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Renee Vivien

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Poésies

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    L’aile brisée Elle est venue avec ses cheveux et sa robe, Sa robe de beau pourpre et ses beaux cheveux d’or ! Et mon âme aussitôt a pris un prompt essor Dans l’ivresse du cher instant que l’on dérobe !.. Mon cœur lourd est léger comme une bulle d’or, Puisque je la revois près de moi revenue ! Et comme en un miracle, apparue, advenue, Une aile de chimère a repris son essor !

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    Désir Elle est lasse, après tant d’épuisantes luxures. Le parfum émané de ses membres meurtris Est plein du souvenir des lentes meurtrissures. La débauche a creusé ses yeux bleus assombris. Et la fièvre des nuits avidement rêvées Rend plus pâles encor ses pâles cheveux blonds. Ses attitudes ont des langueurs énervées. Mais voici que l’Amante aux cruels ongles longs Soudain la ressaisit, et l’étreint, et l’embrasse D’une ardeur si sauvage et si douce à la fois, Que le beau corps brisé s’offre, en demandant grâce, Dans un râle d’amour, de désirs et d’effrois. Et le sanglot qui monte avec monotonie, S’exaspérant enfin de trop de volupté, Hurle comme l’on hurle aux moments d’agonie, Sans espoir d’attendrir l’immense surdité. Puis, l’atroce silence, et l’horreur qu’il apporte, Le brusque étouffement de la plaintive voix, Et sur le cou, pareil à quelque tige morte, Blêmit la marque verte et sinistre des doigts.

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    Renee Vivien

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    Inspiration L’esprit souffle… Et le vent emporte les paroles Qui vacillent ainsi que les musiques folles. Inexplicable autant que l’amour et la foi, Ô l’Inspiration ! reviens bientôt vers moi ! Reviens comme le vent qui chante et se lamente, Reviens comme une haleine implacable ou démente ! Reviens comme le vent qui m’inspira l’amour, Et je t’accueillerai, dans l’instant du retour, Avec l’emportement et l’angoisse démente Qu’inspire le retour d’une infidèle amante !

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    A la bien-aimée Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne, Et ma voile de soie et mon jardin de lys, Ma cassolette d'or et ma blanche colonne, Mon parc et mon étang de roseaux et d'iris. Vous êtes mes parfums d'ambre et de miel, ma palme, Mes feuillages, mes chants de cigales dans l'air, Ma neige qui se meurt d'être hautaine et calme, Et mes algues et mes paysages de mer. Et vous êtes ma cloche au sanglot monotone, Mon île fraîche et ma secourable oasis ... Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne, Et ma voile de soie et mon jardin de lys.

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    A la femme aimée Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume, Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain. Ton corps se devinait, ondoiement incertain, Plus souple que la vague et plus frais que l’écume. Le soir d’été semblait un rêve oriental De rose et de santal. Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids. Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts En le souffle pâmé des angoisses suprêmes. De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour L’agonie et l’amour. Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes La douceur et l’effroi de ton premier baiser. Sous tes pas, j’entendis les lyres se briser En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes Parmi des flots de sons languissamment décrus, Blonde, tu m’apparus. Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible, D’infini, je voulus moduler largement Un hymne de magie et d’émerveillement. Mais la strophe monta bégayante et pénible, Reflet naïf, écho puéril, vol heurté, Vers ta Divinité.

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    Absence Ô Femme au cœur de qui mon triste cœur a cru, Je te convoite, ainsi qu’un trésor disparu. Je te maudis, mais en t’aimant… Mon cœur bizarre Te recherche, Émeraude admirablement rare ! Que je suis exilée ! Et que pèse le temps, Malgré le beau soleil des midis éclatants ! Retombant chaque soir dans un amer silence, Je pleure sur le plus grand des maux : sur l’absence !…

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    Amazone L’amazone sourit au-dessus des ruines, Tandis que le soleil, las de luttes, s’endort. La volupté du meurtre a gonflé ses narines : Elle exulte, amoureuse étrange de la mort. Elle aime les amants qui lui donnent l’ivresse De leur fauve agonie et de leur fier trépas, Et, méprisant le miel de la mièvre caresse, Les coupes sans horreur ne la contentent pas. Son désir, défaillant sur quelque bouche blême Dont il sait arracher le baiser sans retour, Se penche avec ardeur sur le spasme suprême, Plus terrible et plus beau que le spasme d’amour.

