Éloge des arbres

Certains arbres retiennent l'attention par leur âge ou par leur taille. Objets d'admiration, ils participent à la description d'un paysage, au repérage d'un site, à l'estimation d'un terrain. Pourtant, il en est davantage qui correspondent à des plantations contemporaines qu'à des peuplements historiques. Comment de temps s'écoule-t-il avant que les unes et les autres soient regardés avec le même intérêt ?

Forêt et paysage X-XXI siècle

Dans son nouveau livre, véritable invitation au voyage, Andrée Corvol nous conte le déplacement et l'utilisation des essences exotiques, du XIIIe au XXe siècle, de l'Amérique et de l'Asie à l'Europe.
"Le Moyen Âge avait légué aux Occidentaux le goût des arbres verts et des arbres fruitiers. L'arbre idéal mariait les deux. Les agrumes étaient parfaits dans ce rôle. Ils venaient d'Asie tropicale. Ils passèrent d'est en ouest. Ils furent américanisés dès le début de la colonisation. À l'instar de toute mode, leur popularité connut des hauts et des bas. Elle résista plutôt bien. Comme les hommes ont la mémoire courte, la fin du XVIIIe siècle attribua le succès des pépiniéristes spécialisés dans cette production au goût... des chinoiseries! "Le Bon Jardinier' remarqua en 1784: "Tous les arbres verts font fortune. Les jardiniers qui les cultivaient autrefois trouvaient difficilement à les vendre.' Il négligeait ainsi le jardin classique à la française et le jardin paysager à l'anglaise, espaces compartimentés de manière géométrique ou de manière sinueuse. Leurs allées étaient bordées d'arbustes. Elles étaient cernées de hautes parois. Cela créait des perspectives ouvertes sur les environs ou refermées sur un point remarquable; cela créait également des théâtres, des cabinets, des boudoirs à l'écart du tout venant."Les arbres qui nous entourent ont une histoire... Mais nous avons tendance à l'oublier, car nous observons la nature avec les yeux du présent. Pourtant, ces forêts, ces arboretums, ces multiples espèces d'arbres, ne se sont pas constitués en un jour. Les paysages actuels sont le fruit d'un long chemin parcouru depuis des siècles. Andrée Corvol nous entraîne, de la découverte du monde et des arbres jusqu'aux réflexions sur l'écologie contemporaine, dans une saga faite de rebondissements et d'intérêts nationaux. Explorateurs (Christophe Colomb, Marco Polo et bien d'autres), botanistes (Carl von Linné, Jussieu...), modestes marins et puissantes royautés composent une véritable fresque autour de la naissance et de la croissance des arbres.

Les arbres voyageurs

Certains animaux ne sont pas chassés pour trois raisons. Ils sont déclarés d'un faible intérêt cynégétique. Ils sont interdits à certaines catégories de chasseurs. Ils justifient une protection plus ou moins contraignante. Cette mesure renvoie au maintien de la ressource nécessaire à l'exercice d'un sport, d'un loisir. Elle renvoie aussi à la préservation de l'espèce dans le cadre des grands équilibres naturels. Ces situations ont varié au cours des temps, du Xe au XXe siècle, et n'ont pas le même impact sur l'espace. Elles le façonnent par le biais, par exemple, des réserves et des parcs.

Forêt et chasse

La nature en révolution, 1750-1800

Les problèmes environnementaux que nous connaissons aujourd'hui ne sont pas nés après la Seconde Guerre Mondiale mais avant l'éclatement de la Première. Il en va de même des discours que nous imaginons être le propre de notre génération. Ils ne font souvent que répéter en d'autres termes les angoisses qu'éprouvaient nos arrière-grands-parents. L'ouvrage présente le bilan des modifications et des permanences qui caractérisent ce siècle. Il propose de ce fait réflexions et recherches.

Les sources de l'histoire de l'environnement

Autrefois, l'arbre en ville était cantonné aux enclos vivriers, il n'ombrageait pas nos routes ni nos fleuves et nos canaux. Vivant plutôt à la campagne, il procurait bois, fruits, fibres et feuilles. Aujourd'hui, le végétal entre en force dans nos cités par trop minérales ; il améliore nos conditions de vie, protège le sol, régule la température, purifie l'air et atténue les bruits. Comment l'arbre a-t-il conquis le pavé ? Cette histoire, moins utilitaire et monolithique qu'il n'y paraît, croise en fait celle de la modernité, et mérite d'être racontée. Car, bien avant la révolution industrielle et son introduction dans la cité pour assainir l'air, l'arbre s'y est fait une place dès la Révolution, comme symbole de la liberté. Récupéré dans le champ politique, il a depuis servi à commémorer un événement, à symboliser l'autorité, à améliorer l'aménagement urbain ou encore à satisfaire le besoin de nature des administrés. Ce faisant, il a suscité à la fois colères et affections. Une histoire qui est ainsi celle des hommes, de leurs revendications et de leurs aspirations. Mort ou vif, l'arbre fait partie du roman national.

L'arbre dans la cité - Histoire d'une conquête XVIIe-XXIe siècle

L'importance économique de la forêt de montagne n'est pas neuve. Suite à l'évolution climatique, les États industrialisés ont engagé des politiques de boisement ou de reboisement en altitude. La sylviculture montagnarde progresse et transforme les paysages : les pentes dénudées verdissent peu à peu. Mais le vieillissement des forêts nuit à leurs fonctions et la chute d'arbres qui dévalent la pente est à l'origine des ponts obstrués et des routes coupées et aggrave les inondations. Comment y remédier et comment envisager leur rôle ?

Forêt et montagne - Actes du colloque international organisé au Palais des congrès de Chambéry, du 12 au 14 septempre 2012

Pour l'homme d'aujourd'hui, les bois représentent la liberté. Il ne doute pas que ses ancêtres y circulaient et en vivaient sans la moindre contrainte. Et en effet autrefois, la forêt s'offrait aux cultures, fournissait le bois de chauffe et le bois d'oeuvre, nourrissait les bêtes et sauvait les villageois quand tout allait mal. Mais cet équilibre entre agriculture et forêt se détériore dès le milieu du XVIIIe siècle, lorsque les autorités découvrent que la forêt constitue un capital. Les paysans ne sont plus traités en producteurs mais en prédateurs et en ennemis de l'arbre. Eux pour qui la forêt signifiait abondance se révoltent. Leur opposition aux pouvoirs publics ne cessera qu'avec l'exode rural. Dans le même temps, les élites prennent conscience de la vulnérabilité de l'environnement et s'ouvrent à une sensibilité nouvelle: l'arbre devient l'élément constitutif du paysage. La forêt n'est plus l'espace des paysans. Elle dépend des citadins et ceux-ci l'adaptent à leurs besoins. Ces ruptures sont à l'origine des préoccupations écologiques contemporaines. Depuis plus d'un siècle, l'arbre s'est imposé comme l'antidote du monde industriel. L'Etat doit intervenir pour protéger les milieux naturels et non pour favoriser leur exploitation économique. De fait, les grands débats nés autour de la politique forestière du XIXe siècle sont plus actuels que jamais: libéralisme ou dirigisme? Privatisation ou nationalisation? La forêt est le miroir de la société. Andrée Corvol, agrégée de l'Université et docteur ès Lettres, chercheur au CNRS est l'auteur de L'Homme et l'Arbre sous l'Ancien Régime (Economica). Elle prépare un ouvrage sur l'économie des sciences de la Nature en Occident.

Éloge des arbres

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