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Jacques Chessex

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Poésies

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    Jacques Chessex

    @jacquesChessex

    Animal Madame un jour je caressais quelque pelage D'égaré ou de fantasque au soleil poudreux C'était un chat soyeux, tigre ou chat des chartreux Qu'importe si ce chat était tendre ou sauvage Ou si le nombre des félins par moi flattés Dépasse le millier par toutes les années Où j'ai choyé leur patience illimitée Dans tellement de fourrures et de fumets Que je les confonds tous, parfum fort et souplesse Dans le même creuset où leur ardeur se coule Mais ce jour-là c'est la toison de toi, Maîtresse Qui s'est creusée à mes doigts souples sur la fente Où l'animal cède à la rondeur de la pente Sûre de sa ferveur et d'humidité soûle

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    Jacques Chessex

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    Chant d'automne Yorick un jour il avait plu dans ta fosse Ton crâne luisait comme une baie Les oiseaux passaient dans les nuages Ton élève vieillissait et rêvait Yorick il n'y avait plus de royaume Plus de liens, de lois à servir Il y avait la pluie de l'automne Interminablement dans l'herbe jaune Yorick un jour il avait plu dans ton crâne Comme cette pluie qui ne cesse de tomber Dans la mémoire de ton élève Avec les feuilles des haies Yorick, les pétales de l'été enfui Les baies comme les caillots imaginaires Dans le Songe du Golgotha

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    Chat y es-tu Chat y es-tu, que fais-tu J'ai déjà perdu six vies, je ne m'inquiète pas Chat y es-tu, où vas-tu Je rêve que la maîtresse me prend en soi Je deviens sa bouche de soie Chat y es-tu, que narres-tu Gloire des métamorphoses Je me transforme en caverne rose Chat y es-tu, ne te vantes-tu Je change de fourrure Viande lisse Sous sa petite pelisse Chat y es-tu, que songes-tu J'ai reçu une harpe de nacre Un ruisseau vient dans mes lèvres Chat que fais-tu maintenant Ah j'ai du sang dans la moustache C'est toute mon âme qui se tache Chat beau chat, que chantes-tu Je chante un chant de museau et de source Je dédie une ode à la pource Chat maintenant que veux-tu J'ai une souris de lait et de miel dans la bouche Je mange dans la maîtresse ravie Vous voyez je commence ma septième vie O maîtresse en toi vif et mort Et l'élégie de ton astre Éclaire ma fosse

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    J'aime le brouillard J'aime le brouillard, tu le sais Ses épaisseurs lumineuses Ses taches de mort calme dans l'antre du jour El tu sais aussi que j'aime le brouillard parce qu'il ressemble À ce regret qui est en moi Entre l'heure et la mémoire Quand j'ai la vertu de regarder ma mort Les claires ruines et tout l'après Où je n'aurai plus de structure Où il n'y aura plus de langage, plus de formes même ombreuses Plus d'arête aucune catégorie dans le vide Aucun vide du vide J'aime le brouillard de m'y faire réfléchir S'il ressemble tant soit peu à ce destin défaisant mon heure Dans le vœu de l'instant et du rien

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    L'éternite Rochers sur vos belles rivières Et vous arbres confidents des ouvrières de la fromagerie Vous bocages où compose le rossignol Sente où glousse mainte gorge à nuit close Gouttes fumées de l'amour Je n'ai pas de raisons de douter Le halètement vient sous la voûte feuillue La caverne pleure ! L'éternité est une mare enfouie sous le verdoyant reproche Comme toujours l'éternité est une grotte Une main hâtive et poisseuse par la mousse J'ai détourné ma face de la mort pour la donner à cette mare et à cette hâte Je me suis détourné de la mort pour prendre l'éternité Avec ses gouttes qui s'évaporent dans ma bouche

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    Le regret de ses réseaux L'air et l'eau clans ton nuage Si nuage est ce regard Cette pensée qui disperse Le regret de ses réseaux L'air nocturne sur ta bouche L'animal pur de ton souffle Et l'hôte impur de ta couche Où mourir dans ta dépouille Quand la hanche et las ton ventre Soudainement s'alourdissent L'air est noir sur ta bouche lisse L'eau de la nuit vient dans tes jambes Langue soumise et volontaire Dans la fraîcheur et le feu Muscle frais dans la caverne Où ne règne aucune parole Je n'ai pas de raison plus juste De clairière plus résolue A m'instruire en impatience À l'exemple de la mort Pressé de vivre en ce lieu Dans la maison de l'abîme De chair et de peau sublime À la trace enfin de Dieu

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    Jacques Chessex

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    Le repas Veines de la pierre et du bras Saignée, clairière de la rencontre Aisselle à l'orée de la chambre des pins Quand au cœur sourd répond le souffle Du bois qui dort sous la voûte Le promenoir des béatitudes Abandonne ses pèlerins Dégarnis de leur poussière digne Ils ont secoué leurs sandales à l'entrée Ils ont été admis et ils sont morts C'est dans les mœurs de ce temple Dispos au sacrifice de ses hôtes Ne pleurez pas, amis du dieu! Ses habitudes ne changeront pas pour vos larmes Il vous souhaite nombreux à ses audiences Et votre pas au déambulatoire des purs Le ravit de ses échos multipliés Veines de pierre rouge du bras que l'on brûle après la marche Entre les colonnes et la lumière apaisée des prières sommeil des ombres Couchées comme le bétail de l'intendant à la porte du monastère Et quand le soleil se lève sur cette gloire La fanfare des morts sonne et tonne invitant le vautour Au repas de ma piété et de ma mémoire

