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Rêves

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Rêves

Poésies de la collection rêves

    A

    Abdelkader Guerine

    @abdelkaderGuerine

    Le bercail Me voilà revenu au bercail de l’essence D’une parole qui renaît de l’écho du silence, Mes poèmes qui conjuguent mon bonheur si amer Qu’il me noie toute ma vie dans une mer de misère, Et mes proses, et mes proses qui relatent ma tristesse si sucrée Qu’elle me peint toute ma vie dans une toile de secrets. Me voilà reparti sur une aile inconnue D’une légende qui surgit d’une jeunesse revenue, Mes chansons qui célèbrent mon printemps si lointain Qu’il me gèle toute ma vie dans un soir sans matin, Et mes rimes, et mes rimes qui débordent de mes pleurs si radieux Qu’ils me chantent toute ma vie de beaux airs mélodieux. Me voilà survenu de l’éclair qui déchire La mémoire de mon ciel pour écrire l’avenir, Mon flambeau qui me brûle mon jardin si aimé Qu’il odore toute ma vie de fumée parfumée, Et mes fleurs, et mes fleurs qui exhibent leurs pétales si fanés Qu’ils décorent toute ma vie d’une nature damnée. Me voilà déporté sur une vague qui balance Dans le vent telle une feuille de l’histoire d’une errance, Mes recueils qui dessinent mon chemin si terré Qu’il résume toute ma vie dans une tombe aérée, Et ma plume, et ma plume qui détient une magie si occulte Qu’elle possède toute ma vie dans un conte pour adulte. Me voilà envolé dans des airs sans étoiles, Sans soleil séparé de la lune par un voile, Mes peintures qui observent mon trésor si précieux Qu'il me coûte toute ma vie égarée dans les cieux, Et mes fresques, et mes fresques qui me tracent mon destin si joli Qu'il reflète toute ma vie dans une glace démolie.

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    Abdellatif Laâbi

    Abdellatif Laâbi

    @abdellatifLaabi

    Des rêves a la pelle Des rêves à la pelle comme si mes jours débordaient et que ma plume était verte Je dors avec mes ombres et me réveille sans ô nuit résiste Le dieu de l'aube dévore tes enfants

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    Alain Bosquet

    Alain Bosquet

    @alainBosquet

    Fabricant de rêves Toute une vie qui soudain se résume à quelque manuscrit ! L'espoir et la rancœur, la gloire et l'amertume que l'on a désappris, pour un chaos où plus rien ne s'agite dans le soupçon fumeux : le peuple y est indifférent comme l'élite, et si quelqu'un s'émeut, ce ne serait qu'un oiseau de passage qui grimpe sur les blés : toute une vie absente, et pas même un orage vers qui l'on puisse aller pour un peu de fraîcheur ou de musique. Une vie de travers qui veut se refuser à celui qui l'explique dans sa gerbe de vers, à la façon des anciennes romances où l'on se croyait beau, en un siècle perdu que le poète pense ressusciter. Nabot, voyou, rêveur et fabricant de rêves ! Toute une vie s'éteint, tandis que dans l'azur un platane s'élève et s'arrache au destin.

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    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Distrait et grave comme un fou Distrait et grave comme un fou, Ayant mes rêves pour cortèges, Je vais un peu je ne sais où Par les pays où sont les neiges. Je vais, et je ne saurais pas Te dire, parfois, où nous sommes. Mais qu'importe à qui laisse en bas L'amas des villes et des hommes ! Que dois-je trouver en chemin Sur cette route bienfaisante ? Les chers yeux que j'aime, ou ta main Plus fidèle et toujours présente ? — Lorsque j'aurai, tout à travers L'importunité de mes songes, Fait du chemin et fait des vers Gais ou tristes, mais sans mensonges. Sachant que ton goût jeune a foi Dans notre art, l'antique folie, Et que tu notes comme moi, Ton cœur avec mélancolie ; Je n'irai pas chercher bien loin Le lecteur ami qui comprenne Ces poèmes, dont j'ai pris soin D'accorder l'âme sur la tienne. Je veux inscrire ici ton nom Et, t'offrant la primeur hâtive De mes vers, précieux ou non, Te dire de façon naïve : Rêveur pour qui l'herbe n'a pas De fleurettes indifférentes, A toi ce que j'ai, pas à pas, Cueilli de strophes odorantes !

