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80 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection objets

    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    La couronne Et je voudrais aussi ma couronne d’épines Et pour chaque pensée, une, rouge, à travers Le front, jusqu’au cerveau, jusqu’aux frêles racines où se tordent les maux et les rêves forgés En moi, par moi. Je la voudrais comme une rage, Comme un buisson d’ébène en feu, comme des crins D’éclairs et de flammes, peignés de vent sauvage; Et ce seraient mes vains et mystiques désirs, Ma science d’ennui, mes tendresses battues De flagellants remords, mes chatoyants vouloirs De meurtre et de folie et mes haines têtues Qu’avec ses dards et ses griffes, elle mordrait. Et, plus intimement encor, mes anciens râles Vers des ventres, muflés de lourdes toisons d’or, Et mes vices de doigts et de lèvres claustrales Et mes derniers tressauts de nerfs et de sanglots Et, plus au fond, le rut même de ma torture, Et tout enfin ! Ô couronne de ma douleur Et de ma joie, ô couronne de dictature Debout sur mes deux yeux, ma bouche et mon cerveau O la couronne en rêve à mon front somnambule, Hallucine-moi donc de ton absurdité ; Et sacre-moi ton roi souffrant et ridicule. Emile Verhaeren, Les débâcles  

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Le masque La couronne formidable des rois En s’appuyant de tout son poids Sur ce masque de cire Semblait broyer et mutiler L’empire. Le pâle émail des yeux usés S’était fendu en agonies Minuscules, mais infinies, Sous les sourcils décomposés. Le front avait été l’éclair, Avant que les pâles années N’eussent rivé les destinées, Sur ce bloc mort de morne chair. Les crins encore étaient ardents, Mais la colossale mâchoire, Mi-ouverte, laissait la gloire Tomber morte d’entre les dents. Depuis des temps qu’on ne sait pas, La couronne, violemment cruelle, De sa poussée indiscontinuelle Ployait le chef toujours plus las. Les astuces, les perfidies Louchaient en ses joyaux taillés, Et les meurtres, les sangs, les incendies Semblaient reluire entre ses ors caillés. Elle écrasait et abattait Ce qui jadis était la gloire : Ce front géant qui la portait Et la dardait vers les victoires Si bien qu’ainsi s’accomplissait, sans bruit, L’oeuvre d’une force qui se détruit, Obstinément, soi-même, Et finit par se définir Pour l’avenir Dans un emblème. Couronne et tête étaient placées, Couronne ardente et tête autoritaire, En un logis de verre, Au fond d’un hall, dans un musée. Emile Verhaeren, Les villes tentaculaires  

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Les cierges Ongles de feu, cierges ! – Ils s’allument, les soirs, Doigts mystiques dressés sur des chandeliers d’or, A minces et jaunes flammes, dans un décor Et de cartels et de blasons et de draps noirs. Ils s’allument dans le silence et les ténèbres, Avec le grésil bref et méchant de leur cire, Et se moquent – et l’on croirait entendre rire Les prières autour des estrades funèbres. Les morts, ils sont couchés très longs dans leurs remords Et leur linceul très pâle et les deux pieds dressés En pointe et les regards en l’air et trépassés Et repartis chercher ailleurs les autres morts. Chercher ? Et les cierges les conduisent ; les cierges Pour les charmer et leur illuminer la route Et leur souffler la peur et leur souffler le doute Aux carrefours multipliés des chemins vierges. Ils ne trouveront point les morts aimés jadis, Ni les anciens baisers, ni les doux bras tendus, Ni les amours lointains, ni les destins perdus ; Car les cierges ne mènent pas en paradis. Ils s’allument dans le silence et les ténèbres, Avec le grésil bref et méchant de leur cire Et se moquent – et l’on entend gratter leur rire Autour des estrades et des cartels funèbres. Ongles pâles dressés sur des chandeliers d’or ! Emile Verhaeren, Les bords de la route  

