher son visage d'un mouvement hagard et hasardeux, il faut le reculer au fond des âges pour adoucir son indomptable feu. Il vient si près de nous qu'il nous sépare de l'être bien-aimé dont il se sert ; il veut qu'on touche ; c'est un dieu barbare que des panthères frôlent au désert.

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    Rainer Maria Rilke

    Rainer Maria Rilke

    @rainerMariaRilke

    Eros (Iii) Là, sous la treille, parmi le feuillage il nous arrive de le deviner : son front rustique d'enfant sauvage, et son antique bouche mutilée... La grappe devant lui devient pesante et semble fatiguée de sa lourdeur, un court moment on frôle l'épouvante de cet heureux été trompeur. Et son sourire cru, comme il l'infuse

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    Rainer Maria Rilke

    Rainer Maria Rilke

    @rainerMariaRilke

    Eros (Iv) Ce n'est pas la justice qui tient la balance précise, c'est toi, ô Dieu à l'envie indivise, qui pèses nos torts, et qui de deux coeurs qu'il meurtrit et triture fais un immense coeur plus grand que nature, qui voudrait encor grandir... Toi, qui indifférent et superbe, humilies la bouche et exaltes le verbe vers un ciel ignorant...

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    René Char

    René Char

    @reneChar

    Le baiser Massive lenteur, lenteur martelée; Humaine lenteur, lenteur débattue; Déserte lenteur, reviens sur tes feux; Sublime lenteur, monte de l'amour: La chouette est de retour.

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    René Char

    René Char

    @reneChar

    Êros suspendu La nuit avait couvert la moitié de son parcours. L'amas des cieux allait à cette seconde tenir en entier dans mon regard. Je te vis, la première et la seule, divine femelle dans les sphères bouleversées. Je déchirai ta robe d'infini, te ramenai nue sur mon sol. L'humus mobile de la terre fut partout. Nous volons, disent tes servantes, dans l'espace cruel, — au chant de ma trompette rouge.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Les caresses Les caresses ne sont que d'inquiets transports, Infructueux essais du pauvre amour qui tente L'impossible union des âmes par les corps. Vous êtes séparés et seuls comme les morts, Misérables vivants que le baiser tourmente ! Ô femme, vainement tu serres dans tes bras Tes enfants, vrais lambeaux de ta plus pure essence : Ils ne sont plus toi-même, ils sont eux, les ingrats ! Et jamais, plus jamais, tu ne les reprendras, Tu leur as dit adieu le jour de leur naissance. Et tu pleures ta mère, ô fils, en l'embrassant ; Regrettant que ta vie aujourd'hui t'appartienne, Tu fais pour la lui rendre un effort impuissant : Va ! Ta chair ne peut plus redevenir son sang, Sa force ta santé, ni sa vertu la tienne. Amis, pour vous aussi l'embrassement est vain, Vains les regards profonds, vaines les mains pressées : Jusqu'à l'âme on ne peut s'ouvrir un droit chemin ; On ne peut mettre, hélas ! Tout le cœur dans la main, Ni dans le fond des yeux l'infini des pensées. Et vous, plus malheureux en vos tendres langueurs Par de plus grands désirs et des formes plus belles, Amants que le baiser force à crier : « Je meurs ! » Vos bras sont las avant d'avoir mêlé vos cœurs, Et vos lèvres n'ont pu que se brûler entre elles. Les caresses ne sont que d'inquiets transports, Infructueux essais d'un pauvre amour qui tente L'impossible union des âmes par les corps. Vous êtes séparés et seuls comme les morts, Misérables vivants que le baiser tourmente.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    L’éternelle vengeance Dalila, courtisane au front mystérieux, Aux mains de sortilège et de ruse, aux longs yeux Où luttaient le soleil, l’orage et la nuée, Rêvait : « Je suis l’esclave et la prostituée, La fleur que l’on effeuille au festin du désir, La musique d’une heure et le chant d’un loisir, Ce qui charme, ce qu’on enlace et qu’on oublie. Mon corps sans volupté se pâme et ploie et plie Au signe impérieux des passagers amants. Parmi ces inconnus qui, repus et dormants, Après la laide nuit dont l’ombre pleure encore, De leur souffle lascif souillent l’air de l’aurore, C’est toi le plus haï, Samson, fils d’Israël ! Mon sourire passif répond à ton appel, Mon corps, divin éclair et baiser sans empreinte, A rempli de parfums ta détestable étreinte : Mais, malgré les aveux et les sanglots surpris, Ne crois pas que ma haine ait moins d’âpres mépris, Car, dans le lit léger des feintes allégresses, Dans l’amère moiteur des cruelles caresses, J’ai préparé le piège où tu succomberas, Moi, le contentement bestial de tes bras ! » Elle le supplia sur la couche d’ivoire « Astre sanglant, dis-moi le secret de ta gloire. Mais l’amant de ses nuits sans amour lui mentit. Et la soif des vaincus la brûla sans répit. Elle fut le regard et l’ouïe et l’attente, La chaude obsession qui ravit et tourmente, Et, patient péril aux froids destins pareil, Sa vengeance épia le souffle du sommeil. Un soir que la Beauté brillait plus claire en elle, Par l’enveloppement de l’humide prunelle, Par le geste des bras défaillant et livré Torturé tendrement, — savamment enivré De souples seins, de flancs fiévreux, de lèvres lasses, De murmures mourants et de musiques basses, Sous les yeux de la femme, implacablement doux, Dans l’ombre et dans l’odeur de ses ardents genoux, Sans souvenir, cédant à l’éternelle amorce, L’homme lui soupira le secret de sa force.

