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80 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection objets

    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    L’horloge arrêtée Horloge d’où s’élançait l’heure Vibrante en passant dans l’or pur, Comme l’oiseau qui chante ou pleure Dans un arbre où son nid est sûr, Ton haleine égale et sonore Dans le froid cadran ne bat plus : Tout s’éteint-il comme l’aurore Des beaux jours qu’à ton front j’ai lus ?

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    L’oreiller d’un enfant Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête, Plein de plume choisie, et blanc, et fait pour moi ! Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête, Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi ! Beaucoup, beaucoup d’enfants, pauvres et nus, sans mère, Sans maison, n’ont jamais d’oreiller pour dormir ; Ils ont toujours sommeil, ô destinée amère ! Maman ! douce maman ! cela me fait gémir …

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    M

    Michel Deguy

    @michelDeguy

    Compléments d'objets Ne me laisse pas ignorer où tu seras Lis-moi le brouillon planétaire Est-ce que je te commis connaissant tes objets Les pétales de flainme de ta flamme et de son omphalos Ton odeur ton nom ton âge tes commissures Par tes capillaires, je bats, les tiges, faisceau de pouls, verge Ton élégance tes récits tes bas tes couleurs Talanguis la rose de quelqu'une le roman Tes bijoux tes bleus tes cils la montre La proximité est notre dimension Tes lobes ta voix tes lèvres tes lettres Ne me laisse pas ignorer où tu es Le rouleau gris ensable notre baie

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    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    Chanson a boire (II) Soupirez jour et nuit sans manger et sans boire; Ne songez qu’à souffrir; Aimez, aimez vos maux, et mettez votre gloire À n’en jamais guérir. Cependant nous rirons Avecque la bouteille, Et dessous la treille Nous la chérirons. Si sans vous soulager une aimable cruelle Vous retient en prison, Allez aux durs rochers, aussi sensibles qu’elle? En demander raison. Cependant nous rirons Avecque la bouteille, Et dessous la treille Nous la chérirons.

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    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Le ber La campagne, comme autrefois, Avec le bahut, et le coffre, Et l’armoire à vitrail, nous offre Le ber à quenouilles de bois. Dans le coeur d’un merisier rouge, L’aïeul a taillé les morceaux ; Et la courbe des longs berceaux Illustre la naïve gouge. Que la mère y couche un garçon, Ou qu’une mioche y respire, L’orgueil n’y voit que le sourire Et la vigueur du nourrisson. Sur la paille de ce lit fruste, Les marmots auront un sommeil Qui, tels l’air pur et le soleil, Rend plus beau, plus frais, plus robuste. Aux angles du salon fermé, Le mobilier poudreux se fane, Mais dans l’alcôve paysanne, Le ber ancien n’a pas chômé. Ce qu’il berce avec tant de joie, Berce et berce, bon an, mal an, Dans son bâti tout brimbalant, C’est l’être que le ciel envoie. C’est l’enfant de l’humble maison, Nourri par la terre féconde Où toute bonne graine abonde, Et tout fructifie à foison. Près du lit funèbre où l’ancêtre, Le Christ aux doigts, fut exposé, Au coeur du dernier baptisé, Le vieux coeur français va renaître. Et le toit natal, chaque jour, Bénit la race triomphante Dont la suite immortelle enfante La vertu, la force, l’amour.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    A la louange de Laure et de Pétrarque Chose italienne où Shakspeare a passé Mais que Ronsard fit superbement française, Fine basilique au large diocèse, Saint-Pierre-des-Vers, immense et condensé, Elle, ta marraine, et Lui qui t’a pensé, Dogme entier toujours debout sous l’exégèse Même edmondschéresque ou francisquesarceyse, Sonnet, force acquise et trésor amassé, Ceux-là sont très bons et toujours vénérables, Ayant procuré leur luxe aux misérables Et l’or fou qui sied aux pauvres glorieux, Aux poètes fiers comme les gueux d’Espagne, Aux vierges qu’exalte un rhythme exact, aux yeux Epris d’ordre, aux coeurs qu’un voeu chaste accompagne.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Les coquillages Chaque coquillage incrusté Dans la grotte où nous nous aimâmes A sa particularité L’un a la pourpre de nos âmes Dérobée au sang de nos cœurs Quand je brûle et que tu t’enflammes ; Cet autre affecte tes langueurs Et tes pâleurs alors que, lasse, Tu m’en veux de mes yeux moqueurs ; Celui-ci contrefait la grâce De ton oreille, et celui-là Ta nuque rose, courte et grasse ; Mais un, entre autres, me troubla.

