Titre : À mon Grand-père
Auteur : Alexandre Latil
Déjà l’hiver s’approche et son souffle humide
Vient augmenter encor vos cruelles douleurs ;
Déjà ma muse aussi, languissante et timide,
De sa fraîche couronne a vu pâlir les fleurs.
Mais avant que mes mains débiles et glacées
Laissent tomber mon luth par la gloire oublié,
Je veux qu’il soit pour vous l’écho de mes pensées,
Et qu’il vibre en faveur de ma tendre amitié.
Sur l’Océan du monde en naufrages fertile,
Au bruit des aquilons et des noirs ouragans,
Vous avez soixante ans bravé d’un front tranquille
Les écueils dangereux et les gouffres grondants.
Et soixante ans les flots de cette mer immense
Ont respecté la nef que guidaient vos vertus,
Car Dieu qui les comptait a, dans sa prévoyance,
Mon père, autour de vous calmé les flots émus.
Combien de passagers brillants, pleins d'allégresse,
Ont subi sur ces flots un horrible destin,
Sans que l’écho plaintif de leurs cris de détresse
Arrivât jusqu’à vous, de l’horizon lointain !