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    Amour Mirage de la mer sous la lune, ô l’Amour ! Toi qui déçois, toi qui parais pour disparaître Et pour mentir et pour mourir et pour renaître, Toi qui crains le regard juste et sage du jour ! Toi qu’on nourrit de songe et de mélancolie, Inexplicable autant que le souffle du vent Et toujours inégal, injuste trop souvent, Je te crains à l’égal de ta sœur la folie ! Je te crains, je te hais et pourtant tu m’attires Puisque aussi le fatal est proche du divin. Voici qu’il m’est donné de te connaître enfin, Et je mourrais pour l’un de tes moindres sourires !

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    Amour méprisable L’Amour dont je subis l’abominable loi M’attire vers ce que je crains le plus, vers Toi ! Tu fus et tu seras l’Inconnue ennemie… Je t’adore en pleurant, ô si mauvaise amie ! Car voici la raison de mon tourment infâme : Je ne surprendrai pas le regard de ton âme. C’est pourquoi je te hais, c’est pourquoi je te crains… J’appelle un autre amour, d’autres yeux, d’autres mains, Et surtout, pour calmer la plainte qui s’élève Du fond de mon cœur las, un rêve, un divin rêve !

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    Amour, toi le larron Amour, toi, le larron éternel, qui dérobes Les lourds trésors des cœurs et le secret des robes ! Tu te glisses et te dissimules la nuit, Et ton pas est le pas du traître qui s’enfuit… Ton pas est plus léger que le doux pas du Songe ! Et l’on n’entend jamais ce bruit sournois qui ronge. N’as-tu point d’amitié ? N’as-tu point de raison ? Voici que s’insinue en mon cœur ton poison. Épargne-moi ! Vois mon visage et mon front blême… Mon ennemi, l’Amour, je te hais et je t’aime.

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    Aube incertaine Comme les courtisans près d’un nouveau destin, Nous attendions ensemble un rayon de l’aurore. Les songes attardés se poursuivaient encore, Et tes yeux étaient bleus, — bleus comme le matin. Déjà je regrettais une douceur passée. Tes cheveux répandaient une odeur de sommeil. Dans la crainte de voir éclater le soleil, Notre nuit s’éloignait, souriante et lassée. Tel qu’un léger linceul de spectre, le brouillard Se drapait vaguement avant de disparaître, Et le ciel était plein d’un immense : Peut-être… L’aube était incertaine ainsi que ton regard. Tu semblais deviner mes extases troublées. Dans l’ombre, je croyais te voir enfin pâlir, Et j’espérais qu’enfin jaillirait le soupir De nos cœurs confondus, de nos âmes mêlées. Nos êtres défaillants frémissaient d’espoir : sourds. Nous rêvions longuement que c’était l’amour même, Son immortelle angoisse et son ardeur suprême… Et le jour s’est levé, comme les autres jours !

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    Aurore sur la mer Je te méprise enfin, souffrance passagère ! J’ai relevé le front. J’ai fini de pleurer. Mon âme est affranchie, et ta forme légère Dans les nuits sans repos ne vient plus l’effleurer. Aujourd’hui je souris à l’Amour qui me blesse. O vent des vastes mers, qui, sans parfum de fleurs, D’une âcre odeur de sel ranimes ma faiblesse, O vent du large ! emporte à jamais les douleurs ! Emporte les douleurs au loin, d’un grand coup d’aile, Afin que le bonheur éclate, triomphal, Dans nos cœurs où l’orgueil divin se renouvelle, Tournés vers le soleil, les chants et l’idéal !