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    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    J'ai fait ce rêve bien souvent J'ai fait ce rêve bien souvent, Qui mettait mon cœur en détresse : L'amour, soufflant comme le vent, Avait emporté ma maîtresse. Mais au matin quel beau réveil ! A mes yeux et dans mes oreilles, C'étaient ses yeux comme un soleil Et des paroles sans pareilles ; Maintenant presque chaque nuit Je fais encor ce mauvais rêve : C'est le regret qui le conduit Et l'amertume qui l'achève.

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    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Rêve Quand on rêve, l'on est aimé si tendrement ! L'autre nuit, tu t'en vins avec mélancolie Appuyer sur mon cœur ton visage charmant. Tu ne me disais pas : Je t'aime à la folie. Tu ne me disais rien ; et, je ne sais comment, Tes regards me parlaient une langue accomplie. Douce, tu m'attirais comme fait un aimant ; L'amour, cette beauté, t'avait tout embellie. J'ai rêvé cette nuit mon rêve le plus beau : Ton âme m'éclairait le cœur comme un flambeau, Et je voyais ton cœur au soleil de mon âme ; Ton petit cœur, qui craint tant de se laisser voir, Et qui, sincère alors ainsi qu'un pur miroir, Reflétait mon bonheur et rayonnait ma flamme.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A quoi rêvent les jeunes filles Acte I. Scène . — Ninon, Ninette. NINON Cette voix retentit encore à mon oreille. NINETTE Ce baiser singulier me fait encor frémir. NINON Nous verrons cette nuit; il faudra que je veille. NINETTE Cette nuit, cette nuit, je ne veux pas dormir. NINON Toi dont la voix est douce, et douce la parole, Chanteur mystérieux, reviendras-tu me voir? Ou, comme en soupirant l'hirondelle s'envole, Mon bonheur fuira-t-il, n'ayant duré qu'un soir? NINETTE Audacieux fantôme à la forme voilée, ' Les ombrages ce soir seront-ils sans danger? Te reverrai-je encor dans cette sombre allée, Ou disparaîtras-tu comme un chamois léger? NINON L'eau, la terre et les vents, tout s'emplit d'harmonies. Un jeune rossignol chante au fond de mon cœur. J'entends sous les roseaux murmurer des génies... Ai-je de nouveaux sens inconnus à ma sœur? NINETTE Pourquoi ne puis-je voir sans plaisir et sans peine Les baisers du zéphyr trembler sur la fontaine, Et l'ombre des tilleuls passer sur mes bras nus? Ma sœur est une enfant, — et je ne le suis plus.

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    André Breton

    André Breton

    @andreBreton

    Du rêve Mais la lumière revient Le plaisir de fumer L'araignée-fée de la cendre à points bleus et rouges N'est jamais contente de ses maisons de Mozart La blessure guérit tout s'ingénie à se faire reconnaître je parle et sous ton visage tourne le cône d'ombre qui du fond des mers a appelé les perles Les paupières les lèvres hument le jour L'arène se vide Un des oiseaux en s'envolant N'a eu garde d'oublier la paille et le fil A peine si un essaim a trouvé bon de patiner La flèche part Une étoile rien qu'une étoile perdue dans la fourrure de la nuit New York, octobre 1943.

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Marine À L. G. de Bellée. Au fond d'un lointain souvenir, Je revois, comme dans un rêve, Entre deux rocs, sur une grève, Une langue de mer bleuir. Ce pauvre coin de paysage Vu de très loin apparaît mieux, Et je n'ai qu'à fermer les yeux Pour éclairer la chère image. Dans mon cœur les rochers sont peints Tout verdis de criste marine, Et je m'imprègne de résine Sous le vent musical des pins. L'œillet sauvage, fleur du sable, Exhale son parfum poivré, Et je me sens comme enivré D'une ivresse indéfinissable. De longs groupes de saules verts, À l'éveil des brises salées, Mêlent aux dunes éboulées Leurs feuillages, blancs à l'envers. Je revois comme dans un rêve, Au fond d'un lointain souvenir, Une langue de mer bleuir Entre deux rocs, sur une grève.

