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Paix

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Paix

Poésies de la collection paix

    A

    Abderrahmane Amalou

    @abderrahmaneAmalou

    Avoir encore de l'amour Avoir encore de l'amour Dans un coeur ému Par la trace des maux, Lui qui a tant reçu, Aujourd'hui fait le sourd Aux coups de la faux! Prier dans son coeur Plus que de raison Car les maudits moments, Abandonnés ailleurs, Rendent au visage enfoui Le sourire puis l'oubli! Alors des sources bénies L'eau sans cesse jaillit En redonnant aux fruits Le vrai goût si chéri: Avoir encore de l'amour Un peu plus chaque jour!

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    A

    Alain Lortie

    @alainLortie

    Non-violence Comme la course du temps, comme le germe transforme l’ovule, ton combat doit être de non-violence et constamment ferme. Pour le salut de ton âme à transparaître. Il ne suffit d’un rien pour que récidive les forces violentes que cache un coeur anxieux, régime d’âme maladive. L’effort de non-violence, la saveur et la douceur. Car la colère amplifie les malaises encourus par des causes souvent ignorées du mental. Tourne l’actif bien à son aise la doctrine de non-violence assurée. Autres jours, autres moeurs, le travail maîtrisé fera place dans ta vie, le respect d’autrui. Sans colère les obstacles journaliers tu affronteras comme un soleil dans la nuit.

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Musique Puisqu’il n’est point de mots qui puissent contenir, Ce soir, mon âme triste en vouloir de se taire, Qu’un archet pur s’élève et chante, solitaire, Pour mon rêve jaloux de ne se définir. O coupe de cristal pleine de souvenir ; Musique, c’est ton eau seule qui désaltère ; Et l’âme va d’instinct se fondre en ton mystère, Comme la lèvre vient à la lèvre s’unir. Sanglot d’or !… Oh ! voici le divin sortilège ! Un vent d’aile a couru sur la chair qui s’allège ; Des mains d’anges sur nous promènent leur douceur. Harmonie, et c’est toi, la Vierge secourable, Qui, comme un pauvre enfant, berces contre ton coeur Notre coeur infini, notre coeur misérable.

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    Alfred Jarry

    Alfred Jarry

    @alfredJarry

    La chanson du décervelage Je fus pendant longtemps ouvrier ébéniste Dans la ru’ du Champs d’ Mars, d’ la paroiss’ de Toussaints ; Mon épouse exerçait la profession d’ modiste Et nous n’avions jamais manqué de rien. Quand le dimanch’ s’annonçait sans nuage, Nous exhibions nos beaux accoutrements Et nous allions voir le décervelage Ru’ d’ l’Echaudé, passer un bon moment. Voyez, voyez la machin’ tourner, Voyez, voyez la cervell’ sauter, Voyez, voyez les Rentiers trembler; (Choeur): Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu ! Nos deux marmots chéris, barbouillés d’ confitures, Brandissant avec joi’ des poupins en papier Avec nous s’installaient sur le haut d’ la voiture Et nous roulions gaîment vers l’Echaudé. On s’ précipite en foule à la barrière, On s’ flanque des coups pour être au premier rang ; Moi j’me mettais toujours sur un tas d’pierres Pour pas salir mes godillots dans l’sang. Voyez, voyez la machin’ tourner, Voyez, voyez la cervell’ sauter, Voyez, voyez les Rentiers trembler; (Choeur): Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu ! Bientôt ma femme et moi nous somm’s tout blancs d’ cervelle, Les marmots en boulott’nt et tous nous trépignons En voyant l’Palotin qui brandit sa lumelle, Et les blessur’s et les numéros d’ plomb. Soudain j’ perçois dans l’ coin, près d’ la machine, La gueul’ d’un bonz’ qui n’ m’ revient qu’à moitié. Mon vieux, que j’ dis, je r’connais ta bobine : Tu m’as volé, c’est pas moi qui t’ plaindrai. Voyez, voyez la machin’ tourner, Voyez, voyez la cervell’ sauter, Voyez, voyez les Rentiers trembler; (Choeur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu ! Soudain j’ me sens tirer la manche’par mon épouse ; Espèc’ d’andouill’, qu’elle m’ dit, v’là l’ moment d’te montrer : Flanque-lui par la gueule un bon gros paquet d’ bouse. V’là l’ Palotin qu’a juste’ le dos tourné. En entendant ce raisonn’ment superbe, J’attrap’ sus l’ coup mon courage à deux mains : J’ flanque au Rentier une gigantesque merdre Qui s’aplatit sur l’ nez du Palotin. Voyez, voyez la machin’ tourner, Voyez, voyez la cervell’ sauter, Voyez, voyez les Rentiers trembler; (Choeur): Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu ! Aussitôt j’ suis lancé par dessus la barrière, Par la foule en fureur je me vois bousculé Et j’ suis précipité la tête la première Dans l’ grand trou noir d’ousse qu’on n’ revient jamais. Voila c’ que c’est qu’d’aller s’ prome’ner l’ dimanche Ru’ d’ l’Echaudé pour voir décerveler, Marcher l’ Pinc’-Porc ou bien l’Démanch’- Comanche : On part vivant et l’on revient tudé ! Voyez, voyez la machin’ tourner, Voyez, voyez la cervell’ sauter, Voyez, voyez les Rentiers trembler; (Choeur): Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu!

