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Jeunesse

189 poésies en cours de vérification
Jeunesse

Poésies de la collection jeunesse

    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Pepita Comme elle avait la résille, D’abord la rime hésita. Ce devait être Inésille… – Mais non, c’était Pepita. Seize ans. Belle et grande fille… – (Ici la rime insista : Rimeur, c’était Inésille. Rime, c’était Pepita.) Pepita… – Je me rappelle ! Oh ! le doux passé vainqueur, Tout le passé, pêle-mêle Revient à flots dans mon coeur ; Mer, ton flux roule et rapporte Les varechs et les galets. Mon père avait une escorte ; Nous habitions un palais ; Dans cette Espagne que j’aime, Au point du jour, au printemps, Quand je n’existais pas même, Pepita – j’avais huit ans – Me disait : – Fils, je me nomme Pepa ; mon père est marquis. – Moi, je me croyais un homme, Etant en pays conquis. Dans sa résille de soie Pepa mettait des doublons ; De la flamme et de la joie Sortaient de ses cheveux blonds. Tout cela, jupe de moire, Veste de toréador, Velours bleu, dentelle noire, Dansait dans un rayon d’or. Et c’était presque une femme Que Pepita mes amours. L’indolente avait mon âme Sous son coude de velours. Je palpitais dans sa chambre Comme un nid près du faucon, Elle avait un collier d’ambre, Un rosier sur son balcon. Tous les jours un vieux qui pleure Venait demander un sou ; Un dragon à la même heure Arrivait je ne sais d’où. Il piaffait sous la croisée, Tandis que le vieux râlait De sa vieille voix brisée : La charité, s’il vous plaît ! Et la belle au collier jaune, Se penchant sur son rosier, Faisait au pauvre l’aumône Pour la faire à l’officier. L’un plus fier, l’autre moins sombre, Ils partaient, le vieux hagard Emportant un sou dans l’ombre, Et le dragon un regard. J’étais près de la fenêtre, Tremblant, trop petit pour voir, Amoureux sans m’y connaître, Et bête sans le savoir. Elle disait avec charme : Marions-nous ! choisissant Pour amoureux le gendarme Et pour mari l’innocent. Je disais quelque sottise ; Pepa répondait : Plus bas ! M’éteignant comme on attise ; Et, pendant ces doux ébats, Les soldats buvaient des pintes Et jouaient au domino Dans les grandes chambres peintes Du palais Masserano.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À quoi je songe À quoi je songe ? — Hélas ! loin du toit où vous êtes, Enfants, je songe à vous ! à vous, mes jeunes têtes, Espoir de mon été déjà penchant et mûr, Rameaux dont, tous les ans, l'ombre croît sur mon mur, Douces âmes à peine au jour épanouies, Des rayons de votre aube encor tout éblouies ! Je songe aux deux petits qui pleurent en riant, Et qui font gazouiller sur le seuil verdoyant, Comme deux jeunes fleurs qui se heurtent entre elles, Leurs jeux charmants mêlés de charmantes querelles ! Et puis, père inquiet, je rêve aux deux aînés Qui s'avancent déjà de plus de flot baignés, Laissant pencher parfois leur tête encor naïve, L'un déjà curieux, l'autre déjà pensive ! Seul et triste au milieu des chants des matelots, Le soir, sous la falaise, à cette heure où les flots, S'ouvrant et se fermant comme autant de narines, Mêlent au vent des cieux mille haleines marines, Où l'on entend dans l'air d'ineffables échos Qui viennent de la terre ou qui viennent des eaux, Ainsi je songe ! — à vous, enfants, maisons, famille, A la table qui rit, au foyer qui pétille, A tous les soins pieux que répandent sur vous Votre mère si tendre et votre aïeul si doux ! Et tandis qu'à mes pieds s'étend, couvert de voiles, Le limpide océan, ce miroir des étoiles, Tandis que les nochers laissent errer leurs yeux De l'infini des mers à l'infini des cieux, Moi, rêvant à vous seuls, je contemple et je sonde L'amour que j'ai pour vous dans mon âme profonde, Amour doux et puissant qui toujours m'est resté. Et cette grande mer est petite à côté ! Le 15 juillet 1837.