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    Le rire dans la faille Je suis un moine errant Comme le renard onirique erre sans errer Fuit sans fuir, rit dans le rayon nocturne Honore les morts d'avant et d'après Comme ce prince à la soyeuse mine Luit dans l'enchevêtrement des formes Court sans courir À la sagesse immobile des ancêtres Je suis un moine mendiant et questionnant Je demande aux gens qui sont les ancêtres Qui est le renard dans ses brumes Et quoi le rire dans la faille Mais poser ces questions me fatigue Je me fais trop de souci pour mon travail contemplatif et quémandeur Je suis un moine stupide Je m'enfuis et je reste planté sur la place Ce n'est pas tout de prendre intérieurement ses jambes à son cou Et de jouer au mort quand les filles passent En faisant bouger leurs seins comme des têtes De Jean Baptiste ou de Bouddha Mais je n'ai pas envie de ces boules excessives ou de ces crânes Je regarde vers les cages de l'air Je vois le soleil au fond de ma cave en os sous ma peau idiote ô désir J'erre sans hâte avec ces enfermements et ces lampes

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    Élégie de ma Mère C'est presque toujours un chant d'oiseau Qui te fait venir Non l'oiseau des morts ou celui par qui la moquerie arrive Mais l'oiseau de l'enfance, le premier Celui qui ne se laisse pas voir mais que nous devinons à sa voix Et maintenant cette voix ne cesse d'appeler dans toutes les voix d'oiseaux que j'entends, mère À la forêt songeuse que tu connais Aux taillis du cimetière où j'apprends notre repos séparé Et bien plus profond dans mes os qui se sont formés en toi Et qui de toi gardent ce regret inguérissable Mère, je ne veux pas qu'il soit dit que l'enfance est gaie Mais j'ai des souvenirs qui sont beaux Je ne veux pas que tu souffres de mon ingratitude Mais l'enfance n'est pas gaie avec ses attentes Ni par la suite avec le doute sur le possible Mère, je déteste l'incertain et l'attente Toute mon enfance j'ai attendu et je ne comprenais pas Que tu ne saches pas ma haine de ces circonstances Mère aujourd'hui tu es vivante et je sais qu'un jour Abominablement je regretterai de ne t'avoir pas montré Que je t'aimais Comment être avec cette science et cet appel Qui sourd de l'ombre et trouve mon âme? Je sais que l'oiseau n'appelle pas, il parle innocemment Dans le secret ou la cloison C'est moi qui sens mon âme vibrer à ce que je trouve Comme un message de toi dans sa voix parfaite et détachée Tu connais bien les oiseaux mère tu les nommes La mésange la fauvette le rouge-gorge J'entends ces noms je revois des scènes très anciennes Par la fenêtre un jardin calme Une sente au bois où brillent les anémones l'étang noir avec les nénuphars qui luisent Tu as dit l'oiseau Mère et le Paradis se noue dans ce nom Dans la voix simple et unique de l'oiseau Où parle ta voix, bleuit ton regard Ô chante, mère Chante sans mots le chant de notre séparation et de ma peine Chante le chant de l'enfant si ton destin voulait Que tu le laisses seul à la rive Oui chante ce destin et ses conséquences Sur notre double destin de mère et de fils J'étais dans toi à former mon squelette Et déjà mes pensées couraient par le monde Avides de se séparer de toi et de t'oublier J'étais dans toi j'ai fui et je ne t'ai pas oubliée C'est l'histoire que raconte l'oiseau À la cime de l'arbre ou dans l'obscur C'est notre histoire, mère Je le jure comme une histoire de vrai amour

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    Jacques Chessex

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    Élégie de mon Père Ce matin je regarde monter la brume dans la couleur jaune des vallons Je songe avec l'oiseau dans l'air comme dans la mort Je songe à la musique enveloppée de brume dans les pentes J'écoute la voix de mon père dans mon corps Ce matin je regarde le visage de mon père dans la brume dorée et jaune des collines J'écoute l'appel d'un unique oiseau à la cime de l'arbre encore emperlé de pluie Je vois le visage de mon père aux yeux de ciel de juillet et d'éclair métallique avant l'orage Son regard aigu et bon sur mes songes Ce matin je descends dans l'écorce de l'arbre et dans la pierre Je ploie à la fraîcheur du vent dans la souple herbe Je marche dans cette herbe à côté de mon père Puis il s'arrête il approche un visage au front ridé et lisse Peut-être je touche ses yeux de prairie dans le ciel entre les nuages Peut-être j'entre dans le lac de verre de ces yeux Avec les arbres les nuages la cime des monts Peut-être je descends sous la terre du rocher avec ces yeux Ce matin je ne sais plus si c'est toi qui parles ou si c'est moi Tellement fort et précise parle ta voix dans ma voix Je regarde un paysage d'ombre et d'air J'écoute en toi le passage de la rivière ô mon père Et le vent qui fait bouger tes cheveux pas encore blancs Ce matin je marche dans l'herbe de jadis avec mon père Je rêve que je ne verrai jamais ses cheveux blancs Ni que j'entendrai la rivière dans le temps qui lui reste à vivre Ni cet automne qui vient de vallon en vallon avec le givre Avec le chant de l'oiseau dans cet air jaune Ni l'appel au fond de son corps plus triste appel Que les voix de la forêt, des pentes, des vallons Plus triste et mélodieux appel que celui de mon cœur mortel 0 si tu dois être mort en moi si longtemps Jusqu'à ma mort peut-être si tu dois attendre la vraie mort

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