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Rêve d'oiseau À Mademoiselle Bertbe Wells. Sous les fleurs d'églantier nouvellement écloses, Près d'un nid embaumé dans le parfum des roses, Quand la forêt dormait immobile et sans bruit, Le rossignol avait chanté toute la nuit. Quand les bois s'éclairaient au réveil de l'aurore, Le fortuné chanteur vocalisait encore. Sous les grands hêtres verts qui lui filtraient le jour, La reine de son cœur veillait au nid d'amour. Dans le berceau de mousse il revint d'un coup d'aile, Impatient alors de se rapprocher d'elle. Puis le maître divin dormit profondément... Mais parfois il chantait dans son rêve en dormant. « Les yeux fermés, il pense encore à moi, » dit-elle, Heureuse d'être aimée, heureuse d'être belle.

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    Antoine-Vincent Arnault

    Antoine-Vincent Arnault

    @antoineVincentArnault

    À quelqu'un qui me réveillait Pourquoi me rendre à ma douleur ? Pourquoi rétablis-tu, barbare, Entre mon sort et le bonheur L'immensité qui les sépare ? En précipitant mon réveil, Sais-tu bien ce que tu m'enlèves ? Je retrouverai mon sommeil, Mais retrouverai-je mes rêves ? Je revoyais mon doux pays, Ces beaux lieux que la Seine arrose ! J'embrassais mes heureux amis, Et j'étais à côté de Rose ! Objets de mes vœux assidus, Vous qui m'aimez, toi que j'adore, Vous que j'avais déjà perdus, Fallait-il donc vous perdre encore ! Écrit en 1797.

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    Antoine-Vincent Arnault

    Antoine-Vincent Arnault

    @antoineVincentArnault

    Les questions Me demander si du plus froid des cœurs J'ai cru fléchir la longue indifférence ; Au seul plaisir si donnant quelques pleurs J'ai cru jouir du prix de ma constance ; Si, me berçant d'un penser si flatteur. Avec la peine un moment j'ai fait trêve ; Me demander si je crois au bonheur, C'est me demander si je rêve. Me demander si j'ai désespéré De voir finir les chagrins que j'endure ; Me demander si mon cœur déchiré À chaque instant sent croître sa blessure ; Si chaque jour, pour moi plus douloureux, Ajoute encore aux ennuis de la veille ; Me demander si je suis malheureux, C'est me demander si je veille. Me demander si, fier de mon tourment, Je viens baiser la main qui me déchire ; Si je désire autre soulagement Que de mourir d'un aussi doux martyre ; Si, moins l'espoir en amour m'est donné, Plus constamment en amour je persiste ; Me demander si j'aime encor Daphné, C'est me demander si j'existe. Écrit en 1790.