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    A

    Alix Lerman Enriquez

    @alixLermanEnriquez

    Insomnie Je ne parviens pas à dormir. Dehors, une poudre d’étoiles illumine le ciel mat. Ma tasse de thé a refroidi, les volutes de fumée se sont rétrécies. Les lucioles restent à la surface des ténèbres. Je les aperçois par la fenêtre de ma chambre. Parfois, j’ai l’impression qu’elles traversent la vitre, qu’elles me parlent, fendant la toile trouée du ciel, la parsemant de milliers d’étoiles blondes. Tandis que s’éloigne l’ombre de la lune, les lucioles me chuchotent des comptines oubliées dans le silence écroué du soir. Dans cette nuit fauve, je compte les moutons qui défilent dans ma tête : un, deux, trois jusqu’à ce que mon esprit s’embrouille, ne sachant plus faire la différence entre le passé, le présent, le futur, entre le jour bleu ou bien la nuit infinie entre la tessiture du chant de l’oiseau et celle d’une fourmi. Je compte les moutons jusqu’à ce que le marchand de sable vienne alourdir mes yeux, jeter des grains de sable sur mes paupières de chair perméables à la nuit, jusqu’à ce qu’enfin, dans la nuit froide, je tombe dans les bras infinis de Morphée.

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    André Chénier

    André Chénier

    @andreChenier

    Les colombes Deux belles s’étaient baisées… Le poëte-berger, témoin jaloux de leurs caresses, chante ainsi : « Que les deux beaux oiseaux, les colombes fidèles, Se baisent. Pour s’aimer les dieux les firent belles. Sous leur tête mobile, un cou blanc, délicat, Se plie, et de la neige effacerait l’éclat. Leur voix est pure et tendre, et leur âme innocente. Leurs yeux doux et sereins, leur bouche caressante. L’une a dit à sa sœur : « Ma sœur, . . . . . . . . En un tel lieu croissent l’orge et le millet… L’autour et l’oiseleur, ennemis de nos jours, De ce réduit, peut-être, ignorent les détours ; Viens… Je te choisirai moi-même les graines que tu aimes, et mon bec s’entrelacera dans le tien. » ……………….. L’autre a dit à sa sœur : « Ma sœur, une fontaine Coule dans ce bosquet………. L’oie ni le canard n’en ont jamais souillé les eaux, ni leurs cris… Viens, nous y trouverons une boisson pure, et nous y baignerons notre tête et nos ailes, et mon bec ira polir ton plumage. » — Elles vont, elles se promènent en roucoulant au bord de l’eau ; elles boivent, se baignent, mangent ; puis, sur un rameau, leurs becs s’entrelacent ; elles se polissent leur plumage l’une à l’autre. Le voyageur, passant en ces fraîches campagnes, Dit : « Oh ! les beaux oiseaux ! oh ! les belles compagnes ! » Il s’arrêta longtemps à contempler leurs jeux ; Puis, reprenant sa route et les suivant des yeux, Dit : « Baisez-vous, baisez-vous, colombes innocentes ! Vos cœurs sont doux et purs, et vos voix caressantes ; Sous votre aimable tête, un cou blanc, délicat, Se plie, et de la neige effacerait l’éclat. »

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Paix aux morts Vous qui dormiez en paix dans le sein de la terre, Au vaste champ des morts, heureux d'être oubliés, On fouille vos cercueils dans leur profond mystère : Les secrets de vos cœurs vont être publiés. Aux siècles finissants grouille une race impie D'ignorants vaniteux, de plats écrivailleurs Dont le cerveau débile est à court de copie Et formant un concert de funèbres railleurs. Il ne leur suffit pas, même à bris de clôtures, En pénétrant chez eux, d'insulter aux vivants ; Ils opèrent de nuit le viol des sépultures, Pour en jeter la cendre éparse à tous les vents. Un commerce honteux, c'est de battre monnaie En remuant au jour de poudreux ossements, Pauvres débris humains qu'on traîne sur la claie, Suivis par de hideux et froids ricanements. Laissons les morts en paix dans la terre profonde : Ils ont eu comme nous de bons et mauvais jours ; Et ne réveillons pas tous les échos du monde Au navrant souvenir de leurs tristes amours.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Entends comme brame Entends comme brame près des acacias en avril la rame viride du pois ! Dans sa vapeur nette, vers Phoebé ! tu vois s’agiter la tête de saints d’autrefois… Loin des claires meules des caps, des beaux toits, ces chers Anciens veulent ce philtre sournois… Or ni fériale ni astrale ! n’est la brume qu’exhale ce nocturne effet. Néanmoins ils restent, – Sicile, Allemagne, dans ce brouillard triste et blêmi, justement !

