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Les poésies les plus envoûtantes vous attendent...

Ne manquez plus jamais d'inspiration avec les poésies originales. Partagez l'émotion et la beauté des vers avec ceux qui vous entourent.

Poésies+7 000

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Yves Mabin Chennevière

@yvesMabinChenneviere

Tombeau pour l'ultime survivant Lasse de son exil volontaire, de sa mélancolie exclusive, la mémoire libère les mots, les silences et les réticences, les appels, les plaintes et les cris, les sourires et les éclats de rire, les murmures, les indiscrets aveux, les promesses et les engagements, les secrets et les chuchotements, les oublis et les réminiscences, le dédain, les distances gardées, l'oraison et la méditation, le doute et la confiance myope, l'inquiétude, l'angoisse amère, la compassion, l'appel du regard, le geste lent de l'aveugle ému, les larmes muettes de l'enfant seul, l'humiliation du pauvre sans nom, le mutisme du prince exilé, la tristesse du maître éconduit, l'insolence de l'athlète vainqueur, la défaite de l'idole à terre, la colère et les emportements, le refus, l'opposition armée, la vanité des luttes civiles, la déroute du fuyard honteux, le déshonneur du lâche inhabile, l'émotion des éloges tremblants, l'admiration du disciple épris, l'impatience du survivant inquiet, l'adhésion du sceptique assouvi, l'ordinaire expression du médiocre, la hargne du perdant désigné, l'ascension du stratège ambitieux, les lèvres chaudes et les langues douces, les sexes mâles, les sexes femelles, les ventres, les épaules offertes, la hâte, la fuite, la panique, le message et le déguisement, la trahison et la désertion, la guerre, la trêve, la rançon, le viol, l'oppression, la soumission, la faiblesse du banal ordinaire, les épaves et les cadavres nus, la pitié, la commisération, la bienveillance et le geste noble, le deuil et les larmes partagées, le doute, l'indétermination, l'inquiétude, la peur, la terreur, l'acquiescement, le consentement, l'adoption, le parti pris conscient, l'avarie et la dévastation, le cachot, la prison, la torture, le faux témoin, la preuve factice, le calcul du juge débonnaire, l'ambition du magistrat intègre, le mensonge du prélat sincère, le crime du retrait paisible, le mutisme de l'enfant violé, le dédain du prophète moqué, l'indifférence du fils bafoué, la distraction du sage ignoré, la flétrissure et la perversion, la négligence et le manquement, l'aigreur et la fermentation, la rouille et la décomposition, le faisandé, le croupissement, la purulence et la moisissure, la charogne, le putride cadavre, l'os décharné, les restes et les cendres, l'impure pensée du pur exemple, l'indécence des obscènes injures, la voix reine du soliste élu, le jeu vif du virtuose inspiré, le concept du philosophe hilare, l'amertume du poète errant, l'émotion de l'auditeur transi, la dévotion du disciple ami, la colère de l'otage oublié, l'oubli du confident corrompu, la haine du dévot humilié, l'intolérance de l'humaniste, la mollesse de l'évidence aigre, l'exposé falsifié des vérités premières, le combat des ennemis fictifs, le ballet ridicule des lutteurs dans l'ombre, les héros déterreurs d'artifice, les combattants anciens aux nostalgies amères, les veuves aux déplorations codées, les orphelins en deuil exigeant leurs pensions, les victimes sevrées de protection, les blessés survivant à l'opprobre, les infirmes riant de leurs jambes coupées, les fervents des idoles utiles, les doux adorateurs des messages funestes, les marchands de vaincs illusions, les négociateurs nés d'armistices falsifiés, les profiteurs des batailles perdues, les nécrophiles acteurs des épopées défuntes, les spectres des confidents de l'ombre, le survivant ultime aux rêves effacés.