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Les horloges La nuit, dans le silence en noir de nos demeures, Béquilles et bâtons, qui se cognent, là-bas ; Montant et dévalant les escaliers des heures, Les horloges, avec leurs pas ; Émaux naïfs derrière un verre, emblèmes Et fleurs d’antan, chiffres et camaïeux, Lunes des corridors vides et blêmes Les horloges, avec leurs yeux ; Sons morts, notes de plomb, marteaux et limes, Boutique en bois de mots sournois Et le babil des secondes minimes, Les horloges, avec leurs voix ; Gaînes de chêne et bornes d’ombre, Cercueils scellés dans le mur froid, Vieux os du temps que grignotte le nombre, Les horloges et leur effroi ; Les horloges Volontaires et vigilantes, Pareilles aux vieilles servantes Boitant de leurs sabots ou glissant sur leurs bas, Les horloges que j’interroge Serrent ma peur en leur compas.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Une statue (apôtre) Avec, devant les yeux, l’astre qu’était son âme Par des chemins de rocs incandescents de flamme, Il s’en était allé si loin vers l’inconnu Que son siècle vieux et chenu, Toussant la mort, au vent trop fort de sa pensée, L’avait férocement enseveli sous la risée. Il était oublié, depuis des tas d’années Vers l’avenir échelonnées, Lorsqu’un matin la ville éclata d’or Et de fête pour son apothéose Et le grandit en une pose De volonté debout sur un piédestal d’or. On inscrivit sur le granit de gloire, L’exil subi, la faim, l’affre et la prison, Et l’on tressa, comme une floraison, Son crime ancien, autour de sa mémoire. On lui prit sa pensée et l’on en fit des lois ; On lui prit sa folie et l’on en fit de l’ordre : Et ses railleurs d’antan ne savaient plus où mordre Le battant de tocsin qui sautait dans sa voix. Son image d’airain sacra le carrefour, D’où l’on voyait briller, agrandi de mystère, Son front suprême et clair et large et comme austère Dans le tumulte et la rage des jours.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Une statue (bourgeois) Un bloc de bronze où son nom luit sur une plaque. Ventre riche, mâchoire ardente et menton gourd ; Haine et terreur murant son gros front lourd Et poing taillé à fendre en deux toutes attaques. Le carrefour, solennisé de palais froids, D’où ses regards têtus et violents encore Scrutent quels feux d’éveil bougent dans telle aurore, Comme sa volonté, se carre en angles droits. Il fut celui de l’heure et des hasards bizarres, Mais textuel, sitôt qu’il tint la force en main Et qu’il put étouffer dans hier le lendemain Déjà sonore et plein de cassantes fanfares. Sa colère fit loi durant ces jours bâtés, Où toutes voix montaient vers ses panégyriques, Où son rêve d’état strict et géométrique Tranquillisait l’aboi plaintif des lâchetés. Il se sentait la force étroite et qui déprime, Tantôt sournois, tantôt cruel et contempteur, Et quand il se dressait de toute sa hauteur Il n’arrivait jamais qu’à la hauteur d’un crime. Massif devant la vie, il l’obstrua, depuis Qu’il s’imposa sauveur des rois et de lui-même Et qu’il utilisa la peur et l’affre blême En des complots fictifs qu’il étranglait, la nuit. Si bien qu’il apparaît sur la place publique Féroce et rancunier, autoritaire et fort, Et défendant encor, d’un geste hyperbolique, Son piédestal bâti comme son coffre-fort.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Une statue (soldat) Au carrefour des abattoirs et des casernes, Il apparaît, foudroyant et vermeil, Le sabre en bel éclair sous le soleil. Masque d’airain, casque et panache d’or ; Et l’horizon, là-bas, où le combat se tord, Devant ses yeux hallucinés de gloire ! Un élan fou, un bond brutal Jette en avant son geste et son cheval Vers la victoire. Il est volant comme une flamme, Ici, plus loin, au bout du monde, Qui le redoute et qui l’acclame. Il entraîne, pour qu’en son rêve ils se confondent, Dieu, son peuple, ses soldats ivres ; Les astres mêmes semblent suivre, Si bien que ceux Qui se liguent pour le maudire Restent béants : et son vertige emplit leurs yeux. Il est de calcul froid, mais de force soudaine : Des fers de volonté barricadent le seuil Infrangible de son orgueil. Il croit en lui — et qu’importe le reste ! Pleurs, cris, affres et noire et formidable fête, Avec lesquels l’histoire est faite. Il est la mort fastueuse et lyrique, Montrée, ainsi qu’une conquête, Au bout d’une existence en or et en tempête. Il ne regrette rien de ce qu’il accomplit, Sinon que les ans brefs aillent trop vite Et que la terre immense soit petite. Il est l’idole et le fléau : Le vent qui souffle autour de son front clair Toucha celui des Dieux armés d’éclairs. Il sent qu’il passe en rouge orage et que sa destinée Est de tomber en brusque écroulement, Le jour où son étoile étrange et effrénée, Cristal rouge, se cassera au firmament. Au carrefour des abattoirs et des casernes, Il apparaît, foudroyant et vermeil, Le sabre en bel éclair dans le soleil.

