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Erotique

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Poésies de la collection erotique

    Alain Bosquet

    Alain Bosquet

    @alainBosquet

    La mort et le baiser Voulez-vous me prêter un peu de votre vie ? J'aimerais corriger la mienne qui est vieille et que j'ai mal servie. Un crâne plus léger lui donnerait l'espoir; une épaule plus leste, un sentiment d'amour. Voulez-vous me prêter, dans un parc, quelques gestes qui n'ont pas de contours, mais qui font au soleil peu à peu le langage des frissons éperdus ? J'ai trop longtemps ouvert mon cœur à ses chantages pour avoir attendu la mesure profonde ou le tourment propice. Voulez-vous me prêter la main qui est très souple et la mer qui est lisse dans la sérénité ? J'ai trop de fois souffert d'être plusieurs et proche du suicide verbal ; j'ai besoin, je crois bien, d'une fleur qui s'accroche, d'un caillou dans le val. d'une aube qui secoue l'horizon et du cygne qui nargue son miroir. Voulez-vous me prêter, majestueux et digne comme vous, ce pouvoir : confondre enfin la chose et la très simple chose, l'homme et l'être apaisé, l'herbe avec ses bouvreuils et l'herbe qu'on arrose, la mort et le baiser ?

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    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Le ventre Appuyé sur les reins et sur les contours blancs Des cuisses, au-dessous des merveilles du buste, Le ventre épanouit sa tension robuste Et joint par une courbe exacte les deux flancs. Les tissus de la peau sont à peine tremblants Du souffle qui descend de la poitrine auguste ; Et leur nubilité sur les hanches s'ajuste Et s'y fond en accords superbes et saillants. Un enveloppement de caresse ou de vague En termine la grâce et dessine un pli vague Des deux côtés, sur la solidité des chairs. Au milieu, sur le fond de blancheur précieuse, Le nombril, conque rose et corolle aux plis clairs, Entrouvre son regard de fleur silencieuse.

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    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Les seins L'éclosion superbe et jeune de ses seins Pour enchaîner mes yeux fleurit sur sa poitrine. Tels deux astres jumeaux dans la clarté marine Palpitent dévolus aux suprêmes desseins. Vous contenez l'esprit loin des rêves malsains, Nobles rondeurs, effroi de la pudeur chagrine ! Et c'est d'un trait pieux que mon doigt vous burine, Lumineuses parmi la pourpre des coussins. Blanches sérénités de l'océan des formes, Quelquefois je vous veux, sous les muscles énormes, Géantes et crevant le moule de mes mains. Plus frêles, mesurant l'étreinte de ma lèvre, Vers la succession des muets lendemains, Conduisez lentement mon extase sans fièvre.

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    André Breton

    André Breton

    @andreBreton

    Le crépuscule rose caresse les femmes et les piseaux Le sorbier entre dans la lyre ou bien la lyre dans le sorbier. Vous pouvez fuir, les belles, la poursuite ne sera pas longue! Le souffle des chevaux lacère d'un nuage les vestes des piqueurs et les disperse comme il ne peut advenir qu'à l'approche du Grand Veneur en personne. Vous n'arriverez pas jusqu'à la grille... C'était bien la peine, votre gorge est un flot de bouvreuils. Saviez-vous qu'à la cathédrale de Sens on montra des grelots de vermeil dont le rôle fut de tinter aux franges d'une étole et d'un manipule?

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    L'enfant éros Enfant Éros qui joues à l'ombre des surgeons Et bois aux sources claires, Toi qui nourris ainsi qu'un couple de pigeons L'amour et la colère, Passe sans t'arrêter au seuil de ma maison, N'entre pas cette année : Mon âme des amours qu'elle eut l'autre saison Est encore étonnée, Car tu mêles au miel des baisers appuyés Sur les lèvres jalouses La haine amère ainsi que le fruit du sorbier, La haine acide et rouge…

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    Le baiser Couples fervents et doux, ô troupe printanière ! Aimez au gré des jours. — Tout, l'ombre, la chanson, le parfum, la lumière Noue et dénoue l'amour. Épuisez, cependant que vous êtes fidèles, La chaude déraison, Vous ne garderez pas vos amours éternelles Jusqu'à l'autre saison. Le vent qui vient mêler ou disjoindre les branches A de moins brusques bonds Que le désir qui fait que les êtres se penchent L'un vers l'autre et s'en vont. Les frôlements légers des eaux et de la terre, Les blés qui vont mûrir, La douleur et la mort sont moins involontaires Que le choix du désir. Joyeux ; dans les jardins où l'été vert s'étale Vous passez en riant, Mais les doigts enlacés, ainsi que des pétales, Iront se défeuillant. Les yeux dont les regards dansent comme une abeille Et tissent des rayons, Ne se transmettront plus, d'une ferveur pareille, Le miel et l'aiguillon, Les coeurs ne prendront plus, comme deux tourterelles, L'harmonieux essor, Vos âmes, âprement, vont s'apaiser entre elles, C'est l'amour et la mort...