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Yves Renaud

@yvesRenaud

Crépusculaire Des vasques d’argent clair dans les nuées du soir Enchâssent le ballet exalté des visages, Les calices des fleurs sont des yeux dans le noir Déployant les fragments d’infinis paysages L’ombre des espérances aux margelles des ciels Féconde dans le vent des empreintes de rêves, Sceaux de feuilles chues, souvenirs essentiels Pour nous pauvres humains aux veines sans sèves L’écorce des reflets luttant contre les pleurs, L’oscillation des joncs festonnant les rivières, Les strates des lueurs sacrant l’âme des fleurs Sèment l’horizon bleu d’un clavier de prières Un fin voile d’azur étend son sanglot pur, Les paupières du temps content son doux mystère, Dans nos âmes vibrent les appels du futur, Promesse vénérée, poésie de la Terre.

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Yves Renaud

@yvesRenaud

Essence ciel poésie Humains, quand vous ne serez plus là me resteront la calligraphie des ailes la mémoire des oiseaux dans le regard des pierres Les arbres fuyant les hommes et cherchant l'azur la dentelle des rocs caressant les anges La tendresse des nids réanimant le futur la valse des jours d'or et des nuits bleues dans l'indifférence de la lune Le poudroiement des arcs-en-ciel noces de l'onde et de l'astre roi le vent divulguant l'innocence des fleurs Le cristal des ruisseaux échos argentins de la lumière le chant des cigales dans la mémoire des écorces Les crépuscules pourpres et les aubes vermeilles les brumes bleues des monts et des vaux Les virgules d'or dans les chevelures d'ombre le mystère amoureux des fleurs lèvres de la terre Le reflet des étangs repos des nuages l'éploration des saulaies écoutant le cœur de la Terre Tous participent à ma poésie comme le sont aussi mes fruits - vous délecter était me lire Mais l'équilibre du monde n'en sera pas changé et même vos tombes ne seront plus, dans les gravures de mes plaies Ni vos musiques ni vos amours ni vos victoires ni même les ponts arqués enjambant les nymphéas Mais les fêlures ambres des galets secrètes féminités minérales mais les formes des îles inspiratrices de celles des femmes Et pour l'éternité l'essentielle inutilité des poètes. * De l’indispensable inutilité de la poésie (juillet 2015)

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Yves Renaud

@yvesRenaud

Je tu nous Quand tu ouvres tes yeux de nuit je suis perdu et je dis oui Quand tu dis non ou quand tu dors je suis à toi qui est mon or Quand tu chantes comme un bruit pur je suis silence et je suis sûr Quand tu ouvres tes mains de soie je suis un cri qui suit ta loi Quand tes pieds vibrent et que tu danses je suis ta valse et c'est l'enfance Quand tes yeux rient mais que tu pleures je dis ton nom et tu es fleur Quand tu es flamme et que c'est l'heure je suis ta braise et je suis lueur Quand tu dis oui et que tu rêves je m'enracine et je suis sève.

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Yves Renaud

@yvesRenaud

La perle À ma fille De crainte de ne plus jamais assister à ce prodige tentons de rester digne en admirant timidement la ligne ondoyante de la coquille qui soupire Obscur ourlé de la faille ombre qui se fait miroir révélant l'invisible Souvenir du galop de chevaux sur la plage Écho d'un pollen qu'un zéphyr fait s'envoler dans le poudroiement du jour Cristal d'étoile déliée du paradis des flammes paix venue des cieux Graine d'opalescente lune larme d'océan ensongée par le poète "temple bâti autour d'un grain de sable" * La perle naquit un jour d'ennui où l'huître bâillait. * Khalil Gibran

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Y

Yves Renaud

@yvesRenaud

À eux À Eux Vous êtes partis sur les mouvants chemins de nuages l'équilibre du monde en est ébranlé sous le dais des horizons fous au long des corons et des crassiers les fleurs rêvent de caresses Vous êtes partis par des matins de gel et de lumière nous abandonnant telles des gares désertées où ne rêvent plus les trains Vous êtes partis comme des enfants jouer dans les clairières et les torches de lumière sont désormais consumées de souffles ténébreux Vous êtes partis nos cœurs à genoux écoutent l'âme chaude de la terre mais nos oreilles écoutent dans les résédas privés de roses les grandes orgues des terrils Vous êtes partis, vous guiderez le soc des étoiles comme sillons de nos chemins et nous apprendrons à croire autant en la vie qu'en l'éternité.