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    E

    Emmanuel Arago

    @emmanuelArago

    Le petit endroit Vous qui venez ici dans une humble posture, Débarrasser vos flancs d’un importun fardeau, Veuillez, quand vous aurez soulagé la nature Et déposé dans l’urne un modeste cadeau, Épancher dans l’amphore un courant d’onde pure, Puis, sur l’autel fumant, placer pour chapiteau Le couvercle arrondi dont l’auguste jointure Aux parfums indiscrets doit servir de tombeau.

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Il a vécu Il a vécu… Il a vécu et il n’est plus. Larmes fausses… vraies…pensées émues… Chapitre clos. Testament lu. Il a vécu. Une vie durant… Une vie durant, fortune aidant, il amassa amoureusement choses, objets choisis longuement, une vie durant. En sa demeure… En sa demeure moult valeurs s’harmonisaient avec bonheur. Y pénétrer était honneur, en sa demeure Devint féroce… Devint féroce et pire qu’un gosse. Et comme chien défendant son os, il soupçonna le temps, les gens. Devint féroce. Son coeur saignait… Son coeur saignait comme bafoué. En chaque objet. Pour chaque trace. Pour chaque griffe. Pour chaque casse… Son coeur saignait. Chapitre clos… Chapitre clos, chapitre ouvert, ce fut un tremblement de terre car dès qu’il reposa sous terre : chapitre ouvert. Révolution… Révolution dans la maison. Les choses perdent et place et nom. Et l’inutile va au pilon. Révolution. Durs traitements… Durs traitements sont infligés aux objets qu’il a vénérés. Orphelins qu’on s’arrache pourtant. Durs traitements. Il a vécu… Il a vécu et il n’est plus. Dans ses cauchemars a-t-il prévu ? A-t-il tremblé ? Et qu’a-t-il su ? Ou deviné ? Aux quatre vents… Aux quatre vents sont dispersées tant de valeurs accumulées pour être à nouveau adorées, aux quatre vents.

