L'action commence de nos jours à Chelmno-sur-Ner, Pologne. À 80 kilomètres au nord-ouest de Lodz, au coeur d'une région autrefois à fort peuplement juif, Chelmno fut en Pologne le site de la première extermination de Juifs par le gaz. Elle débuta le 7 décembre 1941. 400 000 Juifs furent assassinés à Chelmno en deux périodes distinctes : décembre 1941 - printemps 1943 ; juin 1944 - janvier 1945. Le mode d'administration de mort demeura jusqu'à la fin identique : les camions à gaz. «Nous avons lu, après la guerre, des quantités de témoignages sur les ghettos, sur les camps d'extermination ; nous étions bouleversés. Mais en voyant aujourd'hui l'extraordinaire film de Claude Lanzmann, nous nous apercevons que nous n'avons rien su. Malgré toutes nos connaissances, l'affreuse expérience restait à distance de nous. Pour la première fois, nous la vivons dans notre tête, dans notre coeur, notre chair. Elle devient la nôtre.» Simone de Beauvoir.

Shoah

Jacques Derrida : L'événement Déconstruction : 

Joseph Cohen - Raphaël Zagury-Orly, Avant-propos [à 'Jacques Derrida : L'événement Déconstruction']

Claude Lanzmann, Salut éternel à Jacques Derrida

Jacques Derrida - Richard Kearney, La déconstruction et l'autre (entretien)

Jacques Derrida - Michal Ben-Naftali, La mélancolie d'Abraham (entretien)

Hadrien Laroche, Court traité de la décision en deux pages

Annabel Herzog, Monolinguisme et optimisme : Derrida, Candide et la culture

Avital Ronell, L'Impossible Monsieur Bébé, cette déconstruction incessante...

Michel Raffoul, Chez lui chez l'autre

Jacques Rancière, La démocratie est-elle à venir? Éthique et politique chez Derrida

Felix Heidenreich, Comment dire 'nous'?

Stéphane Habib, In medias res

René Major, L'enfance (sans origine) de la déconstruction

Gérard Bensussan, La bête est sans pourquoi

Orietta Ombrosi, Non seulement un chien. Les bestiaires de Levinas et Derrida

Michael Naas, Au commencement, le souffle... La genèse de la déconstruction

John D. Caputo, Dieu, peut-être. Esquisses d'un Dieu à venir et d'une nouvelle espèce de théologiens

Martin Hägglund, L'athéisme radical de Derrida

Andrew Haas, Not a notion what I meant : l'autre métaphysique

Timothy Mooney, Des motivations naturalistes et humanistes de la déconstruction

Jean Grondin, Le dialogue toujours différé de Derrida et Gadamer

Jacques Derrida - Hans-Georg Gadamer, Correspondance

Joseph Cohen - Raphaël Zagury-Orly, Déconstruire jusqu'à la résistance

Les Temps Modernes N° 669/670, juillet-

Des Israéliens se parlent, nous parlent : 

Claude Lanzmann, Des Israéliens se parlent nous parlent 

Denis Charbit, Israël : un singulier pluriel

Benyamin Neuberger, "État juif et démocratique" : essai de définitions

Ruth Gavison, Plaidoyer pour le droit à un État juif 

Haïm Gans, L'hégémonie nationale et ses limites 

Meidad Benichou, Exigences ethniques, impératif démocratique 

Mordechaï Schenhav, Pour une nouvelle définition de l'État d'Israël 

Ilan Greilsammer, Les Arabes israéliens : un défi pour la démocratie israélienne 

Ilana Kaufman, Vers une démocratie consensuelle 

Mustafa Kabha, L'idée binationale dans le débat palestinien 

Uri Avnery, État binational : "Le loup doit vivre avec l'agneau" 

Ofer Sitbon, Les travailleurs migrants à l'ère de la mondialisation 

Yedidia Stern, Laïcs et religieux. Une entente possible ? 

Eliezer Ben-Rafaël, Israël : ethnicités juives et unité nationale 

Zeev Rosenhek, L'État-providence, agent d'intégration ou d'exclusion ? 

Gilles Darmon, La société civile en lutte contre la pauvreté 

Malka Marcovich, L'ONU, Israël et les Juifs

Gilbert Benhayoun, Le coût de la paix : hypothèses et projections économiques 

Raphael Zagury-Orly - Nathalie Zajde-Nathan, Gabriel Moked et la littérature israélienne 

Régine-Mihal Friedman, Les enfants du rêve ou L'Altneuland et ses films 

Chronique : 

Micheline B. Servin, Festival d'Avignon, 62e : "On tourne !"

Les Temps Modernes N° 652-653, Janvier-

Claude Lanzmann, Sakineh, pionnière de la liberté

Simone de Beauvoir, La voix des femmes iraniennes

Pedro Kadivar, L'extrême réel. Deux voyages en Iran

Bertrand Leclair, La communication triomphante ou La nécessité de redéfinir l'espace critique

Olivier Wickers, 1610-2010 : l'anniversaire d'un peintre scandaleux, Caravage

Patrick Vauday, Maurice Matieu : l'ombre de l'égalité

Betty Rojtman, Le Juif de Blanchot : étranger sur sa terre

Myriam Bienenstock, Le devoir de mémoire : un impératif?

