Titre : Du baiser de s'amie
Auteur : Clément Marot
En la baisant m'a dit : «
Ami sans blâme,
Ce seul baiser, qui deux bouches embasme,
Les arrhes sont du bien tant espéré. »
Ce mot elle a doucement proféré,
Pensant du tout apaiser ma grand flamme.
Mais le mien cœur adonc plus elle enflamme,
Car son haleine odorant plus que basme
Soufflait le feu qu'Amour m'a préparé,
En la baisant.
Bref, mon esprit sans connaissance d'âme
Vivait alors sur la bouche à ma
Dame,
Dont se mourait le corps énamouré :
Et si sa lèvre eût guères demouré
Contre la mienne, elle m'eût sucé l'âme
En la baisant.