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    L’éclatante victoire de Sarrebrück Remportée aux cris de Vive l’Empereur ! (Gravure belge brillamment coloriée, se vend à Charleroi, 35 centimes.) Au milieu, l’Empereur, dans une apothéose Bleue et jaune, s’en va, raide, sur son dada Flamboyant ; très heureux, ? car il voit tout en rose, Féroce comme Zeus et doux comme un papa ; En bas, les bons Pioupious qui faisaient la sieste Près des tambours dorés et des rouges canons, Se lèvent gentiment. Pitou remet sa veste, Et, tourné vers le Chef, s’étourdit de grands noms À droite, Dumanet, appuyé sur la crosse De son chassepot sent frémir sa nuque en brosse, Et : « Vive l’Empereur !! » – Son voisin reste coi… Un schako surgit, comme un soleil noir… – Au centre, Boquillon, rouge et bleu, très naïf, sur son ventre Se dresse, et, – présentant ses derrières « De quoi ?… » Octobre 1870.

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    A

    Auguste Angellier

    @augusteAngellier

    La paix de l'hiver Dans l'horizon d'hiver, vaste, uniforme et vide, Le ciel était d'azur, l'air paisible et limpide ; La neige étincelait sur le sol et les arbres, En cristaux infinis, plus blancs que ceux des marbres Qui viennent d'être ouverts par le choc du marteau ; Nul cri, nul bruit de vent, de ramure, ni d'eau. Un immense silence avait rempli l'espace ; Tout était suspendu ; tout ce qui vit et passe, Bouge, chante, frémit, s'inquiète, désire, Comme les mouvements aux veines du porphyre, Semblait être fixé pour le repos final, Dans un indestructible et lucide cristal, Mais que tout était beau ! les forfaits de la vie, Les douleurs dont jamais elle n'est assouvie, Son exécrable jeu de poursuite et de crainte, La rumeur de combat dont la terre est étreinte, Tout le mauvais effort semblait être arrêté, Sous ce ciel pur et froid comme l'éternité. Dans ce puissant sommeil de neiges et de givre, Mon cœur, lourd de chagrin, était surpris de vivre ; Cette impassible paix, semblable à la sagesse Du Monde, lui faisait sentir plus sa détresse, Car seul il palpitait et pensait souffrir seul Dans cet universel et glorieux linceul. Et mon cœur, en songeant que crime et que souffrance Sont les couleurs du fleuve obscur de l'existence, Se dit : « La blanche Mort seule est pure et sereine ! Sera-t-elle jamais la pitoyable reine D'un univers soustrait aux jours et aux instants ? Quand se terminera l'angoisse des printemps ? » Mais, par dessus le front blême d'une colline, Dans la clarté de l'air, si froide et cristalline Que des pleurs n'auraient pu naître en sa sécheresse, Montant comme un présage et comme une promesse, Et s'emparant du ciel par son éclat accru, Le grand globe gelé de la lune apparut !

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    S

    Sadek Belhamissi

    @sadekBelhamissi

    Belle colombe D’un fol amour passionné, la vie entière, assuré Soudain surpris par ma dulcinée et la réalité amère, Bonheur, tendresse, amour sublime, effacés. Larmes et sombres jours, adieu blanche lumière. . Majestueuse, je ne peux ta beauté sublime oublier, Ni tes yeux bleus, de fraîches vagues, le souvenir Combien de fois nous ont vus amoureux enlacés L’eau joyeusement submergée par nos fous-rires. . A vie fusionnés, nos âmes nos cœurs amants pourtant, Tu étais jolie fleur toute ma fortune mon si doux trésor, Sans toi bien malheureux, blessé pour très longtemps, Qu’ai-je fait ma douceur, dis-le moi pour mériter ce sort ? . Un jour, ton gracieux envol tu as décidé prendre Seule, belle colombe pure qui me faisait rêver. Que d’amour ! N’arrêtant pas de me surprendre, Quel cauchemar, lors sans raison, tu m’as quitté. . Belhamissi Sadek 18.08.2017 . Ce poème traite de la paix qui a abandonné l’humanité à son sort . L a colombe étant le symbole de la paix. D’apparence romantique il traite de tous les malheurs qui frappent et endeuillent partout l’humanité à un rythmé effréné .