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Zaghbenife Amine

@zaghbenifeAmine

A ma Mère J’aurais aimé te revoir une derniere fois ! Te parler, t’embrasser, te serrer dans mes bras ! Mais ton visiteur ne m’a pas laissé le choix ! Je t’ai retrouvé enveloppée dans un drap !.. J’aurais aimé te dire adieu !.. adieu mère !.. Mais tu as préféré partir sans me revoir ! Lorsque j’ai regardé ou tu t’asseyais par terre ! Mes yeux n’ont rencontré qu’un voile noir ! Je revois lorsque tu m’accueillais avec un sourire ! Et je t’embrassais sur tes joues ridées ! J’aurais du savoir que tu allais mourir ! Lorsque tu m’as fais signe sans que tu puisses parler ! J’aurais du savoir lorsque tu me regardais en larmes ! Sans un mot tu as baissé la tete ! Et moi qui voulais faire du charme ! Je t’ai dis, tu guériras, et on fera la fete ! Tu savais mère alors, que tu allais partir ! Mais tu m’as laissé dans l’ignorance ! Lorsque tu faisais semblant de dormir ! Ou lorsque tu acceptais mes remarques avec patience ! Ce matin là le jour de ton départ ! Je n’ai pas étanché ma soif de ton visage ! Je suis parti sans te jeter un regard ! A mon retour j’ai entendu un murmure; courage !..

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Z

Zaghbenife Amine

@zaghbenifeAmine

A mon Fils Toi dont j’ai pleuré la naissance ! Toi dont j’ai pleuré la mort ! J’ai cru en ton existence ! Et maintenant j’y crois encore ! Toi que j’ai mis sur mes genoux ! Toi que j’ai caressé de mes deux mains ! Toi qui as egaye notre chez nous ! Toi que je reverrais plus demain ! Toi que j’ai mis en terre entouré de mes amis ! Tu n’etais agé que de trois mois et dix jours ! Elle était prevue éphémere ta petite vie ! Tu etais de passage dans ce monde au fardeau tres lourd ! Va mon fils, mon sang, ma chair ! Va vivre dans un autre monde ! Mais dis moi qui consolerait ta pauvre mére ? Elle qui ne t’a effleuré du regard qu’une seconde ! Lorsque tu as precipité ton depart ! Elle s’est affolée de ton voyage ! De chagrin elle a eu sa grande part ! Elle qui n’a pu garder courage ! Toi dont j’ai pleuré la naissance ! Toi que je pleure encore bambino ! Toi dont on a arreté la croissance ! Par un rien; par une goutte de sirop ! Que t’a ordonné un toubib qui ne savait rien a ta maladie ! Je revois encore le moment ou ils t’ont allongé sur la table ! Ils ont pris pour de la diete, ce qui était dyphterie ! Va mon fils ta mort est regrettable !…. Ils sont finis pour nous tes caprices de bébé ! Ils sont finis pour nous les reveils a minuit ! Kamal wahid tu etais notre premier ! Pourquoi ce depart? Je n’entendrais plus tes cris ! Reposes en paix mon fils, Dieu la voulu ! C’est lui qui t’a creé, c’est lui qui t’a repris ! Dors, ces vetements blancs pour toi ont été cousus ! Dors mon fils dans ton dernier lit ! Dors dans ce lit ou on t’a etendu ! De deux dalles ils ont voulus proteger tes beaux habits ! Et la derniere image de toi que j’ai vu ! C’est ton visage de poupin devenu cendré-gris. Puis de pelletés de terre on t’a recouvert ! Les larmes coulaient de mes yeux je ne pouvais les retenir ! Reposes en paix mon fils sous ce monticule de terre ! Toi, tu es mort sans laisser de souvenir ! Reposes en paix toi dont j’ai pleuré la naissance ! Reposes en paix toi dont j’ai pleuré la mort ! Toi dont j’ai cru en la durée de ton existence ! J’ai baisé ton front vidé de ton sang par la mort ! Tu n’as vecu que septembre, octobre, novembre. Tu as été ravi par la faucheuse le dix de decembre ! Va en paix mon fils kamal wahid ! Toi qui est mort a quelque jours de l’aid !

