Le scribe et son théâtre - Brève retrospective

Poésie Un récit tour à tour s'esquisse et s'efface, dans la centaine de poèmes brefs - on pourrait assez exactement les qualifier de sonnets en prose - qui composent Roi des cent cavaliers. De quel royaume, ou de quel règne s'agit-il au juste ? L'auteur le tait. Et ses chevaux semblent s'enfuir au bout des plaines, ou s'envoler comme autant d'oiseaux : certains sont japonais, nous est-il précisé avant que le livre ne se replie sur son secret. Il en reste ces empreintes : dénégation de l'assassin ou journal de guerre, même si parfois un témoin disparaît...
C'est un théâtre, onirique ou mental, où se succèdent des scènes étrangement concrètes, énigmatiques et sereines.
Récit de rêve inventant le réel.

Roi des cent cavaliers

" L'absence ne vaut rien, quand on est de retour, qu'il s'agit à nouveau de se poser la main dessus, c'est vraiment difficile, mais on essaie quand même, on revient en arrière et on récapitule, voyons, voyons, je me trouvais à tel endroit à tel moment, il faut se rendre à l'évidence, on a dû s'oublier quelque part. Mais où ? Il doit bien exister un tas de linges dans un coin et ce linge c'est soi. On prie. Pourvu qu'aucune erreur ne s'insinue dans l'enchevêtrement des tâches ménagères, qu'on ne soit pas jeté à la blanchisserie, dans quel état sortirait-on de la machine ! Car il ne fait pas bon, on le sait n'est-ce pas, laver trop violemment un morceau de chiffon pudiquement posé sur une forme qui s'absente. "

Les Passants intérieurs

Senso la guerre

« ?Le seul conseil que l'on puisse donner à propos de la lecture est de ne demander aucun conseil, de se fier à son intuition, de penser par soi-même, d'en arriver à ses propres conclusions? », écrivait Virginia Woolf dans Les Livres tiennent tout seuls sur leurs pieds.

Curiosité pour les autres et passion pour les livres, telles furent les raisons qui m'ont poussée à écrire plus de 400 articles pendant plus de trente ans. L'Inaccessible est toujours bleu en propose un choix, organisé non par dates mais autour de portraits, d'études plus approfondies, ou de pas-de-côté en direction du théâtre, de l'histoire et de la peinture. Cet ouvrage esquisse de la sorte à la fois un paysage littéraire, celui de la fin du xxe siècle et du début du xxie, et un paysage intérieur - car parler des autres, n'est-ce pas aussi parler de soi??

L'Inaccessible est toujours bleu

Le Livre des recels réunit l'essentiel de la poésie de Marie Etienne antérieure à Anatolie - c'est-à-dire des textes composés sur une vingtaine d'années, de 1970 à 1990 environ. L'ouvrage est pourtant parfaitement original : non seulement parce qu'une partie de ces poèmes étaient demeurés inédits, mais parce qu'il propose une sorte de récit-cadre, des « scènes de la vie en prose » dans lesquelles Marie Etienne évoque sa trajectoire poétique. Ce va-et-vient constant entre l'écriture et la vie donne toute sa dimension - et sa pleine lumière - au Livre des recels.
Les poèmes inédits du début, puis les extraits conséquents de ses premiers ouvrages - La Longe, Péage, Lettres d'Idumée, Katana notamment - prennent ainsi un tout autre relief, d'être sertis dans ce récit en prose où l'on découvre tour à tour l'origine d'une vocation et des fragments de poétique, à la croisée du monde réel et d'un paysage intérieur d'une troublante étrangeté. Plusieurs textes récents viennent conclure ce voyage ébloui, qui confirme l'importance d'une oeuvre édifiée avec patience, à l'écart de la rumeur et des engouements du présent.

Livre des recels

Toujours, dans les chroniques de Gary, il s'agissait de femmes dont le destin se découpait en tranches aussi indiscutables que le cours des saisons ou le déplacement des astres: Avant, Pendant, Après.
On n'échappait à ce schéma que par hasard ou par malheur, Clémence, Irma et Louise en sauraient quelque chose, pierres parmi les pierres, dressées et attendant, la main calée sur les sourcils, pour distinguer au loin le fiancé à cheval. Cavales sages ou folles, leur destin de traverse serait semé d'embûches, les arbres au passage agripperaient leurs vêtements, leurs pieds seraient tordus dans les trous des ornières et leurs cheveux, que le vent de la course dénouerait, feraient la nuit sur leur visage.

Le scribe et son théâtre - Brève retrospective

Plus de livres de Marie Etienne

Critiques

Ce livre n'a pas encore de critiques