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le calumet de paix Imité de Longjellow Or Gitche Manito, le Maître de la Vie, Le Puissant, descendit dans la verte prairie, Dans l'immense prairie aux coteaux montueux; Et là, sur les rochers de la Rouge Carrière, Dominant tout l'espace et baigné de lumière, Il se tenait debout, vaste et majestueux. Alors il convoqua les peuples innombrables, Plus nombreux que ne sont les herbes et les sables. Avec sa main terrible il rompit un morceau Du rocher, dont il fit une pipe superbe, Puis, au bord du ruisseau, dans une énorme gerbe, Pour s'en faire un tuyau, choisit un long roseau. Pour la bourrer il prit au saule son écorce; Et lui, le Tout-Puissant, Créateur de la Force, Debout, il alluma, connue un divin fanal, La Pipe de la Paix. Debout sur la Carrière Il fumait, droit, superbe et baigné de lumière. Or pour les nations c'était le grand signal. Et lentement montait la divine fumée Dans l'air doux du matin, onduleuse, embaumée. Et d'abord ce ne fut qu'un sillon ténébreux; Puis la vapeur se fit plus bleue et plus épaisse, Puis blanchit; et montant, et grossissant sans cesse, Elle alla se briser au dur plafond des cieux. Des plus lointains sommets des Montagnes Rocheuses, Depuis les lacs du Nord aux ondes tapageuses, Depuis Tawasentha, le vallon «ans pareil, Jusqu'à Tuscaloosa, la forêt parfumée, Tous virent le signal et l'immense fumée Montant paisiblement dans le matin vermeil. Les Prophètes disaient : « Voyez-vous cette bande De vapeur, qui, semblable à la main qui commande, Oscille et se détache en noir sur le soleil? C'est Gitche Manito, le Maître de la Vie, Qui dit aux quatre coins de l'immense prairie : Je vous convoque tous, guerriers, à mon conseil ! » Par le chemin des eaux, par la route des plaines, Par les quatre côtés d'où soufflent les haleines Du vent, tous les guerriers de chaque tribu, tous, Comprenant le signal du nuage qui bouge, Vinrent docilement à la Carrière Rouge Où Gitche Manito leur donnait rendez-vous. Les guerriers se tenaient sur la verte prairie, Tous équipés en guerre, et la mine aguerrie, Bariolés ainsi qu'un feuillage automnal; Et la haine qui fait combattre tous les êtres, La haine qui brûlait les yeux de leurs ancêtres Incendiait encor leurs yeux d'un feu fatal. Et leurs yeux étaient pleins de haine héréditaire. Or Gitche Manito, le Maître de la Terre, Les considérait tous avec compassion, Comme un père très-bon, ennemi du désordre, Qui voit ses chers petits batailler et se mordre. Tel Gitche Manito pour toute nation. Il étendit sur eux sa puissante main droite Pour subjuguer leur cœur et leur nature étroite, Pour rafraîchir leur fièvre à l'ombre de sa main; Puis il leur dit avec sa voix majestueuse, Comparable à la voix d'une eau tumultueuse Oui tombe et rend un son monstrueux, surhumain : II « O ma postérité, déplorable et chérie! 0 mes fils! écoutez la divine raison C'est Gitche Manito, le Maître de la Vie, Qui vous parle ! celui qui dans votre patrie A mis l'ours, le castor, le renne et le bison. Je vous ai fait la chasse et la pêche faciles; Pourquoi donc le chasseur devient-il assassin? Le marais fut par moi peuplé de volatiles; Pourquoi n'êtes-vous pas contents, fils indociles? Pourquoi l'homme fait-il la chasse à son voisin? Je suis vraiment bien las de vos horribles guerres. Vos prières, vos vœux mêmes sont des forfaits ! Le péril est pour vous dans vos humeurs contraires Et c'est dans l'union qu'est votre force. En frères Vivez donc, et sachez vous maintenir en paix. Bientôt vous recevrez de ma main un Prophète Qui viendra vous instruire et souffrir avec vous. Sa parole fera de la vie une fête; Mais si vous méprisez sa sagesse parfaite, Pauvres enfants maudits, vous disparaîtrez tous ! Effacez dans les flots vos couleurs meurtrières. Les roseaux sont nombreux et le roc est épais; Chacun en peut tirer sa pipe. Plus de guerres, Plus de sang! Désormais vivez comme des frères, Et tous, unis, fumez le Calumet de Paix ! » III Et soudain tous, jetant leurs armes sur la terre, Lavent dans le ruisseau les couleurs de la guerre Qui luisaient sur leurs fronts cruels et triomphants. Chacun creuse une pipe et cueille sur la rive Un long roseau qu'avec adresse il enjolive. Et l'Esprit souriait à ses pauvres enfants! Chacun s'en retourna l'âme calme et ravie, Et Gitche Manito, le Maître de la Vie, Remonta par la porte entr'ouverte de» cieux. — A travers la vapeur splendide du nuage Le Tout-Puissant montait, content de son ouvra Immense, parfumé, sublime, radieux!

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    C

    Chloe Douglas

    @chloeDouglas

    Autour du feu invisible Ce jour là, Il faisait froid, Un froid glacial, Un froid à mourir, Le soldat ne sentait rien. Un cri silencieux au ralenti. Son arme lourde, un lourd engourdi. Une bouche crevassée et un goût trop sec. Le blanc de la terre jusqu’à l’horizon. Une douleur sans fin et sans raison. Partout déchets de corps, et du sang mélangé. Parmi ce ravage, En duo chantent une cornemuse et une voix, illuminées, par un feu invisible. Silhouettes d’homme s’approchent de la musique Comme des étincelles de feu dans une neige gelée, Cet instant unique dans l’histoire du monde. Hommes réchauffés pour survivre une journée. Courageuse et inspirée, Cette harmonie des ennemis.

