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Religion

176 poésies en cours de vérification
Religion

Poésies de la collection religion

    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Solitude Je sais une chapelle horrible et diffamée, Dans laquelle autrefois un prêtre s’est pendu. Depuis ce sacrilège effroyable on a dû La tenir pour toujours aux fidèles fermée. Plus de croix sur l’autel, plus de cierge assidu, Plus d’encensoir perdant son âme parfumée. Sous les arceaux déserts une funèbre armée De feuilles mortes court en essaim éperdu. Ma conscience est cette église de scandales ; Mes remords affolés bondissent sur les dalles ; Le doute, qui faisait mon orgueil, me punit. Obstiné sans grandeur, je reste morne et sombre, Et ne puis même pas mettre mon âme à l’ombre Du grand geste de Christ qui plane et qui bénit.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Un évangile En ce temps-là, Jésus, seul avec Pierre, errait Sur la rive du lac, près de Génésareth, À l’heure où le brûlant soleil de midi plane, Quand ils virent, devant une pauvre cabane, La veuve d’un pêcheur, en longs voiles de deuil, Qui s’était tristement assise sur le seuil, Retenant dans ses yeux la larme qui les mouille, Pour bercer son enfant et filer sa quenouille. Non loin d’elle, cachés par des figuiers touffus, Le Maître et son ami voyaient sans être vus. Soudain, un de ces vieux dont le tombeau s’apprête, Un mendiant, portant un vase sur sa tête, Vint à passer et dit à celle qui filait: « Femme, je dois porter ce vase plein de lait Chez un homme logé dans le prochain village; Mais tu le vois, je suis faible et brisé par l’âge, Les maisons sont encore à plus de mille pas, Et je sens bien que, seul, je n’accomplirai pas Ce travail, que l’on doit me payer une obole. » La femme se leva sans dire une parole, Laissa, sans hésiter, sa quenouille de lin, Et le berceau d’osier où pleurait l’orphelin, Prit le vase, et s’en fut avec le misérable. Et Pierre dit: « Il faut se montrer secourable, Maître! mais cette femme a bien peu de raison D’abandonner ainsi son fils et sa maison, Pour le premier venu qui s’en va sur la route. À ce vieux mendiant, non loin d’ici, sans doute, Quelque passant eût pris son vase et l’eût porté. » Mais Jésus répondit à Pierre: « En vérité, Quand un pauvre a pitié d’un plus pauvre, mon père Veille sur sa demeure et veut qu’elle prospère. Cette femme a bien fait de partir sans surseoir. » Quand il eut dit ces mots, le Seigneur vint s’asseoir Sur le vieux banc de bois, devant la pauvre hutte. De ses divines mains, pendant une minute, Il fila la quenouille et berça le petit; Puis se levant, il fit signe à Pierre et partit. Et, quand elle revint à son logis, la veuve, À qui de sa bonté Dieu donnait cette preuve, Trouva sans deviner jamais par quel ami, Sa quenouille filée et son fils endormi.

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    François de Malherbe

    François de Malherbe

    @francoisDeMalherbe

    Consolation à M. Du Périer Stances sur la mort de sa fille Ta douleur, Du Perrier, sera donc éternelle ? Et les tristes discours Que te met en l'esprit l'amitié paternelle L'augmenteront toujours ? Le malheur de ta fille au tombeau descendue Par un commun trépas, Est-ce quelque dédale où ta raison perdue Ne se retrouve pas ? Je sais de quels appas son enfance était pleine, Et n'ai pas entrepris, Injurieux ami, de soulager ta peine Avecque son mépris. Mais elle était du monde, où les plus belles choses Ont le pire destin ; Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin. Puis quand ainsi serait que, selon ta prière, Elle aurait obtenu D'avoir en cheveux blancs terminé sa carrière, Qu'en fût-il avenu ? Penses-tu que plus vieille en la maison céleste Elle eût eu plus d'accueil, Ou qu'elle eût moins senti la poussière funeste Et les vers du cercueil ? Non, non, mon Du Perrier ; aussitôt que la Parque Ôte l'âme du corps, L'âge s'évanouit au-deçà de la barque, Et ne suit point les morts. Tithon n'a plus les ans qui le firent cigale ; Et Pluton aujourd'hui, Sans égard du passé, les mérites égale D'Archemore et de lui. Ne te lasse donc plus d'inutiles complaintes : Mais, sage à l'avenir, Aime une ombre comme ombre, et des cendres éteintes Eteins le souvenir. C'est bien, je le confesse, une juste coutume Que le cœur affligé, Par le canal des yeux vidant son amertume, Cherche d'être allégé. Même quand il advient que la tombe sépare Ce que nature a joint, Celui qui ne s'émeut a l'âme d'un barbare, Ou n'en a du tout point. Mais d'être inconsolable et dedans sa mémoire Enfermer un ennui, N'est-ce pas se haïr pour acquérir la gloire De bien aimer autrui ? Priam, qui vit ses fils abattus par Achille, Dénué de support Et hors de tout espoir du salut de sa ville, Reçut du réconfort. François, quand la Castille, inégale à ses armes, Lui vola son Dauphin, Sembla d'un si grand coup devoir jeter des larmes Qui n'eussent point de fin. Il les sécha pourtant, et, comme un autre Alcide, Contre fortune instruit, Fit qu'à ses ennemis d'un acte si perfide La honte fut le fruit. Leur camp, qui la Durance avait presque tarie De bataillons épais, Entendant sa constance, eut peur de sa furie, Et demanda la paix. De moi déjà deux fois d'une pareille foudre Je me suis vu perclus ; Et deux fois la raison m'a si bien fait résoudre, Qu'il ne m'en souvient plus. Non qu'il ne me soit grief que la terre possède Ce qui me fut si cher ; Mais en un accident qui n'a point de remède Il n'en faut point chercher. La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles : On a beau la prier ; La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles, Et nous laisse crier. Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre, Est sujet à ses lois ; Et la garde qui veille aux barrières du Louvre N'en défend point nos rois. De murmurer contre elle et perdre patience Il est mal à propos ; Vouloir ce que Dieu veut est la seule science Qui nous met en repos.

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    François de Malherbe

    François de Malherbe

    @francoisDeMalherbe

    Les larmes de Saint-Pierre Ce n'est pas en mes vers qu'une amante abusée Des appas enchanteurs d'un parjure Thésée, Après l'honneur ravi de sa pudicité, Laissée ingratement en un bord solitaire, Fait de tous les assauts que la rage peut faire Une fidèle preuve à l'infidélité. Les ondes que j'épands d'une éternelle veine Dans un courage saint ont leur sainte fontaine ; Où l'amour de la terre et le soin de la chair Aux fragiles pensers ayant ouvert la porte, Une plus belle amour se rendit la plus forte, Et le fit repentir aussitôt que pécher.

