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Paix

71 poésies en cours de vérification
Paix

Poésies de la collection paix

    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Souvenir Il y avait dans mon enfance Un grand figuier près du ruisseau ; Je lui parlais en confidence Du ciel du vent et des oiseaux. Il abritait sous son feuillage Mes jeux mes rêves ma candeur, Mon insouciance mon jeune âge Et tous les secrets de mon cœur. Auprès de lui, sage et docile, De longues heures je passais ; La nuit tombait, douce et tranquille, Au loin le rossignol chantait…

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    J

    Jean Cayrol

    @jeanCayrol

    Requiescat in pace La paix grasse dans le monde la paix ronflant dans la nuit, le va-et-vient de son monde la langue épaisse du vent. On la prend toute endormie ses cheveux luisent en plein ciel mais son épée est si frêle qu'elle frappe avec l'étui. Paix ronde comme la lune, monnaie de jour et de nuit, tu chavires d'une plume tes sanglots nous ont pâlis. Paix fainéante, mains si molles patience comme un fruit trop mûr qui portera ta blessure quand tu hausses les épaules ?

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le lion et le rat Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde : On a souvent besoin d'un plus petit que soi. De cette vérité deux Fables feront foi, Tant la chose en preuves abonde. Entre les pattes d'un Lion, Un Rat sortit de terre assez à l'étourdie : Le Roi des animaux, en cette occasion, Montra ce qu'il était, et lui donna la vie. Ce bienfait ne fut pas perdu. Quelqu'un aurait-il jamais cru Qu'un Lion d'un Rat eût affaire ? Cependant il avint qu'au sortir des forêts Le Lion fut pris dans des rets, Dont ses rugissements ne le purent défaire. Sire Rat accourut, et fit tant par ses dents Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage. Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Ode pour la paix Le noir démon des combats Va quitter cette contrée ; Nous reverrons ici-bas Régner la déesse Astrée. La paix, soeur du doux repos, Et que Jules va conclure, Fait déjà refleurir Vaux ; Dont je retire un bon augure. S’il tient ce qu’il a promis, Et qu’un heureux mariage Rende nos rois bons amis, Je ne plains pas son voyage. Le plus grand de mes souhaits Est de voir, avant les roses, L’Infante avecque la Paix ; Car ce sont deux belles choses. O Paix, infante des cieux, Toi que tout heur accompagne, Viens vite embellir ces lieux Avec l’Infante d’Espagne. Chasse des soldats gloutons La troupe fière et hagarde, Qui mange tous mes moutons, Et bat celui qui les garde. Délivre ce beau séjour De leur brutale furie, Et ne permets qu’à l’Amour D’entrer dans la bergerie. Fais qu’avecque le berger On puisse voir la bergère, Qui court d’un pied léger, Qui danse sur la fougère, Et qui, du berger tremblant Voyant le peu de courage, S’endorme ou fasse semblant De s’endormir à l’ombrage. O Paix ! source de tout bien, Viens enrichir cette terre, Et fais qu’il n’y reste rien Des images de la guerre. Accorde à nos longs désirs De plus douces destinées ; Ramène-nous les plaisirs, Absents depuis tant d’années. Etouffe tous ces travaux, Et leurs semences mortelles : Que les plus grands de nos maux Soient les rigueurs de nos belles ; Et que nous passions les jours Etendus sur l’herbe tendre, Prêts à conter nos amours A qui voudra les entendre.

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    J

    Jean de la Gessee

    @jeanDeLaGessee

    O guerre, O paix, O prise, O délivrance O guerre, o paix, o prise, o délivrance, O clair Titan, o Lune, o feus divers, O jour, o nuit, o cris, o Lyre, o vers, O pas, o soingz, o peur, o asseurance. O faus espoirs, o désir, o souffrance, O braise, o glace, o sort, o maus pervers O pleurs, o ris, o pensementz ouvers, O joye, o dueil, o trompeuse apparance. O gentz, o champs, o boys, o gays oyseaus, O drus Poissons, o fleuves, o ruisseaus, O prez, o fleurs, o rocs, o montz, o plaines, O froid, o chaud, o mer, o terre, o Cieus, O vous démons, o cahos stygieus : Voyez pour dieu le comble de mes peines !

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Solstice d’hiver « l’espoir, ce perce-neige… » Villebramar je me souviens c’était le solstice d’hiver, et la mer était haute, et sombre la lumière je me souviens des vagues s’enroulant sur la jetée, et des oiseaux de nuit de longs cheveux de varechs noirs, d’écumes grises et de l’horizon rouge je me souviens des couleurs de la nuit. Dans une brasserie de front de mer, au plus intime de la grande salle, ayant trouvé refuge, et heureux, je me souviens, et c’est le solstice d’hiver. Viennent alors sur nous de grands nuages, depuis les golfes cantabriques, la mer se met à crépiter je prends dans mes mains ton visage, et je te dis : « tu es heureuse » tu souris.