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    Éros Hélas ! que la journée est lumineuse et belle ! L'aérien argent partout bout et ruisselle. N'est-il pas dans l'azur quelque éclatant bonheur Qui glisse sur la bouche et coule sur le cœur De ceux qui tout à coup éperdus, joyeux, ivres, Cherchent quel âpre amour étourdit ou délivre ? — Mais soudain l'horizon s'emplit d'un vaste espoir. Tout semble s'empresser, s'enhardir, s'émouvoir : Il va venir enfin vers l'âme inassouvie L'Eros aux bras ouverts qui dit : « Je suis la vie ! » Qui dit : « Je suis le sens des instants et des mois, Touchez-moi, goûtez-moi, mes sœurs, respirez-moi ! Je suis le bord, la fin et le milieu du monde, Une eau limpide court dans ma bouche profonde, L'énigme universelle est clarté dans mes yeux, Je suis le goût brûlant du sang délicieux, Tout afflue à mon cœur, tout passe par mon crible, Je suis le ciel certain, l'espace intelligible, L'orgueil chantant et nu, l'absence de remords, Et le danseur divin qui conduit à la mort... »

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    Antonin Artaud

    Antonin Artaud

    @antoninArtaud

    La rue La rue sexuelle s’anime le long de faces mal venues, les cafés pepiant de crimes deracinent les avenues. Des mains de sexe brûlent les poches et les ventres bouent par-dessous; toutes les pensees s’entrechoquent, et les tetes moins que les trous.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Jeune goinfre Casquette, De moire, Quéquette D’ivoire, Toilette Très noire, Paul guette L’armoire, Projette Languette Sur poire, S’apprête, Baguette, Et foire. A. R.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Le coeur supplicié Mon triste cœur bave à la poupe … Mon cœur est plein de caporal! Ils y lancent des jets de soupe, Mon triste cœur bave à la poupe… Sous les quolibets de la troupe Qui lance un rire général, Mon triste cœur bave à la poupe, Mon cœur est plein de caporal! Ithyphalliques et pioupiesques Leurs insultes l’ont dépravé; À la vesprée, ils font des fresques Ithyphalliques et pioupiesques; Ô flots abracadabrantesques, Prenez mon cœur, qu’il soit sauvé! Ithyphalliques et pioupiesques, Leurs insultes l’ont dépravé. Quand ils auront tari leurs chiques, Comment agir, ô cœur volé? Ce seront des refrains bachiques Quand ils auront tari leurs chiques! J’aurai des sursauts stomachiques Si mon cœur triste est ravalé! Quand ils auront tari leurs chiques, Comment agir, ô cœur volé?

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Les remembrances du vieillard idiot Pardon, mon père! Jeune, aux foires de campagne, Je cherchais, non le tir banal où tout coup gagne, Mais l’endroit plein de cris où les ânes, le flanc Fatigué, déployaient ce long tube sanglant Que je ne comprends pas encore!… Et puis ma mère, Dont la chemise avait une senteur amère Quoique fripée au bas et jaune comme un fruit, Ma mère qui montait au lit avec un bruit – Fils du travail pourtant, – ma mère, avec sa cuisse De femme mûre, avec ses reins très gros où plisse Le linge, me donna ces chaleurs que l’on tait!… Une honte plus crue et plus calme, c’était Quand ma petite soeur, au retour de la classe, Ayant usé longtemps ses sabots sur la glace, Pissait, et regardait s’échapper de sa lèvre D’en bas, serrée et rose, un fil d’urine mièvre!… Ô pardon! Je songeais à mon père parfois: Le soir, le jeu de cartes et les mots plus grivois, Le voisin, et moi qu’on écartait, choses vues… – Car un père est troublant! – et les choses conçues!… Son genou, câlineur parfois; son pantalon Dont mon doigt désirait ouvrir la fente,… – oh! non! – Pour avoir le bout, gros, noir et dur, de mon père, Dont la pileuse main me berçait!… Je veux taire Le pot, l’assiette à manche, entrevue au grenier, Les almanachs couverts en rouge, et le panier De charpie, et la Bible, et les lieux, et la bonne, La Sainte-Vierge et le crucifix… Oh! Personne Ne fut si fréquemment troublé, comme étonné! Et maintenant, que le pardon me soit donné: Puisque les sens infects m’ont mis de leurs victimes, Je me confesse de l’aveu des jeunes crimes!… … Puis! – qu’il me soit permis de parler au Seigneur! Pourquoi la puberté tardive et le malheur Du gland tenace et trop consulté? Pourquoi l’ombre Si lente au bas du ventre? et ces terreurs sans nombre Comblant toujours la joie ainsi qu’un gravier noir? – Moi j’ai toujours été stupéfait! Quoi savoir? … Pardonné?… Reprenez la chancelière bleue, Mon père. Ô cette enfance!… … …- et tirons-nous la queue!. François Coppée. A. R.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Les stupra Les anciens animaux saillissaient, même en course, Avec des glands bardés de sang et d’excrément. Nos pères étalaient leur membre fièrement Par le pli de la gaine et le grain de la bourse. Au moyen âge pour la femelle, ange ou pource, Il fallait un gaillard de solide grément ; Même un Kléber, d’après la culotte qui ment Peut-être un peu, n’a pas dû manquer de ressource. D’ailleurs l’homme au plus fier mammifère est égal ; L’énormité de leur membre à tort nous étonne ; Mais une heure stérile a sonné : le cheval