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Z

Zobiri Ahlem

@zobiriAhlem

Delice dans la nuit La faiblesse se consume dans les mots, et la vie se résume à ce simple désire de t’avoir Mon chemin se trace à la cloche de tes pieds, que même un sourd arriverait à adopter Et mon destin s’écrit auprès du tien, qui le fuit sans relâche Mes espérances te courent après, et mes yeux te couvrent de couleurs Mon imagination te dessine belle, et mon âme te voie tel une princesse Mon cœur se couche sur ton oreiller, et se fixe sur ton visage Mon corps te réclame toi et ta peau, se résignant à caresser ton image Se plonge dans le désespoir d’une simple rencontre Mes mains cherchent les tiennes, mais ne trouvent qu'un vide interdit Enfin je voie un sourire au loin, et mes lèvres gouttent au bonheur Mon corps se gèle, anéantit par ta froideur Mes mains te parcourent en douceur, de peur de te blesser Mes lèvres se font précisent, et rejoignent le paradis Mon âme se fait vide et retrouve sa lumière Détacher un instant de toi, je te cherche malgré moi Tes mains se redressent, et prennent le fruit de l’attente Tu brûles mon cœur de mille feux ardents, tu consumes mon âme et tu pénètres mon cœur Femme je te dis halte, car mon corps est affaiblit Et ne cherche que tes bras, pour s’y reposer.

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Emile Deschamps

Emile Deschamps

@emileDeschamps

La rose Jeune fille, jeune fleur. -(Chateaubriand.) Au coin du boulevard de la Reine, à Versailles, Sur un vieux mur terreux, hérissé de broussailles, Qui clôt de sa tristesse un plus triste jardin, Une rose fleurit, comme au parc d’Aladin. Je passe devant elle, & sa fraîcheur me trouble. Cette rose n’a pas de nom ; à peine double, La greffe a négligé ses rameaux délicats, Et nos horticulteurs en feraient peu de cas. Je ne sais quoi trahit sa sauvage origine, Un air, une senteur des bois, — & j’imagine (Tant sa distinction naturelle vous plaît !) Qu’elle seule, avec Dieu, s’est faite ce qu’elle est. O fleur, dont la sultane ornerait sa fenêtre ! Quelle dérision du hasard te fit naître Dans un berceau pareil ? Ou quel vent de malheur A ton gazon natal vint t’arracher, ô fleur ! Si tu n’es, par miracle, à cet exil ravie, Tu mourras jeune… après une trop longue vie, Car tout est laid, mauvais, vulgaire autour de toi, Et nul ne sait ta grâce, ô fleur, si ce n’est moi ! Et j’en suis à prier qu’aucun regard profane Avant ton dernier soir ne t’approche & te fane, Et qu’aucun souffle impur ne vienne, sous nos yeux, Détourner tes parfums de la route des cieux ! Or, tandis que, parmi l’herbe jaune & les ronces, Hier, deux ouvriers déchiffraient les annonces Dont l’industrie encor noircit le sombre mur, Moi, je rêvais plus loin… &, pareils au fruit mûr Qui tombe, en gémissant, détaché de la branche, Je sentis de mon front, qui sous l’automne penche, Tomber ces vers plaintifs où quelque autre rêveur Découvrira, peut-être, une intime saveur.