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    R

    Rocheclaire

    @rocheclaire

    Pastiche de Paul Claudel : Invasion de L'ivresse érotique Invasion de l'Ivresse érotique   Encore ! Encore, le désir qui vient me surprendre comme une lame Le désir encore qui perce en moi au flux et au reflux et qui me fouille et me soulève de ma couche comme une barque égarée, Comme une fille qui ne vit plus qu'en son ventre, et qui danse fébrilement et qui s'offre et qui plie, et qui jette, et qui se plaint et qui culbute, le mont à ses lèvres, Comme le calice sombre que l'on tire de la boue et qui surprend, sous la lumière brutale qui s'écrase sur lui de côté et qui illumine sa courbe d'un rayon éclatant ! Encore l'instant qui vient me surprendre, Comme la fille qui atteint la plénitude en souriant à cette seconde, qui offre à l'Éternel les corps d'hommes pleins de désirs tendus et qui ouvre ses cuisses et son ventre ! Encore le voyage, encore la vibration consentie, encore le ventre qui s'offre ! Ah ! je deviens lourde de ce fleuve que je suis entre leurs mains ! Voici le départ ! Encore le désir qui revient ! Hors de moi la vie, et en moi le dard de la force virile, et le sperme de la mort, et le mal de ce corps trop plein ! Et si l'homme ne pénètre pas impunément dans la fille, Croirez-vous que je sois folle à livrer mon corps de soupirs, sans que les murmures entrouvrent les lèvres, Ah ! ce désir est à moi ! Ah cet assouvissement est à moi ! Toute la brûlure du geste comme l'or tendre pour le joyau, premier offert ! Il ne fait que de commencer ! Il sera temps de dormir dans d'autres draps ! Ah ! Je suis ivre ! Ah je suis livrée au dieu ! je sens une onde en moi et d'autres qui se choquent, le spasme de la joie, L'ébranlement des sens érotiques, l'épuisement divinement tempéré ! Que m'importe tous les hommes à présent ! Ce n'est pas pour eux que je suis faite, mais pour l'Accomplissement de cette mesure sacrée !

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    Régis Boury

    @regisBoury

    Erotic Pour mon coeur-tambour Qui soudain bat plus vite A ton geste de main, si court, Léger, ce bref regard d'invite... Pour l'amante renversée Dans une plainte, Pour cette odeur d'amour Qui s'éreinte, Pour le lit bouleversé Après l'étreinte, Pour ce souffle court D'ardeur éteinte... Pour tout cela, moi, demain, Heureux troubadour urbain Silencieux en la ville défunte, Sur tes rêves de soie, j'épierai la feinte En toi, l'émoi des seins à la pointe Dure : faux sommeil où renaît Le désir qui veille ; je reviendrai A toi imprimer mon empreinte. 1er août 1994