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    L’idole Obscur et froncé comme un oeillet violet Il respire, humblement tapi parmi la mousse Humide encor d’amour qui suit la fuite douce Des Fesses blanches jusqu’au coeur de son ourlet. Des filaments pareils à des larmes de lait Ont pleuré, sous le vent cruel qui les repousse, À travers de petits caillots de marne rousse Pour s’aller perdre où la pente les appelait. Mon Rêve s’aboucha souvent à sa ventouse ; Mon âme, du coït matériel jalouse, En fit son larmier fauve et son nid de sanglots. C’est l’olive pâmée, et la flûte caline, C’est le tube où descend la céleste praline : Chanaan féminin dans les moiteurs enclos ! Albert Mérat P.V – A.R.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Première soirée Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout près, tout près. Assise sur ma grande chaise, Mi-nue, elle joignait les mains. Sur le plancher frissonnaient d’aise Ses petits pieds si fins, si fins. – Je regardai, couleur de cire Un petit rayon buissonnier Papillonner dans son sourire Et sur son sein, – mouche au rosier. – Je baisai ses fines chevilles. Elle eut un doux rire brutal Qui s’égrenait en claires trilles, Un joli rire de cristal. Les petits pieds sous la chemise Se sauvèrent : « Veux-tu finir ! » – La première audace permise, Le rire feignait de punir ! – Pauvrets palpitants sous ma lèvre, Je baisai doucement ses yeux : – Elle jeta sa tête mièvre En arrière : « Oh ! c’est encor mieux ! Monsieur, j’ai deux mots à te dire… » – Je lui jetai le reste au sein Dans un baiser, qui la fit rire D’un bon rire qui voulait bien… – Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout près, tout près.

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    A

    Auguste Angellier

    @augusteAngellier

    Les caresses des yeux Les caresses des yeux sont les plus adorables ; Elles apportent l'âme aux limites de l'être, Et livrent des secrets autrement ineffables, Dans lesquels seul le fond du coeur peut apparaître. Les baisers les plus purs sont grossiers auprès d'elles ; Leur langage est plus fort que toutes les paroles ; Rien n'exprime que lui les choses immortelles Qui passent par instants dans nos êtres frivoles. Lorsque l'âge a vieilli la bouche et le sourire Dont le pli lentement s'est comblé de tristesses, Elles gardent encor leur limpide tendresse ; Faites pour consoler, enivrer et séduire, Elles ont les douceurs, les ardeurs et les charmes ! Et quelle autre caresse a traversé des larmes ?

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    B

    Blanchemain Dominique

    @blanchemainDominique

    Marché de Dupes Lorsque le vent gonfle les épis Que nos regards traversent La surface scintillante des champs Le voile de sa beauté Se répand en d'inavouables Dentelles libres de désirs charnels Comme contrebande du corps Et dénudant les épaules Ce sont les voix détonantes Qui éclatent en artifices Dans le souffle des jours ludiques Rumeur des mondes Inondant de lumière La silhouette légère et fluide De cette complice maîtresse Mars 2017

