Les wagons rouges

J'ai trouvé alors une direction vers un but qui était incontestablement inaccessible ; finalement cela n'avait guère d'importance puisque seule la lutte en elle-même et non pas le but signifie quelque chose, et puisque seule la joie du combat vous empêche de sombrer et non pas la joie du but - car la notion de " sombrer " existe même si elle n'a aucune signification concrète : sombrer c'est vivre inconscient et mourir heureux sans avoir lutté dans un but absurde, sombrer c'est mourir calmement et paisiblement sans avoir opposé une absurde résistance à la grande absurdité du monde.

Ile des condamnes

Re?dige?s sous forme de poe?mes satiriques, ces billets quotidiens se situent au point d'intersection des deux activite?s de Dagerman : la litte?rature et le journalisme. Il y traite en effet de l'actualite? en poe?te et en anarchiste convaincu. Le journaliste a d'ailleurs surve?cu en lui a? l'e?crivain. Ces billets ont paru entre 1944 et 1954 dans Arberaten, le journal anarcho-syndicaliste sue?dois dans lequel il avait fait ses de?buts et auquel il est reste? fide?le toute sa vie. Le dernier billet (Attention au chien) est paru le lendemain de sa mort. Jusques apre?s son dernier souffle, Dagerman aura ainsi pousse? ses "coups de gueule" et tape? sur toutes les formes de la be?tise humaine. Cela devrait suffire a? faire de lui un perpe?tuel contemporain.

Billets quotidiens

Au coeur du monde de Dagerman règne la peur. Elle nous saute au visage dès les premières pages du livre. Le serpent est la matérialisation de cette peur : il y a le serpent capturé par Bill, soldat de deuxième classe, et qui lui sert à s'imposer à son entourage ; il y a le serpent qui, rapporté à la caserne par un des soldats, s'échappe de sa prison et plonge dans la terreur la poignée d'hommes restés dans cet immense bâtiment poussiéreux et vide après le départ du régiment aux grandes manoeuvres. Est-ce le même ? Cela n'a guère d'importance. Seule importe sa présence, la présence de la peur...

Le Serpent

Parler de l'humanité, c'est parler de soi-même. Dans le procès que l'individu intente perpétuellement à l'humanité, il est lui-même incriminé et la seule chose qui puisse le mettre hors de cause est la mort. Il se trouve constamment sur le banc des accusés, même quand il est juge. Personne ne peut prétendre que l'humanité est en train de pourrir sans avoir, tout d'abord, constaté les symptômes de la putréfaction sur lui-même. Personne ne peut dire que l'être humain est mauvais sans avoir lui-même commis de mauvaises actions. Tout être vivant est prisonnier à perpétuité de l'humanité et contribue par sa vie à accroître ou à amoindrir la part de bonheur et de malheur, de grandeur et d'infamie, d'espoir et de désolation, de l'humanité.
Ce dont je rêve, comme la plupart de mes semblables, malgré mon impuissance, c'est que le plus grand nombre de gens possible comprenne qu'il est de leur devoir de se soustraire à l'emprise des organisations qui détiennent un pouvoir hostile à l'être humain, de réduire le potentiel d'anéantissement dont dispose le pouvoir en ce monde. C'est peut-être la seule chance qu'ait l'être humain de pouvoir un jour se conduire comme un homme parmi les hommes, de pouvoir redevenir la joie et l'ami de ses semblables.
Ce recueil veut rendre au romancier et militant suédois Stig Dagerman (1923-1954) sa place parmi les auteurs anarchistes, nettoyer son désespoir politique de la gangue religieuse et commerciale dans laquelle le public français l'a vu emballé avec son texte Notre besoin de consolation est impossible à rassasier.

La Dictature Du Chagrin & Autres Ecrits Politiques (1945-1950)

« Un giorno all'anno si dovrebbe immaginare / la morte chiusa in una scatoletta bianca. / A nessuna illusione si dovrebbe rinunciare, / nessuno morrebbe per quattro dollari in banca. // (.) Nessuno vien bruciato all'improvviso / e nessuno per strada ha da crepare. / Certo, è menzogna, son del vostro avviso. / Dico soltanto: Possiamo immaginare. » Stig Dagerman espresse anche in versi la vicinanza agli ultimi e l'umanesimo dolente che in una continua tensione tra speranza e disincanto attraversano la sua multiforme opera in prosa. Negli anni 1944-47 e 1950-54, fino al giorno prima di morire, scrisse per il giornale anarchico Arbetaren oltre 1300 dagsedlar, poesie satiriche a commento della cronaca politica e sociale che con il loro tono diretto contribuirono a fare di Dagerman un riferimento identitario per i giovani libertari della sua generazione. Il metro è per lo più tradizionale, quasi da filastrocca, ma la giocosità della rima e del ritmo potenzia per contrasto la durezza dei contenuti: gli accordi della « democratica » Svezia con la Spagna di Franco, i senzatetto di Stoccolma lasciati al freddo, i bambini armati per combattere le guerre dei grandi. Ai brevi componimenti di denuncia, questo volume affianca una scelta di versi in cui la forma irregolare insieme alla riflessione sulla condizione umana, pur sempre intrecciata all'impegno politico, avvicina l'autore alle avanguardie internazionali e ben accoglie simboli e metafore della sua narrativa. Una lettura toccante che aggiunge un tassello significativo al ritratto di uno sperimentatore instancabile al quale ancora oggi s'ispirano scrittori, giornalisti e musicisti di tutta Europa.

Breve è la vita di tutto quel che arde

Les Wagons rouges

Nel 1946 furono molti i cronisti che accorsero in Germania per raccontare quel che restava del Reich finalmente sconfitto, ma dal coro di voci si distinse quella di uno scrittore svedese di ventitré anni, intellettuale anarchico e narratore dotato di una sensibilità fuori dal comune, inviato dall'Expressen per realizzare una serie di reportage poi raccolti in un libro che è considerato ancora oggi una lezione di giornalismo letterario. Mentre le testate di tutto il mondo offrono il ritratto preconfezionato di un Paese distrutto, che paga a caro prezzo gli orrori che ha seminato e dal quale si esige un'abiura convinta, Dagerman, libero da ogni pregiudizio ideologico e rifiutando ogni generalizzazione o astrazione dai fatti concreti e tangibili, si muove fra le macerie di Amburgo, Berlino, Colonia, su treni stipati di senzatetto e in cantine allagate dove ora vivono masse di affamati e disperati, cercando di capire nel profondo la sofferenza dei vinti. Ne emerge un quadro molto più complesso di quello che è comodo figurarsi. Mentre ci si accanisce a cercare nostalgici nazisti, Dagerman si chiede come può un padre che vede morire il figlio di stenti dichiarare che ora sta meglio di prima; mentre le potenze occupanti pensano a punire e ad allestire processi, Dagerman descrive la « messinscena » di una denazificazione di facciata e la morte spirituale di un Paese che è troppo impegnato a lottare ogni giorno con la morte per riflettere sui propri errori, perché « la fame è una pessima maestra » per educare i colpevoli. Con il suo acume analitico e la sua empatia capillare, Dagerman scava nelle contraddizioni della Germania postbellica offrendoci un manifesto di accusa contro tutte le guerre, e una riflessione amaramente attuale sul potere, la giustizia e lo Stato.

Autunno tedesco

"Il est des barreaux derrière lesquels tous sont assoiffés."

Les wagons rouges

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