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    François de Malherbe

    François de Malherbe

    @francoisDeMalherbe

    Paraphrase du psaume CXLV N'espérons plus, mon âme, aux promesses du monde ; Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde Que toujours quelque vent empêche de calmer. Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre : C'est Dieu qui nous fait vivre, C'est Dieu qu'il faut aimer.

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    François de Malherbe

    François de Malherbe

    @francoisDeMalherbe

    Prière pour le roi Henri le Grand Pour le roi allant en Limousin. Ô Dieu, dont les bontés, de nos larmes touchées, Ont aux vaines fureurs les armes arrachées, Et rangé l'insolence aux pieds de la raison ; Puisqu'à rien d'imparfait ta louange n'aspire, Achève ton ouvrage au bien de cet empire, Et nous rends l'embonpoint comme la guérison ! Nous sommes sous un roi si vaillant et si sage, Et qui si dignement a fait l'apprentissage De toutes les vertus propres à commander, Qu'il semble que cet heur nous impose silence, Et qu'assurés par lui de toute violence Nous n'avons plus sujet de te rien demander. Certes quiconque a vu pleuvoir dessus nos têtes Les funestes éclats des plus grandes tempêtes Qu'excitèrent jamais deux contraires partis, Et n'en voit aujourd'hui nulle marque paraître, En ce miracle seul il peut assez connaître Quelle force a la main qui nous a garantis.

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    François de Malherbe

    François de Malherbe

    @francoisDeMalherbe

    Sonnet sur la mort de son fils Que mon fils ait perdu sa dépouille mortelle, Ce fils qui fut si brave et que j'aimai si fort, Je ne l'impute point à l'injure du sort, Puisque finir à l'homme est chose naturelle. Mais que de deux marauds la surprise infidèle Ait terminé ses jours d'une tragique mort, En cela ma douleur n'a point de réconfort, Et tous mes sentiments sont d'accord avec elle.

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    F

    François Maynard

    @francoisMaynard

    Mon âme, il faut partir Mon âme, il faut partir. Ma vigueur est passée, Mon dernier jour est dessus l'horizon. Tu crains ta liberté. Quoi ! n'es-tu pas lassée D'avoir souffert soixante ans de prison ? Tes désordres sont grands ; tes vertus sont petites ; Parmi tes maux on trouve peu de bien ; Mais si le bon Jésus te donne ses mérites, Espère tout et n'appréhende rien. Mon âme, repens-toi d'avoir aimé le monde, Et de mes yeux fais la source d'une onde Qui touche de pitié le monarque des rois. Que tu serais courageuse et ravie Si j'avais soupiré, durant toute ma vie, Dans le désert, sous l'ombre de la Croix !

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    François Villon

    François Villon

    @francoisVillon

    Ballade des pendus Frères humains, qui après nous vivez, N’ayez les cœurs contre nous endurcis, Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous mercis. Vous nous voyez ci attachés, cinq, six : Quant à la chair, que trop avons nourrie, Elle est piéça dévorée et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et poudre. De notre mal personne ne s’en rie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! Se frères vous clamons, pas n’en devez Avoir dédain, quoique fûmes occis Par justice. Toutefois, vous savez Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis. Excusez-nous, puisque sommes transis, Envers le fils de la Vierge Marie, Que sa grâce ne soit pour nous tarie, Nous préservant de l’infernale foudre. Nous sommes morts, âme ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! La pluie nous a bués et lavés, Et le soleil desséchés et noircis. Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés, Et arraché la barbe et les sourcils. Jamais nul temps nous ne sommes assis Puis çà, puis là, comme le vent varie, A son plaisir sans cesser nous charrie, Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre. Ne soyez donc de notre confrérie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! Prince Jésus, qui sur tous a maistrie, Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie : A lui n’ayons que faire ne que soudre. Hommes, ici n’a point de moquerie ; Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

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    François Villon

    François Villon

    @francoisVillon

    Ballade pour prier Notre Dame Dame du ciel, régente terrienne, Emperière des infernaux palus, Recevez-moi, votre humble chrétienne, Que comprise soie entre vos élus, Ce nonobstant qu'oncques rien ne valus. Les biens de vous, ma Dame et ma Maîtresse Sont bien plus grands que ne suis pécheresse, Sans lesquels biens âme ne peut mérir N'avoir les cieux. Je n'en suis jangleresse : En cette foi je veuil vivre et mourir.

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    François-René de Chateaubriand

    François-René de Chateaubriand

    @francoisReneDeChateaubriand

    L’esclave Le vigilant derviche à la prière appelle Du haut des minarets teints des feux du couchant. Voici l’heure au lion qui poursuit la gazelle ; Une rose au jardin moi je m’en vais cherchant. Musulmane aux longs yeux, d’un maître que je brave Fille délicieuse, amante des concerts, Est-il un sort plus doux que d’être ton esclave, Toi que je sers, toi que je sers ? Jadis, lorsque mon bras faisait voler la prame Sur le fluide azur de l’abîme calmé, Du sombre désespoir les pleurs mouillaient ma rame : Un charme m’a guéri : j’aime et je suis aimé. Le noir rocher me plaît ; la tour que le flot lave Me sourit maintenant aux grèves de ces mers : Le flambeau du signal y luit pour ton esclave, Toi que je sers, toi que je sers ! Belle et divine es-tu, dans toute ta parure, Quand la nuit au harem je glisse un pied furtif ! Les tapis, l’aloès, les fleurs et l’onde pure, Sont par toi prodigués à ton jeune captif. Quel bonheur ! au milieu du péril que j’aggrave, T’entourer de mes bras, te parer de mes fers, Mêler à tes colliers l’anneau de ton esclave, Toi que je sers, toi que je sers ! Dans les sables mouvants, de ton blanc dromadaire Je reconnais de loin le pas sûr et léger ; Tu m’apparais soudain : un astre solitaire Est moins doux sur la vague au pauvre passager ; Du matin parfumé le souffle est moins suave, Le palmier moins charmant au milieu des déserts. Quel sultan glorieux égale ton esclave, Toi que je sers, toi que je sers ! Mon pays, que j’aimais jusqu’à l’idolâtrie, N’est plus dans les soupirs de ma simple chanson ; Je ne regrette plus ma mère et ma patrie ; Je crains qu’un prêtre saint n’apporte ma rançon. Ne m’affranchis jamais ! laisse-moi mon entrave ! Oui, sois ma liberté, mon Dieu, mon univers ! Viens, sous tes beaux pieds nus, viens fouler ton esclave, Toi que je sers, toi que je sers ! Tunis, 1807

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    L’immortalité La mort vient dégager de la vile matière Notre esprit, souffle de la pur divinité, Et l’ombre des tombeaux nous cache une lumière Dont nos yeux ne pourraient soutenir la clarté. La mort vient délivrer notre âme prisonnière Et lui faire connaître enfin la liberté, Nous mourons, c’est la vie ; et notre heure dernière Est le premier moment de l’immortalité. Ah ! ne redoutons pas de tomber dans l’abîme Où paraît s’engloutir à jamais l’être humain, Le trépas nous promet l’éternel lendemain ; Et par un privilège éclatant et sublime, Quand il meurt ici-bas, l’homme naît dans le ciel Car Dieu le fait mourir pour le rendre immortel.

