Tapis d'Empire - Maquettes de la collection Marmottan

La mythologie associe l'Arcadie, une région de la Grèce, à un monde pastoral riant et synonyme d'Age d'or. Virgile y voit une terre où les hommes vivent en harmonie avec la nature. La Renaissance en fait un lieu de débats qui favoriseront l'émergence des Lumières. Les bouleversements qui ébranlent les sociétés au cours des XIXe et XXe siècles entraînent un renouveau arcadien. Soutenu par un impératif artistique, culturel, scientifique, religieux ou philosophique, des mécènes, tels la reine Elisabeth de Belgique, Louis II de Bavière ou Anne Gruner-Schlumberger, créent, à l'écart des sentiers battus, des villas Medici hors les murs, dans la perspective de favoriser l'éclosion des talents et permettre à la conscience humaine de relever sereinement les défis actuels de créativité et d'inventivité. Ce sont selon les mots du philosophe Michel Serres, "des îles de la pensée", loin du bruissement du monde. La conception arçhitecturale, décorative et environnementale de ces domaines uniques résulte tantôt du talent d'architectes et de paysagistes, Eliel Saarinen, Frank Lloyd Wright, Le Corbusier, Pierre Barbe... tantôt de celui de créateurs inspirés à l'image du théosophe Rudolf Steiner, du poète Gabriele d'Annunzio, du cinéaste Emir Kusturica...

Modernes Arcadies - Domaines, demeures et jardins inspirés XIXe-XXe siècles

Jean-Charles Moreux 1889-1956. Grand, profil de Romain, alliant l'élégance aristocratique à la force du paysan, c'est ainsi qu'apparaît Jean-Charles Moreux aux yeux de ses contemporains. Après des études d'ingénieur, il opte pour l'architecture et obtient son diplôme à l'Ecole des Beaux-arts de Paris en 1922. Il se lie d'amitié avec André Lurçat et, sous son influence, se passionne pendant quelques années pour l'architecture puriste. En 1930, il adhère à l'union des artistes modernes. Dès 1923, il dessine des meubles très architecturés, conçus selon des tracés régulateurs. S'il étudie des Modèles d'habitations à bon marché et des meubles standard, il travaille parallèlement pour des mécènes tels le couturier Jacques Doucet, le baron Robert de Rothschild, le vicomte Charles de Noailles. En 1926, sa rencontre avec Bolette Natanson, la fille d'Alexandre Natanson, fondateur de la " Revue blanche ", est déterminante pour l'évolution de son art. Elle l'introduit dans un milieu d'intellectuels, d'artistes et de musiciens. Ils voyagent et travaillent ensemble. C'est au retour d'un voyage en Italie avec Bolette qu'il commence à intégrer dans ses créations des références à l'Antiquité romaine, à la Renaissance et au baroque. Tous deux férus d'histoire naturelle, ils inventent des compositions surprenantes à partir de papillons, de coquillages, d'oiseaux naturalisés. Ils ouvrent, dira Marcel Zahar, " les portes du Merveilleux ". Convaincu que l'artiste doit lutter contre l'uniformité du monde industriel, Moreux se tourne vers la tradition classique et s'inspire librement des œuvres de Ledoux et de Palladio ; il s'impose comme ensemblier, architecte-scénographe, muséographe et créateur de jardins. Dans les nombreux jardins urbains qu'il dessine, seul ou avec les frères Véra, il met l'accent sur l'approche géométrique, l'économie des végétaux et les illusions de perspective obtenues par des jeux de miroirs. Le jardin public des Gobelins, qu'il réalise à Paris en 1938, se présente comme une puissante alliance d'éléments baroques et de tracés classiques. Nommé architecte en chef des Bâtiments civils et palais nationaux, il est chargé de réaménager des galeries de peinture du musée du Louvre, et plus particulièrement le décor de la galerie Médicis. Un itinéraire singulier en fait, avec Emilio Terry, André Arbus et Louis Süe, l'un des artistes les plus originaux de la première moitié du XXe siècle. Ce livre trace le parcours de Jean-Charles Moreux dans sa diversité : architecture, décoration, mobilier et jardins.

