L'Acacia
Le Vent. Tentative de restitution d'un retable baroque
Publié par Les Éditions de Minuit
241 pages
Résumé
Le Vent. Tentative de restitution d'un retable baroque, se déroule tout entier dans une ville du Midi de la France (Perpignan ?). Antoine Montès, 35 ans, vient d’y arriver pour entrer en possession de l’héritage de son père. Il n’a d’ailleurs jamais connu celui-ci, sa mère, morte aussi, ayant quitté la ville dès avant la naissance de l’enfant. L’héritage se compose principalement de vignes laissées à l’abandon. Le notaire conseille à Montès de vendre ces terres, et lui propose même des acheteurs. Mais, inexplicablement, Montès refuse. A partir de là, toute son attitude apparaît étrange et même scandaleuse à toute la « bonne société » du cru. Refusant les beaux partis qui s’offrent, il se compromet avec la bonne de l’hôtel minable où il est descendu, et se trouve finalement mêlé à une sombre histoire de vol et de recel, dont il se tirera d’ailleurs sans dommage, mais sans avoir rien fait pour cela, restant d’un bout à l’autre aussi doucement étranger et pur vis-à-vis de ce monde qu’il apparaîtra scandaleux aux yeux des autres.« Qui est Antoine Montés ? un idiot ? un saint ? l'incarnation de l'innocence désastreuse ? Devenu son ami, ayant interrogé le notaire, recueilli les bruits qui courent en ville, le narrateur tente de reconstituer l’aventure du héros. Mais Montès, tout sensible qu’il est, n’a du monde et des êtres qu’une perception confuse et fragmentaire. Il paraît incapable de s’intéresser vraiment à ce qui lui arrive, de mener des actions réfléchies, et même de terminer ses phrases. Le narrateur se doit - à cette époque Claude Simon se réclame d’un réalisme phénoménologique – de respecter cette réalité vécue : il en propose donc moins une reconstitution cohérente qu’une restitution à coups d’images, de tableaux successifs, de propos suspendus. Davantage, il ne cesse de recourir à son imagination pour visualiser ce qu’on lui raconte, pour « inventer » ce réel (« je ne pouvais m’empêcher d’imaginer », « il me semblait le voir », « je cherchais à l’imaginer »). Le Vent devient ainsi un grand roman problématique : parce qu’il dénonce notre incorrigible besoin de raison et la prétention des récits traditionnels à imposer un ordre logique au réel ; et parce qu’il s’avoue constamment la restitution imaginaire de ce que Montés a ou aurait vécu. Ce qui ne nuit en rien à son pouvoir d’émotion. Même « réinventé », le destin de Montés est pathétique, tout comme l’amour pudique et timide qu’il porte à Rose et aux deux fillettes.Portrait d’un être dont le comportement ingénu conteste la logique des notaires et l’ordre établi, Le Vent est aussi l’admirable évocation d’une ville méridionale avec ses petites gens, ses places, ses platanes, ses saisons et le vent « immémorial » qui donne son titre au roman. » --Jean-Luc Seylaz, Dictionnaire des œuvres (Laffont, « Bouquins », 1994)
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