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Portraits de maîtresses Dans un boudoir d’hommes, c’est-à-dire dans un fumoir attenant à un élégant tripot, quatre hommes fumaient et buvaient. Ils n’étaient précisément ni jeunes ni vieux, ni beaux ni laids; mais vieux ou jeunes, ils portaient cette distinction non méconnaissable des vétérans de la joie, cet indescriptible je ne sais quoi, cette tristesse froide et railleuse qui dit clairement: « Nous avons fortement vécu, et nous cherchons ce que nous pourrions aimer et estimer. » L’un d’eux jeta la causerie sur le sujet des femmes. Il eût été plus philosophique de n’en pas parler du tout; mais il y a des gens d’esprit qui, après boire, ne méprisent pas les conversations banales. On écoute alors celui qui parle, comme on écouterait de la musique de danse. « Tous les hommes, disait celui-ci, ont eu l’âge de Chérubin: c’est l’époque où, faute de dryades, on embrasse, sans dégoût, le tronc des chênes. C’est le premier degré de l’amour. Au second degré, on commence à choisir. Pouvoir délibérer, c’est déjà une décadence. C’est alors qu’on recherche décidément la beauté. Pour moi, messieurs, je me fais gloire d’être arrivé, depuis longtemps, à l’époque climatérique du troisième degré où la beauté elle-même ne suffit plus, si elle n’est assaisonnée par le parfum, la parure, et cætera. J’avouerai même que j’aspire quelquefois, comme à un bonheur inconnu, à un certain quatrième degré qui doit marquer le calme absolu. Mais, durant toute ma vie, excepté à l’âge de Chérubin, j’ai été plus sensible que tout autre à l’énervante sottise, à l’irritante médiocrité des femmes. Ce que j’aime surtout dans les animaux, c’est leur candeur. Jugez donc combien j’ai dû souffrir par ma dernière maîtresse. « C’était la bâtarde d’un prince. Belle, cela va sans dire; sans cela, pourquoi l’aurais-je prise? Mais elle gâtait cette grande qualité par une ambition malséante et difforme. C’était une femme qui voulait toujours faire l’homme. « Vous n’êtes pas un homme! Ah! si j’étais un homme! De nous deux, c’est moi qui suis l’homme! » Tels étaient les insupportables refrains qui sortaient de cette bouche d’où je n’aurais voulu voir s’envoler que des chansons. À propos d’un livre, d’un poëme, d’un opéra pour lequel je laissais échapper mon admiration: « Vous croyez peut-être que cela est très-fort? disait-elle aussitôt; est-ce que vous vous connaissez en force? » et elle argumentait. « Un beau jour elle s’est mise à la chimie; de sorte qu’entre ma bouche et la sienne je trouvai désormais un masque de verre. Avec tout cela, fort bégueule. Si parfois je la bousculais par un geste un peu trop amoureux, elle se convulsait comme une sensitive violée… — Comment cela a-t-il fini? dit l’un des trois autres. Je ne vous savais pas si patient. — Dieu, reprit-il, mit le remède dans le mal. Un jour je trouvai cette Minerve, affamée de force idéale, en tête-à-tête avec mon domestique, et dans une situation qui m’obligea à me retirer discrètement pour ne pas les faire rougir. Le soir je les congédiai tous les deux, en leur payant les arrérages de leurs gages. — Pour moi, reprit l’interrupteur, je n’ai à me plaindre que de moi-même. Le bonheur est venu habiter chez moi, et je ne l’ai pas reconnu. La destinée m’avait, en ces derniers temps, octroyé la jouissance d’une femme qui était bien la plus douce, la plus soumise et la plus dévouée des créatures, et toujours prête! et sans enthousiasme! « Je le veux bien, puisque cela vous est agréable. » C’était sa réponse ordinaire. Vous donneriez la bastonnade à ce mur ou à ce canapé, que vous en tireriez plus de soupirs que n’en tiraient du sein de ma maîtresse les élans de l’amour le plus forcené. Après un an de vie commune, elle m’avoua qu’elle n’avait jamais connu le plaisir. Je me dégoûtai de ce duel inégal, et cette fille incomparable se maria. J’eus plus tard la fantaisie de la revoir, et elle me dit, en me montrant six beaux enfants: « Eh bien! mon cher ami, l’épouse est encore aussi vierge que l’était votre maîtresse. » Rien n’était changé dans cette personne. Quelquefois je la regrette: j’aurais dû l’épouser. » Les autres se mirent à rire, et un troisième dit à son tour: « Messieurs, j’ai connu des jouissances que vous avez peut-être négligées. Je veux parier du comique dans l’amour, et d’un comique qui n’exclut pas l’admiration. J’ai plus admiré ma dernière maîtresse que vous n’avez pu, je crois, haïr ou aimer les vôtres. Et tout le monde l’admirait autant que moi. Quand nous entrions dans un restaurant, au bout de quelques minutes, chacun oubliait de manger pour la contempler. Les garçons eux-mêmes et la dame du comptoir ressentaient cette extase contagieuse jusqu’à