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    F

    Francis Etienne Sicard

    @francisEtienneSicard

    Campanile d’Hiver La vigne endolorie sous le poids des nuages, Pareille au clapotis des barques enchainées, Gémit, pleure et s’éteint comme un brasier mouillé Par la rage du ciel et son gravier d’outrages. Les lavoirs de soleil et leurs lourds sarcophages Ruissellent de tumeurs aux couleurs bigarrées, Comme si leur destin se tissait sous les dès De gouttes détachées d’un suaire sauvage. Seule, morne et feutrée, une cloche d’airain Sonne un glas parfumé d’une douce beauté Dont le silence boit la mélodie sans fin. Or la vigne endurcie, comme un oratorio, Fugue le long de mots brillants de nouveauté, Que ce poème joue sur un pas d’adagio.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Le lys À Amédée Bandit. Hors du coffret de laque aux clous d’argent, parmi Les fleurs du tapis jaune aux nuances calmées, Le riche et lourd collier, qu’agrafent deux camées, Ruisselle et se répand sur la table à demi. Un oblique rayon l’atteint. L’or a frémi. L’étincelle s’attache aux perles parsemées, Et midi darde moins de flèches enflammées Sur le dos somptueux d’un reptile endormi. Cette splendeur rayonne et fait pâlir des bagues Éparses où l’onyx a mis ses reflets vagues Et le froid diamant sa claire goutte d’eau ; Et, comme dédaigneux du contraste et du groupe, Plus loin, et sous la pourpre ombreuse du rideau, Noble et pur, un grand lys se meurt dans une coupe.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Vieux soulier En mai, par une pure et chaude après-midi, Je cheminais au bord du doux fleuve attiédi Où se réfléchissait la fuite d’un nuage. Je suivais lentement le chemin de halage Tout en fleurs, qui descend en pente vers les eaux. Des peupliers à droite, à gauche des roseaux; Devant moi, les détours de la rivière en marche Et, fermant l’horizon, un pont d’une seule arche. Le courant murmurait, en inclinant les joncs, Et les poissons, avec leurs sauts et leurs plongeons, Sans cesse le ridaient de grands cercles de moire. Le loriot et la fauvette à tête noire Se répondaient parmi les arbres en rideau; Et ces chansons des nids joyeux et ce bruit d’eau Accompagnaient ma douce et lente flânerie. Soudain, dans le gazon de la berge fleurie, Parmi les boutons d’or qui criblaient le chemin, J’aperçus à mes pieds, – premier vestige humain Que j’eusse rencontré dans ce lieu solitaire, – Sous l’herbe et se mêlant déjà presque à la terre, Un soulier laissé là par quelque mendiant. C’était un vieux soulier, sale, ignoble, effrayant, Éculé du talon, bâillant de la semelle, Laid comme la misère et sinistre comme elle, Qui jadis fut sans doute usé par un soldat, Puis, chez le savetier, bien qu’en piteux état, Fut à quelque rôdeur vendu dans une échoppe; Un de ces vieux souliers qui font le tour d’Europe Et qu’un jour, tout meurtri, sanglant, estropié, Le pied ne quitte pas, mais qui quittent le pied. Quel poème navrant dans cette morne épave! Le boulet du forçat ou le fer de l’esclave Sont-ils plus lourds que toi, soulier du vagabond ? Pourquoi t’a-t-on laissé sous cette arche de pont? L’eau doit être profonde ici? Cette rivière N’a-t-elle pas été mauvaise conseillère Au voyageur si las et de si loin venu? Réponds! S’en alla-t-il, en traînant son pied nu, Mendier des sabots à la prochaine auberge? Ou bien, après t’avoir perdu sur cette berge, Ce pauvre, abandonné même par ses haillons, Est-il allé savoir au sein des tourbillons Si l’on n’a plus besoin, quand on dort dans le fleuve, De costume décent et de chaussure neuve? En vain je me défends du dégoût singulier Que j’éprouve à l’aspect ale ce mauvais soulier, Trouvé sur mon chemin, tout seul, dans la campagne. 11 est infâme, il a l’air de venir du bagne; Il est rouge, l’averse ayant lavé le cuir; Et je rêve de meurtre, et j’entends quelqu’un fuir Loin d’un homme râlant dans une rue obscure Et dont les clous sanglants ont broyé la figure! Abominable objet sous mes pas rencontré, Rebut du scélérat ou du désespéré, Tu donnes le frisson. Tout en toi me rappelle, Devant les fleurs, devant la nature si belle, Devant les cieux où court le doux vent aromal, Devant le bon soleil, l’éternité du mal. Tu me dis devant eux, triste témoin sincère, Que le monde est rempli de vice et de misère Et que ceux dont les pieds saignent sur les chemins, O malheur! sont bien près d’ensanglanter leurs mains. – Sois maudit, instrument de crime ou de torture! Mais qu’est-ce que cela peut faire à la nature? Voyez, il disparaît sous l’herbe des sillons; Hideux, il ne fait pas horreur aux papillons; La terre le reprend, il verdit sous la mousse, Et dans le vieux soulier une fleur des champs pousse.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Vitrail À Paul Verlaine. Sur un fond d’or pâli, les saints rouges et bleus Qu’un plomb noir délimite en dessins anguleux, Croisant les bras, levant au ciel un œil étrange : Marc, brun, près du lion ; Mathieu, roux, près de l’ange Et Jean, tout rose, avec l’oiseau des empereurs ; Luc, et son bœuf, qui fait songer aux laboureurs Dont le Messie aux Juifs parle en ses paraboles : Tous désignant d’un doigt rigide les symboles Écrits sur un feuillet à demi déroulé ; Notre Dame la Vierge, au front immaculé, Présentant sur ses bras Jésus, le divin Maître, Qui lève ses deux doigts pour bénir, comme un prêtre ; Le bon Dieu, blanc vieillard qu’entourent les élus Inclinés sous le vol des Chérubins joufflus ; Et le Christ, abreuvé de fiel et de vinaigre, Cambrant sur le bois noir son torse jaune et maigre.

