Principes d'anarchie

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Éventail

Valéry a trente ans. Le rythme de l'écriture s'est fort accéléré depuis que l'ancien rédacteur au ministère de la Guerre est devenu le secrétaire particulier d'un administrateur de l'agence Havas, Édouard Lebey, et qu'il a tout à la fois le besoin et le temps de se consacrer davantage à sa recherche. C'est là le devoir, le but difficile poursuivi avec ténacité, l'investissement vital à côté duquel tout semble temps perdu. Constituant ce tome V de l'édition intégrale, les deux grands cahiers-registres écrits entre avril 1902 et juin 1903 témoignent de la fécondité de ces années où prédominent les passages rédigés, parfois longs. De façon décisive, s'installe maintenant cette interrogation retournée vers soi-même - Qui moi ? Qui parle ? - vite devenue le fil conducteur des Cahiers. Valéry découvre l'importance de l'informulé central, de l'incohérence, du confus. En même temps, il s'attache plus que jamais au fonctionnement, oppose aux entités des philosophes les observations et les expériences concrètes possibles, et envisage une théorie de la vie mentale rompant totalement avec les représentations traditionnelles. Dans cette perspective, il élabore la théorie du réflexe - et du bi-réflexe psychique parle/écoute, nommé plus tard Moi Bouchoreille - qui aura une place centrale et sera la référence constante. Si, avec la théorie des phases, le modèle thermodynamique joue d'autre part un rôle important, le modèle mathématique reste présent : c'est l'analysis situs, la topologie, sans doute remémorée par la parution de La Science et l'hypothèse. D'une façon plus singulière, c'est le problème des quatre couleurs, une des rares recherches mathématiques suivies dans les Cahiers, dont le cahier hors texte donne ici la reproduction. Riche et complexe, cette période, où la réflexion abstraite domine, laisse pressentir l'envergure d'une recherche psychologique dont toute la richesse n'a pas encore été finement explorée.

Cahiers 1894-1914 Tome 5

Quelques pensées de Monsieur Teste

Charmes : Magiske sanger

ROULA SAFAR ACCOMPAGNEE DU PIANISTE MICHEL MAURER ET DE GHISLAIN DE FONCLARE RECITANT, VISITE L'ENSEMBLE DE L'ŒUVRE DE PAUL VALERY.

Roula Safar chante Paul Valéry

Dans La Soirée avec Monsieur Teste, Valéry explique pourquoi, à la recherche du succès littéraire, auquel il aurait pu légitimement aspirer suivant le voeu de ses amis, il a préféré autre chose. La recherche du succès entraîne nécessairement une perte de temps : «Chaque esprit qu'on trouve puissant commence par la faute qui le fait connaître. En échange du pourboire public, il donne le temps qu'il faut pour se rendre perceptible...»  M. Teste est un homme qui a mieux employé son temps : «J'ai fini par croire que M. Teste était arrivé à découvrir des lois de l'esprit que nous ignorons. Sûrement, il avait dû consacrer des années à cette recherche : plus sûrement, des années encore, et beaucoup d'autres années avaient été disposées pour mûrir ses inventions et pour en faire ses instincts. Trouver n'est rien. Le difficile est de s'ajouter ce que l'on trouve.»  Tel était bien sans doute le programme ambitieux que s'était assigné Valéry lui-même à l'époque où il rédigeait cette fameuse Soirée avec Monsieur Teste.

Monsieur Teste

«"Peu commune"..., telle se dévoile l'amitié qui, de 1895 à 1938, unit Paul Valéry [...] à André Lebey, poète et essayiste, député socialiste lié à Jaurès, dignitaire reconnu et écouté du Grand Orient de France. L'attrait exercé par leurs lettres réside autant dans les divergences affichées qu'en de réelles affinités. "Heureux qui, comme nous, peuvent tout se dire", écrivait Valéry à Lebey, lequel soulignait à l'unisson à quel point on reconnaissait là "le meilleur, le rarissime de la vie". Leur dialogue sans artifice aborde en effet tous les sujets... Le lecteur y peut déceler à sa source la réflexion de Valéry sur l'Histoire, l'Europe et la Société des Nations, recueillir les échos d'une époque foisonnante, découvrir le rôle authentique de Lebey, côtoyer nombre de personnalités dans le quadruple domaine des Lettres, des Arts, de la Politique, de la Franc-Maçonnerie. S'y livrent aussi, en confiance, les orages de l'amour, les bonheurs ou les souffrances, les enthousiasmes ou les désillusions, la qualité rare de l'amitié - avec, en référence constante, l'attachement commun à Pierre Louÿs et, en filigrane, la présence d'André Gide comme le souvenir ému de Jean de Tinan. Au miroir de bouleversements historiques majeurs, ces échanges révèlent l'exigeante "communion intellectuelle" de deux individualités attachantes. Ils invitent à rencontrer, au contact d'un ami idéaliste plongé dans l'action, un Valéry insoupçonné.» Micheline Hontebeyrie.

Les cahiers de la NRF : au miroir de l'histoire ; choix de lettre ; 1895-1938

Dans un poème de jeunesse, Klee avait écrit : "Un jour je reposerai nulle part, auprès d'un ange quelconque" . En regard du texte méconnu de Paul Valéry - un de ses derniers écrit en 1944, les anges dessinés entre 1939 et 1940 sont-ils seulement de petits espiègles, ou s'agit-il d'une série d'autoportraits tantôt près des morts et tantôt près de ceux qui ne sont pas encore nés ? Par leurs yeux ronds, est-ce le regard du peintre que nous pouvons deviner, ce regard depuis l'enfance si profond, si interrogateur, si troublant par sa force, comme si Klee avait le pouvoir, par-delà la mort, de faire lever en nous des questions essentielles ?

Principes d'anarchie

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