oublier leurs devoirs. Bref, j’ai vécu quelque temps en tête-à-tête avec un phénomène vivant. Elle mangeait, mâchait, broyait, dévorait, engloutissait, mais avec l’air le plus léger et le plus insouciant du monde. Elle m’a tenu ainsi longtemps en extase. Elle avait une manière douce, rêveuse, anglaise et romanesque de dire: « J’ai faim! » Et elle répétait ces mots jour et nuit en montrant les plus jolies dents du monde, qui vous eussent attendris et égayés à la fois. — J’aurais pu faire ma fortune en la montrant dans les foires comme monstre polyphage. Je la nourrissais bien; et cependant elle m’a quitté… — Pour un fournisseur aux vivres, sans doute? — Quelque chose d’approchant, une espèce d’employé dans l’intendance qui, par quelque tour de bâton à lui connu, fournit peut-être à cette pauvre enfant la ration de plusieurs soldats. C’est du moins ce que j’ai supposé. — Moi, dit le quatrième, j’ai enduré des souffrances atroces par le contraire de ce qu’on reproche en général à l’égoïste femelle. Je vous trouve mal venus, trop fortunés mortels, à vous plaindre des imperfections de vos maîtresses! » Cela fut dit d’un ton fort sérieux, par un homme d’un aspect doux et posé, d’une physionomie presque cléricale, malheureusement illuminée par des yeux d’un gris clair, de ces yeux dont le regard dit: « Je veux! » ou: « Il faut! » ou bien: « Je ne pardonne jamais! » « Si, nerveux comme je vous connais, vous, G…, lâches et légers comme vous êtes, vous deux, K… et J…, vous aviez été accouplés à une certaine femme de ma connaissance, ou vous vous seriez enfuis, ou vous seriez morts. Moi, j’ai survécu, comme vous voyez. Figurez-vous une personne incapable de commettre une erreur de sentiment ou de calcul; figurez-vous une sérénité désolante de caractère; un dévouement sans comédie et sans emphase; une douceur sans faiblesse; une énergie sans violence. L’histoire de mon amour ressemble à un interminable voyage sur une surface pure et polie comme un miroir, vertigineusement monotone, qui aurait réfléchi tous mes sentiments et mes gestes avec l’exactitude ironique de ma propre conscience, de sorte que je ne pouvais pas me permettre un geste ou un sentiment déraisonnable sans apercevoir immédiatement le reproche muet de mon inséparable spectre. L’amour m’apparaissait comme une tutelle. Que de sottises elle m’a empêché de faire, que je regrette de n’avoir pas commises! Que de dettes payées malgré moi! Elle me privait de tous les bénéfices que j’aurais pu tirer de ma folie personnelle. Avec une froide et infranchissable règle, elle barrait tous mes caprices. Pour comble d’horreur, elle n’exigeait pas de reconnaissance, le danger passé. Combien de fois ne me suis-je pas retenu de lui sauter à la gorge, en lui criant: « Sois donc imparfaite, misérable! afin que je puisse t’aimer sans malaise et sans colère! » Pendant plusieurs années, je l’ai admirée, le cœur plein de haine. Enfin, ce n’est pas moi qui en suis mort! — Ah! firent les autres, elle est donc morte? — Oui! cela ne pouvait continuer ainsi. L’amour était devenu pour moi un cauchemar accablant. Vaincre ou mourir, comme dit la Politique, telle était l’alternative que m’imposait la destinée! Un soir, dans un bois… au bord d’une mare… après une mélancolique promenade où ses yeux, à elle, réfléchissaient la douceur du ciel, et où mon cœur, à moi, était crispé comme l’enfer… — Quoi! — Comment! — Que voulez-vous dire? — C’était inévitable. J’ai trop le sentiment de l’équité pour battre, outrager ou congédier un serviteur irréprochable. Mais il fallait accorder ce sentiment avec l’horreur que cet être m’inspirait; me débarrasser de cet être sans lui manquer de respect. Que vouliez-vous que je fisse d’elle, puisqu’elle était parfaite? » Les trois autres compagnons regardèrent celui-ci avec un regard vague et légèrement hébété, comme feignant de ne pas comprendre et comme avouant implicitement qu’ils ne se sentaient pas, quant à eux, capables d’une action aussi rigoureuse, quoique suffisamment expliquée d’ailleurs. Ensuite on fit apporter de nouvelles bouteilles, pour tuer le Temps qui a la vie si dure, et accélérer la vie qui coule si lentement.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Caresse Tu m'as pris jeune, simple et beau, Joyeux de l'aurore nouvelle ; Mais tu m'as montré le tombeau Et tu m'as mangé la cervelle. Tu fleurais les meilleurs jasmins, Les roses jalousaient ta joue ; Avec tes deux petites mains Tu m'as tout inondé de boue. Le soleil éclairait mon front, La lune révélait ta forme ; Et loin des gloires qui seront Je tombe dans l'abîme énorme. Enlace-moi bien de tes bras ! Que nul ne fasse ta statue Plus près, charmante ! Tu mourras Car je te tue — et je me tue.