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

Automne Comme la lande est riche aux heures empourprées, Quand les cadrans du ciel ont sonné les vesprées ! Quels longs effeuillements d'angélus par les chênes ! Quels suaves appels des chapelles prochaines ! Là-bas, groupes meuglants de grands boeufs aux yeux glauques Vont menés par des gars aux bruyants soliloques. La poussière déferle en avalanches grises Pleines du chaud relent des vignes et des brises. Un silence a plu dans les solitudes proches : Des Sylphes ont cueilli le parfum mort des cloches. Quelle mélancolie ! Octobre, octobre en voie ! Watteau ! que je vous aime, Autran, ô Millevoye !

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

C'etait l'automne...et les feuilles tombaient toujours L'ANGÉLUS sonnait, et l'enfant sur sa couche de douleur souffrait d'atroces maux ; il avait à peine quinze ans, et les froids autans contribuaient beaucoup à empirer son mal. Mais pourtant sa mère qui se lamentait au pied du lit, l'attristait encore plus profondément et augmentait en quelque sorte sa douleur. Soudain, joignant ses mains pâles en une céleste supplication, et portant sur le crucifix noir de la chambre ses yeux presque éteints, il fit une humble et douce prière qui monta vers Dieu comme un parfum langoureux. Et dehors, dans la nuit froide, les faibles coups de la cloche de la petite église voisine montaient tristement, elle semblait tinter d'avance le glas funèbre du jeune malade. La chaumière, perdue au fond de la campagne, était ombragée par de hauts peupliers qui lui voilaient le lointain. De belles montagnes bleues une à une se déroulaient là-bas, mais elles paraissaient maintenant plutôt noires, car les horizons s'assombrissaient de plus en plus. Les oiseaux dans les bocages ne chantaient plus, et toutes ces jolies fauvettes qui avaient égayé le printemps et l'été s'étaient envolées vers des parages inconnus. Les feuilles tombent et la brise d'automne gémit dans la ramure ; il fait sombre dehors ; mais ces tristesses de la nature, ces gémissements prolongés du vent, ne sont que les faibles échos de cette immense douleur qui veille au chevet du malade que Dieu redemande à la mère... Onze heures sonnent à la vieille horloge de la chaumière ; l'enfant vient de faire un mouvement qui appelle encore plus près de lui celle qui lui a prodigué ses soins pendant tant de jours et pendant tant de nuits. Elle approche, défaillante, et écoute attentivement les paroles que le mourant lui murmure faiblement à l'oreille : "Mère,... dit-il, je m'en vais... mais je ne t'oublierai pas là... haut... où... j'espère... de te... retrouver un jour... ne pleure pas... approche encore une dernière fois le crucifix de mes lèvres... car je n'ai plus que quelques instants à vivre... adieu, mère chérie... tu sais la place où je m'asseyais l'été dernier... sous le grand chêne... eh bien ! c'est là... que je désire... qu'on... m'enterre... Mère adieu, prends courage... " La mère ne pleure pas ; comme Marie au pied du calvaire elle embrasse sa croix,... souffre... et fait généreusement son sacrifice... Cependant les feuilles tombent, tombent toujours ; le sol est jonché de ces présages à la fois tristes et lugubres ; dans la chaumière le silence est solennel, la lampe jette dans l'appartement mortuaire une lueur funèbre qui se projette sur la figure blanche du cadavre à peine froid, la vitre est toute mouillée des embruns de la nuit, et la brise plaintive continue à pleurer dans les clairières. La jeunesse hélas ! du jeune malade s'est évanouie comme la fleur des champs qui se meurt, faute de pluie, sous les ardents rayons d'un soleil lumineux. Que la nature, les bois, les arbres, la vallée paraissaient tristes ce jour-là, car c'était l'automne... et les feuilles tombaient toujours.

