La sève et les mots

Saisons d'argile

J'ai vu dans les bidonvilles sous les châles des étoiles et des visages en marge un écrivain pendu fouetté par la loi de Dieu et le sourire de femmes qui cirent les bottes des soldats en route vers le front de la défaite". Chant lancinant de l'exil et de la résistance, poème-témoignage qui convoque avec force des images puissantes et indélébiles pour le lecteur, "J'ai vu" nous force à voir et à nous faire témoins aux côtés du poète. Il nous rappelle qu'il n'y a rien de pire que de fermer les yeux sur la violence et l'injustice, rien de pire que la résignation passive. Il nous rappelle que la guerre détruit des corps et des lieux, marquant à jamais la mémoire et l'âme de ceux qui la vivent. Ce ne sont plus des images, mais des visions de la destruction des enfants, des femmes, des hommes, des gestes ordinaires, de la vie que le poète Salah Al Hamdani provoque par ces poèmes.

J'ai vu" en arabe - Occasion

« Je te rêve » est un poème tissé des souvenirs de l'auteur Salah Al Hamdani, de sa vie passée et présente, en Irak et en France. Révélant ses espoirs et ses peines, ces vers sont dédiés à sa petite fille, Lou, dont la présence se fait ressentir dans chacune des paroles de l'auteur ; Lou qui a scellé à jamais le poète à la France, sa terre d'accueil.

Je te rêve

Tout s'agitait / Le vent frappait sans cesse / Le livre était ouvert. Et pourtant / lorsque je me suis allongée près de toi / tu m'attendais encore.

Contrejour amoureux

L'arrogance des jours

Bagdad mon amour

Les 26 poèmes de cet album, sont à la fois le récit de l'interminable chute au coeur de la douleur, de l'exil («à chaque instant de ma chute je m'oblige à sublimer l'appel du gouffre »), et la lutte de l'homme, poète combattant, qui ne se résigne pas. « Une vie n'est pas soumise De même qu'un rêve sur mesure En route pour l'hiver » écrit le poète. « Existence macabre, reflet persistant de soi Dans la vallée sans retour ... » voilà pour le décor dans lequel est précipité le poète à l'orée de sa vie. « Nous courons indéfiniment derrière une vie qui tourne le dos au bonheur ... » C'est ce qu'il écrit, quand il évoque « un exil aussi grand qu'un mirage » qu'il partage avec ses frères d'infortune. Pourtant, épaulé par la « mémoire de l'Euphrate », avec la lune pour fidèle compagne, Salah Al Hamdani a résisté non pas seulement pour témoigner mais pour combattre, debout. On ne guérit pas de l'exil,mais on l'apprivoise, ou mieux encore, on le domestique.

La sève et les mots

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