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    A

    Auguste Angellier

    @augusteAngellier

    Rêves J'ai rêvé parfois que vos yeux Me regardaient avec tristesse, Que vos grands yeux bleus sérieux Me regardaient avec tendresse ; J'ai rêvé que vous écoutiez Ces mots sur qui la voix hésite, Et qui s'arrêtent effrayés De l'aveu qui sous eux palpite ; Que, dans mes mains, vos fines mains Tombaient comme deux fleurs fauchées, Et que nos pas, dans les chemins, Laissaient leurs traces rapprochées. Mais je n'ai pas osé rêver, Dans les ivresses ni les fièvres, Que ce bonheur pût m'arriver Que ma bouche effleurât vos lèvres. J'ai rêvé parfois que vos yeux Me regardaient avec tendresse, Que vos grands yeux bleus sérieux Me regardaient avec tristesse.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le rêve d'un curieux Connais-tu, comme moi, la douleur savoureuse, Et de toi fais-tu dire : " Oh ! l'homme singulier ! " - J'allais mourir. C'était dans mon âme amoureuse, Désir mêlé d'horreur, un mal particulier ; Angoisse et vif espoir, sans humeur factieuse. Plus allait se vidant le fatal sablier, Plus ma torture était âpre et délicieuse ; Tout mon coeur s'arrachait au monde familier. J'étais comme l'enfant avide du spectacle, Haïssant le rideau comme on hait un obstacle... Enfin la vérité froide se révéla : J'étais mort sans surprise, et la terrible aurore M'enveloppait. - Eh quoi ! n'est-ce donc que cela ? La toile était levée et j'attendais encore.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Au café Le rêve est de ne pas dîner, Mais boire, causer, badiner Quand la nuit tombe ; Épuisant les apéritifs, On rit des cyprès et des ifs Ombrant la tombe. Et chacun a toujours raison De tout, tandis qu'à la maison La soupe fume, On oublie, en mots triomphants, Le rire nouveau des enfants Qui nous parfume. On traverse, vague semis, Les amis et les ennemis Que l'on évite. Il vaudrait mieux jouer aux dés, Car les mots sont des procédés Dont on meurt vite. Ces gens du café, qui sont-ils ? J'ai dans les quarts d'heure subtils Trouvé des choses Que jamais ils ne comprendront. Et, dédaigneux, j'orne mon front Avec des roses.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Phantasma J'ai rêvé l'archipel parfumé, montagneux, Perdu dans une mer inconnue et profonde Où le naufrage nous a jetés tous les deux Oubliés loin des lois qui régissent le monde. Sur le sable étendue en l'or de tes cheveux, Des cheveux qui te font comme une tombe blonde, Je te ranime au son nouveau de mes aveux Que ne répéteront ni la plage ni l'onde. C'est un rêve. Ton âme est un oiseau qui fuit Vers les horizons clairs de rubis, d'émeraudes, Et mon âme abattue est un oiseau de nuit. Pour te soumettre, proie exquise, à mon ennui Et pour te dompter, blanche, en mes étreintes chaudes, Tous les pays sont trop habités aujourd'hui.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Possession Puisque ma bouche a rencontré Sa bouche, il faut me taire. Trêve Aux mots creux. Je ne montrerai Rien qui puisse trahir mon rêve. * Il faut que je ne dise rien De l'odeur de sa chevelure, De son sourire aérien, Des bravoures de son allure, Rien des yeux aux regards troublants, Persuasifs, cabalistiques, Rien des épaules, des bras blancs Aux effluves aromatiques. * Je ne sais plus faire d'ailleurs Une si savante analyse, Possédé de rêves meilleurs Où ma raison se paralyse. Et je me sens comme emporté, Épave en proie au jeu des vagues, Par le vertige où m'ont jeté Ses lèvres tièdes, ses yeux vagues. * On se demandera d'où vient L'influx tout-puissant qui m'oppresse, Mais personne n'en saura rien Que moi seul... et l'Enchanteresse.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Rêve Oh ! la fleur de lys ! La noble fleur blanche, La fleur qui se penche Sur nos fronts pâlis ! Son parfum suave Plus doux que le miel Raconte le ciel, Console l'esclave. Son luxe éclatant Dans la saison douce Pousse, pousse, pousse. Qui nous orne autant ? La rose est coquette ; Le glaïeul sanglant Mais le lys est blanc Pour la grande fête. Oh ! le temps des rois, Des grands capitaines, Des phrases hautaines Aux étrangers froids ! Le printemps s'apprête ; Les lys vont fleurir. Oh ! ne pas mourir Avant cette fête.

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    C

    Charles Guérin

    @charlesGuerin

    Entre mon rêve et toi J'écris ; entre mon rêve et toi la lampe chante. Nous écoutons, muets encore de volupté, Voleter un phalène aveugle dans la chambre. Ton visage pensif est rose de clarté. Tu caresses les doigts que je te laisse et songes : « Si vraiment il m'aimait ce soir, écrirait-il ? » Tu soupires, tes mains tressaillent, et tes cils Palpitent sous tes yeux en fines grilles d'ombre. Je devine un chagrin secret, et je t'attire ; Tu fais sous mon baiser un effort pour sourire, Et voici que, longtemps, le cœur lourd de sanglots, Silencieuse et sans vouloir être calmée, Tu pleures, inquiète et jalouse des mots Qui te parlent de notre amour, ma bien-aimée.