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Sur la route d’Elizondo A M… « queda la palabra « Yo » para esa, por triste, por su atroz soledad, decreto la peor de las penas : vivir conmigo hasta el final » « Reste le « Je ».Pour ce mot-là, pour sa tristesse, pour son atroce solitude, je décrète la pire des peines : il vivra avec moi jusqu’à la fin » María Mercedes Carranza je t’ai demandé de me suivre sur la route d’Elizondo aux croisements étaient des noms que nous ne comprenions pas sinon par la langue du coeur j’ai voulu t’apprendre la langue du coeur je t’ai dit que plus jamais ne serions tristes sur la route d’Elizondo suivant les sentiers de fougères rouges et les cols descendaient vers un pays autrefois nôtre cheminant vers l’Est, nous avons croisé des pèlerins aux pieds nus ; dans leur regard, d’autres mondes je t’ai dit qu’existaient d’autres mondes j’ai espéré pour nous un pays de silence sur la route d’Elizondo les vautours étaient ce silence tournant dans un ciel de lumière je t’ai dit que le soleil ne se couchait jamais sur la route d’Elizondo qu’ici s’arrêtait le monde, cessaient de déclamer les messagers de mort ici s’écoutait le silence de dieu ; sous les hêtres d’anciennes neiges parfois nous perdant par jeu sur la route d’Elizondo je t’ai demandé de rester pousser une porte sur laquelle jamais il n’y eut de clé seulement un loquet lever le loquet, pousser la porte, poser le sac sur le bat-flanc et s’étendre et la chanson si monotone de la pluie sur la route d’Elizondo un feu de bois pour écarter la mort. J’ai voulu t’épargner la tristesse de la nuit que nos jours se lèvent sur d’autres ciels bleus d’autres sentiers d’autres cols vers des pays étranges sur la route d’Elizondo «escribo en la oscuridad, entre cosas sin forma, como el humo que no vuelve… … palabras que no tienen destino y que es muy probable que nadie lea igual que una carta devuelta. Así escribo» « j’écris dans l’obscurité, parmi des choses sans forme, comme la fumée qui ne revient pas… …des mots sans destination et que très probablement personne ne lira. Comme une lettre renvoyée. Ainsi j’écris » María Mercedes Carranza

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    L’Olive L’heureuse branche à Pallas consacrée, Branche de paix, porte le nom de celle Qui le sens m’oste, et soubz grand’beauté cele La cruaulté, qui à Mars tant agrée. Delaisse donq’ô cruelle obstinée ! Ce tant doulx nom, ou bien te monstre telle, Qu’ainsi qu’en tout sembles estre immortelle, Sembles le nom avoir par destinée. Que du hault ciel il t’ait eté donné, Je ne suis point de le croire etonné, Veu qu’en esprit tu es la souveraine : Et que tes yeux, à ceulx qui te contemplent, Cœur, corps, esprit, sens, ame, et vouloir emblent Par leur doulceur angelique, et seraine.

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    J

    Jérôme Matin

    @jeromeMatin

    L’écho de nos tambours Entendez gronder les cieux Par-delà les monts brumeux Entendez s’ébranler les assises du monde Le temps se soumettre aux battements des secondes Portez vos regards aux confins de nos terres Régions absconses témoins des millénaires Ce pays science, foi et vérité Ce pays Maât, ordre et équité De l’ombre vinrent ces hommes sangliers Gueules baveuses de pouvoir alléchées D’antiques cités plongèrent dans le brasier Fraudes pieuses Puits asséchés Entendez, sous leurs pas, reliques et ossements La furie de nos pères, ondes et vrombissements L’heure n’est plus aux chants, aux serments et palabres Ce qu’il nous reste de force doit se défaire du vieil arbre Sombre allée qu’une fin sans honneur Que Sekhmet nous guide au-delà de nos peurs L’histoire oubliera hymnes et discours Que nos actes résonnent dans l’écho de nos tambours

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Amants Une robe écarlate sur les mots draps de soie Le lit est une brise où s’unissent mer et murmures Flux et reflux musique de chambre oubli des morsures du monde de son obsédant venin Le sommeil recouvre les corps nus pour voiler la noble impudeur

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Apocalypse Auront peut-être lieu les adieux déchirants des humains à la Terre par la volonté d’un tyran qui se croit dieu Plus de ciel bleu ni de soleil éblouissant que le règne du feu et les derniers cris des innocents que le noir entre nous et la lumière la fin de toute vie et l’hiver nucléaire Cet homme qui est-il pour tant haïr son espèce pour qu’en moins d’un battement de cils le vivant disparaisse ? Vladimir, que la grâce de la raison enfin t’illumine pour que chacun en sa saison sente encore ce mystère qui l’anime

