Penser avec Arendt et Lévinas - Du mal politique au respect de l'autre
La culture de l'autre - Une lecture post-coloniale d'Emmanuel Levinas
Publié par Chronique Sociale, le 29 mai 2015
112 pages
Résumé
Sur fond de violences ou de peurs sclérosantes, la question du rapport à la différence culturelle taraude nos sociétés. La mondialisation ne produit pas seulement une nouvelle situation économique. Elle laisse émerger une mutation anthropologique sans précédent qui engendre certes, des croisements féconds, mais aussi des inquiétudes, des crispations identitaires, voire des phénomènes de rejets particulièrement préoccupants. L’idée que le citoyen se faisait, naguère, de sa société, avec un «récit national» plutôt consensuel, se trouve progressivement bouleversée. Le mythe républicaniste de la nation homogène s’efface. Il laisse apparaître un sentiment de perte d’identité qui engendre parfois des positions racistes implicites ou clairement exprimées. En ces temps bouleversés, bon nombre d’individus peinent à trouver leur place. Les uns ne reconnaissent plus le pays de leur enfance tant les métamorphoses s’avèrent importantes, les autres, immigrés ou héritiers de l’immigration, se sentent toujours à la marge, marqués du sceau de l’étrangeté et traversés par les mémoires blessées de la colonisation. «On ne sait jamais ce que le passé nous réserve», disait Françoise Sagan ; or quand justement ce passé ressurgit dans le présent sous la forme d’un mal-être persistant, voire de révoltes désespérées, il devient nécessaire d’appréhender la situation contemporaine en prenant au sérieux son épaisseur historique. Si l’on devait appliquer les postulats de la théorie postcoloniale à la France, souligne Achille Mbembe, on dirait que depuis la traite des esclaves et la colonisation, il n’y a pas d’identité française ou de lieux français de mémoire qui n’englobent de façon simultanée, l’ailleurs et l’ici. L’ailleurs est ainsi constitutif de l’ici et l’ici est constitutif de l’ailleurs. Il n’y a donc plus de «dedans» qui serait coupé d’un «dehors», ou un passé coupé du présent. On peut parler alors d’un temps, «celui de la rencontre de l’Autre».
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