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    C

    Charles Van Lerberghe

    @charlesVanLerberghe

    L'aube blanche dit a mon rêve L'aube blanche dit à mon rêve : Éveille-toi, le soleil luit. Mon âme écoute, et je soulève Un peu mes paupières vers lui. Un rayon de lumière touche La pâle fleur de mes yeux bleus ; Une flamme éveille ma bouche, Un souffle éveille mes cheveux. Et mon âme, comme une rose Tremblante, lente, tout le jour, S'éveille à la beauté des choses, Comme mon coeur à leur amour. Il n'est rien qui ne m'émerveille ! Et je dis en mon rire d'or : Je suis une enfant qui s'éveille Jusqu'au moment où Dieu l'endort.

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    Claude-Joseph Dorat

    Claude-Joseph Dorat

    @claudeJosephDorat

    La rêverie Air d'Albanèse : Déjà l'aurore colore O rêverie chérie Au gré de mes désirs, Peins-moi, ma Zélie : Zéphyrs Portez-lui mes soupirs, Et qu'elle en soit attendrie ! Quel tourment que l'absence ! Dès que le jour commence. Ma peine et mon ennui Semblent renaître avec lui. La tourterelle M'appelle. Près de ces antres sourds Je gémis comme elle. Toujours Nous contons aux amours Quelque infortune nouvelle. Combien sa voix est tendre ! Je me plais à l'entendre : Ses chants et sa douleur Ont leur écho dans mon cœur. La foudre gronde. Cette onde S'enfuit avec fracas : Quelle nuit profonde ! Hélas! Il semble sous mes pas Que l'univers se confonde : Peut-être par Zélie Mon ardeur est trahie, Le ciel en ces moments Lui rappelle nos serments. La nue obscure S'épure... Mais quels nouveaux accents ! Sous cette verdure J'entends La voix de deux amants. Des soupirs j'entends le murmure. Quand je meurs de tristesse, Leur paisible tendresse Jouit sans nul effroi... Et la tempête est pour moi.

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    F

    François Creteau

    @francoisCreteau

    La fureur d'un sang Une fontaine coule je l'entends Du fond de mon être ruissèle Les chutes de la fureur d'un sang Qui voudrait de sa carpelle Désaltérer un monde dément Mais le soir ne veut comprendre Au fond de mes rêves impuissants La rage de ses peuples outragés Ils me bousculent comme des mendiants Que l'on ne veut a tout jamais enyendre Alors puis-je laisser couler vin franc Pour oublier ce sang déraisonnable Qui voudrait revivifier les contrées Dans la pure sagesse de l'agréable Quand bonheur s'installe en tout temps Mon cœur pleure tout son sang De sa peur à ne plus savoir dépasser Le comment pouvoir encor aimer Quand le monde n'est que supplice Et que l'irrationnel abreuve dureté De ces âmes qui attise le méchant Je voudrai avoir grande foi En ces humains de bonne volonté Qui auraient désir que du vivre ensemble Quand le sain de la vie est de vivre simplement Où générosité, solidarité, fraternité Seraient maitres mots de la vie des peuples Pour se débarrasser des égos intéressés Qui n'ont de volonté que de détruire nos toits ☼ŦC

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    F

    François-Marie Robert Dutertre

    @francoisMarieRobertDutertre

    Le rêve C'était l'heure où d'aimables fées Apportent dans leurs blanches mains Riches colliers, brillants trophées Au triste séjour des humains ; C'était l'heure où, plus amoureuses, Murmurant des mots nonchalants, Les odalisques langoureuses Fleurent d'ennui sur leurs bras blancs. Ce fut l'heure où je vis en songe L'ange aux yeux noirs que j'aime tant ; Enivré d'un si doux mensonge, Je l'appelai, tout palpitant, Mais vainement ma voix l'implore ; Malgré mon accent éploré, Je vis fuir, comme un météore, Ce charmant fantôme adoré.

