La Source au bout du monde - 1

L'âge de l'ersatz

« Puis John Ball reprit la parole, et dit, « En vérité, je suis sûr que vous savez aussi bien que moi ce que nous avons à faire – et en premier lieu, que nous devons agir – car celui qui est solitaire ou prisonnier peut rêver de la compagnie des hommes, mais celui que des compagnons entourent doit agir au lieu de rêver […] ».

Un rêve de John Ball

I wish to say a few plain words on the subject of art; and since I address myself chiefly to those who are called the working-classes, I know well that the plainer those words are the better, since now for many years, for centuries, the working-classes have scarcely been partakers in art of any kind, and the phraseology of men learned in the fine arts will be strange to you. For centuries this slavery has been added to the rest of the oppression under which you lie, that you have been forbidden to have any share in the intelligent production of beautiful things.

Indeed, I think it will be news to many of you who toil to live that you may live to toil, that there either is or has been or can be any connexion between Art and the People. It may seem to you, I can well imagine, that art is concerned only in making luxurious toys for rich and idle persons, and that all the working-classes have to do with it, is that some of them can earn their poor wages by working at it as machines work, without knowing or caring what they are doing; while now and then on holidays those of them that chance to think of it and who live in London may stray into the National Gallery or the British Museum, and see the carefully hoarded works of past ages, and get from them such good as men can get who look on a book in an antiquated dialect of their language without an interpreter between them and the past.

Art and the People - Protest against Capitalist Brutality

C'est en 1884, soit six ans avant la parution de son célèbre Nouvelles de nulle part, que le socialiste révolutionnaire et architecte-décorateur William Morris prononce cette conférence. Il appelle à un sursaut collectif pour substituer la "coopération" à "l'état de guerre perpétuelle" inhérent au capitalisme, introduire la nature et l'art dans ces "conglomérats énormes, impossibles à gérer, qu'on appelle les villes", et refuser, au nom de la joie et de la dignité, la fatalité des "existences mécaniques". Fin des inégalités entre classes, réduction des heures de travail, encouragement de l'expression artistique et du sens esthétique, transformation de l'habitat et respect de la nature, tels sont quelques-uns des préalables posés par Morris pour atteindre à ce qu'il nomme "une vie décente".

Comment nous pourrions vivre

Alors qu'il est jeune garçon, Florian de Liliis assiste à une cérémonie au cours de laquelle son frère Arnald, à la suite d'une maladresse, est humilité et frappé violemment par la future reine Swanhilda. Les deux frères jurent vengeance, mais ce n'est que seize ans plus tard qu'ils décident de prendre les armes pour réparer cet affront et ôter la couronne à cette reine, haïe de son peuple à cause de sa tyrannie et de sa perfidie. Débute alors une autre histoire de vengeance, celle d'Harald le Rouge, fils de Swanhilda. Lors du combat qui oppose les frères de la maison des Lys et Harald, Florian tombe dans un précipice qui le conduit au Pays Creux, lieu de passage entre la Terre et l'Au-delà. Guidé par Margaret, il débute sa quête de la rédemption. Publié en 1856, ce texte est considéré comme le premier roman de fantasy. Encore assez méconnu, il constitue pourtant un moment fondateur de ce genre fictionnel qui donnera naissance aux oeuvres de Tolkien et de C. S. Lewis. Traduction de Maxime Massonnat.

Le Pays creux

En 1857, dans une Angleterre victorienne patriarcale, William Morris, poète de 23 ans proche du mouvement préraphaélite, s'empare de la légende arthurienne qui connaît alors une popularité croissante.
Mais, au lieu de célébrer les exploits des chevaliers, l'auteur décide de donner pour la première fois la parole à la reine Guenièvre. Reprenant l'un des épisodes les plus célèbres du mythe du Camelot durant lequel la souveraine est accusée d'adultère avec Lancelot, William Morris place Guenièvre au centre de son récit et lui laisse le champ libre pour qu'elle présente seule sa défense devant un parterre de juges : tous des chevaliers, tous des hommes. La reine développe alors ses arguments, défend son amour et montre qu'elle a aussi été contrainte dans une condition qu'elle n'a pas voulue.

La défense de Guenièvre

Socialists no more than other people believe that persons are naturally equal: there are amongst men all varieties of disposition, and desires, and degrees of capacity; nevertheless these differences are inequalities are very much increased by the circumstances amongst which a man lives and by those that surrounded the lives of his parents: and these circumstances are more or less under the control of society, that is of the ordered arrangement of persons among which we live. So I say first that granted that men are born with certain tendencies those tendencies can be developed for good and evil by the conditions of our lives, and those conditions are in our own hands to deal with, taking us nation by nation as a whole. If we are careful to be prudent and wise for ourselves and just towards other people those inequalities which are natural can be used for making life pleasanter and more varied: but if we act stupidly and unjustly they become a source of misery to many, and of degradation to all.

I have admitted that men are not naturally equal, yet all persons must admit that there are certain things which we all need; in that respect we are equal: we all need food, clothes, and shelter, and clearly if we need these things we need them in sufficiency, and of good quality, or else we have not really got them. Since then these needs are common to all, it follows that if anyone is not able to satisfy his needs in these respects there is something wrong somewhere, either with nature, or the man himself, or with the society of which he forms a part and which therefore dictates to him how he shall live...

La Source au bout du monde - 1

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