Titre : Ce qui a esgalé aux cheveulx de la terre
Auteur : Théodore Agrippa d'Aubigné Recueil : Hécatombe à Diane, 1874
Ce qui a esgalé aux cheveulx de la terre
Les tours et les chasteaux qui transpercent les cieux,
Ce qui a renversé les palais orgueilleux,
Les sceptres indomptez eslevez par la guerre,
Ce n’est pas l’ennemy qui un gros camp asserre,
Menace et vient de loin redouté, furieux :
Ce sont les citoyens, esmeuz, armés contr’eux,
Le bourgeois mutiné qui soy mesme s’enferre.
Tous mes autres haineux m’attaquans n’avoyent peu
Consommer mon espoir, comme sont peu à peu
Le débat de mes sens, mon courage inutile,
Mes souspirs eschauffez, mes desirs insolents,
Mes regrets impuissants, mes sanglots violents,
Qui font de ma raison une guerre civile.