Le Langage et La Mort

Ce n'est qu'une fois rassemblés dans leur intégralité que les neuf livres qui constituent le projet Homo Sacer prennent leur véritable signification. Le jeu des renvois internes, la reprise et le développement des thèmes abordés composent une vaste architecture, articulée en quatre sections. La première dresse le programme d'une mise en question de toute la tradition politique occidentale à la lumière du concept de vie nue ou de vie sacrée : Le Pouvoir souverain et la Vie nue (Seuil, 1997) ; la seconde développe ce programme à travers une série d'enquêtes généalogiques : État d'exception (Seuil, 2003), La Guerre civile. Pour une théorie politique de la Stasis (Points Essais, 2015), Le Sacrement du langage (Vrin, 2009), Le Règne et la Gloire (Seuil, 2008), Opus Dei (Seuil, 2012) ; la troisième soumet l'éthique à l'épreuve d'Auschwitz : Ce qui reste d'Auschwitz. L'archive et le témoin (Payot-Rivages, 1999) ; la quatrième élabore les concepts essentiels pour repenser depuis le début l'histoire de la philosophie occidentale : forme de vie, désoeuvrement, pouvoir destituant (De la très haute pauvreté, Payot-Rivages, 2011 ; L'Usage des corps, Seuil, 2015). L'archéologie de la politique et de la philosophie occidentale dont il est question dans le projet Homo Sacer ne se borne pas à critiquer et corriger tel ou tel concept, telle ou telle institution politique de l'Occident, mais il s'agit plutôt de remettre en cause le lieu et la structure originaire mêmes de la politique et de l'ontologie, pour révéler l'arcanum imperii - le secret du pouvoir - qui en constitue le fondement et était resté à la fois pleinement exposé et obstinément dissimulé.

Homo sacer ; l'intégrale, 1997-2015

«In Paracelso, la ninfa si presenta come una creatura in carne e ossa, creata a immagine dell’uomo, che può acquistare un’anima solo unendosi con lui. La congiunzione amorosa con l'immagine, simbolo della conoscenza perfetta, diventa in Boccaccio l'impossibile unione sessuale con una imago trasformata in creatura che “beve e mangia”...» Così, il filosofo Giorgio Agamben si avventura nell’indagine sulla natura misteriosa e doppia delle Ninfe, mettendo in campo, con il suo inconfondibile stile, riflessioni sulla letteratura, la filosofia, la mitologia, la storia dell’arte e l’antropologia. Rifacendosi alla lezione di Aby Warburg che, dall’utilizzo di tutte queste «piste indiziarie», seppe dare una nuova e feconda lettura del mondo delle immagini, Agamben torna a lavorare sui materiali di Stanze, uno dei suoi libri più importanti. Negli ultimi anni, studiosi come Roberto Calasso e Jean-Luc Nancy sono stati attratti da queste figure che paiono essere una delle chiavi più ricche per penetrare la mitologia degli antichi e anche certe costanti della nostra storia psicologica rispetto al rapporto tra Anima e Sessualità. Le Ninfe sembrano avere atteso una lettura moderna per manifestare appieno il loro inquietante messaggio.

Nymphes

Depuis plus de deux millénaires, le paradis terrestre, le jardin planté par Dieu en Éden, a constitué pour le monde occidental le paradigme de tout bonheur possible sur la Terre. Et pourtant, depuis le début, c'est aussi le lieu d'où la nature humaine, déchue et corrompue, a été chassée pour toujours. D'un côté, tous les rêves révolutionnaires de l'humanité peuvent être vus comme une tentative inlassable de revenir en Éden, bravant les gardiens qui en interdisent l'accès, de l'autre, le Jardin reste une sorte de traumatisme originel qui condamne à l'échec toute recherche du bonheur terrestre. Dans les deux cas, le paradis est essentiellement un paradis perdu et la nature humaine quelque chose d'essentiellement défectueux. Au moyen d'une critique rigoureuse de la doctrine augustinienne du péché originel et d'une relecture passionnante du paradis de Dante, la recherche d'Agamben tente au contraire de penser le paradis terrestre non comme un passé perdu ni comme un futur à venir, mais comme la figure encore et toujours présente de la nature humaine et de la juste demeure des hommes sur la Terre.

