Fiction lente

Michel Falempin

Publié par Ivrea, le 11 septembre 2001

Résumé

Une petite route et qui fait l'importante ; une hale dont l'interruption s'efforce d'accéder à la paradoxale incarnation du vide ; plusieurs surfaces réfléchissantes mais dont la réalité, dans le paysage, est d'emblée réfutée un scarabée qui échappe de peu à la mort en traversant la route la hantise fatiguée du double qui tente de faire diversion à l'activité louche de deux truismes - la paix des champs et la jungle des villes ; un coin qui se désolidarise de sa campagne pour la soulever vers le ciel ; un château d'eau dont l'ombre sur la terre est celle d'un immense sabot ; une autre ombre, celle portée d'un crime, en l'absence de tout nuage ; un rapide passage par les Enfers classiques en l'honneur de Proserpine, fille de Céres ; un trajet, devenu une huître qui pense, un horizon qui refuse d'entrer tout entier sur la page d'un croquis, un tracteur édifiant et tardif : comme une rédaction dont le sujet serait "racontez une promenade dans la campagne au printemps" mais qui n'y satisferait que d'une façon dilatoire, réticente, oblique et pourtant vétilleuse, comparative, paraphrastique et périphrastique, c'est-à-dire sur le mode du détour rapportant un détour. A la fin, la raison qu'il y eut de s'arrêter en tel lieu, puis, après coup, à tel lieu et, enfin, d'y revenir comme sur le théâtre du crime - crime de lenteur, crime sans mobile - pour s'y effondrer de ne pas supporter le démenti qu'il oppose à maintes allégations spécieuses, décline tous les aspects qu'elle dut revêtir pour obtenir cette halte et somme désormais, toute honte bue, son employeur, dont elle croit s'émanciper, d'en venir au vif du sujet : seul rachat possible aux yeux du monde. Mais elle n'a que l'illusion d'avoir le dernier mot puisque c'est, justement, le dernier mot.