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    F

    François Creteau

    @francoisCreteau

    Jour de fête pour un pantalon Demain sera jour de fête Enterrement d’une vie de garçon Certes pas en caleçon J’irai jouer la farce du trublion Autant s’acheter un neuf pantalon Pour nous les hommes Nous ne sommes pas gâtés Dans les rues ensoleillées Peu de magasins à recommander On ne peut bluffer, faut s’habiller Alors je me vais, sourire condamné Dans le premier magasin du là bas C’est suffisant pour ma sage pomme Quelle taille pour monsieur ? Allons ! C’est lui le spécialiste pas moi Prenez du trente huit , peut être une joie Non je prenddrai du quarante cette fois Car on mange bien sous mon toit Et au restaurant on se gave parfois Allez! Je prends le quarante deux Je vais essayer, ô mon Dieu ! Le trente huit! Il n’est pas observateur Moi j’ai ma pudeur et j’y tiens Aie! La fermeture à un petit rien Craquée, je cache le tout on ne verra rien Apres tout , il aurait dû ce vaurien M’offrir la taille qui m’aille Le quarante je l’enfile, nom d’une pipe: Le ventre oublie de rentrer, pas vrai: J’ai mangé tout çà, non jamais ! Je tire un peu, aie ! Le voilà gêné Non coincé, sa place c’est à droite, ô té ! Si j’avais su je ne l’aurai pas emmailloté Il était bien dans son jeans sordide Je voudrai essayer une chemise Pas claire, je ne voudrai pas être sale Avec les éclats de lumières dans la salle On verra les taches du vin chacal Je ne fais pas de sport mais c’est anormal Ces pectoraux qui là sans gêne se déballent Sur un gilet d’été qui impeccable ferme mal Vous accepter! De me faire une reprise, non remise Déjà deux heures mon essayage , un remotd Non j’en ai marre, je me décide trop tard Bon ! Donnez-moi du quarante quatre dare-dare Je ne pensais pas que la bière faisait du lard Tant pis je prends celui-ci , il se fait tard Et je dois encore ravaler le ventru fêtard J’irai avec jeannette, elle a tout de ce bon art Connaître ma taille, c’est son bon genre Les dessous c’est elle, les dehors son cafard Et je dois m’excuser tout le temps avec mes retards Quand je rentre le soir, elle me dit déjà tu t’endors Franchement quand vous faites tant d’effort Avez-vous l’envie folle d’en reprendre encore ☼₣€

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    G

    Gaston Couté

    @gastonCoute

    La cigarette Aujourd’hui le temps est épouvantable : Il pleut et mon coeur s’embête à pleurer. J’ai pris, d’un paquet traînant sur ma table, Une cigarette au fin bout doré ; Et j’ai cru te voir en toilette claire Avec tous tes ors passés à tes doigts, Traînant par la vie, élégante et fière Sous les yeux charmés du monde et de moi. Ah ! la bonne cigarette Que j’ai fumée… Pourtant mon coeur la regrette, O bien-aimée ! Ah ! la bonne cigarette Que j’ai fumée… Pourtant mon coeur la regrette, O bien-aimée ! J’ai pris une braise au milieu des cendres Et je me suis mis alors à fumer En m’entortillant dans les bleus méandres De ma cigarette au goût parfumé ; Et j’ai cru sentir passer sur mes lèvres Un baiser pareil aux baisers brûlants De ta bouche en feu, par les nuits de fièvres Où je m’entortille entre tes bras blancs. J’ai jeté ce soir parmi la chaussée Cigarette morte au feu du tantôt ; Un petit voyou qui l’a ramassée Part en resuçant son maigre mégot ; Et, devant cela, maintenant je pense Que ton corps n’est pas à moi tout entier, Que ta chair connaît d’autres jouissances Et que je te prends comme un mégottier.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Les mains Aimez vos mains afin qu’un jour vos mains soient belles, Il n’est pas de parfum trop précieux pour elles, Soignez-les. Taillez bien les ongles douloureux, Il n’est pas d’instruments trop délicats pour eux. C’est Dieu qui fit les mains fécondes en merveilles ; Elles ont pris leur neige au lys des Séraphins, Au jardin de la chair ce sont deux fleurs pareilles, Et le sang de la rose est sous leurs ongles fins. Il circule un printemps mystique dans les veines Où court la violette, où le bluet sourit ; Aux lignes de la paume ont dormi les verveines ; Les mains disent aux yeux les secrets de l’esprit. Les peintres les plus grands furent amoureux d’elles, Et les peintres des mains sont les peintres modèles. Comme deux cygnes blancs l’un vers l’autre nageant, Deux voiles sur la mer fondant leurs pâleurs mates, Livrez vos mains à l’eau dans les bassins d’argent, Préparez-leur le linge avec les aromates. Les mains sont l’homme, ainsi que les ailes l’oiseau ; Les mains chez les méchants sont des terres arides ; Celles de l’humble vieille, où tourne un blond fuseau, Font lire une sagesse écrite dans leurs rides. Les mains des laboureurs, les mains des matelots Montrent le hâle d’or des Cieux sous leur peau brune. L’aile des goélands garde l’odeur des flots, Et les mains de la Vierge un baiser de la lune. Les plus belles parfois font le plus noir métier, Les plus saintes étaient les mains d’un charpentier. Les mains sont vos enfants et sont deux soeurs jumelles, Les dix doigts sont leurs fils également bénis ; Veillez bien sur leurs jeux, sur leurs moindres querelles, Sur toute leur conduite aux détails infinis. Les doigts font les filets et d’eux sortent les villes ; Les doigts ont révélé la lyre aux temps anciens ; Ils travaillent, pliés aux tâches les plus viles, Ce sont des ouvriers et des musiciens. Lâchés dans la forêt des orgues le dimanche, Les doigts sont des oiseaux, et c’est au bout des doigts Que, rappelant le vol des geais de branche en branche, Rit l’essaim familier des Signes de la Croix. Le pouce dur, avec sa taille courte et grasse, A la force ; il a l’air d’Hercule triomphant ; Le plus faible de tous, le plus doux a la grâce, Et c’est le petit doigt qui sut rester enfant. Servez vos mains, ce sont vos servantes fidèles ; Donnez à leur repos un lit tout en dentelles. Ce sont vos mains qui font la caresse ici-bas ; Croyez qu’elles sont soeurs des lys et soeurs des ailes : Ne les méprisez pas, ne les négligez pas, Et laissez-les fleurir comme des asphodèles. Portez à Dieu le doux trésor de vos parfums, Le soir, à la prière éclose sur les lèvres, Ô mains, et joignez-vous pour les pauvres défunts, Pour que Dieu dans les mains rafraîchisse nos fièvres, Pour que le mois des fruits vous charge de ses dons Mais ouvrez-vous toujours sur un nid de pardons. Et vous, dites, ô vous, qui, détestant les armes, Mirez votre tristesse au fleuve de nos larmes, Vieillard, dont les cheveux vont tout blancs vers le jour, Jeune homme, aux yeux divins où se lève l’amour, Douce femme mêlant ta rêverie aux anges, Le coeur gonflé parfois au fond des soirs étranges, Sans songer qu’en vos mains fleurit la volonté, Tous, vous dites : « Où donc est-il, en vérité, Le remède, ô Seigneur, car nos maux sont extrêmes ? » – Mais il est dans vos mains, mais il est vos mains mêmes.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Et prends bien garde aux Zeppelins Et prends bien garde aux Zeppelins Aux Zeppelins de toute sorte Ceux des Boches sont pas malins Ceux des Français sont bien plus pleins Et prends bien garde aux Zeppelins Chaque officier français en porte Nîmes, le 31 mars 1915