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À une jeune femme Voyez-vous, un parfum éveille la pensée. Repliez, belle enfant par l'aube caressée, Cet éventail ailé, pourpre, or et vermillon, Qui tremble dans vos mains comme un grand papillon, Et puis écoutez-moi. – Dieu fait l'odeur des roses Comme il fait un abîme, avec autant de choses. Celui-ci, qui se meurt sur votre sein charmant, N'aurait pas ce parfum qui monte doucement Comme un encens divin vers votre beauté pure, Si sa tige, parmi l'eau, l'air et la verdure, Dans la création prenant sa part de tout, N'avait profondément plongé par quelque bout, Pauvre et fragile fleur pour tous les vents béante, Au sein mystérieux de la terre géante. Là, par un lent travail que Dieu lui seul connaît, Fraîcheur du flot qui court, blancheur du jour qui naît, Souffle de ce qui coule, ou végète, ou se traîne, L'esprit de ce qui vit dans la nuit souterraine, Fumée, onde, vapeur, de loin comme de près, – Non sans faire avec tout des échanges secrets, – Elle a dérobé tout, son calme à l'antre sombre, Au diamant sa flamme, à la forêt son ombre, Et peut-être, qui sait ? sur l'aile du matin Quelque ineffable haleine à l'océan lointain ! Et vivant alambic que Dieu lui-même forme, Où filtre et se répand la terre, vase énorme, Avec les bois, les champs, les nuages, les eaux, Et l'air tout pénétré des chansons des oiseaux, La racine, humble, obscure, au travail résignée, Pour la superbe fleur par le soleil baignée, A, sans en rien garder, fait ce parfum si doux, Qui vient si mollement de la nature à vous, Qui vous charme, et se mêle à votre esprit, madame, Car l'âme d'une fleur parle au cœur d'une femme. Encore un mot, et puis je vous laisse rêver. Pour qu'atteignant au but où tout doit s'élever, Chaque chose ici-bas prenne un attrait suprême, Pour que la fleur embaume et pour que la vierge aime, Pour que, puisant la vie au grand centre commun, La corolle ait une âme et la femme un parfum, Sous le soleil qui luit, sous l'amour qui fascine, Il faut, fleur de beauté, tenir par la racine, L'une au monde idéal, l'autre au monde réel, Les roses à la terre et les femmes au ciel. Le 16 mai 1837.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À une jeune fille Pourquoi te plaindre, tendre fille ? Tes jours n’appartiennent-ils pas à la première jeunesse ? Daïno Lithuanien Vous qui ne savez pas combien l’enfance est belle, Enfant ! n’enviez point notre âge de douleurs, Où le cœur tour à tour est esclave et rebelle, Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs. Votre âge insouciant est si doux qu’on l’oublie ! Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs, Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie, Comme un alcyon sur les mers. Oh ! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées ! Jouissez du matin, jouissez du printemps ; Vos heures sont des fleurs l’une à l’autre enlacées ; Ne les effeuillez pas plus vite que le temps. Laissez venir les ans ! le destin vous dévoue, Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié, À ces maux sans espoir que l’orgueil désavoue, À ces plaisirs qui font pitié. Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance Riez ! n’attristez pas votre front gracieux, Votre oeil d’azur, miroir de paix et d’innocence, Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux ! Février 1825