Juan Pablo Lucchelli, Lacan et la formule canonique des mythes

Chroniques : 

Margaret Manale, EuropaStadt Görlitz-Zgorzelec : ville européenne ou ville-musée d'Europe?

Micheline B. Servin, 64e Festival d'Avignon, les maux faits aux mots

Les Temps Modernes N° 660, Septembre-oc

Guadeloupe-Martinique, janvier-mars 2009 : la révolte méprisée : 

 T. M., Hommage à Édouard Glissant

Édouard Glissant, La pierre

Juliette Simont, Barrages

Jean Bourgault, Abandonner les vieilles routes. À propos des grèves de janvier-mars 2009

Élie Domota - Jean Bourgault, 'Ce n'est pas un homme qu'il faut changer, mais tout un système' (entretien)

George Arnauld, 'Seul le couteau sait ce qu'il y a dans le giraumon' ('Sé kouto sèl ki sav kian tchè giromon')

Jean-Luc Bonniol, Janvier-mars 2009, trois mois de lutte en Guadeloupe

Frantz Succab, Acomat, traversée de mots parmi les arbres

 Monchoachi, Le pays nous

Fabrice Birota - Serge Domi - Max Tanic, Mal-être et crise sociale

Patrick Chamoiseau - Jean Bourgault, 'Il faudrait dire : "les temps impensables" ou "les temps de la relation"' (entretien)

Xavier Fiszbin, Marie-Galante, un vent singulier

Marlène Hospice, Descendre à Saint-Pierre. À la rencontre de la société martiniquaise

Alain Ménil, Revival de l'exotisme? À propos de l'exposition 'Denise Colomb aux Antilles'

Michel Giraud, La promesse d'une aurore

Jean-Loup Amselle, Négritude, créolisation, créolité. L'Ethnicisation de la société française au prisme des auteurs martiniquais

Guillaume Pigeard de Gurbert, Topiques créoles

Jean-Luc de Laguarigue, Découvrir Césaire

Gérard Delver, Lettre de sous mon tamarinier

Chronique : 

Micheline B. Servin, Paroles des nuits et de guerre

Les Temps Modernes N° 662-663, Janvier-

'Quand venait l'heure de nous coucher et de nous mettre en pyjama, notre père restait près de nous et nous apprenait à disposer nos vêtements dans l'ordre très exact du rhabillage. Il nous avertissait, nous savions que la cloche de la porte extérieure nous réveillerait en plein sommeil et que nous aurions à fuir, comme si la Gestapo surgissait. Votre temps sera chronométré, disait-il, nous ne prîmes pas très longtemps la chose pour un jeu. C'était une cloche au timbre puissant et clair, actionnée par une chaîne. Et soudain, cet inoubliable carillon impérieux de l'aube, les allers-retours du battant de la cloche sur ses parois marquant sans équivoque qu'on ne sonnait pas dans l'attente polie d'une ouverture, mais pour annoncer une brutale effraction. Sursaut du réveil, l'un de nous secouait notre petite sour lourdement endormie, nous nous vêtions dans le noir, à grande vitesse, avec des gestes de plus en plus mécanisés au fil des progrès de l'entraînement, dévalions les deux étages, sans un bruit et dans l'obscurité totale, ouvrions comme par magie la porte de la cour et foncions vers la lisière du jardin, écartions les branchages, les remettions en place après nous être glissés l'un derrière l'autre dans la protectrice anfractuosité, et attendions souffle perdu, hors d'haleine. Nous l'attendions, nous le guettions, il était lent ou rapide, cela dépendait, il faisait semblant de nous chercher et nous trouvait sans jamais faillir. À travers les branchages, nous apercevions ses bottes de SS et nous entendions sa voix angoissée de père juif : Vous avez bougé, vous avez fait du bruit. - Non, Papa, c'est une branche qui a craqué. - Vous avez parlé, je vous ai entendus, ils vous auraient découverts. Cela continuait jusqu'à ce qu'il nous dise de sortir. Il ne jouait pas. Il jouait les SS et leurs chiens.' 

Écrits dans une prose magnifique et puissante, les Mémoires de l'auteur de la Shoah disent toute la liberté et l'horreur du XXe siècle, faisant du Lièvre de Patagonie un livre unique qui allie la pensée, la passion, la joie, la jeunesse, l'humour, le tragique.

Le lièvre de Patagonie

Le rapport Karski : 

Claude Lanzmann, Jan Karski de Yannick Haenel : un faux roman 

Jan Karski, 'Franklin Delano Roosevelt, un leader du monde'

L'Afrique : un continent pour la Chine : 

Chris Alden - Jean Khalfa - Yoon Jung Park, La Chine en Afrique

Chris Alden - Ana Cristina Alves, La Chine et les ressources naturelles de l'Afrique

Yitzhak Shichor, Influence sans ingérence : les relations de la Chine avec le Soudan

Thierry Vircoulon, Autopsie d'une controverse internationale : le partenariat sino-congolais sous le feu des critiques

 Jin Ling, L'aide de la Chine et de l'Union européenne à l'Afrique : complémentarité ou contradiction?