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    L’avion Français, qu’avez-vous fait d’Ader l’aérien ? Il lui restait un mot, il n’en reste plus rien. Quand il eut assemblé les membres de l’ascèse Comme ils étaient sans nom dans la langue française Ader devint poète et nomma l’avion. Ô peuple de Paris, vous, Marseille et Lyon, Vous tous, fleuves français, vous françaises montagnes, Habitants des cités et vous, gens des campagnes, L’instrument à voler se nomme l’avion. Cette douce parole eût enchanté Villon, Les poètes prochains la mettront dans leurs rimes. Non, tes ailes, Ader, n’étaient pas anonymes. Lorsque pour les nommer vint le grammairien Forger un mot savant sans rien d’aérien, Où le sourd hiatus, l’âne qui l’accompagne Font ensemble un mot long comme un mot d’Allemagne. Il fallait un murmure et la voie d’Ariel Pour nommer l’instrument qui nous emporte au ciel. La plainte de la brise, un oiseau dans l’espace Et c’est un mot français qui dans nos bouches passe. L’avion ! L’avion ! qu’il monte dans les airs, Qu’il plane sur les monts, qu’il traverse les mers, Qu’il aille regarder le soleil comme Icare Et que plus loin encore un avion s’égare Et trace dans l’éther un éternel sillon Mais gardons-lui le nom suave d’avion Car du magique mot les cinq lettres habiles Eurent cette vertu d’ouvrir les ciels mobiles. Français, qu’avez-vous fait d’Ader l’aérien ? Il lui restait un mot, il n’en reste plus rien.