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Ô mes lettres d'amour Ô mes lettres d'amour, de vertu, de jeunesse, C'est donc vous ! Je m'enivre encore à votre ivresse ; Je vous lis à genoux. Souffrez que pour un jour je reprenne votre âge ! Laissez-moi me cacher, moi, l'heureux et le sage, Pour pleurer avec vous !

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    Victor Segalen

    Victor Segalen

    @victorSegalen

    Éloge a la jeune fille Magistrats ! dévouez aux épouses vos arcs triomphaux. Enjambez les routes avec la louange des veuves obstinées. Usez du ciment, du faux marbre et de la boue séchée pour dresser les mérites de ces dames respectables, — c'est votre emploi. Je garde le mien qui est d'offrir à une autre un léger tribut de paroles, une arche de buée dans les yeux, un palais trouble dansant au son du cœur de la mer. o Ceci est réservé à la seule Jeune Fille. A celle à qui tous les maris du monde sont promis, — mais qui n'en tient pas encore. À celle dont les cheveux libres tombent en arrière, sans emplois, sans fidélité, et les sourcils ont l'odeur de la mousse. À celle qui a des seins et qui n'allaite pas ; un cœur et n'aime pas ; un ventre pour les fécondités, mais décemment demeure stérile. À celle riche de tout ce qui viendra ; qui va tout choisir, tout recevoir, tout enfanter peut-être. À celle qui, prête à donner ses lèvres à la tasse des épousailles, tremble un peu, ne sait que dire, consent à boire, — et n'a pas encore bu.

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    Voltaire

    Voltaire

    @voltaire

    Le portrait manqué A Madame de B*** On ne peut faire ton portrait : Folâtre et sérieuse, agaçante et sévère, Prudente avec l’air indiscret, Vertueuse, coquette, à toi-même contraire, La ressemblance échappe en rendant chaque trait. Si l’on te peint constante, on t’aperçoit légère : Ce n’est jamais toi qu’on a fait. Fidèle au sentiment avec des goûts volages, Tous les cœurs à ton char s’enchaînent tour à tour : Tu plais aux libertins, tu captives les sages, Tu domptes les plus fiers courages, Tu fais l’office de l’Amour. On croit voir cet enfant en te voyant paraître ; Sa jeunesse, ses traits, son art, Ses plaisirs, ses erreurs, sa malice peut-être : Serais-tu ce dieu, par hasard ?

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    Voltaire

    Voltaire

    @voltaire

    Les vous et les tu Philis, qu’est devenu ce temps Où, dans un fiacre promenée, Sans laquais, sans ajustements, De tes grâces seules ornée, Contente d’un mauvais soupé Que tu changeais en ambroisie, Tu te livrais, dans ta folie, A l’amant heureux et trompé Qui t’avait consacré sa vie ? Le ciel ne te donnait alors, Pour tout rang et pour tous trésors, Que les agréments de ton âge, Un coeur tendre, un esprit volage, Un sein d’albâtre, et de beaux yeux. Avec tant d’attraits précieux, Hélas ! qui n’eût été friponne ? Tu le fus, objet gracieux ! Et (que l’Amour me le pardonne !) Tu sais que je t’en aimais mieux. Ah ! madame ! que votre vie D’honneurs aujourd’hui si remplie, Diffère de ces doux instants ! Ce large suisse à cheveux blancs, Qui ment sans cesse à votre porte, Philis, est l’image du Temps ; On dirait qu’il chasse l’escorte Des tendres Amours et des Ris ; Sous vos magnifiques lambris Ces enfants tremblent de paraître. Hélas ! je les ai vus jadis Entrer chez toi par la fenêtre, Et se jouer dans ton taudis. Non, madame, tous ces tapis Qu’a tissus la Savonnerie, Ceux que les Persans ont ourdis, Et toute votre orfèvrerie, Et ces plats si chers que Germain A gravés de sa main divine, Et ces cabinets où Martin A surpassé l’art de la Chine ; Vos vases japonais et blancs, Toutes ces fragiles merveilles ; Ces deux lustres de diamants Qui pendent à vos deux oreilles ; Ces riches carcans, ces colliers, Et cette pompe enchanteresse, Ne valent pas un des baisers Que tu donnais dans ta jeunesse.

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    W

    Winston Perez

    @winstonPerez

    Avoir une idée d’ombre Avoir une idée d’ombre et d’absolu pardon comme l’Adolescent qui voit la fin du monde Errer dans l’océan du vide, âme vagabonde Devenir Ange noir au dernier échelon Avoir une idée d’ombre et d’étreinte éternelle au son du grand clocher, au son d’un violon Partir le soir venu, et sans raisons Quand l’égoût s’éclaircit, au fond de la ruelle Avoir une idée d’ombre, s’évaporer au loin comme une goutte acide et devenir quelqu’un d’autre

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