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    Ospitalità Dans des vers immortels que vous savez sans doute, Dante acceptant d’un prince et le toit et l’appui, Des chagrins de l’exil abreuvé goutte à goutte, Nous a montré son coeur tout plein d’un sombre ennui ; Et combien est amer, pour celui qui le goûte, Le pain de l’étranger, et tout ce qu’il en coûte De monter et descendre à l’escalier d’autrui… Moi, qui ne le vaux pas, j’ai trouvé mieux que lui. Ici, malgré ces vers de funèbre présage, J’ai trouvé le pain bon, et meilleur le visage, Et l’opulent bien-être et les plaisirs permis. C’est que Dante, égaré dans des sphères trop hautes, Avait un protecteur, et que moi j’ai des hôtes ; C’est qu’il avait un maître et que j’ai des amis.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Aux saints Si, tous les matins de nos fêtes, Nous chantions tous avec amour Sur les harpes des saints prophètes Nos prières qui sont parfaites, Je ne serais pas dans la cour. Si nous récitions nos prières Dans le crépuscule du soir Avec des lèvres régulières, Avant d’allumer les lumières, Je ne serais pas au chauffoir. Si les yeux remplis de beaux songes, Nous demandions, quand vient le jour, Au ciel qui voit tous nos mensonges L’humble foi du pêcheur d’éponges, Je ne serais pas dans la cour. Et quand la lampe s’est éteinte, Si nous sentions sur nos lits noirs La caresse d’une aile sainte, Attendant que l’Angelus tinte, Je ne serais pas au dortoir. Si l’homme s’oubliait lui-même Pour ses frères, comme un retour Des bienfaits du Seigneur qui l’aime, Qui le marque de son Saint-Chrême, Je ne serais pas dans la cour ; Et si nous, les fous de Bicêtre, Nous avions fait notre devoir, Le devoir dicté par son prêtre, Nous serions au parloir peut-être, Ce ne serait pas ce parloir. Sans le diable qui nous malmène, Nul, avec les yeux de son corps, N’aurait vu ma figure humaine Dans la cour où je me promène Et dans le dortoir où je dors. (Poème écrit à Bicêtre)

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Ciels Le Ciel a de jeunes pâturages Tendres, vers un palais triste et vermeil : Un Essaim d’Heures sauvages Guide Pasiphaé, petite-fille du Soleil. Des troupeaux silencieux du ciel, Un nuage, un doux taureau s’écume, Se détache, avec le souci réel Du Baiser qui l’arrose et la parfume. Et ces neiges, fraîcheur et ferveur, Au ciel des étreintes fatales, S’unissent, ô Douleur ! Le taureau roule sur la prairie idéale. La Passion plus doucement encore a lui Sous le Baiser qui les parfume et les arrose, Ils s’absorbent au ciel qui les absorbe en lui. Reste seule la bave du Baiser, amère et rose. Le Couchant a brûlé comme un palais, Et le ciel s’aveugle avec les cendres Qu’un Dieu noir chasse avec un balai. Vénus, diamant et feu, au jardin d’amour, va pendre. I Autour de la jeune Eglise, Par les prés et les clôtures Et les vieilles routes pures, La nuit comme une eau s’épuise. II C’est l’aube toute divine Et la plage violette, Avec des voiles en fête Au ciel tel qu’une marine. III Guerre et semaille, avalanches De nos thèmes et nos mythes, Par les labours sans limites Sommeillant pour les revanches. IV Mais le sang petit et pâle Que l’aurore a dans les veines, Ô Seigneur ! est-ce nos peines Ou votre pitié fatale ? V Nos voeux des vôtres sont frères, Vous tous dont le coeur murmure Depuis l’ancienne aventure Montez, Aubes et Colères !