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    Bacchante triste Le jour ne perce plus de flèches arrogantes Les bois émerveillés de la beauté des nuits, Et c’est l’heure troublée où dansent les Bacchantes Parmi l’accablement des rythmes alanguis. Leurs cheveux emmêlés pleurent le sang des vignes, Leurs pieds vifs sont légers comme l’aile des vents, Et la rose des chairs, la souplesse des lignes Ont peuplé la forêt de sourires mouvants. La plus jeune a des chants qui rappellent le râle : Sa gorge d’amoureuse est lourde de sanglots. Elle n’est point pareille aux autres, – elle est pâle ; Son front a l’amertume et l’orage des flots. Le vin où le soleil des vendanges persiste Ne lui ramène plus le génëreux oubli ; Elle est ivre à demi, mais son ivresse est triste, Et les feuillages noirs ceignent son front pâli. Tout en elle est lassé des fausses allégresses. Et le pressentiment des froids et durs matins Vient corrompre la flamme et le miel des caresses. Elle songe, parmi les roses des festins. Celle-là se souvient des baisers qu’on oublie… Elle n’apprendra pas le désir sans douleurs, Celle qui voit toujours avec mélancolie Au fond des soirs d’orgie agoniser les fleurs.

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    Chanson Ta voix est un savant poème… Charme fragile de l’esprit, Désespoir de l’âme, je t’aime Comme une douleur qu’on chérit. Dans ta grâce longue et blémie, Tu revins du fond de jadis… O ma blanche et lointaine amie, Je t’adore comme les lys! On dit qu’un souvenir s’émousse, Mais comment oublier jamais Que ta voix se faisait très douce Pour me dire que tu m’aimais?

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    Chanson pour elle L’orgueil endolori s’obstine À travestir ton cœur lassé, Ténébreux comme la morphine Et le mystère du passé. Tu récites les beaux mensonges Comme on récite les beaux vers. L’ombre répand de mauvais songes Sur tes yeux d’archange pervers. Tes joyaux sont des orchidées Qui se fanent sous tes regards Et les miroitantes idées Plus hypocrites que les fards. Tes prunelles inextinguibles Bravent la flamme et le soleil… Et les Présences Invisibles Rôdent autour de ton sommeil.

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    Comment oublier le pli lourd Comment oublier le pli lourd De tes belles hanches sereines, L’ivoire de ta chair où court Un frémissement bleu de veines ? Et comment jamais retrouver L’identique extase farouche, T’oublier, revivre et rêver Comme j’ai rêvé sur ta bouche ?

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    Dans la fièvre du ciel nocturne, l’aube passe Dans la fièvre du ciel nocturne, l’aube passe, Les mains fraîches, riant dans le ciel argentin, Et, comme les débris d’un somptueux festin, Les nuages fanés s’effeuillent dans l’espace. Tes yeux ont le reflet des eaux mortes ; ta grâce D’amoureuse blêmit au souffle du matin ; De tes lèvres s’exhale un soupir enfantin ; Lentement s’alanguit ta forme ardente et lasse. L’aurore impitoyable a rempli l’horizon. Nos baisers attardés craignent la trahison Des imprévus retours de la lumière errante. Lève tes yeux, remplis des vapeurs du sommeil. Vois, la virginité de la lune expirante À préféré la mort au baiser du soleil.

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    Elle écarte en passant Elle écarte en passant les ronces du chemin. Au geste langoureux et frôleur de sa main Éclosent blanchement les fraîches églantines… Mais sa chair s’est blessée à tant d’âpres épines ! J’ai vu saigner ses pieds aux buissons du chemin. Son lent sourire tombe au sein d’or des corolles. L’évanouissement de ses vagues paroles Mêle au soir vaporeux des rythmes envolés Où d’anciens sanglots vibrent inconsolés… Son lent sourire tombe au sein d’or des corolles. Dans l’ombre de ses pas pleurent les liserons… Le jasmin, diadème aux délicats fleurons, Cet astre atténué, la chaste primevère, Parent son front de vierge à la beauté sévère… Là-bas pleurent d’amour les simples liserons. Son être, où brûle encor l’ardeur des soifs divines, S’est blessé trop souvent aux sauvages épines, — J’ai vu saigner son cœur aux buissons du chemin. Elle va gravement vers le lourd lendemain, Inlassable et gardant l’ardeur des soifs divines… J’ai vu saigner son cœur aux buissons du chemin.