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    R

    Régis Boury

    @regisBoury

    Le cri primal Nue Noire Nubienne Infinie statue de bois lisse D'ébène Au petit ventre rond Et seins pointus Très hauts Obscènes Donnés à voir Aux mâles fascinés Qui déjà se déchaînent En toi Rayant l'ivoire Sur une musique Syncopée Saccadée Semant Giclant la haine Nuit est promise longue A femme belle Femelle sans chemise Et profonde. 10 novembre 1997 zadig92000 #JeSuisCharlie

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    Rémi Belleau

    Rémi Belleau

    @remiBelleau

    Baisers de R. Belleau Ma fillette, ma sœur, mon cœur, ma jalousie, Ma joye, mon soucy, mon heur, et mon malheur, De mon chaste vouloir et la perle, et la fleur, Qui porte en tes beaux yeus et ma mort et ma vie : Je languis, je me meurs, si vous n'avez envie De me donner secours par la douce faveur D'un doux baiser, confit en la céleste humeur, Qui coule en la pressant de ta bouche, m'amie. Je finiray mes jours, car j'ayme tant ces yeux, Ces roses, ces œillets, ces sou-ris gracieux, Et sur tout vostre sein, et vostre lèvre tendre : Que si pour me guarir je ne reçoy de vous Un humide baiser sous un visage doux, Vous verrez tost réduit mon pauvre cœur en cendres.

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    Stendhal

    Stendhal

    @stendhal

    Première étreinte... Enfin, souffrant plus mille fois que s'il eût marché à la mort, il entra dans le petit corridor qui menait à la chambre de madame de Rénal. Il ouvrit la porte d'une main tremblante et en faisant un bruit effroyable. Il y avait de la lumière, une veilleuse brûlait sous la cheminée ; il ne s'attendait pas à ce nouveau malheur. En le voyant entrer, madame de Rénal se jeta vivement hors de son lit. Malheureux ! s'écria-t-elle. Il y eut un peu de désordre. Julien oublia ses vains projets et revint à son rôle naturel : ne pas plaire à une femme si charmante lui parut le plus grand des malheurs. Il ne répondit à ses reproches qu'en se jetant à ses pieds, en embrassant ses genoux. Comme elle lui parlait avec une extrême dureté, il fondit en larmes. Quelques heures après, quand Julien sortit de la chambre de madame de Rénal, on eût pu dire, en style de roman, qu'il n'avait plus rien à désirer. En effet, il devait à l'amour qu'il avait inspiré et à l'impression imprévue qu'avaient produite sur lui des charmes séduisants, une victoire à laquelle ne l'eût pas conduit toute son adresse si maladroite. Mais, dans les moments les plus doux, victime d'un orgueil bizarre, il prétendit encore jouer le rôle d'un homme accoutumé à subjuguer des femmes : il fit des efforts d'attention incroyables pour gâter ce qu'il avait d'aimable. Au lieu d'être attentif aux transports qu'il faisait naître, et aux remords qui en relevaient la vivacité, l'idée du « devoir » ne cessa jamais d'être présente à ses yeux. Il craignait un remords affreux et un ridicule éternel, s'il s'écartait du modèle idéal qu'il se proposait de suivre. En un mot, ce qui faisait de Julien un être supérieur fut précisément ce qui l'empêcha de goûter le bonheur qui se plaçait sous ses pas.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Mignonne Mignonne, sais-tu qu’on me blâme De t’aimer comme je le fais ? On dit que cela, sur mon âme ! Aura de singuliers effets ; Que tu n’es pas une duchesse, Et que ton cul fait ta richesse, Qu’en ce monde, ou rien n’est certain, On peut affirmer une chose : C’est que ton con vivant et rose N’est que le con d’une putain ! Qu’est-ce que cela peut foutre ? Lorsqu’on tient ces vains propos, Je les méprise, et je passe outre, Alerte, gaillard et dispo ! Je sais que près de toi je bande Vertement, et je n’appréhende Aucun malheur, sinon de voir, Entre mes cuisses engourdies, Ma pine flasque et molle choir ! …

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Une négresse Une négresse par le démon secouée Veut goûter une enfant triste de fruits nouveaux Et criminels aussi sous leur robe trouée Cette goinfre s’apprête à de rusés travaux : À son ventre compare heureuse deux tétines Et, si haut que la main ne le saura saisir, Elle darde le choc obscur de ses bottines Ainsi que quelque langue inhabile au plaisir Contre la nudité peureuse de gazelle Qui tremble, sur le dos tel un fol éléphant Renversée elle attend et s’admire avec zèle, En riant de ses dents naïves à l’enfant ; Et, dans ses jambes où la victime se couche, Levant une peau noire ouverte sous le crin, Avance le palais de cette étrange bouche Pâle et rose comme un coquillage marin.