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Les cathédrales Mais gloire aux cathédrales ! Pleines d’ombre et de feux, de silence et de râles, Avec leur forêt d’énormes piliers Et leur peuple de saints, moines et chevaliers, Ce sont des cités au-dessus des villes, Que gardent seulement les sons irréguliers De l’aumône, au fond des sébiles, Sous leurs porches hospitaliers. Humblement agenouillées Comme leurs sœurs des champs dans les herbes mouillées, Sous le clocher d’ardoise ou le dôme d’étain, Où les angélus clairs tintent dans le matin, Les églises et les chapelles Des couvents, Tout au loin vers elles, Mêlent un rire allègre au rire amer des vents, En joyeuses vassales ; Mais elles, dans les cieux traversés des vautours, Comme au cœur d’une ruche, aux cages de leurs tours, C’est un bourdonnement de guêpes colossales. Voyez dans le nuage blanc Qui traverse là-haut des solitudes bleues, Par-dessus les balcons d’où l’on voit les banlieues, Voyez monter la flèche au coq étincelant, Qui, toute frémissante et toujours plus fluette, Défiant parfois les regards trop lents, Va droit au ciel se perdre, ainsi que l’alouette. Ceux-là qui dressèrent la tour Avec ses quatre rangs d’ouïes Qui versent la rumeur des cloches éblouies, Ceux qui firent la porte avec les saints autour, Ceux qui bâtirent la muraille, Ceux qui surent ployer les bras des arcs-boutants, Dont la solidité se raille Des gifles de l’éclair et des griffes du temps ; Tous ceux dont les doigts ciselèrent Les grands portails du temple, et ceux qui révélèrent Les traits mystérieux du Christ et des Élus, Que le siècle va voir et qu’il ne comprend plus ; Ceux qui semèrent de fleurs vives Le vitrail tout en flamme au cadre des ogives Ces royaux ouvriers et ces divins sculpteurs Qui suspendaient au ciel l’abside solennelle, Dont les ciseaux pieux criaient dans les hauteurs, N’ont point gravé leur nom sur la pierre éternelle ; Vous les avez couverts, poudre des parchemins ! Vous seules les savez, vierges aux longues mains ! Vous, dont les Jésus rient dans leurs barcelonnettes, Artistes d’autrefois, où vous reposez-vous ? Sous quelle tombe où l’on prie à genoux ? Et vous, mains qui tendiez les nerfs des colonnettes, Et vous, doigts qui semiez De saintes le portail où nichent les ramiers, Et qui, dans les rayons dont le soleil l’arrose, Chaque jour encor faites s’éveiller La rosace, immortelle rose Que nul vent ne vient effeuiller ! Ô cathédrales d’or, demeures des miracles Et des soleils de gloire échevelés autour Des tabernacles De l’amour ! Vous qui retentissez toujours de ses oracles, Vaisseaux délicieux qui voguez vers le jour ! Vous qui sacrez les rois, grandes et nobles dames, Qui réchauffez les cœurs et recueillez les âmes Sous votre vêtement fait en forme de croix ! Vous qui voyez, ô souveraines, La ville à vos genoux courber ses toits ! Vous dont les cloches sont, fières de leurs marraines, Comme un bijou sonore à l’oreille des reines ! Vous dont les beaux pieds sont de marbre pur ! Vous dont les voiles Sont d’azur ! Vous dont la couronne est d’étoiles ! Sous vos habits de fête ou vos robes de deuil, Vous êtes belles sans orgueil ! Vous montez sans orgueil vos marches en spirales Qui conduisent au bord du ciel, Ô magnifiques cathédrales, Chaumières de Jésus, Bethléem éternel ! Si longues, qu’un brouillard léger toujours les voile ; Si douces, que la lampe y ressemble à l’étoile, Les nefs aux silences amis, Dans l’air sombre des soirs, dans les bancs endormis, Comptent les longs soupirs dont tremble un écho chaste Et voient les larmes d’or où l’âme se répand, Sous l’œil d’un Christ qui semble, en son calvaire vaste, Un grand oiseau blessé dont l’aile lasse pend. Ah ! bienheureux le cœur qui, dans les sanctuaires, Près des cierges fleuris qu’allument les prières, Souvent, dans l’encens bleu, vers le Seigneur monta, Et qui, dans les parfums mystiques, écouta Ce que disent les croix, les clous et les suaires, Et ce que dit la paix du confessionnal, Oreille de l’amour que l’homme connaît mal !… Avec sa grille étroite et son ombre sévère, Ô sages, qui parliez autour du Parthénon, Le confessionnal, c’est la maison de verre À qui Socrate rêve et qui manque à Zénon ! Grandes ombres du Styx, me répondrez-vous : non ?… Ce que disent les cathédrales, Soit qu’un baptême y jase au bord des eaux lustrales, Soit qu’au peuple, autour d’un cercueil, Un orgue aux ondes sépulcrales Y verse un vin funèbre et l’ivresse du deuil, Soit que la foule autour des tables S’y presse aux repas délectables, Soit qu’un prêtre vêtu de blanc Y rayonne au fond de sa chaise, Soit que la chaire y tonne ou soit qu’elle se taise, Heureux le cœur qui l’écoute en tremblant ! Heureux celui qui vous écoute, Vagues frémissements des ailes sous la voûte ! Comme une clé qui luit dans un trousseau vermeil Quand un rayon plus rouge aux doigts d’or du soleil A clos la porte obscure au seuil de chaque église, Quand le vitrail palpite au vol de l’heure grise, Quand le parvis plein d’ombre éteint toutes ses voix, Ô cathédrales, je vous vois Semblables au navire émergeant de l’eau brune, Et vos clochetons fins sont des mâts sous la lune ; D’invisibles ris sont largués, Une vigie est sur la hune, Car immobiles, vous voguez, Car c’est en vous que je vois l’arche Qui, sur l’ordre de Dieu, vers Dieu s’est mise en marche ; La race de Noé gronde encor dans vos flancs ; Vous êtes le vaisseau des immortels élans, Et vous bravez tous les désastres. Car le maître est Celui qui gouverne les astres, Le pilote, Celui qui marche sur les eaux… Laissez, autour de vous, pousser aux noirs oiseaux Leur croassement de sinistre augure ; Allez, vous êtes la figure Vivante de l’humanité ; Et la voile du Christ à l’immense envergure Mène au port de l’éternité.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Les mains Aimez vos mains afin qu’un jour vos mains soient belles, Il n’est pas de parfum trop précieux pour elles, Soignez-les. Taillez bien les ongles douloureux, Il n’est pas d’instruments trop délicats pour eux. C’est Dieu qui fit les mains fécondes en merveilles ; Elles ont pris leur neige au lys des Séraphins, Au jardin de la chair ce sont deux fleurs pareilles, Et le sang de la rose est sous leurs ongles fins. Il circule un printemps mystique dans les veines Où court la violette, où le bluet sourit ; Aux lignes de la paume ont dormi les verveines ; Les mains disent aux yeux les secrets de l’esprit. Les peintres les plus grands furent amoureux d’elles, Et les peintres des mains sont les peintres modèles. Comme deux cygnes blancs l’un vers l’autre nageant, Deux voiles sur la mer fondant leurs pâleurs mates, Livrez vos mains à l’eau dans les bassins d’argent, Préparez-leur le linge avec les aromates. Les mains sont l’homme, ainsi que les ailes l’oiseau ; Les mains chez les méchants sont des terres arides ; Celles de l’humble vieille, où tourne un blond fuseau, Font lire une sagesse écrite dans leurs rides. Les mains des laboureurs, les mains des matelots Montrent le hâle d’or des Cieux sous leur peau brune. L’aile des goélands garde l’odeur des flots, Et les mains de la Vierge un baiser de la lune. Les plus belles parfois font le plus noir métier, Les plus saintes étaient les mains d’un charpentier. Les mains sont vos enfants et sont deux soeurs jumelles, Les dix doigts sont leurs fils également bénis ; Veillez bien sur leurs jeux, sur leurs moindres querelles, Sur toute leur conduite aux détails infinis. Les doigts font les filets et d’eux sortent les villes ; Les doigts ont révélé la lyre aux temps anciens ; Ils travaillent, pliés aux tâches les plus viles, Ce sont des ouvriers et des musiciens. Lâchés dans la forêt des orgues le dimanche, Les doigts sont des oiseaux, et c’est au bout des doigts Que, rappelant le vol des geais de branche en branche, Rit l’essaim familier des Signes de la Croix. Le pouce dur, avec sa taille courte et grasse, A la force ; il a l’air d’Hercule triomphant ; Le plus faible de tous, le plus doux a la grâce, Et c’est le petit doigt qui sut rester enfant. Servez vos mains, ce sont vos servantes fidèles ; Donnez à leur repos un lit tout en dentelles. Ce sont vos mains qui font la caresse ici-bas ; Croyez qu’elles sont soeurs des lys et soeurs des ailes : Ne les méprisez pas, ne les négligez pas, Et laissez-les fleurir comme des asphodèles. Portez à Dieu le doux trésor de vos parfums, Le soir, à la prière éclose sur les lèvres, Ô mains, et joignez-vous pour les pauvres défunts, Pour que Dieu dans les mains rafraîchisse nos fièvres, Pour que le mois des fruits vous charge de ses dons Mais ouvrez-vous toujours sur un nid de pardons. Et vous, dites, ô vous, qui, détestant les armes, Mirez votre tristesse au fleuve de nos larmes, Vieillard, dont les cheveux vont tout blancs vers le jour, Jeune homme, aux yeux divins où se lève l’amour, Douce femme mêlant ta rêverie aux anges, Le coeur gonflé parfois au fond des soirs étranges, Sans songer qu’en vos mains fleurit la volonté, Tous, vous dites : « Où donc est-il, en vérité, Le remède, ô Seigneur, car nos maux sont extrêmes ? » – Mais il est dans vos mains, mais il est vos mains mêmes.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Annie Sur la côte du Texas Entre Mobile et Galveston il y a Un grand jardin tout plein de roses Il contient aussi une villa Qui est une grande rose Une femme se promène souvent Dans le jardin toute seule Et quand je passe sur la route bordée de tilleuls Nous nous regardons Comme cette femme est mennonite Ses rosiers et ses vêtements n’ont pas de boutons Il en manque deux à mon veston La dame et moi suivons presque le même rite