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    En débarquant à Mytilène Du fond de mon passé, je retourne vers toi, Mytilène, à travers les siècles disparates, T’apportant ma ferveur, ma jeunesse et ma foi, Et mon amour, ainsi qu’un présent d’aromates, Mytilène, à travers les siècles disparates, Du fond de mon passé, je retourne vers toi. Je retrouve tes flots, tes oliviers, tes vignes, Et ton azur où je me fonds et me dissous, Tes barques, et tes monts avec leurs nobles lignes, Tes cigales aux cris exaspérés et fous, Sous ton azur, où je me fonds et me dissous, Je retrouve tes flots, tes oliviers, tes vignes. Reçois dans tes vergers un couple féminin, Île mélodieuse et propice aux caresses, Parmi l’asiatique odeur du lourd jasmin, Tu n’as point oublié Psappha ni ses maîtresses, Ile mélodieuse et propice aux caresses, Reçois dans tes vergers un couple féminin. Lesbos aux flancs dorés, rends-nous notre âme antique, Ressuscite pour nous les lyres et les voix, Et les rires anciens, et l’ancienne musique Qui rendit si poignants les baisers d’autrefois, Toi qui gardes l’écho des lyres et des voix, Lesbos aux flancs dorés, rends-nous notre âme antique, Évoque les péplos ondoyant dans le soir, Les lueurs blondes et rousses des chevelures, La coupe d’or et les colliers et le miroir, Et la fleur d’hyacinthe et les faibles murmures, Évoque la clarté des belles chevelures Et les légers péplos qui passaient, dans le soir, Quand, disposant leurs corps sur tes lits d’algues sèches, Les amantes jetaient des mots las et brisés, Tu mêlais tes odeurs de roses et de pêches Aux longs chuchotements qui suivent les baisers, À notre tour, jetant des mots las et brisés, Nous disposons nos corps sur tes lits d’algues sèches, Mythilène, parure et splendeur de la mer, Comme elle versatile et comme elle éternelle, Sois l’autel aujourd’hui des ivresses d’hier, Puisque Psappha couchait avec une immortelle, Accueille-nous avec bonté, pour l’amour d’elle, Mytilène, parure et splendeur de la mer !

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    Envers vous, belles, ma pensée n’est point changeante Je ne change point, ô vierges de Lesbos ! Lorsque je poursuis la Beauté fugitive, Tel le Dieu chassant une vierge au peplos Très blanc sur la rive. Je n’ai point trahi l’invariable amour. Mon cœur identique et mon âme pareille Savent retrouver, dans le baiser d’un jour, Celui de la veille. Et j’étreins Atthis sur les seins de Dika. J’appelle en pleurant, sur le seuil de sa porte, L’ombre, que longtemps ma douleur invoqua, De Timas la morte. Pour l’Aphrodita j’ai dédaigné l’Éros, Et je n’ai de joie et d’angoisse qu’en elle : Je ne change point, ô vierges de Lesbos, Je suis éternelle.

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    Essentielle Ainsi, l’on se contemple avec des yeux sacrés Devant l’autel des mers et sur l’autel des prés… Toi dont la chevelure en plis d’or illumine, Tu m’as fait partager ton essence divine… Et tu m’as emportée au fond même du ciel, Ô toi que l’on adore, ô l’Être Essentiel ! Tes yeux ont le regard que n’ont point d’autres femmes… Et ce fut, pour nous, comme une rencontre d’âmes. Mon cœur nouveau renaît de mon cœur d’autrefois… Que dire de tes yeux ? Que dire de ta voix ? Ô ma splendeur parfaite, ô ma Toute Adorée ! La mer était en nous, unie à l’empyrée !

