Titre : L'arbre du voyageur
Auteur : Jean Orizet
On les rencontre un peu partout dans les îles. L'avenue qui entre à Fort-de-France est bordée de ces curieux arbres, sortes de palmiers aplatis, à l'apparence
exagérément décorative. Leurs feuilles palmifides — nervures d'émeraude sur limbe d'azur — avec pétioles d'humeur égale, partent d'une tige centrale
qui a gonflé dans le prolongement du tronc, ou stipe, avant de s'incurver gracieusement, sur un plan vertical, de part et d'autre de cette tige, évoquant la forme d'une plume de paon
à son extrémité, ou celle d'un éventail ouvert dont les lames, à leur pointe, seraient ornées d'une matière ondoyante et touffue: plumes d'autruche, par
exemple.
Il suffit, avec le coupe-coupe, de trancher l'une de ces palmes pour recueillir l'eau dont elle est gorgée, ce que faisaient jadis, afin d'étancher leur soif, les Antillais se
déplaçant à pied.
Aussi nommèrent-ils ce palmier l'« arbre du voyageur ».