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

Devant deux portraits de ma Mère Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien, Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille, Le front couleur de lys et le regard qui brille Comme un éblouissant miroir vénitien ! Ma mère que voici n'est plus du tout la même ; Les rides ont creusé le beau marbre frontal ; Elle a perdu l'éclat du temps sentimental Où son hymen chanta comme un rose poème. Aujourd'hui je compare, et j'en suis triste aussi, Ce front nimbé de joie et ce front de souci, Soleil d'or, brouillard dense au couchant des années. Mais, mystère du coeur qui ne peut s'éclairer ! Comment puis-je sourire à ces lèvres fanées ! Au portrait qui sourit, comment puis-je pleurer !

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

Frisson d'hiver Les becs de gaz sont presque clos : Chauffe mon coeur dont les sanglots S'épanchent dans ton coeur par flots, Gretchen ! Comme il te dit de mornes choses, Ce clavecin de mes névroses, Rythmant le deuil hâtif des roses, Gretchen ! Prends-moi le front, prends-moi les mains, Toi, mon trésor de rêves maints Sur les juvéniles chemins, Gretchen ! Quand le givre qui s'éternise Hivernalement s'harmonise Aux vieilles glaces de Venise, Gretchen ! Et que nos deux gros chats persans Montrent des yeux reconnaissants Près de l'âtre aux feux bruissants, Gretchen ! Et qu'au frisson de la veillée, S'élance en tendresse affolée Vers toi mon âme inconsolée, Gretchen ! Chauffe mon coeur, dont les sanglots S'épanchent dans ton coeur par flots. Les becs de gaz sont presque clos... Gretchen !

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

Hiver sentimental Loin des vitres ! clairs yeux dont je bois les liqueurs, Et ne vous souillez pas à contempler les plèbes. Des gels norvégiens métallisent les glèbes, Que le froid des hivers nous réchauffe les coeurs ! Tels des guerriers pleurant les ruines de Thèbes, Ma mie, ainsi toujours courtisons nos rancoeurs, Et, dédaignant la vie aux chants sophistiqueurs, Laissons le bon Trépas nous conduire aux Erèbes. Tu nous visiteras comme un spectre de givre ; Nous ne serons pas vieux, mais déjà las de vivre, Mort ! que ne nous prends-tu par telle après-midi, Languides au divan, bercés par sa guitare, Dont les motifs rêveurs, en un rythme assourdi, Scandent nos ennuis lourds sur la valse tartare !

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Emile Nelligan

@emileNelligan

Je sais la-bas une vierge rose Je sais là-bas une vierge rose Fleur du Danube aux grands yeux doux O si belle qu'un bouton de rose Dans la contrée en est jaloux. Elle a fleuri par quelque soir pur, En une magique harmonie Avec son grand ciel de pâle azur : C'est l'orgueil de la Roumanie.

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

Le Mai d'amour Voici que verdit le printemps Où l'heure au cœur sonne vingt ans, Larivarite et la la ri.

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

Le récital des anges Plein de spleen nostalgique et de rêves étranges, Un soir, je m'en allai chez la Sainte adorée Où se donnait, dans la salle de l'empyrée, Pour la fête du ciel, le récital des anges. Et nul ne s'opposant à cette libre entrée, Je vins, le corps vêtu d'une tunique à franges, Le soir où je m'en fus chez la Sainte adorée, Plein de spleen nostalgique et de rêves étranges. Des dames défilaient sous des clartés oranges ; Les célestes laquais portaient haute livrée ; Et ma demande étant par Cécile agréée, J'écoutai le concert qu'aux divines phalanges Elle donnait, là-haut, dans des rythmes étranges...

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

Le regret des joujoux Toujours je garde en moi la tristesse profonde Qu'y grava l'amitié d'une adorable enfant, Pour qui la mort sonna le fatal olifant, Parce qu'elle était belle et gracieuse et blonde. Or, depuis je me sens muré contre le monde, Tel un prince du Nord que son Kremlin défend, Et, navré du regret dont je suis étouffant, L'Amour comme à sept ans ne verse plus son onde. Où donc a fui le jour des joujoux enfantins, Lorsque Lucile et moi nous jouions aux pantins Et courions tous les deux dans nos robes fripées ? La petite est montée au fond des cieux latents, Et j'ai perdu l'orgueil d'habiller ses poupées... Ah ! de franchir si tôt le portail des vingt ans !