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La synagogue Ottomar Scholem et Abraham Loeweren Coiffés de feutres verts le matin du sabbat Vont à la synagogue en longeant le Rhin Et les coteaux où les vignes rougissent là-bas Ils se disputent et crient des choses qu’on ose à peine traduire Bâtard conçu pendant les règles ou Que le diable entre dans ton père Le vieux Rhin soulève sa face ruisselante et se détourne pour sourire Ottomar Scholem et Abraham Loeweren sont en colère Parce que pendant le sabbat on ne doit pas fumer Tandis que les chrétiens passent avec des cigares allumés Et parce qu’Ottomar et Abraham aiment tous deux Lia aux yeux de brebis et dont le ventre avance un peu Pourtant tout à l’heure dans la synagogue l’un après l’autre Ils baiseront la thora en soulevant leur beau chapeau Parmi les feuillards de la fête des cabanes Ottomar en chantant sourira à Abraham Ils déchanteront sans mesure et les voix graves des hommes Feront gémir un Léviathan au fond du Rhin comme une voix d’automne Et dans la synagogue pleine de chapeaux on agitera les loulabim Hanoten ne Kamoth bagoim tholahoth baleoumim

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le larron Choeur Maraudeur étranger malheureux malhabile Voleur voleur que ne demandais-tu ces fruits Mais puisque tu as faim que tu es en exil Il pleure il est barbare et bon pardonnez-lui LARRON Je confesse le vol des fruits doux des fruits mûrs Mais ce n’est pas l’exil que je viens simuler Et sachez que j’attends de moyennes tortures Injustes si je rends tout ce que j’ai volé VIEILLARD Issu de l’écume des mers comme Aphrodite Sois docile puisque tu es beau Naufragé Vois les sages te font des gestes socratiques Vous parlerez d’amour quand il aura mangé CHŒUR Maraudeur étranger malhabile et malade Ton père fut un sphinx et ta mère une nuit Qui charma de lueurs Zacinthe et les Cyclades As-tu feint d’avoir faim quand tu volas les fruits LARRON Possesseurs de fruits mûrs que dirai-je aux insultes Ouïr ta voix figure en nénie ô maman Puisqu’ils n’eurent enfin la pubère et l’adulte Du prétexte sinon que s’aimer nuitamment Il y avait des fruits tout ronds comme des âmes Et des amandes de pomme de pin jonchaient Votre jardin marin où j’ai laissé mes rames Et mon couteau punique au pied de ce pêcher Les citrons couleur d’huile et à saveur d’eau froide Pendaient parmi les fleurs des citronniers tordus Les oiseaux de leur bec ont blessé vos grenades Et presque toutes les figues étaient fendues L’ACTEUR Il entra dans la salle aux fresques qui figurent L’inceste solaire et nocturne dans les nues Assieds-toi là pour mieux ouïr les voix ligures Au son des cinyres des Lydiennes nues Or les hommes ayant des masques de théâtre Et les femmes ayant des colliers où pendait La pierre prise au foie d’un vieux coq de Tanagre Parlaient entre eux le langage de la Chaldée Les autans langoureux dehors feignaient l’automne Les convives c’étaient tant de couples d’amants Qui dirent tour à tour Voleur je te pardonne. Reçois d’abord le sel puis le pain de froment Le brouet qui froidit sera fade à tes lèvres Mais l’outre en peau de bouc maintient frais le vin blanc Par ironie veux-tu qu’on serve un plat de fèves Ou des beignets de fleurs trempés dans du miel blond Une femme lui dit Tu n’invoques personne Crois-tu donc au hasard qui coule au sablier Voleur connais-tu mieux les lois malgré les hommes Veux-tu le talisman heureux de mon collier Larron des fruits tourne vers moi tes yeux lyriques Emplissez de noix la besace du héros Il est plus noble que le paon pythagorique Le dauphin la vipère mâle ou le taureau Qui donc es-tu toi qui nous vins grâce au vent scythe Il en est tant venu par la route ou la mer Conquérants égarés qui s’éloignaient trop vite Colonnes de clins d’yeux qui fuyaient aux éclairs CHŒUR Un homme bègue ayant au front deux jets de flammes Passa menant un peuple infime pour l’orgueil De manger chaque jour les cailles et la manne Et d’avoir vu la mer ouverte comme un œil Les puiseurs d’eau barbus coiffés de bandelettes Noires et blanches contre les maux et les sorts Revenaient de l’Euphrate et les yeux des chouettes Attiraient quelquefois les chercheurs de trésors Cet insecte jaseur ô poète barbare Regagnait chastement à l’heure d’y mourir La forêt précieuse aux oiseaux gemmipares Aux crapauds que l’azur et les sources mûrirent. Un triomphe passait gémir sous l’arc-en-ciel Avec de blêmes laurés debout dans les chars Les statues suant les scurriles les agnelles Et l’angoisse rauque des paonnes et des jars Les veuves précédaient en égrenant des grappes Les évêques noirs révérant sans le savoir Au triangle isocèle ouvert au mors des chapes Pallas et chantaient l’hymne à la belle mais noire Les chevaucheurs nous jetèrent dans l’avenir Les alcancies pleines de cendre ou bien de fleurs Nous aurons des baisers florentins sans le dire Mais au jardin ce soir tu vins sage et voleur Ceux de ta secte adorent-ils un signe obscène ; Belphégor le soleil le silence ou le chien Cette furtive ardeur des serpents qui s’entr’aiment L’ACTEUR Et le larron des fruits cria Je suis chrétien CHŒUR Ah ! Ah ! les colliers tinteront cherront les masques Va-t’en va-t’en contre le feu l’ombre prévaut Ah ! Ah ! le larron de gauche dans la bourrasque Rira de toi comme hennissent les chevaux FEMME Larron des fruits tourne vers moi tes yeux lyriques Emplissez de noix la besace du héros Il est plus noble que le paon pythagorique Le dauphin la vipère mâle ou le taureau CHŒUR Ah ! Ah ! nous secouerons toute la nuit les sistres La voix ligure était-ce donc un talisman Et si tu n’es pas de droite tu es sinistre Comme une tache grise ou le pressentiment Puisque l’absolu choit la chute est une preuve Qui double devient triple avant d’avoir été Nous avouons que les grossesses nous émeuvent Les ventres pourront seuls nier l’aséité Vois les vases sont pleins d’humides fleurs morales Va-t’en mais dénudé puisque tout est à nous Ouïs du chœur des vents les cadences plagales Et prends l’arc pour tuer l’unicorne ou le gnou L’ombre équivoque et tendre est le deuil de ta chair Et sombre elle est humaine et puis la nôtre aussi Va-t’en le crépuscule a des lueurs légères Et puis aucun de nous ne croirait tes récits Il brillait et attirait comme la pantaure Que n’avait-il la voix et les jupes d’Orphée Et les femmes la nuit feignant d’être des taures L’eussent aimé comme on l’aima puisqu’en effet Il était pâle il était beau comme un roi ladre Que n’avait-il la voix et les jupes d’Orphée La pierre prise au foie d’un vieux coq de Tanagre Au lieu du roseau triste et du funèbre faix Que n’alla-t-il vivre à la cour du roi d’Édesse Maigre et magique il eût scruté le firmament Pâle et magique il eût aimé des poétesses Juste et magique il eût épargné les démons Va-t’en errer crédule et roux avec ton ombre Soit ! la triade est mâle et tu es vierge et froid Le tact est relatif mais la vue est oblongue Tu n’as de signe que le signe de la croix