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Le moulin Fragment … Tandis que devant moi, Dans la clarté douteuse où s’ébauchait sa forme, Debout sur le coteau comme un monstre vivant Dont la lune sur l’herbe étalait l’ombre énorme, Un immense moulin tournait ses bras au vent. D’où vient qu’alors je vis, comme on voit dans un songe Quelque corps effrayant qui se dresse et s’allonge Jusqu’à toucher du front le lointain firmament, Le vieux moulin grandir si démesurément Que ses bras, tournoyant avec un bruit de voiles, Tout à coup se perdaient au milieu des étoiles, Pour retomber, brillant d’une poussière d’or Qu’ils avaient dérobée aux robes des comètes ? Puis, comme pour revoir leurs sublimes conquêtes, A peine descendus, ils remontaient encor. (23-24 octobre 1897)

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Sur un éventail A Madame la comtesse Potocka Vous voulez des vers? – Eh bien non, Je n’écrirai sur cette chose Qui fait du vent, ni vers, ni prose; Je n’écrirai rien que mon nom; Pour qu’en vous éventant la face, Votre oeil le voie et qu’il vous fasse Sous le souffle frais et léger, Penser à moi sans y songer.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le pot de terre et le pot de fer Le Pot de fer proposa Au Pot de terre un voyage. Celui-ci s'en excusa, Disant qu'il ferait que sage De garder le coin du feu ; Car il lui fallait si peu, Si peu, que la moindre chose De son débris serait cause. Il n'en reviendrait morceau. « Pour vous dit-il, dont la peau Est plus dure que la mienne, Je ne vois rien qui vous tienne. - Nous vous mettrons à couvert, Repartit le Pot de fer. Si quelque matière dure Vous menace d'aventure, Entre deux je passerai, Et du coup vous sauverai. » Cette offre le persuade. Pot de fer son camarade Se met droit à ses côtés. Mes gens s'en vont à trois pieds, Clopin clopant comme ils peuvent, L'un contre l'autre jetés Au moindre hoquet qu'ils treuvent. Le Pot de terre en souffre ; il n'eut pas fait cent pas Que par son Compagnon il fut mis en éclats, Sans qu'il eût lieu de se plaindre. Ne nous associons qu'avecque nos égaux ; Ou bien il nous faudra craindre Le destin d'un de ces Pots.

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    Jean Richepin

    Jean Richepin

    @jeanRichepin

    La flûte Je n’étais qu’une plante inutile, un roseau. Aussi je végétais, si frêle, qu’un oiseau En se posant sur moi pouvait briser ma vie. Maintenant je suis flûte et l’on me porte envie. Car un vieux vagabond, voyant que je pleurais, Un matin en passant m’arracha du marais, De mon coeur, qu’il vida, fit un tuyau sonore, Le mit sécher un an, puis, le perçant encore, Il y fixa la gamme avec huit trous égaux ; Et depuis, quand sa lèvre aux souffles musicaux Éveille les chansons au creux de mon silence, Je tressaille, je vibre, et la note s’élance ; Le chapelet des sons va s’égrenant dans l’air ; On dirait le babil d’une source au flot clair ; Et dans ce flot chantant qu’un vague écho répète Je sais noyer le coeur de l’homme et de la bête.

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    Jean Richepin

    Jean Richepin

    @jeanRichepin

    Sonnet grec C’était un grand sculpteur que le Grec Praxitèle. La légende pourtant nous raconte qu’un jour, Voulant faire une coupe et ne rien mettre autour, Il ne vit point de forme assez pure pour elle. Mais le soir, fatigué de son travail rebelle, Comme il baisait un sein façonné par l’amour, Tout à coup il trouva. Ce bouton ! ce contour Et la coupe naquit sur ce parfait modèle. La femme dont la gorge avait un tel dessin Qu’on moula l’idéal aux rondeurs de son sein, Cette déesse en chair, comment se nommait-elle ? Nul ne le sait. Mais grâce au sculpteur, à l’amant, La coupe a survécu dans sa forme immortelle, Et sa beauté demeure impérissablement.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    A son livre Mon livre (et je ne suis sur ton aise envieux), Tu t’en iras sans moi voir la Cour de mon Prince. Hé, chétif que je suis, combien en gré je prinsse Qu’un heur pareil au tien fût permis à mes yeux ? Là si quelqu’un vers toi se montre gracieux, Souhaite-lui qu’il vive heureux en sa province : Mais si quelque malin obliquement te pince, Souhaite-lui tes pleurs et mon mal ennuyeux. Souhaite-lui encor qu’il fasse un long voyage, Et bien qu’il ait de vue éloigné son ménage, Que son coeur, où qu’il voise, y soit toujours présent : Souhaite qu’il vieillisse en longue servitude, Qu’il n’éprouve à la fin que toute ingratitude, Et qu’on mange son bien pendant qu’il est absent.

