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Nature

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Poésies de la collection nature

    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Ô nature chérie Ne me sois pas marâtre, ô nature chérie, Redonne un peu de sève à la plante flétrie Qui ne veut pas mourir ; Les torrents de mes yeux ont noyé sous leur pluie Son bouton tout rongé que nul soleil n'essuie Et qui ne peut s'ouvrir. Air vierge, air de cristal, eau, principe du monde, Terre qui nourris tout, et toi, flamme féconde, Rayon de l'oeil de Dieu, Ne laissez pas mourir, vous qui donnez la vie, La pauvre fleur qui penche et qui n'a d'autre envie Que de fleurir un peu ! Étoiles, qui d'en haut voyez valser les mondes, Faites pleuvoir sur moi, de vos paupières blondes, Vos pleurs de diamant ; Lune, lis de la nuit, fleur du divin parterre, Verse-moi tes rayons, ô blanche solitaire, Du fond du firmament ! Oeil ouvert sans repos au milieu de l'espace, Perce, soleil puissant, ce nuage qui passe ! Que je te voie encor, Aigles, vous qui fouettez le ciel à grands coups d'ailes, Griffons au vol de feu, rapides hirondelles, Prêtez-moi votre essor ! Vents, qui prenez aux fleurs leurs âmes parfumées Et les aveux d'amour aux bouches bien-aimées ; Air sauvage des monts, Encor tout imprégné des senteurs du mélèze, Brise de l'océan où l'on respire à l'aise, Emplissez mes poumons ! Avril, pour m'y coucher, m'a fait un tapis d'herbe ; Le lilas sur mon front s'épanouit en gerbe, Nous sommes au printemps. Prenez-moi dans vos bras, doux rêves du poète, Entre vos seins polis posez ma pauvre tête Et bercez-moi longtemps. Loin de moi, cauchemars, spectres des nuits ! Les roses, Les femmes, les chansons, toutes les belles choses Et tous les beaux amours, Voilà ce qu'il me faut. Salut, ô muse antique, Muse au frais laurier vert, à la blanche tunique, Plus jeune tous les jours ! Brune aux yeux de lotus, blonde à paupière noire, Ô grecque de Milet, sur l'escabeau d'ivoire Pose tes beaux pieds nus, Que d'un nectar vermeil la coupe se couronne ! Je bois à ta beauté d'abord, blanche Théone, Puis aux dieux inconnus. Ta gorge est plus lascive et plus souple que l'onde ; Le lait n'est pas si pur et la pomme est moins ronde, Allons, un beau baiser ! Hâtons-nous, hâtons-nous ! Notre vie, ô Théone, Est un cheval ailé que le temps éperonne ; Hâtons-nous d'en user. Chantons Io, péan ! ... mais quelle est cette femme Si pâle sous son voile ? Ah ! C'est toi, vieille infâme ! Je vois ton crâne ras, Je vois tes grands yeux creux, prostituée immonde, Courtisane éternelle environnant le monde Avec tes maigres bras !

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    Tristan Corbière

    Tristan Corbière

    @tristanCorbiere

    A une rose Rose, rose-d’amour vannée, Jamais fanée, Le rouge-fin est ta couleur, O fausse-fleur ! Feuille où pondent les journalistes Un fait-divers, Papier-Joseph, croquis d’artistes : – Chiffres ou vers – Coeur de parfum, montant arôme Qui nous embaume… Et ferait même avec succès, Après décès ; Grise l’amour de ton haleine, Vapeur malsaine, Vent de pastille-du-sérail, Hanté par l’ail ! Ton épingle, épine-postiche, Chaque nuit fiche Le hanneton-d’or, ton amant… Sensitive ouverte, arrosée De fausses-perles de rosée, En diamant ! Chaque jour palpite à la colle De la corolle Un papillon-coquelicot, Pur calicot, Rose.thé !… – Dans le grog, peut-être ! – Tu dois renaître Jaune, sous le fard du tampon, Rose-pompon ! Vénus-Coton, née en pelote, Un soir-matin, Parmi l’écume.., que culotte Le clan rapin ! Rose-mousseuse, sur toi pousse Souvent la mousse De l’Aï… Du Bock plus souvent – A 30 Cent. – Un coup-de-soleil de la rampe ! Qui te retrempe ; Un coup de pouce à ton grand air Sur fil-de-fer ! … Va, gommeuse et gommée, ô rose De couperose, Fleurir les faux-cols et les coeurs, Gilets vainqueurs !