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Araignée Tisse ta toile soleil dans les branches de notre nuit fais naître ta broderie pour que des nuances d’arc-en-ciel y scintillent après la pluie Le jardin nous accueillera avec ses fleurs à l’âme vermeille quand sonnera pour lui seul l’heure où paraît la merveille l’homme enfin réconcilié avec ses frères

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Folie Désir forcené de pureté haine du mélange en vous qui n’êtes pas des anges Pourquoi tant de dureté ? Méprisant les couleurs qui dérangent vous oubliez que vos corps de fange ne sont pas incorruptibles Le noir, le jaune, le rouge, le métis, le mulâtre sont vos cibles VOUS, si irascibles qui aimez les battre comme plâtre puis prendre un verre, près de l’âtre tels ces Nazis des camps qui écoutaient du Wagner pour se détendre après avoir réduit en cendres leurs frères humains Tout le monde connaît le chemin du coeur auquel vous préférez l’horreur de cette négation du genre humain

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Neige Ville maudite tu as beau tendre l’oreille une blanche bénédiction te vêt en silence Sa paix se pose sur les êtres et leurs créations Dans les jardins publics une marée immaculée recouvre les allées où les pas ont gravé leurs traces éphémères et la nature se fige sous le duvet ininterrompu de l’oiseau de passage qui bientôt nous abandonnera

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Paris Ville-lumière ils t’ont de nouveau plongée dans le noir comme aux heures les plus sombres de ton histoire Toi emblème de la gaieté vivant poème meurtrie par la mort de tes citadins innocents sache que les fous de Dieu qui au divertissement préfèrent le bain de sang ne briseront pas le pacte fraternel O Paris la rebelle faite de l’heureux mélange de la liberté des idéaux et des confessions et pour laquelle vivre ensemble est une passion

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Récit L’on raconte l’étreinte des contraires pour tous la même Terre et l’absence de frontières L’on raconte aussi le mélange des couleurs une même humanité les mêmes élans du cœur Une autre version du paradis sans anges ni démons envieux seulement peuplé de celles et ceux ni bénis ni maudits unis sainte osmose

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Ukraine Toi que l’on appelait jadis « la petite Russie » tu vois tomber tes fils et fuir tes habitants Cette grande soeur qui t’aimait tant sous les traits d’un dictateur sème le chaos et la douleur Est-ce ainsi que l’Histoire et les liens du sang transforment Kiev ce commun berceau en martyre prise d’assaut ? Et tous ses enfants avec leurs parents sur les chemins de l’exode ? À tous ces innocents je dédie cette ode pour des lendemains où contre la folle tentation de l’atome se mettra à régner la paix entre les hommes

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    L

    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Promesse Je construirais un refuge Et un jardin d’abondance Quand nos pas en exils Seront arrêtés Je ferais réconcilier les êtres Et ouvrir le cœur des géants Quand nos enfants Seront insoumis Je ferais ruisseler la lumière Et s’envoler le silence Quand nos guerres Seront abolies Je ferais tracer la route Et habiter le monde Quand tous les hommes Seront réconciliés

