Mai 1968: Sous Les Paves, La Repression [Juin 1968-Mars 1974]

"L'anarchie est la plus haute expression de l'ordre" (Elisée Reclus), mais l'ordre que l'on nous impose est loin d'être de cette nature. L'ordre public, c'est l'ordre brutal mis au service du pouvoir quel qu'il soit. Il faut être cohérent : l'ordre n'est pas réellement au service des citoyens mais sert essentiellement à les encadrer, les surveiller, les contrôler. L'ordre, c'est le bon plaisir du souverain, jadis, de celui qui gouverne, de nos jours. Au-delà, l'ordre ne représente pas uniquement la volonté du prince, comme ses caprices du moment. Une certitude, lorsqu'une société fonctionne en bon ordre, elle perd les moyens de contester, de se soulever même lorsque le poids des interdits devient insupportable.

A vos ordres ? Jamais plus !

Rescapé de la rafle du Vél' d'Hiv, historien de la répression policière et militant antiautoritaire, Maurice Rajsfus (1928-2020) fut l'auteur de plus de 60 ouvrages, dont, aux éditions du Détour, Des Juifs dans la Collaboration — L'Ugif 1941-1944, La Rafle du Vél' d'Hiv et 1953, un 14 juillet sanglant.

La police de Vichy

Même si le rejet des Arabes et des Noirs figure en première ligne des préoccupations du Front national, Jean-Marie Le Pen ne néglige pas une occasion de dénoncer le judéo-centrisme.
En septembre 1987, Jean-Marie Le Pen lançait une première fois l'expression " un détail " pour caractériser le génocide juif. En décembre 1997, il se permet de reprendre l'expression sous la fome d'un " persiste et signe " - montrant ainsi qu'il est possible d'éructer de tels propos sans être marginalisé par la classe politique. D'un " détail " à l'autre, le Front national n'a cessé d'élargir son audience électorale.
Maurice Rajsfus s'attache à démonter la stratégie du Front national au cours de ces dix années, à faire comprendre comment, à travers ses déclarations et ses actes, Le Pen est parvenu à tisser la toile de la bête immonde.
Il ne s'agit plus seulement d'alerter l'opinion publique du danger représenté par le Front national. Le temps de la contre-offensive est venu.

En gros et en détail - Le Pen au quotidien 1987-1997

Sois Juif et tais-toi ! C'est un slogan qui aurait pu être utilisé par nombre de Français "israélites", furieux de voir s'installer en France leurs "coreligionnaires" qui fuyaient les persécutions. Il n'y a pas de place en France pour les Juifs allemands, déclarait en novembre 1938 le grand rabbin de Paris et cet homme respectable ajoutait qu'il ne fallait rien faire qui puisse empêcher un accord entre la France et l'Allemagne de Hitler. Depuis 1933, l'accueil réservé en France aux. Juifs allemands était de cette qualité : ne venez pas en France, si vous passez par notre pays ne restez chez nous que le temps nécessaire pour trouver une autre terre d'asile et, surtout, pendant cette période, taisez-vous, ne vous faites pas remarquer ! Cette attitude ne faisait que confirmer les prises de position officielles des représentants déclarés du judaïsme français depuis la prise du pouvoir en Allemagne par les nazis. En ces circonstances dramatiques qui précédaient la seconde guerre mondiale, la bourgeoisie juive de ce pays ne faisait que montrer la voie à suivre et la France profonde ne lui laissait pas l'exclusivité de cette lâche attitude. Plus la guerre s'approchait, plus l'antisémitisme se déchaînait sur la plupart des pays d'Europe centrale et plus les portes se fermaient aux réfugiés en proie au désespoir. Aux Juifs d'Allemagne particulièrement. Bien sûr, on ne les traitait pas de "sales boches" mais c'était parfois tout juste. Quant, à partir de septembre 1939, nombre de ces réfugiés, et pas seulement les politiques, se retrouveront dans les camps de concentration de la République française, en compagnie de rares nazis, le Consistoire israélite ne trouvera pas un mot pour protester contre cette indignité dont il partagera ainsi la responsabilité car ces réfugiés allemands seront livrés un an plus tard aux nazis pour prendre le chemin des camps de la mort.

Sois Juif et tais-toi ! - 1930-1940, les Français "israélites" face au nazisme

En juin 1940, la France a perdu la guerre. Les troupes allemandes occupent Paris. La police de ce pays va se mettre à la disposition des vainqueurs. Très rapidement, les autorités françaises, aux ordres du maréchal Pétain, vont promulguer des lois raciales. Plusieurs dizaines de milliers de Juifs étrangers, vivant en zone occupée, sous contrôle des nazis, vont devenir des parias "indéterminés", après avoir été "apatrides". Ce qui signifiait clairement qu'ils ne faisaient plus partie de la communauté humaine. Le petit Maurice, français par le droit du sol, voit brutalement ses parents transformés en des Untermenschen, selon les termes nazis, c'est à dire des sous-hommes.

Le petit Maurice dans la tourmente - 1940-1944 Quatre ans parmi les sous-hommes

Les gardiens de l'ordre public ont toujours manifesté un comportement rugueux face au pékin qu'ils se doivent de tenir en respect-même si l'ordre n'est pas menacé.
D'où, tout naturellement, un mode d'expression plutôt rude.
Comme les militaires, les policiers ou les gendarmes vont droit à lessentiel, mais avec un vocabulaire très court, mais paradoxalement varié dans son expression vulgaire.

Le vocabulaire policier

16-17 juillet 1942, 7 000 policiers français raflent 13 152 Juifs : hommes, femmes et enfants (plus de 4 000). Ils sont enfermés au Vélodrome d'hivers ou à Drancy, avant d'être déportés.

La grande rafle des 16 et 17 juillet 1942 (dite rafle du Vél' d'Hiv) n'a été ni la première ni la dernière de ces opérations raciales conduites par la police française. Ce fut néanmoins la plus importante, la plus emblématique de ces actions répressives. Il y a d'abord le nombre des personnes arrêtées (13 152) ; le fait aussi que, pour la première fois, des femmes et des enfants étaient concernés.

Pourtant, du 14?mai 1941 à la fin du printemps 1944, les rafles ont été nombreuses, sans pour autant laisser le même souvenir. Cette opération, entièrement conduite par la police française, laisse une trace indélébile, car elle fut surtout la démonstration du pouvoir de nuisance d'un corps de fonctionnaires ayant perdu tous ses repères.

L'analyse de ce sombre épisode a pour fonction d'alerter les citoyens d'un pays libre sur les dérives d'un pouvoir fort.

La première édition de ce livre est parue en 2002.

Mai 1968: Sous Les Paves, La Repression [Juin 1968-Mars 1974]

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