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    C

    Charles Marie René Leconte de Lisle

    @charlesMarieReneLeconteDeLisle

    Le baiser suprême Sur un groupe du Statuaire E. Christophe. Heureux qui, possédant la Chimère éternelle, Livre au Monstre divin un cœur ensanglanté, Et savoure, pour mieux s'anéantir en elle, L'extase de la mort et de la volupté Dans l'éclair d'un baiser qui vaut l'éternité !

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    Clément Marot

    Clément Marot

    @clementMarot

    Du baiser de s'amie En la baisant m'a dit : « Ami sans blâme, Ce seul baiser, qui deux bouches embasme, Les arrhes sont du bien tant espéré. » Ce mot elle a doucement proféré, Pensant du tout apaiser ma grand flamme. Mais le mien cœur adonc plus elle enflamme, Car son haleine odorant plus que basme Soufflait le feu qu'Amour m'a préparé, En la baisant. Bref, mon esprit sans connaissance d'âme Vivait alors sur la bouche à ma Dame, Dont se mourait le corps énamouré : Et si sa lèvre eût guères demouré Contre la mienne, elle m'eût sucé l'âme En la baisant.

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    Federico Garcia Lorca

    Federico Garcia Lorca

    @federicoGarciaLorca

    La femme adultère A Lydia Cabrera y a su negrit Je la pris près de la rivière Car je la croyais sans mari Tandis qu’elle était adultère Ce fut la Saint-Jacques la nuit Par rendez-vous et compromis Quand s’éteignirent les lumières Et s’allumèrent les cri-cri Au coin des dernières enceintes Je touchai ses seins endormis Sa poitrine pour moi s’ouvrit Comme des branches de jacinthes Et dans mes oreilles l’empois De ses jupes amidonnées Crissait comme soie arrachée Par douze couteaux à la fois Les cimes d’arbres sans lumière Grandissaient au bord du chemin Et tout un horizon de chiens Aboyait loin de la rivière Quand nous avons franchi les ronces Les épines et les ajoncs Sous elle son chignon s’enfonce Et fait un trou dans le limon Quand ma cravate fût ôtée Elle retira son jupon Puis quand j’ôtai mon ceinturon Quatre corsages d’affilée Ni le nard ni les escargots N’eurent jamais la peau si fine Ni sous la lune les cristaux N’ont de lueur plus cristalline Ses cuisses s’enfuyaient sous moi Comme des truites effrayées L’une moitié toute embrasée L’autre moitié pleine de froid Cette nuit me vit galoper De ma plus belle chevauchée Sur une pouliche nacrée Sans bride et sans étriers Je suis homme et ne peux redire Les choses qu’elle me disait Le clair entendement m’inspire De me montrer fort circonspect Sale de baisers et de sable Du bord de l’eau je la sortis Les iris balançaient leur sabre Contre les brises de la nuit Pour agir en pleine droiture Comme fait un loyal gitan Je lui fis don en la quittant D’un beau grand panier à couture Mais sans vouloir en être épris Parce qu’elle était adultère Et se prétendait sans mari Quand nous allions vers la rivière

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    George Orwell

    George Orwell

    @georgeOrwell

    Poème ironique sur la prostitution Quand j’étais jeune et pas raisonnable Dans le lointain Mandalay J’ai donné mon coeur à une jeune fille birmane Belle comme le jour. Sa peau était d’or, ses cheveux étaient noirs, Ses dents étaient d’ivoire; J’ai dit: « pour vingt pièces d’argent, Jeune fille, couche avec moi. » Elle m’a regardé, si pure, si triste, La chose la plus adorable au monde, Et de sa voix zézéyante et virginale, M’en demanda vingt-cinq.

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    George Sand

    George Sand

    @georgeSand

    Lettre Lettre envoyée par George Sand à Alfred de Musset Je suis très émue de vous dire que j’ai bien compris l’autre soir que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit là une preuve que je puisse être aimée par vous. Je suis prête à vous montrer mon affection toute désintéressée et sans cal- cul, et si vous voulez me voir aussi vous dévoiler sans artifice mon âme toute nue, venez me faire une visite. Nous causerons en amis, franchement. Je vous prouverai que je suis la femme sincère, capable de vous offrir l’affection la plus profonde comme la plus étroite amitié, en un mot la meilleure preuve que vous puissiez rêver, puisque votre âme est libre. Pensez que la solitude où j’ha- bite est bien longue, bien dure et souvent difficile. Ainsi en y songeant j’ai l’âme grosse. Accourez donc vite et venez me la faire oublier par l’amour où je veux me mettre. NB : Relisez-la en sautant les lignes paires George Sand (1835) ————————– Alfred de Musset à Georges Sand : Quand je vous jure, hélas! un éternel hommage Voulez-vous qu’un instant je change de langage ? Vous seule possédez mon esprit et mon cœur. Que ne puis-je pas avec vous goûter le vrai bonheur ! Je vous aime, ma belle, et ma plume en délire Couche sur le papier ce que je n’ose dire Avec soin, de mes vers, lisez les premiers mots, Vous saurez quel remède apporter à mes maux. La réponse de Georges Sand :

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    G

    Georges Bleuhay

    @georgesBleuhay

    Nectar de déesse Pèlerin sortant d’un désert aride Je découvre l’oasis splendide De ton corps inconnu et révélé La tendre source de ta féminité Avide assoiffée ma bouche découvre Une vallée profonde qui s’ouvre Où coule la jouvence du bonheur Celle qui apaise les brûlures du coeur Et la soif de ton élixir divin Plus enivrant que le meilleur des vins Me rend esclave de ma félicité J’aime boire au calice de ta déité