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    C

    Chloe Douglas

    @chloeDouglas

    Travail bienheureux Je choisis la marche en arrière pour arriver au sommet de mes pensées. Pour ce moment de liberté, Je grimperais trois fois, et chaque fois d’un différent coté. Je n’ai besoin de luxes pour me sentir satisfaite. Seulement le travail que je dois faire dans ma tête me donne des espoirs. Et qu’importe la sueur pour comprendre que j’existe dans ce monde éphémère. je n’ai pas besoin de gloire, aucune jalousie, tout est possible dans mon esprit libre. L’union humaine est une merveille, avec du travail devient le miel de l’abeille.

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    Clément Marot

    Clément Marot

    @clementMarot

    De la paix traitée a Cambrai par trois princesses Dessus la terre on voit les trois Déesses, Non pas les trois qui après grands liesses Mirent au monde âpre guerre et discord : Ces trois ici avec paix et accord Rompent de Mars les cruelles rudesses. Par ces trois-là, entre tourbes et presses, La pomme d'or causa grandes oppresses : Par ces trois-ci l'olive croît et sort Dessus la terre. S'elle fleurit, sont divines largesses ; S'elle flétrit, sont humaines sagesses : Et en viendra (si l'arbre est bon et fort) Gloire à Dieu seul, aux humains réconfort, Amour de peuple aux trois grandes Princesses Dessus la terre.

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    Clément Marot

    Clément Marot

    @clementMarot

    De paix et de victoire Quel haut souhait, quel bienheuré désir Ferai-je, las, pour mon deuil qui empire ? Souhaiterai-je avoir Dame à plaisir ? Désirerai-je un règne ou un empire ? Nenni (pour vrai) car celui qui n'aspire Qu'à son seul bien, trop se peut dévoyer. Pour chacun donc à soûlas convoyer, Souhaiter veux chose plus méritoire : C'est que Dieu veuille en bref nous envoyer Heureuse Paix ou triomphant Victoire. Famine vient Labeur aux champs saisir. Le bras au chef soudaine Mort désire. Sous terre vois gentilshommes gésir, Dont mainte dame en regrettant soupire. Clameurs en fait ma bouche qui respire, Mon triste cœur l'œil en fait larmoyer, Mon faible sens ne peut plus rimoyer Fors en dolente et pitoyable histoire. Mais Bon Espoir me promet pour loyer Heureuse Paix ou triomphant Victoire. Ma plume lors aura cause et loisir Pour du loyer quelque beau lai écrire. Bon Temps adonc viendra France choisir, Labeur alors changera pleurs en rire. O que ces mots sont faciles à dire ! Ne sais si Dieu les voudra employer. Cœurs endurcis (las) il vous faut ployer. Amende-toi, ô règne transitoire, Car tes péchés pourraient bien fourvoyer Heureuse Paix ou triomphant Victoire. ENVOI Prince Français, fais Discorde noyer. Prince Espagnol, cesse de guerroyer. Prince aux Anglais, garde ton territoire. Prince du Ciel, veuille à France octroyer Heureuse Paix ou triomphant Victoire.

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    C

    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    Quelle molle inexistence Quelle molle inexistence Descend en pâle lueur De ce bouleau qui balance Sa ramure de fraîcheur. Cette fraîcheur endormie De lumière verte et calme A la rêveuse harmonie Et le silence de l’âme.

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    D

    David Bunel

    @davidBunel

    Je répète Un soleil noir règne sur l'Occident, son sang figé étend son ombre sans foi je répète : cent fois les oliviers se sont couchés et la colombe est pétrifiée . Sombre incandescence règne sur l'Orient, les fleuves sont de sang, trop de foi je répète : trop de fois les oliviers ont brûlé et la colombe est mortifiée .

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    D

    Dominique Bernier

    @dominiqueBernier

    Espoir de tendresse Depuis sa tendre jeunesse, Le cœur noyé dans l’écume Blanche, suave et épaisse Elle avance dans sa brume. Ses yeux rivés sur la mer, Le regard sombre et enfoui, Aux passés durs et amers Elle ressasse jour et nuit Son histoire lointaine, L’histoire de sa jeunesse Qui décuple ses peines Et ignore toute tendresse.

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    E

    Eleni Cay

    @eleniCay

    Les temples des pensées intactes Fatiguée, je suis fatiguée. Blasée de textes, de sons, de mots. Comme pour me droguer je vais me connecter sur internet. M’emmêler un instant dans mes filets, c’est tout ce que je souhaite… Alors permets-moi de raccrocher un instant, permets-moi de me perdre sur l’écran. C’est dans une ville où l’air est suffoquant que je voudrais laisser se reposer un souvenir vivant. Autrefois, j’allais en chercher dans le vide des églises. Dans le silence, sans sonneries, sans écrans. Aux yeux rafraîchis, mon âme résista à l’appel d’autres slogans. Aujourd’hui, je cherche en vain une cachette pour y déposer mes expériences fânées. De la pression, on me met, de tous les côtés – il te faut enregistrer, écrire, filmer… Tu navigues à bord de petits bâteaux ronds dans des eaux claires en prenant le cap de tes pensées cachées au fond d’un palais royal. Quand tu entres dans un temple pour être originale, il faut encore que tu sois accompagnée de quelqu’un. L’inspiration ondule avec innocence en allant de toi en moi. J’ai trouvé la paix, je me suis trouvée moi-même comme sur une surface, celle de la mer. Eleni Cay, Frémissements d’un papillon en ère numérique, 2015

