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Renee Vivien

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Poésies

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Vieillesse commençante C’est en vain aujourd’hui que le songe me leurre. Me voici face à face inexorablement Avec l’inévitable et terrible moment : Affrontant le miroir trop vrai, mon âme pleure. Tous les remèdes vains exaspèrent mon mal, Car nul ne me rendra la jeunesse ravie… J’ai trop porté le poids accablant de la vie Et sanglote aujourd’hui mon désespoir final. Hier, que m’importaient la lutte et l’effort rude ! Mais aujourd’hui l’angoisse a fait taire ma voix. Je sens mourir en moi mon âme d’autrefois, Et c’est la sombre horreur de la décrépitude !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Vêtue I Ta robe participe à ton être enchanté, Ô ma très chère !... Elle est un peu de ta beauté. La respirer, c’est ton odeur que l’on dérobe. Ton cœur intime vit dans les plis de ta robe, L’odeur de nos baisers anciens est dans ses plis... Elle se ressouvient de nos divins oublis. En mon être secret je suis presque jalouse De l’étoffe qui suit ton corps et qui l’épouse. J’ose te l’avouer, en un soir hasardeux Où l’on s’exprime enfin... Nous t’aimons toutes deux. D’avoir été si près de ta douceur suprême, Ta robe est ma rivale, et cependant je l’aime... II Tu n’aimes déjà plus ta robe de jadis, Soyeuse et longue ainsi qu’un irréel iris. Mais moi je l’aime et je la veux et je la garde. Pour moi, le passé reste et l’autrefois s’attarde. J’adore ces chers plis du voile transparent Qui n’enveloppe plus ton corps indifférent. Garde-moi, parfumée ainsi qu’une momie, Ta robe des beaux jours passés, ô mon amie !

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    À l’amie Dans tes yeux les clartés trop brutales s’émoussent. Ton front lisse, pareil à l’éclatant vélin, Que l’écarlate et l’or de l’image éclaboussent, Brûle de reflets roux ton regard opalin. Ton visage a pour moi le charme des fleurs mortes, Et le souffle appauvri des lys que tu m’apportes Monte vers tes langueurs du soleil au déclin. Fuyons, Sérénité de mes heures meurtries, Au fond du crépuscule infructueux et las. Dans l’enveloppement des vapeurs attendries, Dans le soir énerve, je te dirai très bas. Ce que fut la beauté de la Maîtresse unique… Ah ! cet âpre parfum, cette amère musique Des bonheurs accablés qui ne reviendront pas ! Ainsi nous troublerons longtemps la paix des cendres. Je te dirai des mots de passion, et toi, Le rêve ailleurs, longtemps, de tes vagues yeux tendres, Tu suivras ton passé de souffrance et d’effroi. Ta voix aura le chant des lentes litanies Où sanglote l’écho des plaintes infinies, Et ton âme, l’essor douloureux de la Foi.

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    À l’ennemie aimée Tes mains ont saccagé mes trésors les plus rares, Et mon cœur est captif entre tes mains barbares. Tu secouas au vent du nord tes longs cheveux Et j’ai dit aussitôt : Je veux ce que tu veux. Mais je te hais pourtant d’être ainsi ton domaine, Ta serve… Mais je sens que ma révolte est vaine. Je te hais cependant d’avoir subi tes lois, D’avoir senti mon cœur près de ton cœur sournois… Et parfois je regrette, en cette splendeur rare Qu’est pour moi ton amour, la liberté barbare…

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    À une femme Tendre à qui te lapide et mortelle à qui t’aime, Faisant de l’attitude un frisson de poème, O Femme dont la grâce enfantine et suprême Triomphe dans la fange et les pleurs et le sang, Tu n’aimes que la main qui meurtrit ta faiblesse, La parole qui trompe et le baiser qui blesse, L’antique préjugé qui meurt avec noblesse Et le désir d’un jour qui sourit en passant. Férocité passive, âme légère et douce, Pour t’attirer, il faut que le geste repousse : Ta chair inerte appelle, en râlant, la secousse Et l’effort sans beauté du mâle triomphant. Esclave du hasard, des choses et de l’heure, Être ondoyant, en qui rien de vrai ne demeure, Tu n’accueilles jamais la passion qui pleure Ni l’amour qui languit sous ton regard d’enfant. Le baume du banal et le fard du factice, L’absurdité des lois, la vanité du vice Et l’amant dont l’orgueil contente ton caprice, Suffisent à ton cœur sans rêve et sans espoir. Jamais tu ne t’éprends de la grâce d’un songe, D’un reflet dont le charme expirant se prolonge, D’un écho dans lequel le souvenir se plonge, Jamais tu ne pâlis à l’approche du soir.

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    Émerveillement Avec l’étonnement de mes regards, je vis, Le chœur des beaux rayons de lune aux tons bleuis. Et mes regards étaient stupéfaits et ravis… Avec mes yeux ouverts grandement je les vis. C’est pourquoi maintes fois, au hasard d’une veille, Ouvert sur l’infini, mon regard s’émerveille.

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    Renee Vivien

    @reneeVivien

    Épitaphe Doucement tu passas du sommeil à la mort, De la nuit à la tombe et du rêve au silence, Comme s’évanouit le sanglot d’un accord Dans l’air d’un soir d’été qui meurt de somnolence. Au fond du Crépuscule où sombrent les couleurs, Où le monde pâli s’estompe au fond du rêve, Tu sembles écouter le reflux de la sève Murmurer, musical, dans les veines des fleurs. Le velours de la terre aux caresses muettes T’enserre, et sur ton front pleurent les violettes.

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    Renee Vivien

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    Étonnement devant le jour Mes yeux sont éblouis du jour que je revois ! L’ayant cru défier pour la dernière fois. Mes yeux sont étonnés de revoir cette aurore, Ainsi, moi qui souffris autant, je vis encore ! Je vis encor, je souffre et peux encor souffrir… Sans exhaler mon cœur dans un dernier soupir ! Mais comment puis-je ainsi voir la lumière en face, Moi dont le cœur est lourd et dont l’âme est si lasse ? Ô mon destin mauvais… Je suis devant l’amour Un adversaire nu… Voici venir le jour !… Moi dont l’être est plus las que le dernier automne Qui se meurt sur les lacs, je vis… Et je m’étonne !

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