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    Tristan L'Hermite

    @tristanLhermite

    Le promenoir des deux amants Auprès de cette grotte sombre Où l'on respire un air si doux L'onde lutte avec les cailloux Et la lumière avecque l'ombre. Ces flots lassés de l'exercice Qu'ils ont fait dessus ce gravier Se reposent dans ce vivier Où mourut autrefois Narcisse. C'est un des miroirs où le faune Vient voir si son teint cramoisi Depuis que l'Amour l'a saisi Ne serait point devenu jaune. L'ombre de cette fleur vermeille Et celle de ces joncs pendants Paraissent être là-dedans Les songes de l'eau qui sommeille. Les plus aimables influences Qui rajeunissent l'univers, Ont relevé ces tapis verts De fleurs de toutes les nuances. Dans ce bois ni dans ces montagnes Jamais chasseur ne vint encor ; Si quelqu'un y sonne du cor, C'est Diane avec ses compagnes.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Après l’hiver N’attendez pas de moi que je vais vous donner Des raisons contre Dieu que je vois rayonner ; La nuit meurt, l’hiver fuit ; maintenant la lumière, Dans les champs, dans les bois, est partout la première. Je suis par le printemps vaguement attendri. Avril est un enfant, frêle, charmant, fleuri ; Je sens devant l’enfance et devant le zéphyre Je ne sais quel besoin de pleurer et de rire ; Mai complète ma joie et s’ajoute à mes pleurs. Jeanne, George, accourez, puisque voilà des fleurs. Accourez, la forêt chante, l’azur se dore, Vous n’avez pas le droit d’être absents de l’aurore. Je suis un vieux songeur et j’ai besoin de vous, Venez, je veux aimer, être juste, être doux, Croire, remercier confusément les choses, Vivre sans reprocher les épines aux roses, Être enfin un bonhomme acceptant le bon Dieu. Ô printemps ! bois sacrés ! ciel profondément bleu ! On sent un souffle d’air vivant qui vous pénètre, Et l’ouverture au loin d’une blanche fenêtre ; On mêle sa pensée au clair-obscur des eaux ; On a le doux bonheur d’être avec les oiseaux Et de voir, sous l’abri des branches printanières, Ces messieurs faire avec ces dames des manières. 26 juin 1878

