Quand le furet s'endort
Cahier neuf 1943-1949
Publié par Pierre-Guillaume de Roux, le 27 février 2020
200 pages
Résumé
« Je vérifie chaque jour le concept de la vie comme mixte - transcendance, la vie qui devance et ressaisit ; dégradation, la vie qui s'émiette et s'échappe à soi-même ; présence, la vie qui se répète dans le cycle des besoins. Je dois essayer de dire comment cette transcendance se révèle soudainement en des éclairs de la sensibilité. » Voici le premier des « Cahiers neuf » qui composent le long journal de bord de Pierre Boutang (1916-1998), l'un des plus grand philosophe français à qui l'on doit notamment Ontologie du secret, Apocalypse du désir et Les Abeilles de Delphes. Inédits, ils éclairent son oeuvre de manière décisive. Le Cahier neuf écrit entre 1943 et 1947 ouvre donc la boîte noire d'une pensée d'une très haute exigence. Il s'agit de notes au style limpide qui racontent le combat du philosophe avec lui-même pour défricher le chemin qui conduit à la transcendance. « Je veux montrer un homme dans toute la vérité de sa nature; et c'est homme ce sera moi. » Pas question de partir du constat de Jean-Jacques Rousseau et de son être naturellement bon, annonciateur du héros romantique et de la démesure que produira sa toute-puissance sacrilège. Place aux failles de l'être, à l'obscurité dans laquelle il tente le dépassement de sa condition sans perdre pour autant son humilité. Jusqu'où s'étend le libre-arbitre ? Quelles en sont les modalités ? Et si c'était leur part d'ombre, leurs entraves, leurs limites (confusion de la perception, faible validité du souvenir, instabilité du jugement, etc...)qui en définissaient le mieux l'essence, l'horizon métaphysique ? Pierre Boutang relance l'interrogation existentialiste et choisit l'itinéraire le plus escarpé comme point de vue critique. Le principe d'incertitude qui garantit l'honnêteté de sa démarche, pas à pas, permet, seul, le renouveau, la réévaluation du sens ultime à accorder au sujet. Le caractère nécessairement conflictuel par lequel il se manifeste et se révèle devient ainsi l'objet d'une « conversion ». Sont tour à tour médités Kierkegaard, Kant, Socrate, Hegel, Bergson, Saint Paul , Kafka , Shakespeare, Nerval ou Rimbaud. A la fragilité des oeuvres humaines correspond le mirage de la « cité », de la fiction politique, de l'Histoire et de la civilisation... Mais le devenir humain doit-il s'arrêter à la seule tragédie ? Emerge alors cet autre paradoxe mais aussi cette nouvelle perspective : la foi comme « mode de référence à l'être d'un tout qui n'ait pas d'existence »
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