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

Le voyageur Las d'avoir visité mondes, continents, villes, Et vu de tout pays, ciel, palais, monuments, Le voyageur enfin revient vers les charmilles Et les vallons rieurs qu'aimaient ses premiers ans. Alors sur les vieux bancs au sein des soirs tranquilles, Sous les chênes vieillis, quelques bons paysans, Graves, fumant la pipe, auprès de leurs familles Ecoutaient les récits du docte aux cheveux blancs. Le printemps refleurit. Le rossignol volage Dans son palais rustique a de nouveau chanté, Mais les bancs sont déserts car l'homme est en voyage. On ne le revoit plus dans ses plaines natales. Fantôme, il disparut dans la nuit, emporté Par le souffle mortel des brises hivernales.

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Emile Nelligan

@emileNelligan

Mon sabot de Noël I Jésus descend, marmots, chez vous, Les mains pleines de gais joujoux. Mettez tous, en cette journée, Un bas neuf dans la cheminée. Et soyez bons, ne pleurez pas… Chut ! voici que viennent ses pas. Il a poussé la grande porte, Il entre avec ce qu'Il apporte… Soyez heureux, ô chérubins ! Chefs de Corrège ou de Rubens… Et dormez bien parmi vos langes, Ou vous ferez mourir les anges. Dormez, jusqu'aux gais carillons Sonnant l'heure des réveillons.

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

Mon âme Mon âme a la candeur d'une chose étiolée, D'une neige de février… Ah ! retournons au seuil de l'Enfance en allée, Viens-t-en prier… Ma chère, joins tes doigts et pleure et rêve et prie, Comme tu faisais autrefois Lorsqu'en ma chambre, aux soirs, vers la Vierge fleurie Montait ta voix. Ah ! la fatalité d'être une âme candide En ce monde menteur, flétri, blasé, pervers, D'avoir une âme ainsi qu'une neige aux hivers Que jamais ne souilla la volupté sordide ! D'avoir l'âme pareille à de la mousseline Que manie une sœur novice de couvent, Ou comme un luth empli des musiques du vent Qui chante et qui frémit le soir sur la colline ! D'avoir une âme douce et mystiquement tendre, Et cependant, toujours, de tous les maux souffrir, Dans le regret de vivre et l'effroi de mourir, Et d'espérer, de croire… et de toujours attendre !

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

Noel de vieil artiste La bise geint, la porte bat, Un Ange emporte sa capture. Noël, sur la pauvre toiture, Comme un De Profundis, s'abat. L'artiste est mort en plein combat, Les yeux rivés à sa sculpture. La bise geint, la porte bat, Un Ange emporte sa capture. Ô Paradis ! puisqu'il tomba, Tu pris pitié de sa torture. Qu'il dorme en bonne couverture, Il eut si froid sur son grabat ! La bise geint, la porte bat...

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

Roses d'Octobre Pour ne pas voir choir les roses d'automne, Cloître ton cœur mort en mon cœur tué. Vers des soirs souffrants mon deuil s'est rué, Parallèlement au mois monotone. Le carmin tardif et joyeux détonne Sur le bois dolent de roux ponctué… Pour ne pas voir choir les roses d'automne, Cloître ton cœur mort en mon cœur tué.

