Les marqueurs mémoriels de la guerre et de l'armée - La construction d'un espace du souvenir dans l'Est de la France
La roumanie : De la triplice à l'entente 1914-1919
Publié par Soteca, le 09 novembre 2009
279 pages
Résumé
Bien que la France y ait eu une grande influence, la politique et les opérations militaires menées par le Royaume roumain, entre 1914 et 1918, sont largement méconnues en France. Jean-Noël Grandhomme dresse un portrait précis mais accessible au plus grand nombre. L’historien rappelle fort justement qu’en 1914, la Roumanie est un pays en construction, sa pleine indépendance ne remonte qu’à 1877. Comme l’ensemble de l’Europe, la Roumanie du début XXe siècle, n’échappe pas à la fièvre nationaliste. Ses revendications sont notamment orientées, à l’est, vers la Bessarabie tsariste et, au nord, en direction de la Transylvanie et de la Bucovinie de l’Empire austro-hongrois. A travers le souverain, Carol Ier de Hohenzollern, les liens avec le Reich sont intimes, tant sur le plan politique qu’économique. Mais cette orientation ne fait pas l’unanimité du peuple roumain, à tel point que l’alliance conclue, en 1883, avec la Triplice, par le roi, est tenue secrète jusqu’en août 1914. Sous la pression, Carol Ier renonce à s’engager au profit d’une neutralité. Il confie à l’empereur François-Joseph : « Jamais la Roumanie ne prendra les armes contre la Monarchie [austro-hongroise] » Deux ans plus tard, en août 1916, la situation est radicalement différente. Ferdinand Ier est monté sur le trône et le président du conseil Bratianu, séduit par les offres des négociateurs de l’Entente et convaincu de l’imminence de la défaite allemande depuis l’offensive Broussilov de juin 1916, pousse à la guerre, déclarée le 27 août. Contrairement aux prévisions du gouvernement roumain, les forces de la Triplice ne sont pas à genoux et se révèlent capables de redresser une situation stratégique largement défavorable. Malgré les quelques succès initiaux en Transylvanie et le soutien russe, les soldats roumains sont acculés à la retraite sur tout le front, sous les coups de buttoirs des Allemands, Austro-hongrois, Bulgares et autres Turcs… Dès le 6 décembre 1916, le drapeau du II. Reich flotte sur les bâtiments officiels de Bucarest et les trois quarts du pays sont mis en coupe réglée pour soutenir l’effort de guerre des puissances centrales. L’un des grands intérêts de l’ouvrage est de démontrer que la participation de la Roumanie à la guerre, ne s’arrête pas à cet instant ! La Moldavie, protégée par la rivière Seret reste sous l’autorité de Ferdinand Ier et de son armée. Le parcours de la nation Roumaine est en cela très proche de celui de la Belgique. Si l’armée roumaine est profondément réorganisée par la mission militaire française du général Berthelot, la société dominée par les riches propriétaires l’est également, avec introduction du suffrage universel et des redistributions de terre. Ce redressement spectaculaire permet à l’armée de Ferdinand Ier de passer à l’offensive à la fin juillet 1917, puis de résister à la contre-offensive allemande d’août, notamment lors des batailles de Marasesti et d’Oituz. Toutefois, le retrait de la Russie de la guerre, contraint la Roumanie à en faire de même. Le 9 décembre 1917 est signé l’armistice, puis le 7 mai 1918 le traité de paix. Le 10 novembre 1918, le pays rejoint à nouveau l’Entente pour se voir agrandi à la table des négociations de la Bessarabie, de la Bucovine, et de la Transylvanie. Sous les apparences d’une grande Roumanie, puissance incontournable d’Europe centrale, les dissensions internes consécutives à sa croissance démesurée en font un état fragile…
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