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    F

    Francis Etienne Sicard

    @francisEtienneSicard

    Crépusculaire songe Saupoudré de safran, le soleil de la baie Croque sous l’horizon la mer comme un biscuit, Et sème à coup de dé de la pulpe de fruit Dont la saveur sablée ourle l’oliveraie. Les topazes du soir que dévore l’ivraie Lancent leurs premiers feux sur l’ombre de la nuit D’où s’envole un oiseau, sans visage et sans bruit, Entre les murs du parc et de la palmeraie. Une odalisque nue attachée au sultan Cueille dans le jardin des roses et des lys Dont le musc enivrant charme un vieux chambellan. Sur un coussin de soie alors s’évanouit, Au précieux souvenir d’un bel oaristys, Le soupir d’un pacha que la paix éblouit.

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    F

    Francis Etienne Sicard

    @francisEtienneSicard

    Onguent d’organdi A la rouille du soir une plume de sang Retouche l’horizon d’une ride de soie, Qu’une ombre de sépia saupoudre de sa joie, Près d’un port dilué dans le fard d’un étang. Des nuages gantés d’une peau de mustang, Piaffent le long des rocs où la lumière aboie D’un dernier cri badin qu’une lune d’or noie Dans un bassin d’argent, sous la dent d’un écang. D’une bulle de menthe à la saveur d’orange, Naît l’ivresse des nuits que la pulpe d’un ange Distille dans la mer comme un philtre envoutant. Le paradis déploie une ombrelle en dentelle Et la moire du ciel s’ourle d’un diamant Dont l’éclat brille alors d’une paix éternelle.

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    Francis Jammes

    Francis Jammes

    @francisJammes

    La paix est dans le bois... La paix est dans le bois silencieux et sur les feuilles en sabre qui coupent l'eau qui coule, l'eau reflète, comme en un sommeil, l'azur pur qui se pose à la pointe dorée des mousses. Je me suis assis au pied d'un chêne noir et j'ai laissé tomber ma pensée. Une grive se posait haut. C'était tout. Et la vie, dans ce silence, était magnifique, tendre et grave. Pendant que ma chienne et mon chien fixaient une mouche qui volait et qu'ils auraient voulu happer, je faisais moins de cas de ma douleur et laissais la résignation calmer tristement mon âme.

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    François Villon

    François Villon

    @francoisVillon

    Ballade de bon conseil Hommes faillis, bertaudés de raison, Dénaturés et hors de connoissance, Démis du sens, comblés de déraison, Fous abusés, pleins de déconnoissance, Qui procurez contre votre naissance, Vous soumettant à détestable mort Par lâcheté, las ! que ne vous remord L’horribleté qui à honte vous mène ? Voyez comment maint jeunes homs est mort Par offenser et prendre autrui demaine. Chacun en soi voie sa méprison, Ne nous vengeons, prenons en patience ; Nous connoissons que ce monde est prison Aux vertueux franchis d’impatience ; Battre, rouiller pour ce n’est pas science, Tollir, ravir, piller, meurtrir à tort. De Dieu ne chaut, trop de verté se tort Qui en tels faits sa jeunesse démène, Dont à la fin ses poings doloreux tord Par offenser et prendre autrui demaine. Que vaut piper, flatter, rire en traison, Quêter, mentir, affirmer sans fiance, Farcer, tromper, artifier poison, Vivre en péché, dormir en défiance De son prouchain sans avoir confiance ? Pour ce conclus : de bien faisons effort, Reprenons coeur, ayons en Dieu confort, Nous n’avons jour certain en la semaine ; De nos maux ont nos parents le ressort Par offenser et prendre autrui demaine. Vivons en paix, exterminons discord ; Ieunes et vieux, soyons tous d’un accord : La loi le veut, l’apôtre le ramène Licitement en l’épître romaine ; Ordre nous faut, état ou aucun port. Notons ces points ; ne laissons le vrai port Par offenser et prendre autrui demaine.