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Aimez-vous le passé Aimez-vous le passé Et rêver d’histoires Évocatoires Aux contours effacés ? Les vieilles chambres Veuves de pas Qui sentent tout bas L’iris et l’ambre ; La pâleur des portraits, Les reliques usées Que des morts ont baisées, Chère, je voudrais Qu’elles vous soient chères, Et vous parlent un peu D’un coeur poussiéreux Et plein de mystère.

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Alcôve noire Ces premiers froids que l’on réchauffe d’un sarment, – Et des platanes d’or le long gémissement, – Et l’alcôve au lit noir qui datait d’Henri IV, Où ton corps, au hasard de l’ombre dévêtu, S’illuminait parfois d’un rouge éclair de l’âtre, Quand tu m’aiguillonnais de ton genou pointu, Chevaucheuse d’amour si triste et si folâtre ; – Et cet abyme où l’on tombait : t’en souviens-tu ?

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Chevaux de bois A Pau, les foires Saint-Martin, C’est à la Haute Plante. Des poulains, crinière volante, Virent dans le crottin. Là-bas, c’est une autre entreprise. Les chevaux sont en bois, L’orgue enrhumé comme un hautbois, Zo’ sur un bai cerise. Le soir tombe. Elle dit :  » Merci,  » Pour la bonne journée !  » Mais j’ai la tête bien tournée… «  – Ah, Zo’ : la jambe aussi.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Odelette à son bouquet Mon petit Bouquet mon mignon, Qui m’es plus fidel’ compaignon Qu’Oreste ne fut à Pilade, Tout le jour quand je suis malade Mes valets qui pour leur devoir Le soing de moy debvroient avoir, Vont à leur plesir par la vile, Et ma vieille garde inutile, Aptes avoir largement beu, Yvre, s’endort aupres du feu, A l’heure qu’ el’ me devroit dire Des contes pour me faire rire. Mais toi petit bouquet, mais toy Ayant pitié de mon esmoy Jamais le jour tu ne me laisses Seul compaignon de mes tristesses. Que ne pui-je autant que les dieux ? Je t’envoyroi là haut aux cieux Fait d’un bouquet un astre insigne, Et te mettrois aupres du Signe Que Bacus dans le ciel posa Quand Ariadne il espousa, Qui se lamentoit, delessée Au bord desert par son Thesée.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Le vase brisé À Albert Decrais. Le vase où meurt cette verveine D'un coup d'éventail fut fêlé ; Le coup dut effleurer à peine : Aucun bruit ne l'a révélé. Mais la légère meurtrissure, Mordant le cristal chaque jour, D'une marche invisible et sûre En a fait lentement le tour. Son eau fraîche a fui goutte à goutte, Le suc des fleurs s'est épuisé ; Personne encore ne s'en doute ; N'y touchez pas, il est brisé. Souvent aussi la main qu'on aime, Effleurant le cœur, le meurtrit ; Puis le cœur se fend de lui-même, La fleur de son amour périt ; Toujours intact aux yeux du monde, Il sent croître et pleurer tout bas Sa blessure fine et profonde ; Il est brisé, n'y touchez pas.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Les stalactites J'aime les grottes où la torche Ensanglante une épaisse nuit, Où l'écho fait, de porche en porche, Un grand soupir du moindre bruit. Les stalactites à la voûte Pendent en pleurs pétrifiés Dont l'humidité, goutte à goutte, Tombe lentement à mes pieds. Il me semble qu'en ces ténèbres Règne une douloureuse paix ; Et devant ces longs pleurs funèbres Suspendus sans sécher jamais, Je pense aux âmes affligées Où dorment d'anciennes amours : Toutes les larmes sont figées, Quelque chose y pleure toujours.