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

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    L’ermite Un ermite déchaux près d’un crâne blanchi Cria Je vous maudis martyres et détresses Trop de tentations malgré moi me caressent Tentations de lune et de logomachies Trop d’étoiles s’enfuient quand je dis mes prières Ô chef de morte Ô vieil ivoire Orbites Trous Des narines rongées J’ai faim Mes cris s’enrouent Voici donc pour mon jeûne un morceau de gruyère Ô Seigneur flagellez les nuées du coucher Qui vous tendent au ciel de si jolis culs roses Et c’est le soir les fleurs de jour déjà se closent Et les souris dans l’ombre incantent le plancher Les humains savent tant de jeux l’amour la mourre L’amour jeu des nombrils ou jeu de la grande oie La mourre jeu du nombre illusoire des doigts Seigneur faites Seigneur qu’un jour je m’enamoure J’attends celle qui me tendra ses doigts menus Combien de signes blancs aux ongles les paresses Les mensonges pourtant j’attends qu’elle les dresse Ses mains enamourées devant moi l’Inconnue Seigneur que t’ai-je fait Vois Je suis unicorne Pourtant malgré son bel effroi concupiscent Comme un poupon chéri mon sexe est innocent D’être anxieux seul et debout comme une borne Seigneur le Christ est nu jetez jetez sur lui La robe sans couture éteignez les ardeurs Au puits vont se noyer tant de tintements d’heures Quand isochrones choient des gouttes d’eau de pluie J’ai veillé trente nuits sous les lauriers-roses As-tu sué du sang Christ dans Gethsémani Crucifié réponds Dis non Moi je le nie Car j’ai trop espéré en vain l’hématidrose J’écoutais à genoux toquer les battements Du cœur le sang roulait toujours en ses artères Qui sont de vieux coraux ou qui sont des clavaires Et mon aorte était avare éperdument Une goutte tomba Sueur Et sa couleur Lueur Le sang si rouge et j’ai ri des damnés Puis enfin j’ai compris que je saignais du nez À cause des parfums violents de mes fleurs Et j’ai ri du vieil ange qui n’est point venu De vol très indolent me tendre un beau calice J’ai ri de l’aile grise et j’ôte mon cilice Tissé de crins soyeux par de cruels canuts Vertuchou Riotant des vulves des papesses De saintes sans tetons j’irai vers les cités Et peut-être y mourir pour ma virginité Parmi les mains les peaux les mots et les promesses Malgré les autans bleus je me dresse divin Comme un rayon de lune adoré par la mer En vain j’ai supplié tous les saints aémères Aucun n’a consacré mes doux pains sans levain Et je marche Je fuis ô nuit Lilith ulule Et clame vainement et je vois de grands yeux S’ouvrir tragiquement Ô nuit je vois tes cieux S’étoiler calmement de splendides pilules Un squelette de reine innocente est pendu À un long fil d’étoile en désespoir sévère La nuit les bois sont noirs et se meurt l’espoir vert Quand meurt le jour avec un râle inattendu Et je marche je fuis ô jour l’émoi de l’aube Ferma le regard fixe et doux de vieux rubis Des hiboux et voici le regard des brebis Et des truies aux tetins roses comme des lobes Des corbeaux éployés comme des tildes font Une ombre vaine aux pauvres champs de seigle mûr Non loin des bourgs où des chaumières sont impures D’avoir des hiboux morts cloués à leur plafond Mes kilomètres longs Mes tristesses plénières Les squelettes de doigts terminant les sapins Ont égaré ma route et mes rêves poupins Souvent et j’ai dormi au sol des sapinières Enfin Ô soir pâmé Au bout de mes chemins La ville m’apparut très grave au son des cloches Et ma luxure meurt à présent que j’approche En entrant j’ai béni les foules des deux mains Cité j’ai ri de tes palais tels que des truffes Blanches au sol fouillé de clairières bleues Or mes désirs s’en vont tous à la queue leu leu Ma migraine pieuse a coiffé sa cucuphe Car toutes sont venues m’avouer leurs péchés Et Seigneur je suis saint par le vœu des amantes Zélotide et Lorie Louise et Diamante On dit Tu peux savoir ô toi l’effarouché Ermite absous nos fautes jamais vénielles Ô toi le pur et le contrit que nous aimons Sache nos cœurs cache les jeux que nous aimons Et nos baisers quintessenciés comme du miel Et j’absous les aveux pourpres comme leur sang Des poétesses nues des fées des fornarines Aucun pauvre désir ne gonfle ma poitrine Lorsque je vois le soir les couples s’enlaçant Car je ne veux plus rien sinon laisser se clore Mes yeux couple lassé au verger pantelant Plein du râle pompeux des groseilliers sanglants Et de la sainte cruauté des passiflores

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    G

    Guillaume de Lacoste Lareymondie

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    Passion Massacré au plaisir d’une foule, étendu en travers du chemin et foulé de mégères hurlantes – sur son corps lacéré, répandu, où tout un peuple noir de mouches bleues prospère, sur sa dépouille ensanglantée, chacun a pu compter les plaies des coups. il gît dans la poussière, il pleure, et encor se redresse affaibli, nu, décharné et putride, et bute à chaque pierre, et s’effondre à nouveau sous le fouet qui le lime dans le long craquement de ses os et les cris des badauds ébaubis en quête de sublime. et ses chairs sont pourries, verdâtres – ses yeux gris qu’il ne relève plus crachent leur larme ultime, sa mère ne le reconnaît pas – jésus-christ.