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Aux arbres Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme! Au gré des envieux, la foule loue et blâme ; Vous me connaissez, vous! – vous m’avez vu souvent, Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant. Vous le savez, la pierre où court un scarabée, Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée, Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour. La contemplation m’emplit le coeur d’amour. Vous m’avez vu cent fois, dans la vallée obscure, Avec ces mots que dit l’esprit à la nature, Questionner tout bas vos rameaux palpitants, Et du même regard poursuivre en même temps, Pensif, le front baissé, l’oeil dans l’herbe profonde, L’étude d’un atome et l’étude du monde. Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu, Arbres, vous m’avez vu fuir l’homme et chercher Dieu! Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches, Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches, Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux, Vous savez que je suis calme et pur comme vous. Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s’élance, Et je suis plein d’oubli comme vous de silence! La haine sur mon nom répand en vain son fiel ; Toujours, – je vous atteste, ô bois aimés du ciel! – J’ai chassé loin de moi toute pensée amère, Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère! Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours, Je vous aime, et vous, lierre au seuil des antres sourds, Ravins où l’on entend filtrer les sources vives, Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives! Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois, Dans tout ce qui m’entoure et me cache à la fois, Dans votre solitude où je rentre en moi-même, Je sens quelqu’un de grand qui m’écoute et qui m’aime! Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît, Arbres religieux, chênes, mousses, forêt, Forêt! c’est dans votre ombre et dans votre mystère, C’est sous votre branchage auguste et solitaire, Que je veux abriter mon sépulcre ignoré, Et que je veux dormir quand je m’endormirai.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Aux champs Je me penche attendri sur les bois et les eaux, Rêveur, grand-père aussi des fleurs et des oiseaux ; J’ai la pitié sacrée et profonde des choses ; J’empêche les enfants de maltraiter les roses ; Je dis : N’effarez point la plante et l’animal ; Riez sans faire peur, jouez sans faire mal. Jeanne et Georges, fronts purs, prunelles éblouies, Rayonnent au milieu des fleurs épanouies ; J’erre, sans le troubler, dans tout ce paradis ; Je les entends chanter, je songe, et je me dis Qu’ils sont inattentifs, dans leurs charmants tapages, Au bruit sombre que font en se tournant les pages Du mystérieux livre où le sort est écrit, Et qu’ils sont loin du prêtre et près de Jésus-Christ.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Crépuscule L’étang mystérieux, suaire aux blanches moires, Frisonne; au fond du bois la clairière apparaît ; Les arbres sont profonds et les branches sont noires ; Avez-vous vu Vénus à travers la forêt ? Avez-vous vu Vénus au sommet des collines ? Vous qui passez dans l’ombre, êtes-vous des amants ? Les sentiers bruns sont pleins de blanches mousselines; L’herbe s’éveille et parle aux sépulcres dormants. Que dit-il, le brin d’herbe ? et que répond la tombe ? Aimez, vous qui vivez ! on a froid sous les ifs. Lèvre, cherche la bouche ! aimez-vous ! la nuit tombe; Soyez heureux pendant que nous sommes pensifs. Dieu veut qu’on ait aimé. Vivez ! faites envie, O couples qui passez sous le vert coudrier. Tout ce que dans la tombe, en sortant de la vie, On emporta d’amour, on l’emploie à prier. Les mortes d’aujourd’hui furent jadis les belles. Le ver luisant dans l’ombre erre avec son flambeau. Le vent fait tressaillir, au milieu des javelles, Le brin d’herbe, et Dieu fait tressaillir le tombeau. La forme d’un toit noir dessine une chaumière; On entend dans les prés le pas lourd du faucheur; L’étoile aux cieux, ainsi qu’une fleur de lumière, Ouvre et fait rayonner sa splendide fraîcheur. Aimez-vous ! c’est le mois où les fraises sont mûres. L’ange du soir rêveur, qui flotte dans les vents, Mêle, en les emportant sur ses ailes obscures, Les prières des morts aux baisers des vivants.