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E

Emile Nelligan

@emileNelligan

Soir d'hiver Ah! comme la neige a neigé! Ma vitre est un jardin de givre. Ah! comme la neige a neigé! Qu'est-ce que le spasme de vivre A la douleur que j'ai, que j'ai. Tous les étangs gisent gelés, Mon âme est noire! Où-vis-je? où vais-je? Tous ses espoirs gisent gelés: Je suis la nouvelle Norvège D'où les blonds ciels s'en sont allés. Pleurez, oiseaux de février, Au sinistre frisson des choses, Pleurez oiseaux de février, Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses, Aux branches du genévrier. Ah! comme la neige a neigé! Ma vitre est un jardin de givre. Ah! comme la neige a neigé! Qu'est-ce que le spasme de vivre A tout l'ennui que j'ai, que j'ai…

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Emile Nelligan

@emileNelligan

Soirs d'Octobre — Oui, je souffre, ces soirs, démons mornes, chers Saints. — On est ainsi toujours au soupçon des Toussaints. — Mon âme se fait dune à funèbres hantises. — Ah ! Donne-moi ton front, que je calme tes crises. — Que veux-tu ? je suis tel, je suis tel dans ces villes, Boulevardier funèbre échappé des balcons, Et dont le rêve élude, ainsi que des faucons, L'affluence des sots aux atmosphères viles. Que veux-tu ? je suis tel… Laisse-moi reposer Dans la langueur, dans la fatigue et le baiser, Chère, bien-aimée âme où vont les espoirs sobres… Écoute ! Ô ce grand soir, empourpré de colères, Qui, galopant, vainqueur des batailles solaires, Arbore l'Étendard triomphal des Octobres !

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Emile Verhaeren

Emile Verhaeren

@emileVerhaeren

Avec mes vieilles mains Avec mes vieilles mains de ton front rapprochées J'écarte tes cheveux et je baise, ce soir, Pendant ton bref sommeil au bord de l'âtre noir La ferveur de tes yeux, sous tes longs cils cachée. Oh ! la bonne tendresse en cette fin de jour ! Mes yeux suivent les ans dont l'existence est faite Et tout à coup ta vie y parait si parfaite Qu'un émouvant respect attendrit mon amour. Et comme au temps où tu m'étais la fiancée L'ardeur me vient encor de tomber à genoux Et de toucher la place où bat ton coeur si doux Avec des doigts aussi chastes que mes pensées.

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Emile Verhaeren

Emile Verhaeren

@emileVerhaeren

C'était en juin, dans le jardin C'était en juin, dans le jardin, C'était notre heure et notre jour ; Et nos yeux regardaient, avec un tel amour, Les choses, Qu'il nous semblait que doucement s'ouvraient Et nous voyaient et nous aimaient Les roses. Le ciel était plus pur qu'il ne le fut jamais : Les insectes et les oiseaux Volaient dans l'or et dans la joie D'un air frêle comme la soie ; Et nos baisers étalent si beaux Qu'ils exaltaient et la lumière et les oiseaux.

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Emile Verhaeren

Emile Verhaeren

@emileVerhaeren

Décembre Ouvrez, les gens, ouvrez la porte, je frappe au seuil et à l'auvent, ouvrez, les gens, je suis le vent, qui s'habille de feuilles mortes. - Entrez, monsieur, entrez, le vent, voici pour vous la cheminée et sa niche badigeonnée ; entrez chez nous, monsieur le vent. - Ouvrez, les gens, je suis la pluie, je suis la veuve en robe grise dont la trame s'indéfinise, dans un brouillard couleur de suie.

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Emile Verhaeren

Emile Verhaeren

@emileVerhaeren

En hiver Le sol trempé se gerce aux froidures premières, La neige blanche essaime au loin ses duvets blancs, Et met, au bord des toits et des chaumes branlants, Des coussinets de laine irisés de lumières. Passent dans les champs nus les plaintes coutumières, A travers le désert des silences dolents, Où de grands corbeaux lourds abattent leurs vols lents Et s'en viennent de faim rôder près des chaumières. Mais depuis que le ciel de gris s'était couvert, Dans la ferme riait une gaieté d'hiver, On s'assemblait en rond autour du foyer rouge, Et l'amour s'éveillait, le soir, de gars à gouge, Au bouillonnement gras et siffleur, du brassin Qui grouillait, comme un ventre, en son chaudron d'airain.

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