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    Sonnet à mon ami R J'avais toujours rêvé le bonheur en ménage, Comme un port où le cœur, trop longtemps agité, Vient trouver, à la fin d'un long pèlerinage, Un dernier jour de calme et de sérénité. Une femme modeste, à peu près de mon âge Et deux petits enfants jouant à son côté ; Un cercle peu nombreux d'amis du voisinage, Et de joyeux propos dans les beaux soirs d'été. J'abandonnais l'amour à la jeunesse ardente Je voulais une amie, une âme confidente, Où cacher mes chagrins, qu'elle seule aurait lus ; Le ciel m'a donné plus que je n'osais prétendre ; L'amitié, par le temps, a pris un nom plus tendre, Et l'amour arriva qu'on ne l'attendait plus.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Autre rêve J'eus à peine deux heures d'un sommeil tourmenté; je ne revis pas les petits gnomes bienfaisants; ces êtres panthéistes, éclos sur le sol germain, m'avaient totalement abandonné. En revanche, je comparaissais devant un tribunal, qui se dessinait au fond d'une ombre épaisse, imprégnée au bas d'une poussière srolastique. Le président avait un faux air de M. Nisard; les deux assesseurs ressemblaient à M. Cousin et à M. Guizot, mes anciens maîtres. Je ne passais plus, comme autrefois, devant eux mon examen en Sor-bonne. J'allais subir une condamnation capitale. Sur une table étaient étendus plusieurs numéros de Magazines anglais et américains, et une foule de livraisons illustrées à four et à six pence, où apparaissaient vaguement les noms d'Edgar Poe, de Dickens, d'Ains-worth, etc., et trois figures pâles et maigres se dressaient à droite du tribunal, drapées de thèses en latin imprimées sur satin, où je crus distinguer ces noms : Sapienlia, Elhica, Grammalica-. Les trois spectres accusateurs me jetaient ces mots méprisants : « Fantaisiste! réaliste!! essayiste!!! » Je saisis quelques phrases de l'accusation, formulée à l'aide d'un organe qui semblait être celui de M. Patin : « Du réalisme au crime il n'y a qu'un pas; car le crime est essentiellement réaliste. Le fanlaisisme conduit tout droit à l'adoration des monstres. Li'essayisme amène ce faux esprit à pourrir sur la paille humide des cachots. On commence par visiter Paul Niquet, on en vient à adorer une femme à cornes et à chevelure de mérinos, on finit par se faire arrêter à Crespy pour cause de vagabondagf p' dp troubadourisme exagéré!... » J'essayai de répondre : j'invoquai Lucien, Rabp-lais, Érasme et autres fantaisistes classiques. Je sentis alors que je devenais prétentieux Alors, je m'écriai en pleurant : « Confiteor ! plangor .'juro.'... — Je jure de renoncer à ces œuvres maudites par la Sorbonne et par l'Institut : je n'écrirai plus que de l'histoire, de la philosophie, de la philologie et de la statistique... On semble en douter... eh bien, je ferai des romans vertueux et champêtres, je viserai aux prix de poésie, de morale, je ferai des livres contre l'esclavage et pour les enfants, des poèmes didactiques... des tragédies! Des tragédies!... Je vais même en réciter une que j'ai écrite en Seconde, et dont le souvenir me revient... » Les fantômes disparurent en jetant des cris plaintifs.

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    J

    Jean-Paul Labaisse

    @jeanPaulLabaisse

    L'empire des lumières Cette maison déserte, et ces grands arbres noirs.... Quelle heure est-il ? Sommes-nous au matin, au soir ? Personne ne vient, personne ne passe, ici, En ce lieu incertain, où nul soleil ne luit... Est-ce la nuit , le jour, l’aube, l’après-midi ? A l’horloge, midi sonne... Non, c’est minuit... Ni lune, ni soleil, seulement des nuages, Et le ciel limpide, en l’étrange paysage.... Une lampe scintille , à peine, à la fenêtre, Et ses faibles rayons baignent la nuit profonde... O cette clarté pâle et douce, au cœur du monde ! Dormons-nous, rêvons-nous ? Est-ce un songe, peut-être ? Quelle heure, de quel jour ? Dimanche, ou bien lundi ? A l’horloge, minuit sonne... Non, c’est midi... Jean-Paul Labaisse 1998