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    Théodore Agrippa d'Aubigné

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    @theodoreAgrippaDaubigne

    Mille baisers perdus, mille et mille faveurs Mille baisers perdus, mille et mille faveurs, Sont autant de bourreaux de ma triste pensée, Rien ne la rend malade et ne l’a offensée Que le sucre, le ris, le miel et les douceurs. Mon coeur est donc contraire à tous les autres coeurs, Mon penser est bizarre et mon âme insensée Qui fait présente encor’ une chose passée, Crevant de désespoir le fiel de mes douleurs. Rien n’est le destructeur de ma pauvre espérance Que le passé présent, ô dure souvenance Qui me fait de moi même ennemi devenir ! Vivez, amants heureux, d’une douce mémoire, Faites ma douce mort, que tôt je puisse boire En l’oubli dont j’ai soif, et non du souvenir. Théodore Agrippa d’Aubigné, L’Hécatombe à Diane

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Baiser rose, baiser bleu A table, l’autre jour, un réseau de guipure, Comme un filet d’argent sur un marbre jeté, De votre sein, voilant à demi la beauté, Montrait, sous sa blancheur, une blancheur plus pure. Vous trôniez parmi nous, radieuse figure, Et le baiser du soir, d’un faible azur teinté, Comme au contour d’un fruit la fleur du velouté, Glissait sur votre épaule en mince découpure. Mais la lampe allumée et se mêlant au jeu, Posait un baiser rose auprès du baiser bleu : Tel brille au clair de lune un feu dans de l’albâtre. À ce charmant tableau, je me disais, rêveur, Jaloux du reflet rose et du reflet bleuâtre :  » Ô trop heureux reflets, s’ils savaient leur bonheur ! « 

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Bonheur parfait Que les chiens sont heureux ! Dans leur humeur badine, Ils se sucent la pine, Ils s’enculent entr’eux ; Que les chiens sont heureux ! Théophile Gautier

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Concordances Dieu fit le con, ogive énorme, Pour les chrétiens, Et le cul, plein-cintre difforme, Pour les païens ; Pour les sétons et les cautères, Il fit les poix, Et pour les pines solitaires, Il fit les doigts.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Femme du monde Cette femme du monde, Pâle et blonde, Qu’on voit d’un pas pressé, L’œil baissé, Filer sous les grands arbres Loin des marbres, Héros, Amours, Bergers, Trop légers, S’en va vers un coin sombre Voilé d’ombre, Derrière les massifs De vieux ifs. Sans manteau qui la drape Un Priape Lascif dresse en ce lieu Son long pieu, Que couronne d’acanthe La bacchante. Par delà le nombril Son outil Lui monte jusqu’au buste, Gros, robuste, Par le chaud, par le froid, Toujours droit. Sous l’acier qui paillette Sa voilette, Le cachemire long Au talon, Cette sainte Nitouche Qu’effarouche Le moindre mot plaisant Non décent, Chaque soir rend hommage À l’image Que le gamin impur Trace au mur. Sur le dieu de Lampsaque Elle braque Son lorgnon et ses yeux Curieux, Et d’un regard de chatte Délicate Croque comme un oiseau Ce morceau. Foin de ces dieux superbes, Mais imberbes, Qui vous montrent un nu Si menu. La plus chaste matrone, Dit Pétrone, Toujours volontirs vit Un gros vit !

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Le godemichet de la gloire Un vit sur la place Vendôme, Gamahuché par l’aquilon, Décalotte son large dôme Ayant pour gland Napoléon. Veuve de son foufeur, la Gloire, La nuit dans son con souverain, Enfonce — tirage illusoire ! — Ce grand godemichet d’airain…

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