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

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    Le dieu créateur La nature, d’essai en essai, allant du plus imparfait au plus parfait, arrive à cette dernière création qui mit pour la première fois l’homme sur la terre. Pourquoi le jour ne viendrait-il pas où notre race sera effacée, où nos ossements déterrés ne sembleront aux espèces vivantes que des ébauches grossières d’une nature qui s’essaie? Jouffroy Dieu, cet être inconnu dont nul n’a vu la face, Roi qui commande aux rois et règne dans l’espace, Las d’être toujours seul, lui dont l’infinité De l’univers sans bornes emplit l’immensité, Et d’embrasser toujours, seul, par sa plénitude De l’espace et des temps la sombre solitude, De rester toujours tel qu’il a toujours été, Solitaire et puissant durant l’Éternité, Portant de sa grandeur la marque indélébile, D’être le seul pour qui le temps soit immobile, Pour qui tout le passé reste sans souvenir Et qui n’attend rien de l’immense avenir; Qui de la nuit des temps perce l’ombre profonde; Pour qui tout soit égal, pour qui tout se confonde Dans l’éternel ennui d’un éternel présent, Solitaire et puissant et pourtant impuissant A changer son destin dont il n’est pas le maître, Le grand Dieu qui peut tout ne peut pas ne pas être! Et ce Dieu souverain, fatigué de son sort, Peut-être en sa grandeur a désiré la mort! Une éternité passe, et toujours solitaire Il voit l’éternité se dresser tout entière! Enfin las de rester seul avec son ennui Des astres au front d’or il a peuplé la nuit; Dans l’espace flottait comme un chaos immonde; De la matière impure il a formé le monde. Depuis longtemps la masse aride errait toujours, Comme Dieu solitaire et dans la nuit sans jours; Mais les astres brillaient et quelquefois dans l’ombre Un beau rayon de feu courant par la nuit sombre Éclairait tout à coup le sol inhabité Cachant comme un proscrit sa triste nudité!< Soudain levant son bras, le grand Dieu solitaire Alluma le soleil et regarda la terre! Alors tout s’anima sous l’ardeur de ses feux, L’arbre géant tordit ses membres monstrueux, La végétation monta, puissante, énorme, Premier essai de Dieu, production informe Et le globe roulant ses prés, ses grands bois verts, Tournait silencieux dans le vaste univers, Balançant dans le ciel sur sa tête parée Et ses hautes forêts et sa mer azurée. Pourtant Dieu le trouva triste et nu comme lui. Rêveur, il y jeta le feu qui gronde et luit; Alors tout disparut, englouti sous la flamme. Mais quand il renaquit, le monde avait une âme. C’était la vie ardente, aux souffles tout-puissants, Mais confuse et jetée en des êtres pesants Faits de vie et de sève et de chair et d’argile Comme l’oeuvre incomplet d’un artiste inhabile. Monstres hideux sortant de gouffres inconnus Qui traînaient au soleil leurs corps mous et charnus. Se penchant de nouveau, Dieu regarda la terre, Elle tournait toujours sauvage et solitaire. Tout paraissait tranquille et calme; mais parfois Quelque bête en hurlant passait dans les grands bois, D’arbres déracinés laissant un long sillage, Et son dos monstrueux soulevait le feuillage; Elle allait mugissante et traînant lentement Son corps inerte et lourd sous le bleu firmament; Et sa voix bondissait par l’écho répétée Jusqu’au trône de Dieu dans l’espace emportée; Et puis tout se taisait et l’on ne voyait plus Que le flot verdoyant des grands arbres touffus. Mais toujours mécontent, ce Dieu lança sa foudre, Alors tout disparut brûlé, réduit en poudre. Puis la sève revint, ainsi qu’un sang vermeil Dans les veines du sol qu’échauffait le soleil, L’herbe verte et les fleurs cachaient la terre nue; L’arbre ne portait plus sa tête dans la nue; De frêles arbrisseaux les monts étaient couverts Tout renaissait plus beau dans le jeune univers. Mais un jour, tout à coup, tout trembla sur la terre, Son globe n’était plus désert et solitaire; Le grand bois tressaillit, car un être inconnu Sur l’univers esclave a levé son bras nu. Le monde tout entier a plié sous cet être; Regardant la nature, il a dit: « Je suis maître. » Regardant le soleil, il a dit: « C’est pour moi. » L’animal furieux fuyait tremblant d’effroi; Il a dit: « C’est à moi »; le ciel brillait d’étoiles, Il a dit: « Dieu c’est moi. » L’ombre étendit ses voiles: L’homme d’une étincelle embrasa les forêts, Et du Dieu créateur arrachant les secrets, Seul, perdu dans l’espace, il se bâtit un monde. Tout plia sous ses lois, le feu, la terre et l’onde. Mais il marche toujours et depuis six mille ans Rien n’a pu ralentir ses progrès insolents, Et souvent quand il parle, on a cru que la vie Jaillissait du néant au gré de son envie. Mais cet être qui tient la terre sous sa loi, Qui de ce monde errant s’est proclamé le roi; Cet être formidable armé d’intelligence, Qui sur tout ce qui vit exerce sa puissance, Qu’est-il lui-même? Ainsi que ces monstres si lourds Qui furent le dessin des races de nos jours; Que les arbres géants, aux têtes souveraines Dont nous avons trouvé des forêts souterraines, L’homme n’est-il aussi qu’un ouvrage incomplet, Que l’ébauche et le plan d’un être plus parfait; Ira-t-il au néant? Ou sa tâche finie, Montera-t-il au Dieu qui lui donna la vie? Ô vous, vieux habitants des siècles d’autrefois Qui seuls mêliez vos cris au grand souffle des bois, Qui vîntes les premiers dans ce monde où nous sommes, Le dernier échelon, dites, sont-ce les hommes? Vous êtes disparus avec les siècles morts; Si nous passons aussi, que sommes-nous alors? Seigneur, Dieu tout-puissant, quand je veux te comprendre, Ta grandeur m’éblouit et vient me le défendre. Quand ma raison s’élève à ton infinité Dans le doute et la nuit je suis précipité, Et je ne puis saisir, dans l’ombre qui m’enlace Qu’un éclair passager qui brille et qui s’efface. Mais j’espère pourtant, car là-haut tu souris! Car souvent, quand un jour se lève triste et gris, Quand on ne voit partout que de sombres images, Un rayon de soleil glisse entre deux nuages Qui nous montre là-bas un petit coin d’azur; Quand l’homme doute et que tout lui paraît obscur, Il a toujours à l’âme un rayon d’espérance; Car il reste toujours, même dans la souffrance, Au plus désespéré, par le temps le plus noir, Un peu d’azur au ciel, au coeur un peu d’espoir. (1868)

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

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    Antéros Tu demandes pourquoi j'ai tant de rage au cœur Et sur un col flexible une tête indomptée ; C'est que je suis issu de la race d'Antée, Je retourne les dards contre le dieu vainqueur.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

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    Artémis La Treizième revient... C'est encor la première ; Et c'est toujours la Seule, - ou c'est le seul moment : Car es-tu Reine, ô Toi ! la première ou dernière ? Es-tu Roi, toi le seul ou le dernier amant ? ...

