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Jacques Réda

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Poésies

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    Jacques Réda

    @jacquesReda

    Automne Ah je le reconnais, c'est déjà le souffle d'automne Errant, qui du fond des forêts propage son tonnerre En silence et désempare les vergers trop lourds ; Ce vent grave qui nous ressemble et parle notre langue Où chante à mi-voix un désastre. Offrons-lui le déclin Des roses, le charroi d'odeurs qui verse lentement Dans la vallée, et la strophe d'oiseaux qu'il dénoue Au creux de la chaleur où nous avons dormi. Ce soir, Longtemps fermé dans son éclat, le ciel grandi se détache, Entraînant l'horizon de sa voile qui penche ; et le bleu Qui fut notre seuil coutumier s'éloigne à longues enjambées Par les replis du val ouvert à la lecture de la pluie.

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    Jacques Réda

    @jacquesReda

    Dernier dimanche de l'été Le ciel détruit, le pâle échafaudage en feu sur la vallée où les chemins, aux abords du village, rôdent comme l'idiot ; et le disque de l'étang mort haut déjà sur les vignes dévoyées par cette brûlure : dimanche dans le long délabrement des cloches, le tonnerre muet du temps.) Qui nous délivrera ; qui viendra nous chercher dans ces décombres ? Est-il vrai qu'au bas du jardin où l'on brûle des ronces La fumée invisible a pressenti le vent d'automne Et qu'un frisson de l'oseraie a desserré les dents Qui traînent l'horizon dans sa propre poussière ? Le jour aux yeux crevés reste seul assis sur la place ; Durent jusqu'à la nuit sous les hangars méconnaissables L'angoisse des enfants et la tristesse des outils.

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    Jacques Réda

    @jacquesReda

    Distance de l'automne Puis tel soir de septembre après tous ces jours lumineux, Le soleil n'est plus qu'un chasseur entre les landes df nuages ; Il guette et la forêt se retire en elle-même, À distance du rayon froid. Des craquements veillent partout sur le silence Et la mûre dans les taillis tend ses grappes noires à personne. Ce sera donc la nuit dans une heure. Le ciel Très pâle se réserve et ne touche plus l'herbe ni les eaux Qui se retournent vers la profondeur oblique. Buvez, doux animaux.

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    Jacques Réda

    @jacquesReda

    Espère et tremble Bien avant le printemps parfois une chaleur étrangement lourde S'élève vers le soir à la corne du bois sans feuilles ou près de la rivière, Et rôde entre les chemins creux où brûle un résidu de soufre. Halo des milliers d'yeux des milliers de troupeaux qui remontèrent Des fonds troubles du temps vers ce qui fut le tumultueux avenir. Espère et tremble : qui s'approche ou s'efface encore au détour, Couronné d'herbe rude et d'un éclat de bleu plus vif À mesure qu'en bas la nuit dissout les reflets, les réponses A la question déployée en ton cœur comme un drapeau ? Espère et tremble au souffle chaud qui rôde ; espère et tremble.

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    Jacques Réda

    @jacquesReda

    Seuil du désordre J'avais assez d'orgueil pour n'attendre que l'éclatement, le surcroît. (Commencer est terrible, oui, terrible et défendu, Hors cette irruption d'oiseaux inconnus qui foudroie.) Cependant était-ce la foudre, ou bien Sur cet espace dévasté par ma naissance L'ordre enfin rétabli dont me saisissait la douceur ? Mais quel ordre sinon celui du monde innocent avant moi, Plein de mots non souillés encore par ma bouche, plein De la présence où je ne fus que porte battant sur le noir ? Et par là vinrent les longs bras ignobles du noir ; Par là se sont glissés les yeux d'une nuit dégoûtante Et qui n'était pas moi mais poussait toujours cette porte. Là parurent aussi la rose et le bouvreuil que je ne connais pas. Des animaux à la cruauté douce en moi se coulant vite, Et le silence où tout s'accorde, neige Antérieure à la trace funèbre de mes pas.

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