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Célébration du 14 juillet dans la forêt Qu’il est joyeux aujourd’hui, Le chêne aux rameaux sans nombre, Mystérieux point d’appui De toute la forêt sombre ! Comme quand nous triomphons, Il frémit, l’arbre civique ; Il répand à plis profonds Sa grande ombre magnifique. D’où lui vient cette gaîté ? D’où vient qu’il vibre et se dresse, Et semble faire à l’été Une plus fière caresse ? C’est le quatorze juillet. À pareil jour, sur la terre La liberté s’éveillait Et riait dans le tonnerre. Peuple, à pareil jour râlait Le passé, ce noir pirate ; Paris prenait au collet La Bastille scélérate. À pareil jour, un décret Chassait la nuit de la France, Et l’infini s’éclairait Du côté de l’espérance. Tous les ans, à pareil jour, Le chêne au Dieu qui nous crée Envoie un frisson d’amour. Et rit à l’aube sacrée. Il se souvient, tout joyeux, Comme on lui prenait ses branches ! L’âme humaine dans les cieux, Fière, ouvrait ses ailes blanches. Car le vieux chêne est gaulois ; Il hait la nuit et le cloître ; Il ne sait pas d’autres lois Que d’être grand et de croître. Il est grec, il est romain ; Sa cime monte, âpre et noire, Au-dessus du genre humain Dans une lueur de gloire. Sa feuille, chère aux soldats, Va, sans peur et sans reproche, Du front d’Épaminondas À l’uniforme de Hoche. Il est le vieillard des bois ; Il a, richesse de l’âge, Dans sa racine Autrefois, Et Demain dans son feuillage. Les rayons, les vents, les eaux, Tremblent dans toutes ses fibres ; Comme il a besoin d’oiseaux, Il aime les peuples libres. C’est son jour. Il est content. C’est l’immense anniversaire. Paris était haletant, La lumière était sincère. Au loin roulait le tambour… — Jour béni ! jour populaire, Où l’on vit un chant d’amour Sortir d’un cri de colère ! Il tressaille, aux vents bercé, Colosse où dans l’ombre austère L’avenir et le passé Mêlent leur double mystère. Les éclipses, s’il en est, Ce vieux naïf les ignore. Il sait que tout ce qui naît, L’œuf muet, le vent sonore, Le nid rempli de bonheur, La fleur sortant des décombres, Est la parole d’honneur Que Dieu donne aux vivants sombres. Il sait, calme et souriant, Sérénité formidable ! Qu’un peuple est un orient, Et que l’astre est imperdable. Il me salue en passant, L’arbre auguste et centenaire ; Et dans le bois innocent Qui chante et que je vénère, Étalant mille couleurs, Autour du chêne superbe Toutes les petites fleurs Font leur toilette dans l’herbe. L’aurore aux pavots dormants Verse sa coupe enchantée ; Le lys met ses diamants ; La rose est décolletée. Par-dessus les thyms fleuris La violette regarde ; Un encens sort de l’iris ; L’œillet semble une cocarde. Aux chenilles de velours Le jasmin tend ses aiguières ; L’arum conte ses amours, Et la garance ses guerres. Le moineau franc, gai, taquin, Dans le houx qui se pavoise, D’un refrain républicain Orne sa chanson grivoise. L’ajonc rit près du chemin ; Tous les buissons des ravines Ont leur bouquet à la main ; L’air est plein de voix divines. Et ce doux monde charmant, Heureux sous le ciel prospère, Épanoui, dit gaîment : C’est la fête du grand-père.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Dans la forêt De quoi parlait le vent ? De quoi tremblaient les branches ? Était-ce, en ce doux mois des nids et des pervenches, Parce que les oiseaux couraient dans les glaïeuls, Ou parce qu’elle et moi nous étions là tout seuls ? Elle hésitait. Pourquoi ? Soleil, azur, rosées, Aurore ! Nous tâchions d’aller, pleins de pensées, Elle vers la campagne et moi vers la forêt. Chacun de son côté tirait l’autre, et, discret, Je la suivais d’abord, puis, à son tour docile, Elle venait, ainsi qu’autrefois en Sicile Faisaient Flore et Moschus, Théocrite et Lydé. Comme elle ne m’avait jamais rien accordé, Je riais, car le mieux c’est de tâcher de rire Lorsqu’on veut prendre une âme et qu’on ne sait que dire ; J’étais le plus heureux des hommes, je souffrais. Que la mousse est épaisse au fond des antres frais ! Par instants un éclair jaillissait de notre âme ; Elle balbutiait : Monsieur… et moi : Madame. Et nous restions pensifs, muets, vaincus, vainqueurs, Après cette clarté faite dans nos deux coeurs. Une source disait des choses sous un saule ; Je n’avais encor vu qu’un peu de son épaule, Je ne sais plus comment et je ne sais plus où ; Oh ! le profond printemps, comme cela rend fou ! L’audace des moineaux sous les feuilles obscures, Les papillons, l’abeille en quête, les piqûres, Les soupirs, ressemblaient à de vagues essais, Et j’avais peur, sentant que je m’enhardissais. Il est certain que c’est une action étrange D’errer dans l’ombre au point de cesser d’être un ange, Et que l’herbe était douce, et qu’il est fabuleux D’oser presser le bras d’une femme aux yeux bleus. Nous nous sentions glisser vaguement sur la pente De l’idylle où l’amour traître et divin serpente, Et qui mène, à travers on ne sait quel jardin, Souvent à l’enfer, mais en passant par l’éden. Le printemps laisse faire, il permet, rien ne bouge. Nous marchions, elle était rose, et devenait rouge, Et je ne savais rien, tremblant de mon succès, Sinon qu’elle pensait à ce que je pensais. Pâle, je prononçais des noms, Béatrix, Dante ; Sa guimpe s’entrouvrait, et ma prunelle ardente Brillait, car l’amoureux contient un curieux. Viens ! dis-je… – Et pourquoi pas, ô bois mystérieux ? 3 avril 1874