Gordon Mathews, Les traders africains à Kong Hong et en Chine

Namvula Rennie, Une ville chocolat au goût un peu amer : Expériences affricaines en Chine

Yoon Jung Park, Résidents temporaires ou permanents? Migration chinoise contemporaine en Afrique

Françoise Bourdarias, Migrants chinois et société malienne : Les constructions locales de la mondialisation

 Zhu Ming, Politique africaine de la Chine : perspectives et devenir

Tiennot Grumbach, La contre-réforme libérale et le droit du travail

Martine Verlhac, Suicides au travail : le tournant gestionnaire et le déficit philosophique

Chroniques : 

Laure Michel, Crise de la poésie? Le poétariat selon Jean-Claude Pinson

Michel Cejtlin, Le pianiste de Roman Polanski

Micheline B. Servin, Les leçons d'Ibsen

Les Temps Modernes N° 657, Janvier-mars

Si je cherche une cohérence, une unité aux cent vies dont on dit qu'elles furent miennes, le divin plongeur - c'est le nom, au musée de Paestum, de la fresque qui ornait le plafond d'une tombe - occupe une place centrale. J'ai plongé en vérité tout au long de ma vie, et pas seulement dans la mer. Les choix décisifs que j'ai été amené à accomplir furent comme des plongeons, des piqués dans le vide. Voilà pourquoi j'ai décidé de donner ce titre, La Tombe du divin plongeur, à des textes écrits à différents âges de ma vie, en des occurrences radicalement étrangères les unes les autres, et aujourd'hui introuvables, oubliés ou ignorés. 

Pendant vingt ans, entre 1950 et 1970, je n'ai vécu que de ma plume, écrivant sous mon nom ou sous des pseudonymes. Mais on ne trouvera pas seulement dans ce livre ce que j'appelle mes écrits alimentaires, portraits d'acteurs, d'écrivains, de chanteurs, de voyous, reportages aussi, mais encore des articles parus dans Les Temps modernes, France-Observateur, Le Monde, consacrés à des événements importants du siècle, des textes politiques, polémiques, quelquesfois les mêmes, tout un ensemble aussi qui s'organise autour de Shoah, des préfaces, des oraisons funèbres, des discours. 

En les relisant après tant d'années, je leur ai trouvé bien plus qu'un air de famille ; j'étais incapable de déceler entre les uns et les autres l'ombre d'une différence. Plus encore, entre l'écriture de ces textes et celle du Lièvre de Patagonie, la parentèle était plus qu'évidente : c'était la même écriture. C'est alors que j'ai pris la décision de faire paraître ce livre. 

Avec La Tombe du divin plongeur, je lutte pied à pied, comme je l'ai toujours fait, contre toutes les morts. Dans ce recueil on pourra lire : Le temps, pour moi, n'a jamais cessé de ne pas passer.'

Claude Lanzmann.

La tombe du divin plongeur

« Quand venait l'heure de nous coucher et de nous mettre en pyjama, notre père restait près de nous et nous apprenait à disposer nos vêtements dans l'ordre très exact du rhabillage. Il nous avertissait, nous savions que la cloche de la porte extérieure nous réveillerait en plein sommeil et que nous aurions à fuir, comme si la Gestapo surgissait. "Votre temps sera chronométré", disait-il, nous ne prîmes pas très longtemps la chose pour un jeu. C'était une cloche au timbre puissant et clair, actionnée par une chaîne. Et soudain, cet inoubliable carillon impérieux de l'aube, les allers-retours du battant de la cloche sur ses parois marquant sans équivoque qu'on ne sonnait pas dans l'attente polie d'une ouverture, mais pour annoncer une brutale effraction. Sursaut du réveil, l'un de nous secouait notre petite sœur lourdement endormie, nous nous vêtions dans le noir, à grande vitesse, avec des gestes de plus en plus mécanisés au fil des progrès de l'entraînement, dévalions les deux étages, sans un bruit et dans l'obscurité totale, ouvrions comme par magie la porte de la cour et foncions vers la lisière du jardin, écartions les branchages, les remettions en place après nous être glissés l'un derrière l'autre dans la protectrice anfractuosité, et attendions souffle perdu, hors d'haleine. Nous l'attendions, nous le guettions, il était lent ou rapide, cela dépendait, il faisait semblant de nous chercher et nous trouvait sans jamais faillir. À travers les branchages, nous apercevions ses bottes de SS et nous entendions sa voix angoissée de père juif : "Vous avez bougé, vous avez fait du bruit. – Non, Papa, c'est une branche qui a craqué. – Vous avez parlé, je vous ai entendus, ils vous auraient découverts." Cela continuait jusqu'à ce qu'il nous dise de sortir. Il ne jouait pas. Il jouait les SS et leurs chiens. »Écrits dans une prose magnifique et puissante, les Mémoires de l'auteur de la Shoah disent toute la liberté et l'horreur du XXe siècle, faisant du Lièvre de Patagonie un livre unique qui allie la pensée, la passion, la joie, la jeunesse, l'humour, le tragique.

Shoah

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