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    S

    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    Des livres ? soit… Des livres ? Soit. Mais en hiver. Que le jardin soit gris, la vitre grise ! Que la brise, dehors, soit de la bise Et la chaleur, dedans, celle de tisons clairs. Des livres… Mais un ciel de Londres Et des larmes, sur les carreaux, en train de fondre… Manteaux sentant le vétiver – Chats en boule, manchons, marrons, l’hiver ! Alors, si vous voulez, un livre – pas des livres – Un seul, mais beau comme le printemps vert, L’été doré, le rouge automne grand ouvert, Plein d’oisillons bavards et de papillons ivres ! Lequel m’offrirez-vous, lequel M’apportera cela, demain, père Noël ? Des images, bien sûr… C’est le temps des images. Saluons-nous, Bergers, Rois Mages ! Et des contes… Bonjour, prince Charmant ! Et de l’histoire… – que vois-je, mais autrement – Et des voyages… que me gâtent les naufrages ! Père Noël, père Noël, ne cachez-vous Dans votre hotte, un brin de houx, Dans votre barbe, un grain de givre ? Ne remplaceraient-ils ce gros livre, entre nous ? Mon livre à moi n’est pas un livre Comme ceux qu’on imprime, et, jusqu’au bout, Vos feuillets bien coupés, je ne pourrais les suivre. On ne lit pas un conte… On s’en souvient. Je l’écoute, brodé par les flammes dansantes, Ceux qu’on ne me dit pas, je les invente ! L’Histoire ? Un conte aussi. Pour les voyages, rien, Rien, sachez-le, ne me retient Si quelque oiseau bleu me fait signe. Quant aux poèmes… soit. Nous attendrons l’été. L’été n’a pas besoin de rimes qui s’alignent. Attendons seulement le pourpre velouté De cette rose que je sais, près de la vigne… Décembre 1925

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    S

    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    L’heure du platane Sentez-vous cette odeur, cette odeur fauve et rousse de beau cuir neuf, chauffé par l’automne qui flambe ? Tous les cuirs du Levant sont là, venus ensemble de souks lointains saturés d’ambre et de santal. Des huiles et des gommes d’or les éclaboussent. En de jaunes parfums d’essences et de gousses, tous les cuirs précieux d’un faste oriental, cuirs gaufrés et gravés, pointillés de métal, peints et damasquinés, sont là. Ceux de Cordoue s’allongent en panneaux où la lumière joue comme dans l’escalier d’un palacio ducal ; ceux de Russie ont des reflets de pourpre ardente ; ceux de Venise la douceur d’épais velours, et ceux des Flandres aux blonds rares, aux bruns sourds, semblent chez le bourgmestre attendre une kermesse. Quelles mains ont offert à ces livres de messe la reliure somptueuse qui m’enchante ? Et ce manteau pareil à la robe de Dante, qui le tailla pour des poètes ignorés ? Beaux livres d’autrefois, je vous aime, dorés sur un fond de soleil ainsi que des Icones, et ma bibliothèque est un gala d’automne ce soir, entre les bras d’un arbre mitré d’or. La légende se brode à même le décor. Mes livres, des très vieux aux très jeunes, s’étagent de branche en branche, à la façon d’oiseaux pensifs, et par-dessus la mosaïque des massifs prennent la gamme fauve et rousse du feuillage. Car ils sont habillés de feuilles, en ce temps où les platanes roux et fauves se dépouillent. La vierge, dans l’allée, a filé sa quenouille afin que chaque page ait un signet flottant. Vous qui lisez, le front penché, dans une chambre, ne sentez-vous donc pas qu’au seuil froid de novembre tout ce maroquin neuf et ces parchemins d’or sont faits pour que, ce soir, on traduise, dehors, uniquement, les strophes du platane ? Automne, guilloché de soleil, broché d’insectes jaunes, plein de miel et de grains, et de cette odeur forte que promène le vent du sud, de porte en porte; Automne, qui donc pourrait croire aux feuilles mortes, croire, ce soir, à la tristesse de la mort ?

