Titre : Chant du coq
Auteur : Jean-Pierre Villebramar
«Attention ! le nègre est devenu
de plus en plus fort
aussi fort que le grand diable»
Gabriel Okoundji
La poésie se lit les yeux clos
S’écoute dans le silence du sommeil
Se vit dans les battements de ton coeur.
Elle s’écrit sur les murs de cavernes anciennes, témoignage
de l’angoisse des premiers temps.
S’enroule sur la crête de très hautes vagues,
retombe à l’approche des brisants.
La poésie s’écrit.
La poésie s’écrit sur le sable.
La poésie est le sable même, la poésie est Nous.
N’en restera que la plage, en fin.
La poésie ne s’écrit pas.
Entre les pages de l’herbier,
une fleur a perdu le souffle, et les pétales, leur couleur.
Ainsi est le poème.
Non, la poésie ne s’écrit pas.
Tenez sa main si le pouvez, mais n’espérez rien.
Ne dites mot.
Car les esprits de la poésie et ceux de la forêt sont les mêmes :
ils disparaissent au premier chant du coq.