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    G

    Gaston Couté

    @gastonCoute

    La paix Des gâteux qu’on dit immortels, Des louftingues en redingote L’adorent au pied des autels De leur ligue de patriotes : Des écrivassiers de mon cul En touchants mélos d’ambigu Ou romances pour maisons closes Nous chantent cette horrible chose : La Guerre ! Oui mais, si nous avions la guerre, Devant le feu, qui donc filerait comme un pet ? Voyons les cabots de la guerre, Foutez-nous la Paix ! . Notre faux n’abat plus moisson Sous nos marteaux plus rien ne vibre Et nos coeurs gardent la chanson Que lance au vent tout homme libre Car nos mains dociles ont pris Les divers outils de carnage Pour au même plus bas prix Même sale et stupide ouvrage Un sou par jour ! Ohé ! Sur tout le chantier de la guerre C’est pour un sou que l’on tuerait son frère Un sou par jour ! … En grève, en grève !… en grève et pour toujours.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Aux saints Si, tous les matins de nos fêtes, Nous chantions tous avec amour Sur les harpes des saints prophètes Nos prières qui sont parfaites, Je ne serais pas dans la cour. Si nous récitions nos prières Dans le crépuscule du soir Avec des lèvres régulières, Avant d’allumer les lumières, Je ne serais pas au chauffoir. Si les yeux remplis de beaux songes, Nous demandions, quand vient le jour, Au ciel qui voit tous nos mensonges L’humble foi du pêcheur d’éponges, Je ne serais pas dans la cour. Et quand la lampe s’est éteinte, Si nous sentions sur nos lits noirs La caresse d’une aile sainte, Attendant que l’Angelus tinte, Je ne serais pas au dortoir. Si l’homme s’oubliait lui-même Pour ses frères, comme un retour Des bienfaits du Seigneur qui l’aime, Qui le marque de son Saint-Chrême, Je ne serais pas dans la cour ; Et si nous, les fous de Bicêtre, Nous avions fait notre devoir, Le devoir dicté par son prêtre, Nous serions au parloir peut-être, Ce ne serait pas ce parloir. Sans le diable qui nous malmène, Nul, avec les yeux de son corps, N’aurait vu ma figure humaine Dans la cour où je me promène Et dans le dortoir où je dors. (Poème écrit à Bicêtre)

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    C’est l’hiver C’est l’hiver et déjà j’ai revu des bourgeons Aux figuiers dans les clos Mon amour nous bougeons Vers la paix ce printemps de la guerre où nous sommes Nous sommes bien Là-bas entends le cri des hommes Un marin japonais se gratte l’œil gauche avec l’orteil droit Sur le chemin de l’exil voici des fils de rois Mon cœur tourne autour de toi comme un kolo où dansent quelques jeunes soldats serbes auprès d’une pucelle endormie Le fantassin blond fait la chasse aux morpions sous la pluie Un belge interné dans les Pays-Bas lit un journal où il est question de moi Sur la digue une reine regarde le champ de bataille avec effroi L’ambulancier ferme les yeux devant l’horrible blessure Le sonneur voit le beffroi tomber comme une poire trop mûre Le capitaine anglais dont le vaisseau coule tire une dernière pipe d’opium Ils crient Cri vers le printemps de paix qui va venir Entends le cri des hommes Mais mon cri va vers toi mon Lou tu es ma paix et mon printemps Tu es ma Lou chérie le bonheur que j’attends C’est pour notre bonheur que je me prépare à la mort C’est pour notre bonheur que dans la vie j’espère encore C’est pour notre bonheur que luttent les armées Que l’on pointe au miroir sur l’infanterie décimée Que passent les obus comme des étoiles filantes Que vont les prisonniers en troupes dolentes Et que mon cœur ne bat que pour toi ma chérie Mon amour ô mon Loup mon art et mon artillerie Nîmes, le 17 janvier 1915