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Eventail de Mademoiselle Mallarmé Ô rêveuse, pour que je plonge Au pur délice sans chemin, Sache, par un subtil mensonge, Garder mon aile dans ta main. Une fraîcheur de crépuscule Te vient à chaque battement Dont le coup prisonnier recule L’horizon délicatement. Vertige ! voici que frissonne L’espace comme un grand baiser Qui, fou de naître pour personne, Ne peut jaillir ni s’apaiser. Sens-tu le paradis farouche Ainsi qu’un rire enseveli Se couler du coin de ta bouche Au fond de l’unanime pli ! Le sceptre des rivages roses Stagnants sur les soirs d’or, ce l’est, Ce blanc vol fermé que tu poses Contre le feu d’un bracelet.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Eventail de Madame Mallarmé Avec comme pour langage Rien qu’un battement aux cieux Le futur vers se dégage Du logis très précieux Aile tout bas la courrière Cet éventail si c’est lui Le même par qui derrière Toi quelque miroir a lui Limpide (où va redescendre Pourchassée en chaque grain Un peu d’invisible cendre Seule à me rendre chagrin) Toujours tel il apparaisse Entre tes mains sans paresse

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Le démêloir Quelle est celle-ci qui s’avance comme l’Aurore lorsqu’elle se lève, qui est belle comme la Lune et éclatante comme le Soleil, et qui est terrible comme une armée rangée en bataille ? Cantique des cantiques. Je sais qu’elle est pareille aux Anges de lumière. Elle a des rayons d’astre éclos sous sa paupière, Et je vois aux candeurs de son pied calme et pur Qu’il a marché longtemps sur les tapis d’azur. Sa bouche harmonieuse et de charme inondée Semble, à son doux parfum de roses de Judée, Avoir vidé la coupe aux noces de Cana, Et chanté dans les cieux le Salve Regina. Mais ces tempes de marbre et ce sourcil farouche, La superbe fierté du front et de la bouche, Ces rougeurs, ce duvet pleins de défis mordants, L’insolente fraîcheur de ces tons discordants, Ces ongles lumineux et ces dents de tigresse A des instants furtifs trahissent la Déesse. Quand, pareille aux Vénus que je chante en mes vers, Sous un grand démêloir d’écaille aux reflets verts Elle fait ruisseler, en sortant de l’alcôve, Cette ample chevelure à l’or sanglant et fauve, Quand ses mains de statue achèvent d’y verser Le flot d’huile épandu, le soleil fait glisser Sur ces âpres trésors, qu’à loisir elle baigne, Un rayon rose au bout de chaque dent du peigne. Février 1844.

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Le thé Miss Ellen, versez-moi le Thé Dans la belle tasse chinoise, Où des poissons d’or cherchent noise Au monstre rose épouvanté. J’aime la folle cruauté Des chimères qu’on apprivoise : Miss Ellen, versez-moi le Thé Dans la belle tasse chinoise. Là, sous un ciel rouge irrité, Une dame fière et sournoise Montre en ses longs yeux de turquoise L’extase et la naïveté : Miss Ellen, versez-moi le Thé.

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    Tristan Corbière

    Tristan Corbière

    @tristanCorbiere

    La pipe au poète Je suis la Pipe d'un poète, Sa nourrice, et : j'endors sa Bête. Quand ses chimères éborgnées Viennent se heurter à son front, Je fume... Et lui, dans son plafond, Ne peut plus voir les araignées. ... Je lui fais un ciel, des nuages, La mer, le désert, des mirages ; – Il laisse errer là son œil mort... Et, quand lourde devient la nue, Il croit voir une ombre connue, – Et je sens mon tuyau qu'il mord... – Un autre tourbillon délie Son âme, son carcan, sa vie ! ... Et je me sens m'éteindre. – Il dort – . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . – Dors encor : la Bête est calmée, File ton rêve jusqu'au bout... Mon Pauvre !... la fumée est tout. – S'il est vrai que tout est fumée... Paris. – Janvier.

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