Le royaume et le jardin

J'appelle dispositif tout ce qui a, d'une manière ou d'une autre, la capacité de capturer, d'orienter, de déterminer, d'intercepter, de modeler, de contrôler et d'assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants. Giorgio Agamben Les dispositifs où se jouent désormais nos existences – du téléphone portable à la télévision, de l'ordinateur à l'automobile – ne se trouvent pas face à l'homme comme de simples objets de consommation. Ils transforment nos personnalités. La question devient alors : quelle stratégie devons-nous adopter dans le corps à corps quotidien qui nous lie aux dispositifs ?

Qu'est ce qu'un dispositif?

Que signifie être responsable de ses actes ? Dans ce texte court et élégant, Giorgio Agamben propose une généalogie de nos croyances morales. Ce n'est pas la liberté qui fonde la responsabilité, mais une articulation entre le droit et la punition caractéristique de l'Occident. Pour comprendre ce qu'est une " cause " et pourquoi l'homme est considéré comme la cause de ses actions, il faut en revenir à la scène inaugurale du procès. Derrière la morale, on découvre la cruauté pénale. L'auteur d'Homo Sacer poursuit sa remise en cause du dispositif juridique qui enserre les vies humaines. Pour la première fois, il confronte ce dispositif à la tradition bouddhiste. De proche en proche, c'est une tout autre conception de l'action qui s'énonce dans ce livre.
Giorgio Agamben, philosophe, a enseigné à l'université de Venise et est chercheur associé au Centre d'études des normes juridiques Yan Thomas (EHESS). Il est l'auteur d'une œuvre considérable, dont, publiée au Seuil en 2016, l'intégralité des neuf livres constituant le projet Homo Sacer.
Traduit de l'italien par Joël Gayraud

Karman Court traité sur l'action, la faute et le geste

Qu'est-ce que le serment, d'où tire-t-il son origine, à quoi sert-il, lui qui semble mettre en question l'homme même comme animal politique? L'archéologie du serment que propose Giorgio Agamben dans ce livre tente de donner une réponse à ces questions. À la faveur d'une recherche originale, menée à partir des sources grecques et latines, mettant en lumière les liens du serment avec la législation archaïque, la malédiction, les noms des dieux et le blasphème, Agamben situe l'origine du serment dans une perspective nouvelle où il apparaît comme l'événement décisif dans l'anthropogenèse, dans le devenir humain de l'homme. Le serment a pu se constituer comme « sacrement du pouvoir » parce qu'il est d'abord ce « sacrement du langage », où l'homme, qui s'est découvert parlant, décide de se lier à sa parole et de jouer en elle sa vie et son destin.

Le sacrement du langage ; archéologie du serment

The work of Giorgio Agamben, one of Italy’s most important and original philosophers, has been based on an uncommon erudition in classical traditions of philosophy and rhetoric, the grammarians of late antiquity, Christian theology, and modern philosophy. Recently, Agamben has begun to direct his thinking to the constitution of the social and to some concrete, ethico-political conclusions concerning the state of society today, and the place of the individual within it.In Homo Sacer, Agamben aims to connect the problem of pure possibility, potentiality, and power with the problem of political and social ethics in a context where the latter has lost its previous religious, metaphysical, and cultural grounding. Taking his cue from Foucault’s fragmentary analysis of biopolitics, Agamben probes with great breadth, intensity, and acuteness the covert or implicit presence of an idea of biopolitics in the history of traditional political theory. He argues that from the earliest treatises of political theory, notably in Aristotle’s notion of man as a political animal, and throughout the history of Western thinking about sovereignty (whether of the king or the state), a notion of sovereignty as power over “life” is implicit.The reason it remains merely implicit has to do, according to Agamben, with the way the sacred, or the idea of sacrality, becomes indissociable from the idea of sovereignty. Drawing upon Carl Schmitt’s idea of the sovereign’s status as the exception to the rules he safeguards, and on anthropological research that reveals the close interlinking of the sacred and the taboo, Agamben defines the sacred person as one who can be killed and yet not sacrificed—a paradox he sees as operative in the status of the modern individual living in a system that exerts control over the collective “naked life” of all individuals.

Le Langage et La Mort

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