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Topiques sinaïtiques, Volume 3: Violence humaine et transcendance de l'amour | Raphaël Draï
Topiques sinaïtiques, Volume 3: Violence humaine et transcendance de l'amour | Raphaël Draï

Topiques sinaïtiques, Volume 3: Violence humaine et transcendance de l'amour

Publié par Hermann, le 23 février 2013

310 pages

Résumé

Les récits bibliques ont peu à voir avec « l'Histoire sainte » tant ils contiennent de récits violents, de meurtres, de viols et de guerres sans merci. En contrepoint, le commandement d'amour du prochain énoncé dans le Livre du Lévitique paraît un leurre. Comment expliquer la violence primordiale du Léviathan mentionné dès le Livre de La Genèse ? Comment comprendre cette démesure dévastatrice devant laquelle l'homme paraît démuni, réduit à demander : « Prie pour la paix de l'État, sinon chacun avalerait vivant son voisin » ? Dans cet univers de heurts que La Bible décrit sans concession, il convient de s'interroger sur les modalités alternatives de l'amour. Un amour vivace et patient, culminant dans Le Cantique des Cantiques. Un tel amour est le plus sûr critère de l'intervention prophétique dans ses admonestations apparemment les plus brutales. C'est en son nom que le Prophète sinaïtique partage les épreuves du peuple devenu sourd, au lieu de s'en réjouir au titre du « Je vous l'avais bien dit ! ». Et c'est ce même amour qui confère son sens profond à l'espérance messianique depuis que l'humain, expulsé du Jardin d'Éden, sait qu'il lui faut trouver en lui-même les issues à toute désespérance. Publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.Extrait:Dans les récits bibliques, les actes de violence sont si nombreux et si épouvantables qu'on aurait de la peine à choisir parmi les plus contraires au principe des principes «et tu aimeras ton prochain comme toi-même : Je suis Dieu» (Lv, 19, 18). Par suite deux voies s'ouvrent pour résoudre une si flagrante contradiction. Soit euphémiser cette violence, flagrante ou artésienne, et faire prévaloir, coûte que coûte, un amour de principe qui risque alors d'être purement illusoire ; soit tenter de comprendre ce qui explique et l'une et l'autre propension de la «nature humaine» mais aussi - il faut se confronter à cette idée - de l'«être» sinon de la «nature» de Dieu. C'est cette deuxième position que l'on privilégiera en nous plaçant précisément au point d'où s'aperçoivent ensemble l'avers et le revers de cette même réalité : celle qui relève d'abord de la sixième parole sinaïtique : «Tu ne tueras point» - condition préliminaire du commandement d'amour précité - puis celle, contraire, qui se discerne dans les récits de fratricides, de guerre, de viol, de corps tronçonnés, d'extermination collective, de ruines et de déportation.Les récits bibliques n'ont jamais été transcrits ad usum delphini. Ils rendent compte de faits psychiques et sociaux qui se sont produits, et tels qu'ils se sont produits, parfois à des millénaires de distance mais de sorte que leur actualité s'impose toujours. En même temps ils tentent de dégager, d'une part, les questions de normes et de valeurs qui apparaissent alors, et, d'autre part, si possible, les issues qui se dégagent et les perspectives qui se dessinent lorsque la violence est sur le point de tout emporter, et à plus forte raison lorsqu'elle a tout emporté, sans que jamais rien ne soit définitivement acquis dans un sens ou dans l'autre, de sorte que sans fin l'humain remette sur le métier l'ouvrage qui le rende compatible avec la Création du vivant. Il suffirait pour s'en convaincre de se reporter au récit du Déluge avec ses cinq phases : la sortie plus que déviante : perverse, de l'espèce humaine hors de la loi de vie ; la destruction qui en résulte ; le sauvetage qui s'ensuit ; la rechute qui succède à son sauvetage ; l'issue à nouveau dégagée devant le cours du vivant homologue à celui de l'Histoire humaine. Tout cela est loin d'aller de soi. Le chiasme des interrogations se constate en premier lieu de Dieu vers l'homme, puis de l'homme vers Dieu.Lorsque l'Humain se fut autorisé à porter la main, à exercer sa main-mise, sur l'Arbre de la connaissance du bien et du mal qui faisait pourtant l'objet d'une défense particulière, et qu'ensuite, sidéré par les conséquences de son acte violent, il tenta de se dissimuler, Dieu, le Créateur, ne peut rien faire d'autre que de l'interroger, de lui poser la toute première question qui apparaisse dans le Livre de La Genèse et dans toute la Bible : «Où (en) es tu» ? («Hayéka») (Gn, 3, 9). Dieu ne le savait-il pas ? Face à la liberté humaine, Dieu ne sait que faire de sa toute-puissance et de son omniscience supposées. Pour créer l'univers, et même pour créer l'Humain, il a procédé par proférations. En ce point l'Humain à présent le déconcerte et nous devons nous laisser déconcerter aussi. Pourquoi l'humain a-t-il agi de façon tellement erratique et aberrante, refusant tout ce qui lui était permis, pour n'être fasciné que par la chose interdite ? Il faudra s'y faire : Dieu ne le sait pas d'avance. Il doit interroger le principal intéressé qui tentera de s'en sortir par une argumentation dont l'on pourrait dire beaucoup sauf qu'elle fut glorieuse. Il n'en ira pas autrement après le meurtre - qui donc aurait pu l'imaginer... - d'Abel par son frère, par Caïn. Là encore Dieu ne peut qu'interroger : «Où est Abel ton frère ?», pour ajouter, après que le meurtrier eut tenté de se défausser : «Qu'as-tu fait ? La voix des sangs de ton frère crie vers moi de la terre»... Où ? Qu'est-ce ? Dieu ne le saurait-il pas ? Il faut tenter de comprendre le sens de ces questions : elles ne portent pas sur les causes occasionnelles de tels actes mais sur leur origine, sur le fait qu'ils eussent été possibles.

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