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    Fleurs de séléné Elles ont des cheveux pâles comme la lune, Et leurs yeux sans amour s’ouvrent pâles et bleus, Leurs yeux que la couleur de l’aurore importune. Elles ont des regards pâles comme la lune, Qui semblent refléter les astres nébuleux. Leurs paupières d’argent, qu’un baiser importune, Recèlent des rayons langoureusement bleus. Elles viennent charmer leur âme solitaire, Dans le recueillement des sombres chastetés, De l’haleine des cieux, des souffles de la terre. Nul parfum n’a troublé leur âme solitaire. L’ivoire des hivers, la pourpre des étés Ne les effleurent point des reflets de la terre : Elles gardent l’amour des sombres chastetés. Leur robe a la lourdeur du linceul qu’on déploie, Blanche sous le regard nocturne des hiboux, Et leur sourire éteint la caresse et la joie. Leur robe a la lourdeur du linceul qu’on déploie. Elles penchent leur front et leurs gestes très doux Sur les agonisants du songe et de la joie Qui râlent sous les yeux nocturnes des hiboux. Elles aiment la mort et la blancheur des larmes… Ces vierges d’azur sont les fleurs de Séléné. Possédant le secret des philtres et des charmes, Elles aiment la mort et la lenteur des larmes, Et la fleur vénéneuse au calice fané. Elles viennent cueillir les philtres et les charmes, Et leurs yeux pâles sont les fleurs de Séléné.

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    Invocation à la lune Ô Lune chasseresse aux flèches très légères, Viens détruire d’un trait mes amours mensongères ! Viens détruire les faux baisers, les faux espoirs, Toi dont les traits ont su percer les troupeaux noirs ! Toi qui fus autrefois l’Amie et la Maîtresse, Incline-toi vers moi, dans ma grande détresse !… Dis-moi que nul regard n’est divinement beau Pour qui sait contempler le grand regard de l’eau !… Ô Lune, toi qui sais disperser les mensonges, Éloigne le troupeau serré des mauvais songes ! Et, daignant aiguiser l’arc d’argent bleu qui luit, Accorde-moi l’espoir d’un rayon dans la nuit ! Ô Lune, toi qui sais rendre l’âme à soi-même Dans sa vérité froide, indifférente et blême ! Ô toi, victorieuse adversaire du jour, Accorde-moi le don d’échapper à l’amour !

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    Je t'aime d'être faible Je t'aime d'être faible et câline en mes bras Et de chercher le sûr refuge de mes bras Ainsi qu'un berceau tiède où tu reposeras. Je t'aime d'être rousse et pareille à l'automne, Frêle image de la Déesse de l'automne Que le soleil couchant illumine et couronne. Je t'aime d'être lente et de marcher sans bruit Et de parler très bas et de haïr le bruit, Comme l'on fait dans la présence de la nuit. Et je t'aime surtout d'être pâle et mourante, Et de gémir avec des sanglots de mourante, Dans le cruel plaisir qui s'acharne et tourmente. Je t'aime d'être, ô soeur des reines de jadis, Exilée au milieu des splendeurs de jadis, Plus blanche qu'un reflet de lune sur un lys... Je t'aime de ne point t'émouvoir, lorsque blême Et tremblante je ne puis cacher mon front blême, Ô toi qui ne sauras jamais combien je t'aime !

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    J’ai l’âme lasse du destin J’ai l’âme lasse du destin Et je ne veux plus voir le monde Qu’à travers le voile divin De tes pâles cheveux de blonde. Sur mon front, haï des sommeils Et que le délire importune, Répands tes doux cheveux, pareils À des rayons de clair de lune. Puisque le passé pleure seul Parmi les félicités brèves, Fais de tes cheveux un linceul Afin d’ensevelir mes rêves.

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    J’ai ruiné mon cœur J’ai ruiné mon cœur, j’ai dévasté mon âme Et je suis aujourd’hui le mendiant d’amour : Des souvenirs, pareils à la vermine infâme, Me rongent à la face implacable du jour. J’ai ruiné mon cœur, j’ai dévasté mon âme Et je viens lâchement implorer du destin Un reflet de tes yeux au caprice divin, Ô forme fugitive, ô pâleur parfumée Si prodigalement, si largement aimée ! J’ai cherché ton regard dans les yeux étrangers, J’ai cherché ton baiser sur des lèvres fuyantes ; La vigne qui rougit au soleil des vergers M’a versé dans ses flots le rire des Bacchantes ; J’ai cherché ton regard dans les yeux étrangers Sans libérer mon cœur de tes âpres caresses. Et, comme les soupirs des plaintives maîtresses Qui pleurent dans la nuit un été sans retour, J’entends gémir l’écho des paroles d’amour. Ô forme fugitive, ô pâleur parfumée, Incertaine douceur arrachée au destin, Si prodigalement, si largement aimée, J’ai perdu ton sourire au caprice divin ; Ô forme fugitive, ô pâleur parfumée, Tu m’as fait aujourd’hui le mendiant d’amour Étalant à la face implacable du jour La douleur sans beauté d’une misère infâme... J’ai ruiné mon cœur, j’ai dévasté mon âme.