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    Langston Hughes

    Langston Hughes

    @langstonHughes

    En grandissant C’était il y a si longtemps. Mon rêve je l’ai presque oublié. Mais alors il était bien là, Devant moi, Vif comme un soleil… Mon rêve. Et puis le mur monta, Il monta lentement, Lentement. Entre moi et mon rêve. Il monta lentement, très lentement, Obscurcissant, Dissimulant, L’éclat de mon rêve. Il monta et toucha le ciel. Oh! ce mur! Ce fut l’ombre. Me voilà noir. Je suis couché dans l’ombre. Devant moi, au-dessus de moi L’éclat de mon rêve n’est plus. Il n’y a que mur épais. Il n’y a qu’ombre. Mes mains! Mes sombres mains! Elles traversent le mur! Elles retrouvent mon rêve! Aidez-moi à briser ces ténèbres, A fracasser cette nuit, A rompre cette ombre, Pour en faire mille rais de soleil, Mille tourbillons de soleil et de rêve!

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Renoncement Depuis que sous les cieux un doux rayon colore Ma jeunesse en sa fleur, ouverte aux feux du jour, Si mon cœur a rêvé, si mon cœur rêve encore Le choix irrévocable et l'éternel amour, C'est qu'aux jours périlleux, toujours prudent et sage, Au plus digne entre tous réservant son trésor, Quand un charme pourrait l'arrêter au passage, Il s'éloigne craintif et se dit : « Pas encor ! » Pas encore ! et j'attends, car en un choix si tendre Se tromper est amer et cause bien des pleurs. Ah ! si mon âme allait, trop facile à s'éprendre, À l'entour d'un mensonge épanouir ses fleurs ! Non, non ! Restons plutôt dans notre indifférence. Sacrifice... en bien, soit ! tu seras consommé. Après tout, si l'amour n'est qu'erreur et souffrance, Un cœur peut être fier de n'avoir point aimé.

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    L

    Léo More

    @leoMore

    Indigestion J'ai avalé un rêve de travers Sans doute était-il trop mûr ! Il a erré dans ma gorge , amer M'envahissant de son goût si pur . J'ai bien cru que j'allais suffoquer , te le rendre à la figure . Mais il a continué sa dérive , sa gagure ... J'ai avalé un rêve de travers Sans doute était-il trop doré ! Il s'est lové dans ma poitrine avec ses relants de véracité D'acides douleurs m'ont fait crier famine J'en aurais dévoré ta main . Mais tu l'as refermé sur ce vide incertain ..... J'ai avalé un rêve de travers Sans doute était-il trop rare ! Maintenant , il est là , coincé dans mes entrailles et s'amuse souvent à de drôles de batailles : des hoquets de questions , quelques sursauts d'espoir . En attendant que je le digère , s'il te plaît , ne me sers plus n'importe quoi !

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Les songes et les fleurs Viens, si tu veux rêver d'amour, Viens tresser ta couronne au fond de la campagne : Voici l'heure, hâtons-nous, ô ma jeune compagne ! Les songes dans les fleurs se cachent tout le jour. De leurs frêles prisons vont sortir les mensonges ; Le rêve d'une vierge est dans le frais jasmin : Hâtons-nous de cueillir et les fleurs et les songes, Les songes et les fleurs ne seront plus demain. Viens chercher le fragile espoir, L'amandier le balance en sa fleur argentée : Viens ! nous le saisirons sur la tige agitée ; Dans un rêve d'amour il est doux de le voir. De leurs frêles prisons vont sortir les mensonges ; Le rêve d'une vierge est dans le frais jasmin. Hâtons-nous de cueillir et les fleurs et les songes, Les songes et les fleurs ne seront plus demain. Ne pose jamais sur ton sein L'effroi du meurtrier, la sombre mandragore ; De sa tige brisée un cri s'échappe encore, Avec le rêve affreux qui poursuit l'assassin. De leurs frêles prisons vont sortir les mensonges ; Le rêve d'une vierge est dans le frais jasmin : Hâtons-nous de cueillir et les fleurs et les songes, Les songes et les fleurs ne seront plus demain. Cherchons celui qui vient des cieux ; Il console en dormant la douleur méprisée : Des larmes de la nuit la vanille arrosée Parfume son sourire et son vol gracieux. De leurs frêles prisons vont sortir les mensonges ; Le rêve d'une vierge est dans le frais jasmin : Hâtons-nous de cueillir et les fleurs et les songes, Les songes et les fleurs ne seront plus demain.

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