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Le baiser (I) N'êtes-vous pas toute petite Dans votre vaste appartement, Où comme un oiseau qui palpite Voltige votre pied normand ? N'est-elle pas toute mignonne, Blanche dans l'ombre où tu souris, Votre taille qui s'abandonne, Parisienne de Paris ? N'est-il pas à Vous, pleine d'âme, Franc comme on doit l'être, à l'excès, Votre cœur d'adorable femme, Nu, comme votre corps français ? Ne sont-ils pas, à Vous si fière, Les neiges sous la nuit qui dort Dans leur silence et leur lumière, Vos magnifiques seins du Nord ? N'est-il pas doux, à Vous sans haine, Frémissante aux bruits de l'airain, Votre ventre d'Européenne, Oui votre ventre européen ; N'est-elle pas semblable au Monde, Pareille au globe entouré d'air, Ta croupe terrestre aussi ronde Que la montagne et que la mer ? N'est-il pas infini le râle De bonheur pur comme le sel, Dans ta matrice interastrale Sous ton baiser universel ? Et par la foi qui me fait vivre Dans ton parfum et dans ton jour, N'entre-t-elle pas, mon âme ivre, En plein, au plein de ton amour ?

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    Germain Nouveau

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    Le baiser (II) Comme une ville qui s'allume Et que le vent achève d'embraser, Tout mon cœur brûle et se consume, J'ai soif, oh ! j'ai soif d'un baiser. Baiser de la bouche et des lèvres Où notre amour vient se poser, Plein de délices et de fièvres, Ah ! j'ai soif, j'ai soif d'un baiser ! Baiser multiplié que l'homme Ne pourra jamais épuiser, Ô toi, que tout mon être nomme, J'ai soif, oui, j'ai soif d'un baiser. Fruit doux où la lèvre s'amuse, Beau fruit qui rit de s'écraser, Qu'il se donne ou qu'il se refuse, Je veux vivre pour ce baiser. Baiser d'amour qui règne et sonne Au cœur battant à se briser, Qu'il se refuse ou qu'il se donne, Je veux mourir de ce baiser.

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    Germain Nouveau

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    Le baiser (III) « Tout fait l'amour. » Et moi, j'ajoute, Lorsque tu dis : « Tout fait l'amour » : Même le pas avec la route, La baguette avec le tambour. Même le doigt avec la bague, Même la rime et la raison, Même le vent avec la vague, Le regard avec l'horizon. Même le rire avec la bouche, Même l'osier et le couteau, Même le corps avec la couche, Et l'enclume sous le marteau. Même le fil avec la toile Même la terre avec le ver, Le bâtiment avec l'étoile, Et le soleil avec la mer. Comme la fleur et comme l'arbre, Même la cédille et le ç, Même l'épitaphe et le marbre, La mémoire avec le passé. La molécule avec l'atome, La chaleur et le mouvement, L'un des deux avec l'autre tome, Fût-il détruit complètement. Un anneau même avec sa chaîne, Quand il en serait détaché, Tout enfin, excepté la Haine, Et le cœur qu'Elle a débauché. Oui, tout fait l'amour sous les ailes De l'Amour, comme en son Palais, Même les tours des citadelles Avec la grêle des boulets. Même les cordes de la harpe Avec la phalange du doigt, Même le bras avec l'écharpe, Et la colonne avec le toit. Le coup d'ongle ou le coup de griffe, Tout, enfin tout dans l'univers, Excepté la joue et la gifle, Car... dans ce cas l'est à l'envers. Et (dirait le latin honnête Parlant des choses de Vénus) Comme la queue avec la tête, Comme le membre avec l'anus.