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

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    Le Christ aux oliviers Dieu est mort ! le ciel est vide… Pleurez ! enfants, vous n’avez plus de père ! I Quand le Seigneur, levant au ciel ses maigres bras Sous les arbres sacrés, comme font les poètes, Se fut longtemps perdu dans ses douleurs muettes, Et se jugea trahi par des amis ingrats ; Il se tourna vers ceux qui l’attendaient en bas Rêvant d’être des rois, des sages, des prophètes… Mais engourdis, perdus dans le sommeil des bêtes, Et se prit à crier : « Non, Dieu n’existe pas ! » Ils dormaient. « Mes amis, savez-vous la nouvelle ? J’ai touché de mon front à la voûte éternelle ; Je suis sanglant, brisé, souffrant pour bien des jours ! « Frères, je vous trompais : Abîme ! abîme ! abîme ! Le dieu manque à l’autel où je suis la victime… Dieu n’est pas ! Dieu n’est plus ! » Mais ils dormaient toujours !… II Il reprit : « Tout est mort ! J’ai parcouru les mondes ; Et j’ai perdu mon vol dans leurs chemins lactés, Aussi loin que la vie en ses veines fécondes, Répand des sables d’or et des flots argentés : « Partout le sol désert côtoyé par les ondes, Des tourbillons confus d’océans agités… Un souffle vague émeut les sphères vagabondes, Mais nul esprit n’existe en ces immensités. « En cherchant l’œil de Dieu, je n’ai vu qu’un orbite Vaste, noir et sans fond, d’où la nuit qui l’habite Rayonne sur le monde et s’épaissit toujours ; « Un arc-en-ciel étrange entoure ce puits sombre, Seuil de l’ancien chaos dont le néant est l’ombre, Spirale engloutissant les Mondes et les Jours ! III « Immobile Destin, muette sentinelle, Froide Nécessité !… Hasard qui, t’avançant Parmi les mondes morts sous la neige éternelle, Refroidis, par degrés, l’univers pâlissant, « Sais-tu ce que tu fais, puissance originelle, De tes soleils éteints, l’un l’autre se froissant… Es-tu sûr de transmettre une haleine immortelle, Entre un monde qui meurt et l’autre renaissant ?… « Ô mon père ! est-ce toi que je sens en moi-même ? As-tu pouvoir de vivre et de vaincre la mort ? Aurais-tu succombé sous un dernier effort « De cet ange des nuits que frappa l’anathème ?… Car je me sens tout seul à pleurer et souffrir, Hélas ! et, si je meurs, c’est que tout va mourir ! » IV Nul n’entendait gémir l’éternelle victime, Livrant au monde en vain tout son cœur épanché ; Mais prêt à défaillir et sans force penché, Il appela le seul – éveillé dans Solyme : « Judas ! lui cria-t-il, tu sais ce qu’on m’estime, Hâte-toi de me vendre, et finis ce marché : Je suis souffrant, ami ! sur la terre couché… Viens ! ô toi qui, du moins, as la force du crime ! » Mais Judas s’en allait, mécontent et pensif, Se trouvant mal payé, plein d’un remords si vif Qu’il lisait ses noirceurs sur tous les murs écrites… Enfin Pilate seul, qui veillait pour César, Sentant quelque pitié, se tourna par hasard : « Allez chercher ce fou ! » dit-il aux satellites. V C’était bien lui, ce fou, cet insensé sublime… Cet Icare oublié qui remontait les cieux, Ce Phaéton perdu sous la foudre des dieux, Ce bel Atys meurtri que Cybèle ranime ! L’augure interrogeait le flanc de la victime, La terre s’enivrait de ce sang précieux… L’univers étourdi penchait sur ses essieux, Et l’Olympe un instant chancela vers l’abîme. « Réponds ! criait César à Jupiter Ammon, Quel est ce nouveau dieu qu’on impose à la terre ? Et si ce n’est un dieu, c’est au moins un démon… » Mais l’oracle invoqué pour jamais dut se taire ; Un seul pouvait au monde expliquer ce mystère : – Celui qui donna l’âme aux enfants du limon.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Les cydalises Où sont nos amoureuses ? Elles sont au tombeau. Elles sont plus heureuses, Dans un séjour plus beau ! Elles sont près des anges, Dans le fond du ciel bleu, Et chantent les louanges De la mère de Dieu !

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Myrtho Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse, Au Pausilippe altier, de mille feux brillant, À ton front inondé des clartés de l'Orient, Aux raisins noirs mêlés avec l'or de ta tresse. C'est dans ta coupe aussi que j'avais bu l'ivresse, Et dans l'éclair furtif de ton œil souriant, Quand aux pieds d'lacchus on me voyait priant, Car la Muse m'a fait l'un des fils de la Grèce. Je sais pourquoi là-bas le volcan s'est rouvert... C'est qu'hier tu l'avais touché d'un pied agile, Et de cendres soudain l'horizon s'est couvert. Depuis qu'un duc normand brisa tes dieux d'argile, Toujours, sous les rameaux du laurier de Virgile, Le pâle hortensia s'unit au myrte vert !

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Vers dorés Homme ! libre penseur - te crois-tu seul pensant Dans ce monde où la vie éclate en toute chose : Des forces que tu tiens ta liberté dispose, Mais de tous tes conseils l'univers est absent. Respecte dans la bête un esprit agissant : ... Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ; Un mystère d'amour dans le métal repose : "Tout est sensible ! " - Et tout sur ton être est puissant !

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    J

    Jean Ciphan

    @jeanCiphan

    La Merveille Un quidam va, cheminant, Foulant les prés salés vert sinople. Espérance ? Au loin surgit le Mont, sous le soleil couchant… Le quidam s’en approche, C’est l’angélus ! Trois fois tinte la cloche… Son pas soudain s’anime et n’est plus trébuchant ! Sous l’aile archangélique, effaçant peurs et transes, Le quidam va, rayonnant. Novembre 2013 « Chemins d’ailleurs »

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