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    Locusta Nul n’a mêlé ses pleurs au souffle de ma bouche, Nul sanglot n’a troublé l’ivresse de ma couche, J’épargne à mes amants les rancoeurs de l’amour. J’écarte de leur front la brûlure du jour, J’éloigne le matin de leurs paupières closes, Ils ne contemplent pas l’accablement des roses. Seule je sais donner des nuits sans lendemains. Je sais les strophes d’or sur le mode saphique, J’enivre de regards pervers et de musique La langueur qui sommeille à l’ombre de mes mains. Je distille les chants, l’énervante caresse Et les mots d’impudeur murmurés dans la nuit. J’estompe les rayons, les senteurs et le bruit. Je suis la tendre et la pitoyable Maîtresse. Car je possède l’art des merveilleux poisons, Insinuants et doux comme les trahisons Et plus voluptueux que l’éloquent mensonge. Lorsque, au fond de la nuit, un râle se prolonge Et se mêle à la fuite heureuse d’un accord, J’effeuille une couronne et souris à la Mort. Je l’ai domptée ainsi qu’une amoureuse esclave. Elle me suit, passive, impénétrable et grave, Et je sais la mêler aux effluves des fleurs Et la verser dans l’or des coupes des Bacchantes. J’éteins le souvenir importun du soleil Dans les yeux alourdis qui craignent le réveil Sous le regard perfide et cruel des amantes. J’apporte le sommeil dans le creux de mes mains. Seule je sais donner des nuits sans lendemains.

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    La lune consolatrice Et voici que mon cœur s’épanouit et rit… Moi qui longtemps souffris, me voici consolée Par ce noir violet d’une nuit étoilée, Moi qui ne savais point que la lune guérit ! Moi qui ne savais point que la lune console De tout le chagrin lourd, de toute la rancœur ! Sa consolation illumine le cœur D’un rayon éloquent autant qu’une parole. Et d’un rayon furtif comme un furtif bienfait Elle se glisse au fond torturé de mon âme, Elle se glisse avec une douceur de femme. Et c’est insinuant comme un obscur bienfait. Comme un obscur bienfait s’insinue, elle glisse… Tout le ciel émergeant de l’ombre est radieux. Éternellement chère à mon cœur, à mes yeux, Sois louée à jamais, Lune consolatrice !

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    La promesse des fées Le vent du soir portait des chansons par bouffées, Et, par lui, je reçus la promesse des Fées… Avec des mots très doux, les elfes m’ont promis D’être immanquablement mes fidèles amis. Mais n’attachez jamais votre âme à leurs paroles, Un Elfe est tôt enfui, souffle vif d’ailes folles !… Leur vol tourbillonnait, vague comme un parfum. Cependant tous semblaient obéir à quelqu’un. La première portait sur son front découvert Une couronne d’or… Son manteau semblait vert. Et la couronne d’or, brûlant comme la flamme, Rayonnait au-dessus d’un visage de femme. Malgré l’étonnement d’un cœur audacieux, Je ne pus endurer la splendeur de ses yeux… Car j’entendais un bruit d’étreintes étouffées… Aussi j’ai voulu fuir l’amour fatal des Fées… Mais, devant ce bonheur mêlé d’un si grand mal, Ne regrettais-je pas un peu l’amour fatal !

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    La vieillesse commençante C'est en vain aujourd'hui que le songe me leurre. Me voici face à face inexorablement Avec l'inévitable et terrible moment : Affrontant le miroir trop vrai, mon âme pleure. Tous les remèdes vains exaspèrent mon mal, Car nul ne me rendra la jeunesse ravie... J'ai trop porté le poids accablant de la vie Et sanglote aujourd'hui mon désespoir final. Hier, que m'importaient la lutte et l'effort rude ! Mais aujourd'hui l'angoisse a fait taire ma voix. Je sens mourir en moi mon âme d'autrefois, Et c'est la sombre horreur de la décrépitude !

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