Jean-Charles Moreux. Architecte-Decorateur-Paysagiste

Les décorateurs des années 40

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

Jeanclos : le tympan de Saint-Ayoul

Peintre insaisissable, oscillant entre un naturalisme en vogue à la fin du XIXe siècle et une peinture élégiaque aux accents symbolistes, Albert Maignan (1845- 1908) est l'un des grands noms oubliés de cette époque. Remis à l'honneur aujourd'hui par la Fondation Taylor et le musée de Picardie qui se partagent son héritage, il retrouve enfin la place légitime qu'il avait acquise dans le Paris fin de siècle. Formé auprès de Jules Noël et d'Evariste Luminais, il devient dès 1867 un fidèle du Salon des artistes français où il expose jusqu'à sa mort avec un égal succès. Récompensé d'une première médaille en 1879, il trouve la consécration en 1888 avec Les Voix du tocsin — oeuvre mythique qui renaît aujourd'hui après avoir été roulée depuis 1918 —, avant de s'imposer parmi les artistes éternels du musée du Luxembourg en 1892 avec La Mort de Carpeaux, qui lui vaut la médaille d'honneur. Réputé pour sa peinture, qui de l'Histoire évolue vers le grand décor inspiré par ses nombreux voyages en Italie où il découvre les peintres des XVIIe, et XVIIIe siècles, Albert Maignan lie son nom aux chantiers monumentaux de son temps. Il laisse une oeuvre magistrale et toujours vivante : murs et plafonds peints au restaurant Le Train Bleu à la gare de Lyon et à l'Opéra-Comique, tapisseries pour le Sénat, écoinçons pour l'Hôtel de Ville de Paris, vitraux pour l'église Saint-Philippe-du-Roule... A la suite de l'incendie du Bazar de la Charité, en 1897, au cours duquel périssent plus de 125 personnes parmi les plus en vue du Paris mondain, il est invité à réaliser deux vitraux et une coupole peinte de 90 mètres carrés pour la chapelle Notre-Dame-de-Consolation, érigée en hommage aux victimes du drame. Nommé en 1905 président de la Fondation Taylor, à laquelle il léguera sa maison-atelier parisienne du 1 rue La Bruyère, Albert Maignan joue un rôle décisif dans la vie artistique du tournant du siècle, oeuvrant avec générosité à la promotion et à la protection des artistes. L'important fonds d'atelier, légué au musée de Picardie avec l'ensemble de sa collection, de même que son journal, conservé à la Bibliothèque nationale de France, permettent de redécouvrir la richesse et l'extraordinaire liberté de cette oeuvre — véritable allégorie du goût du tournant du siècle —, que son épouse Louise, fille du peintre Charles-Philippe Larivière, a livrée à la postérité en préparant, de la mort de son mari en 1908 à sa propre mort en 1947, le travail qui reste à mener pour qu'Albert Maignan redevienne aux yeux du public l'un des plus grands noms du XIXe siècle.

Albert Maignan - Peintre et décorateur du Paris fin de siècle

La chanson, la poésie et l'image, qu'incarnèrent Béranger, Hugo et Raffet, furent les trois piliers de la légende napoléonienne. Les chevauchées de la Grande Armée à travers l'Europe et la mort prométhéenne de son chef excitaient d'autant plus les imaginations qu'aux exploits guerriers avaient succédé les débats parlementaires et les luttes commerciales nettement moins exaltantes. Le rêve s'était achevé en 1815, il se prolongeait sous la Restauration et la monarchie de juillet par la chanson et le dessin. Si Béranger a beaucoup vieilli, s'il est de bon ton de saluer le génie poétique de Victor Hugo d'un "hélas" condescendant, le charme exercé par Raffet est resté intact.
Né sous Napoléon Ier, il meurt sous Napoléon III : il aura exalté l'Oncle et le Neveu. On ne se lassera jamais de contempler ses admirables lithographies aux titres si parlants : Serrez les rangs ! ou Mon Empereur, c'est la plus cuite, en n'oubliant pas ses descriptions de Crimée qui servirent à illustrer dans l'édition Levasseur les Impressions de voyage de Dumas. Une rencontre qui fait rêver. Toujours le rêve.
JEAN TULARD.

Raffet, 1804-1860

En 1996, le château de Blois présentait une exposition rétrospective de l'œuvre de Jacques Félix Duban qui restaura ce château, de 1845 à sa mort en 1870. Cette exposition, intitulée Félix Duban (1798-1870). Les couleurs de l'architecte, reconstituait la carrière de celui qui restaura également le Louvre, la Sainte-Chapelle, le château de Dampierre et construisit, à Paris, l'École des beaux-arts et l'hôtel Pourtalès. À l'issue de cette exposition, un colloque international de deux journées conçu par le professeur Bruno Foucart s'est tenu à Blois les 21 et 22 septembre 1996. L'apparition d'éléments nouveaux a permis d'évoquer des aspects jusqu'alors inédits de sa biographie, notamment l'album amicorum, lui ayant appartenu ainsi qu'une importante correspondance, en particulier avec son inspecteur sur le chantier de Blois, Jules de La Morandière, que Mme de La Morandière venait de donner à la Ville de Blois. Un autre mérite de ce colloque fut de resituer Duban parmi les architectes de son temps : Joseph-Louis Duc, son beau-frère François Debret et Léon Vaudoyer. Autre aspect inédit : l'influence que Duban exerça, notamment en matière de polychromie, sur le Français Jules Sédille et les Anglais John Gregory Crace et William Burges. Ces filiations, jusqu'ici méconnues, apparaissent désormais comme évidentes. Le dernier volet de ce colloque était consacré au seul château de Blois, plus précisément à ce manifeste de la polychromie que sont les intérieurs de l'aile François 1er, au décor sculpté des portes et cheminées de cette même aile, enfin à la salle des États généraux et aux théories de la restauration architecturale en France. Complément indispensable du livre qui accompagnait cette exposition, cet ouvrage, enrichi de nombreuses illustrations, donne l'intégral des conférences de ce colloque qui a réuni les meilleurs spécialistes, tant conservateurs qu'universitaires français ou étrangers.

Tapis d'Empire - Maquettes de la collection Marmottan

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