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    J

    José Maria de Heredia

    @joseMariaDeHeredia

    Le lit Qu’il soit encourtiné de brocart ou de serge, Triste comme une tombe ou joyeux comme un nid, C’est là que l’homme naît, se repose et s’unit, Enfant, époux, vieillard, aïeule, femme ou vierge. Funèbre ou nuptial, que l’eau sainte l’asperge Sous le noir crucifix ou le rameau bénit, C’est là que tout commence et là que tout finit, De la première aurore au feu du dernier cierge. Humble, rustique et clos, ou fier du pavillon Triomphalement peint d’or et de vermillon, Qu’il soit de chêne brut, de cyprès ou d’érable ; Heureux qui peut dormir sans peur et sans remords Dans le lit paternel, massif et vénérable, Où tous les siens sont nés aussi bien qu’ils sont morts.

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    J

    José Maria de Heredia

    @joseMariaDeHeredia

    Le vase L’ivoire est ciselé d’une main fine et telle Que l’on voit les forêts de Colchide et Jason Et Médée aux grands yeux magiques. La Toison Repose, étincelante, au sommet d’une stèle. Auprès d’eux est couché le Nil, source immortelle Des fleuves, et, plus loin, ivres du doux poison, Les Bacchantes, d’un pampre à l’ample frondaison, Enguirlandent le joug des taureaux qu’on dételle. Au-dessous, c’est un choc hurlant de cavaliers ; Puis les héros rentrant morts sur leurs boucliers Et les vieillards plaintifs et les larmes des mères. Enfin, en forme d’anse arrondissant leurs flancs Et posant aux deux bords leurs seins fermes et blancs, Dans le vase sans fond s’abreuvent des Chimères.

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    J

    José Maria de Heredia

    @joseMariaDeHeredia

    Vitrail Cette verrière a vu dames et hauts barons Étincelants d’azur, d’or, de flamme et de nacre, Incliner, sous la dextre auguste qui consacre, L’orgueil de leurs cimiers et de leurs chaperons ; Lorsqu’ils allaient, au bruit du cor ou des clairons, Ayant le glaive au poing, le gerfaut ou le sacre, Vers la plaine ou le bois, Byzance ou Saint-Jean d’Acre, Partir pour la croisade ou le vol des hérons. Aujourd’hui, les seigneurs auprès des châtelaines, Avec le lévrier à leurs longues poulaines, S’allongent aux carreaux de marbre blanc et noir ; Ils gisent là sans voix, sans geste et sans ouïe, Et de leurs yeux de pierre ils regardent sans voir La rose du vitrail toujours épanouie.

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    J

    José Maria de Heredia

    @joseMariaDeHeredia

    Émail Le four rougit ; la plaque est prête. Prends ta lampe. Modèle le paillon qui s’irise ardemment, Et fixe avec le feu dans le sombre pigment La poudre étincelante où ton pinceau se trempe. Dis, ceindras-tu de myrte ou de laurier la tempe Du penseur, du héros, du prince ou de l’amant ? Par quel Dieu feras-tu, sur un noir firmament, Cabrer l’hydre écaillée ou le glauque hippocampe ? Non. Plutôt, en un orbe éclatant de saphir Inscris un fier profil de guerrière d’Ophir, Thalestris, Bradamante, Aude ou Penthésilée. Et pour que sa beauté soit plus terrible encor, Casque ses blonds cheveux de quelque bête ailée Et fais bomber son sein sous la gorgone d’or.

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Arbres Stoïques ils se laissent dépouiller par l’automne et restent dignes malgré la chute des feuilles Leur deuil silencieux se drape d’une toge de candeur lorsque vient l’hiver leur embaumeur Pourtant la sève persévère et circule Sa foi en le printemps ne tarde pas à porter ses fruits En été arbres vous devenez des oasis d’ombre Et votre silence parfois est traversé des bruits de la vie Ayons votre passion sédentaire et vos rêves nomades mystérieuses présences de bois artisans de la vraie sagesse

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    L

    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Mes petits cailloux Ramassé au matin, au bord du chemin, je les ai cachés un à un au fond de ma poche. Mes trésors faces cachés, précieux joyaux polissés, résonnent. À l’orée du bois, du nord au sud, ce sont mes sentinelles. Cachés dans mes souliers, jetés dans la marelle, ceux de mes nombreux ricochets, mes petits cailloux s’effritent. Empilés, amassés, déplacés sur l’échiquier de ma vie, je les sème sans laisser de trace. Ma quête est ailleurs La chaleur de la roche renferme un secret. Mes petits cailloux ont un coeur tendre.

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