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Je ne demande pas autre chose aux forêts Je ne demande pas autre chose aux forêts Que de faire silence autour des antres frais Et de ne pas troubler la chanson des fauvettes. Je veux entendre aller et venir les navettes De Pan, noir tisserand que nous entrevoyons Et qui file, en tordant l'eau, le vent, les rayons, Ce grand réseau, la vie, immense et sombre toile Où brille et tremble en bas la fleur, en haut l'étoile.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    La nature est pleine d'amour La nature est pleine d'amour, Jeanne, autour de nos humbles joies ; Et les fleurs semblent tour à tour Se dresser pour que tu les voies. Vive Angélique ! à bas Orgon ! L'hiver, qu'insultent nos huées, Recule, et son profil bougon Va s'effaçant dans les nuées. La sérénité de nos coeurs, Où chantent les bonheurs sans nombre, Complète, en ces doux mois vainqueurs, L'évanouissement de l'ombre. Juin couvre de fleurs les sommets, Et dit partout les mêmes choses ; Mais est-ce qu'on se plaint jamais De la prolixité des roses ? L'hirondelle, sur ton front pur, Vient si près de tes yeux fidèles Qu'on pourrait compter dans l'azur Toutes les plumes de ses ailes. Ta grâce est un rayon charmant ; Ta jeunesse, enfantine encore, Éclaire le bleu firmament, Et renvoie au ciel de l'aurore. De sa ressemblance avec toi Le lys pur sourit dans sa gloire ; Ton âme est une urne de foi Où la colombe voudrait boire.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Nuits de Juin L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte La plaine verse au loin un parfum enivrant ; Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte, On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent. Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ; Un vague demi-jour teint le dôme éternel ; Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure, Semble toute la nuit errer au bas du ciel.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Soleils couchants J'aime les soirs sereins et beaux, j'aime les soirs, Soit qu'ils dorent le front des antiques manoirs Ensevelis dans les feuillages ; Soit que la brume au loin s'allonge en bancs de feu ; Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu A des archipels de nuages. Oh ! regardez le ciel ! cent nuages mouvants, Amoncelés là-haut sous le souffle des vents, Groupent leurs formes inconnues ; Sous leurs flots par moments flamboie un pâle éclair. Comme si tout à coup quelque géant de l'air Tirait son glaive dans les nues. Le soleil, à travers leurs ombres, brille encor ; Tantôt fait, à l'égal des larges dômes d'or, Luire le toit d'une chaumière ; Ou dispute aux brouillards les vagues horizons ; Ou découpe, en tombant sur les sombres gazons, Comme de grands lacs de lumière.