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    Germain Nouveau

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    Le baiser (IV) Le Baiser de ton rêve Est celui de l'Amour ! Le jour, le jour se lève, Clairons, voici le jour ! Le Baiser de mon rêve Est celui de l'Amour ! Enfin, le jour se lève ! Clairons, voici le jour ! La caresse royale Est celle de l'Amour. Battez la générale, Battez, battez, tambour ! Car l'Amour est horrible Au gouffre de son jour ! Pour le tir à la cible Battez, battez, tambour. Sa caresse est féline Comme le point du jour : Pour gravir la colline Battez, battez, tambour ! Sa caresse est câline Comme le flot du jour : Pour gravir la colline, Battez, battez, tambour. Sa caresse est énorme Comme l'éclat du jour : Pour les rangs que l'on forme, Battez, battez, tambour ! Sa caresse vous touche Comme l'onde et le feu ; Pour tirer la cartouche, Battez, battez un peu. Son Baiser vous enlace Comme l'onde et le feu : Pour charger la culasse, Battez, battez un peu. Sa Caresse se joue Comme l'onde et le feu : Tambour, pour mettre en joue, Battez, battez un peu. Sa caresse est terrible Comme l'onde et le feu : Pour le cœur trop sensible Battez, battez un peu. Sa caresse est horrible, Comme l'onde et le feu : Pour ajuster la cible, Restez, battez un peu. Cette Caresse efface Tout, sacré nom de Dieu ! Pour viser bien en face, Battez, battez un peu. Son approche vous glace Comme ses feux passés : Pour viser bien en face Cessez. Car l'Amour est plus belle Que son plus bel amour : Battez pour la gamelle, Battez, battez tambour, Toute horriblement belle Au milieu de sa cour : Sonnez la boute-selle, Trompettes de l'Amour ! L'arme la plus habile Est celle de l'Amour : Pour ma belle, à la ville, Battez, battez tambour ! Car elle est moins cruelle Que la clarté du jour : Sonnez la boute-selle, Trompettes de l'Amour ! L'amour est plus docile Que son plus tendre amour : Pour ma belle, à la ville, Battez, battez tambour. Elle est plus difficile À plier que le jour : Pour la mauvaise ville, Battez, battez tambour. Nul n'est plus difficile À payer de retour : Pour la guerre civile, Battez, battez tambour. Le Baiser le plus large Est celui de l'Amour : Pour l'amour et la charge, Battez, battez tambour. Le Baiser le plus tendre Est celui de l'Amour, Battez pour vous défendre, Battez, battez tambour. Le Baiser le plus chaste Est celui de l'Amour : Amis, la terre est vaste, En avant, le tambour. Le Baiser le plus grave Est celui de l'Amour : Battez, pour l'homme brave, Battez, battez tambour. Le Baiser qui se fâche Est celui de l'Amour : Battez pour l'homme lâche, Battez, battez tambour. Le Baiser le plus mâle Est celui de l'Amour : Pour le visage pâle Battez, battez tambour. La Caresse en colère Est celle de l'Amour : Car l'Amour, c'est la guerre, Battez, battez tambour. Le Baiser qu'on redoute Est celui de l'Amour : Pour écarter le doute, Battez, battez tambour. L'art de jouir ensemble Est celui de l'Amour : Or, mourir lui ressemble : Battez, battez tambour. L'art de mourir ensemble Est celui de l'Amour : Battez fort pour qui tremble, Battez, battez tambour. Le Baiser le plus calme Est celui de l'Amour : Car la paix, c'est sa palme, Battez, battez tambour. La souffrance, la pire, Est d'être sans l'Amour : Battez, pour qu'elle expire, Battez, battez tambour. Le Baiser qui délivre Est celui de l'Amour : Battez pour qui veut vivre, Battez, battez tambour. La Caresse éternelle Est celle de l'Amour : Battez, la mort est belle, Battez, battez tambour. La guerre est la plus large Des portes de l'Amour : Pour l'assaut et la charge, Battez, battez tambour. La porte la plus sainte Est celle de la mort : Pour étouffer la plainte Battez, battez plus fort. L'atteinte la moins grave Est celle de la mort : L'amour est au plus brave, La Victoire... au plus fort !

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Les baisers Sonnez, sonnez haut sur la joue, Baisers de la franche amitié, Comme un fils de neuf ans qui joue, Petit tapageur sans pitié. Baiser du respect qui s'imprime À la porte du cœur humain, Comme avec l'aile d'une rime, Effleurez à peine la main ; Baiser d'affection armée, De la mère au cœur noble et fier Sur le front de la tête aimée, Vibrez mieux que le bruit du fer. Baiser d'affection aînée, Ou de mère, le jour des prix, Sur chaque tête couronnée Laissez-vous tomber, sans mépris. Baisers d'affections voisines, Voltigez du rire joyeux Des sœurs ou des jeunes cousines Sur le nez, la bouche ou les yeux ; Baiser plus doux que des paroles, Baiser des communes douleurs, Ferme en soupirant les corolles Des yeux d'où s'échappent les pleurs : Baiser de la passion folle Baise la trace de ses pas, Réellement, sans hyperbole, Pour montrer que tu ne mens pas. Baise un bas ourlet de sa robe, L'éventail quitté par ses doigts, Et si tout objet se dérobe, Feins dans l'air de baiser sa voix ; Et si l'on garde le silence, Tu dois t'en aller, c'est plus sûr ; Mais avant ton aile s'élance Et tu t'appliques sur son mur. Reviens plus joyeux que la veille, Mouille son ongle musical, Les bords riants de son oreille. Que le monde te soit égal ! Baiser du désir qui veut mordre, Pose-toi derrière le cou, Dans la nuque où l'on voit se tordre Une mèche qui te rend fou. Sur sa bouche et sur sa promesse, Profond et pur comme le jour, Plus long qu'un prêtre à la grand messe, Oubliez-vous, Baiser d'amour.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Con large comme un estuaire Con large comme un estuaire Où meurt mon amoureux reflux Tu as la saveur poissonnière l’odeur de la bite et du cul La fraîche odeur trouduculière Femme ô vagin inépuisable Dont le souvenir fait bander Tes nichons distribuent la manne Tes cuisses quelle volupté même tes menstrues sanglantes Sont une liqueur violente La rose-thé de ton prépuce Auprès de moi s’épanouit On dirait d’un vieux boyard russe Le chibre sanguin et bouffi Lorsqu’au plus fort de la partouse Ma bouche à ton nœud fait ventouse.

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