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le musicien de Saint-Merry J’ai enfin le droit de saluer des êtres que je ne connais pas Ils passent devant moi et s’accumulent au loin Tandis que tout ce que j’en vois m’est inconnu Et leur espoir n’est pas moins fort que le mien Je ne chante pas ce monde ni les autres astres Je chante toutes les possibilités de moi-même hors de ce monde et des astres Je chante le joie d’errer et le plaisir d’en mourir Le 21 du mois de mai 1913 Passeur des morts et les mordonnantes mériennes Des millions de mouches éventaient une splendeur Quand un homme sans yeux sans nez et sans oreilles Quittant le Sébasto entra dans la rue Aubry-le-Boucher Jeune l’homme était brun et de couleur de fraise sur les joues Homme Ah! Ariane Il jouait de la flûte et la musique dirigeait ses pas Il s’arrêta au coin de la rue Saint-Martin Jouant l’air que je chante et que j’ai inventé Les femmes qui passaient s’arrêtaient près de lui Il en venait de toutes parts Lorsque tout à coup les cloches de Saint-Merry se mirent à sonner Le musicien cessa de jouer et but à la fontaine Qui se trouve au coin de la rue Simon-Le-Franc Puis saint-Merry se tut L’inconnu reprit son air de flûte Et revenant sur ses pas marcha jusqu’à la rue de la Verrerie Où il entra suivi par la troupe des femmes Qui sortaient des maisons Qui venaient par les rues traversières les yeux fous Les mains tendues vers le mélodieux ravisseur Il s’en allait indifférent jouant son air Il s’en allait terriblement Puis ailleurs À quelle heure un train partira-t-il pour Paris À ce moment Les pigeons des Moluques fientaient des noix muscades En même temps Mission catholique de Bôma qu’as-tu fait du sculpteur Ailleurs Elle traverse un pont qui relie Bonn à Beuel et disparait à travers Pützchen Au même instant Une jeune fille amoureuse du maire Dans un autre quartier Rivalise donc poète avec les étiquettes des parfumeurs En somme ô rieurs vous n’avez pas tiré grand-chose des hommes Et à peine avez-vous extrait un peu de graisse de leur misère Mais nous qui mourons de vivre loin l’un de l’autre Tendons nos bras et sur ces rails roule un long train de marchandises Tu pleurais assise près de moi au fond d’un fiacre Et maintenant Tu me ressembles tu me ressembles malheureusement Nous nous ressemblons comme dans l’architecture du siècle dernier Ces hautes cheminées pareilles à des tours Nous allons plus haut maintenant et ne touchons plus le sol Et tandis que le monde vivait et variait Le cortège des femmes long comme un jour sans pain Suivait dans la rue de la Verrerie l’heureux musicien Cortèges ô cortèges C’est quand jadis le roi s’en allait à Vincennes Quand les ambassadeurs arrivaient à Paris Quand le maigre Suger se hâtait vers la Seine Quand l’émeute mourait autour de Saint-Merry Cortèges ô cortèges Les femmes débordaient tant leur nombres était grand Dans toutes les rues avoisinantes Et se hâtaient raides comme balle Afin de suivre le musicien Ah! Ariane et toi Pâquette et toi Amine Et toi Mia et toi Simone et toi Mavise Et toi Colette et toi la belle Geneviève Elles ont passé tremblantes et vaines Et leurs pas légers et prestes se mouvaient selon la cadence De la musique pastorale qui guidait Leurs oreilles avides L’inconnu s’arrêta un moment devant une maison à vendre Maison abandonnée Aux vitres brisées C’est un logis du seizième siècle La cour sert de remise à des voitures de livraisons C’est là qu’entra le musicien Sa musique qui s’éloignait devint langoureuse Les femmes le suivirent dans la maison abandonnée Et toutes y entrèrent confondues en bande Toutes toutes y entrèrent sans regarder derrière elles Sans regretter ce qu’elles ont laissé Ce qu’elles ont abandonné Sans regretter le jour la vie et la mémoire Il ne resta bientôt plus personne dans la rue de la Verrerie Sinon moi-même et un prêtre de saint-Merry Nous entrâmes dans la vieille maison Mais nous n’y trouvâmes personne Voici le soir À Saint-Merry c’est l’Angélus qui sonne Cortèges ô cortèges C’est quand jadis le roi revenait de Vincennes Il vint une troupe de casquettiers Il vint des marchands de bananes Il vint des soldats de la garde républicaine O nuit Troupeau de regards langoureux des femmes O nuit Toi ma douleur et mon attente vaine J’entends mourir le son d’une flûte lointaine

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Le vigneron champenois Le régiment arrive Le village est presque endormi dans la lumière parfumée Un prêtre a le casque en tête La bouteille champenoise est-elle ou non une artillerie Les ceps de vigne comme l’hermine sur un écu Bonjour soldats Je les ai vus passer et repasser en courant Bonjour soldats bouteilles champenoises où le sang fermente Vous resterez quelques jours et puis remonterez en ligne Échelonnés ainsi que sont les ceps de vigne J’envoie mes bouteilles partout comme les obus d’une charmante artillerie La nuit est blonde ô vin blond Un vigneron chantait courbé dans sa vigne Un vigneron sans bouche au fond de l’horizon Un vigneron qui était lui-même la bouteille vivante Un vigneron qui sait ce qu’est la guerre Un vigneron champenois qui est un artilleur C’est maintenant le soir et l’on joue à la mouche Puis les soldats s’en iront là-haut Où l’Artillerie débouche ses bouteilles crémantes Allons Adieu messieurs tâchez de revenir Mais nul ne sait ce qui peut advenir

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    H

    Henri Michaux

    @henriMichaux

    La paix des sabres Sur le trajet d'une interminable vie de cahots et de coups, je rencontrai une grande paix. Après des traverses et des revers, et encore en pleine défaite, je la rencontrai et plutôt elle était trop grande que pas assez. Même une feuille dans une atmosphère parfaitement calme de fin d'après-midi bougeait à l'excès pour moi. Le roc lui-même n'était pas solide à suffisance. Par les passages sur lui de la lumière et de l'ombre, fâcheusement il se relâchait de la dureté intransigeante dont je caparaçonnais la nature entière. Immobilité! Immobilité! Immobilité! Tel était mon seul commandement. Les vivants ne trouvaient pas grâce. Loin de là. C'étaient eux que je me sentais le plus impérieux besoin de fixer à jamais imperturbés. Les lardant de sabres, de cimeterres, de rapières, je ne m'arrêtais pas avant que, inflexibles, tout en lames, ils ne s'arrêtassent eux-mêmes. Toute faiblesse résorbée, farouches, indici-blement farouches, ils entraient enfin dans une éternité qui ne pouvait plus rien contre eux.

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