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    Voltaire

    Voltaire

    @voltaire

    À Monsieur le comte Algarotti Lorsque ce grand courrier de la philosophie, Condamine l’observateur, De l’Afrique au Pérou conduit par Uranie, Par la gloire, et par la manie, S’en va griller sous l’équateur, Maupertuis et Clairaut, dans leur docte fureur, Vont geler au pôle du monde. Je les vois d’un degré mesurer la longueur, Pour ôter au peuple rimeur Ce beau nom de machine ronde, Que nos flasques auteurs, en chevillant leurs vers, Donnaient à l’aventure à ce plat univers. Les astres étonnés, dans leur oblique course, Le grand, le petit Chien, et le Cheval, et l’Ourse, Se disent l’un à l’autre, en langage des cieux :  » Certes, ces gens sont fous, ou ces gens sont les dieux. «  Et vous, Algarotti, vous, cygne de Padoue, Élève harmonieux du cygne de Mantoue, Vous allez donc aussi, sous le ciel des frimas, Porter, en grelottant, la lyre et le compas, Et, sur des monts glacés traçant des parallèles, Faire entendre aux Lapons vos chansons immortelles ? Allez donc, et du pôle observé, mesuré, Revenez aux Français apporter des nouvelles. Cependant je vous attendrai, Tranquille admirateur de votre astronomie, Sous mon méridien, dans les champs de Cirey, N’observant désormais que l’astre d’Émilie. Échauffé par le feu de son puissant génie, Et par sa lumière éclairé, Sur ma lyre je chanterai Son âme universelle autant qu’elle est unique ; Et j’atteste les cieux, mesurés par vos mains, Que j’abandonnerais pour ses charmes divins L’équateur et le pôle arctique.

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    W

    Winston Perez

    @winstonPerez

    Sonnet à creus Ô Sculptures pliées par le doigt des Dieux Créations invisibles qu’on n’ose pas toucher Et l’aigle qui vole par dessus l’Enfer et qui se fixe sur l’astre aride craché par la mer Et le vent qui vient chaque jour défier l’horizon puis dessiner ces formes mortes hurlant à l’unisson Et le vent qui souffle son éternel Amour à la Gloire du Vide, et du Silence lourd Chaque pas sur le chemin raconte cette autre histoire Celle qu’on ne raconte pas, par peur de voir le Nous, le Eux, que l’on ne verra plus jamais Et même si on a cru le voir dans un passé lointain Ce sera le chameau qui surgira au bout de la route et le Rhinocéros sèché paraîtra endormi

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    Y

    Yves Renaud

    @yvesRenaud

    Crépusculaire Des vasques d’argent clair dans les nuées du soir Enchâssent le ballet exalté des visages, Les calices des fleurs sont des yeux dans le noir Déployant les fragments d’infinis paysages L’ombre des espérances aux margelles des ciels Féconde dans le vent des empreintes de rêves, Sceaux de feuilles chues, souvenirs essentiels Pour nous pauvres humains aux veines sans sèves L’écorce des reflets luttant contre les pleurs, L’oscillation des joncs festonnant les rivières, Les strates des lueurs sacrant l’âme des fleurs Sèment l’horizon bleu d’un clavier de prières Un fin voile d’azur étend son sanglot pur, Les paupières du temps content son doux mystère, Dans nos âmes vibrent les appels du futur, Promesse vénérée, poésie de la Terre.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    En hiver Le sol trempé se gerce aux froidures premières, La neige blanche essaime au loin ses duvets blancs, Et met, au bord des toits et des chaumes branlants, Des coussinets de laine irisés de lumières. Passent dans les champs nus les plaintes coutumières, A travers le désert des silences dolents, Où de grands corbeaux lourds abattent leurs vols lents Et s'en viennent de faim rôder près des chaumières. Mais depuis que le ciel de gris s'était couvert, Dans la ferme riait une gaieté d'hiver, On s'assemblait en rond autour du foyer rouge, Et l'amour s'éveillait, le soir, de gars à gouge, Au bouillonnement gras et siffleur, du brassin Qui grouillait, comme un ventre, en son chaudron d'airain.

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