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    Louis Aragon

    Louis Aragon

    @louisAragon

    Chant de la paix Je puis dans mon jardin fleuri de Seine-et-Oise Me promener ce soir avec de nouveaux yeux Car la vie a repris son odeur de framboise Et l'étoile n'est plus un reproche des cieux Nous l'appelions si fort qu'il fallait qu'elle vienne La paix ô Viet-Namiens qui m'aviez embrassé Comme je descendais de la tribune à Vienne Il y a dix-huit mois mon discours prononcé Fils du Patet-Laos et vous délégués khmers Vous me preniez les mains et me disiez tout bas Des mots qui me rendaient les choses plus amères Plus monstrueux entre nos peuples ce combat Ah si le sentiment qui fit cette minute Avait pu déferler de Vienne sur l'Asie Si ce que je pensais que dans mes yeux vous lûtes Avait éteint les oeillets fauves des fusils On aurait épargne la semence infertile Tant de pauvres enfants bernés et mutilés O cœurs d'illusion Maintenant où sont-ils Oubliés sous la terre ainsi qu'un riz volé Ceux-là qui les ont fait avant l'âge mourir Prononcent aujourd'hui des mots retentissants Qui demain payera pour la bouche et le rire Pour le bras et l'esprit le regard et le sang Allons comme toujours ces comptes-là se brouillent Mais pourtant aujourd'hui dans le meurtre arrêté Avant que les plaques d'identité se rouillent Pleurons fût-ce un instant la jeunesse jetée On ne peut voir fleurir dans la terre annamite Ni la sauge éclatante et ni le nelombo Ils ne cueilleront pas les reines-marguerites Ceux dont aucune croix ne dit même un tombeau Ils étaient faits pour vivre et demeurer en France Je les vois amoureux s'en revenir de nuit Dans quelque Périgord ou sur quelque Durance Sifflant un air de danse au pied d'un arbre à fruits Les voilà tard salés d'écume au sable sec Après la pêche sur la plage lanternant Ils aiment follement cette odeur des varechs C'est l'heure où va s'allumer le phare tournant Je les vois passionnés de courses cyclistes Au matin du Tour sur la route au Lautaret Tiens l'un d'eux quelque part à l'église est soliste Un autre chasse la perdrix au chien d'arrêt O chantiers de la paix Songes Lèvres chantantes Dentelles des labeurs Vin blanc des soirs légers Dans la rue il y a des passantes tentantes Que c'est beau le soleil après qu'il a neigé Tout cela tout cela que je dis en désordre C'est ce qu'ils n'auront pas ce qu'ils n'auront jamais Quand on était vivant un chien pouvait vous mordre On pouvait se casser la cheville On fumait Je ne sais pas pourquoi la vie est une chose Dont on peut tout au plus exprimer 10 % C'est drôle un nom de général pour une rose Ah le bon café-crème où l'on trempe un croissant Quand on était vivant oh ma mère ma mère Tout ce mal que tu t'es donné sans résultat Personne n'était là quand mes yeux se fermèrent Je n'aimerais pas trop qu'on te le racontât Personne n'était là Cela parfois arrive On rate son entrée On rate sa sortie On a la mort qu'on peut et puis faute de grives Mais nom de Dieu pourquoi m'avez-vous tous menti Apaise-toi garçon car maintenant qu'y faire C'est un tort d'en vouloir à tous de tes tourments Si l'on était assez fort pour porter le fer Où il faut ça se passerait tout autrement Apaise-toi garçon Tu disais C'est la guerre Et ça te paraissait tout-à-fait lumineux Que pour d'autres ce soit la paix n'explique guère Mais c'est la paix pour eux garçon la paix pour eux Je dis la paix pâle et soudaine Comme un bonheur longtemps rêvé Comme un bonheur qu'on croit à peine Avoir trouvé Je dis la paix comme une femme J'ouvrais la porte et tout à coup Ses deux bras autour de mon âme Et de mon cou Je dis la paix cette fenêtre Qui battit l'air un beau matin Et le monde ne semblait être Qu'odeur du thym Je dis la paix pour la lumière A tes pas dans cette saison Comme une chose coutumière A la maison Pour les oiseaux et les branchages Verts et noirs au-dessus des eaux Et les alevins qui s'engagent Dans les roseaux Je dis la paix pour les étoiles Pour toutes les heures du jour Aux tuiles des toits et pour toi l' Ombre et l'amour Je dis la paix aux jeux d'enfance On court on saute on crie on rit On perd le fil de ce qu'on pense Dans la prairie Je dis la paix mais c'est étrange Ce sentiment de peur que j'ai Car c'est mon cœur même qui change Léger léger Je dis la paix vaille que vaille Précaire fragile et sans voix Mais c'est l'abeille qui travaille Sans qu'on la voie Rien qu'un souffle parmi les feuilles Une simple hésitation Un rayon qui passe le seuil Des passions Elle vacille elle est peu sûre Gomme un pied de convalescent Encore écoutant sa blessure Son sang récent La guerre a relâché ses rênes La guerre a perdu la partie Il en reste un son sourd qui traîne Mal amorti Ce sont les chars vers les casernes Qui font encore un peu de bruit Nous danserons dans les luzernes Jusqu'à la nuit Tu vas voir demain tu vas voir Les écoliers dans les préaux Et ce beau temps à ne plus croire La météo On va bâtir pour la jeunesse Des maisons et des jours heureux Et les amours voudront que naissent Leurs fils nombreux On reconstruira par le monde Les merveilles incendiées La vie aura la taille ronde Sans mendier Enfin veux-tu que j'énumère Les Versailles que nous ferons Les airs peuplés par les chimères De notre front Et l'immense laboratoire Où les miracles sont humains Et la colombe de l'histoire Entre nos mains Je sais je sais Tout est à faire Dans ce siècle où la mort campait Et va voir dans la stratosphère Si c'est la paix Eteint ici là-bas qui couve Le feu court on voit bien comment Quelqu'un toujours donne à la louve Un logement Quelqu'un toujours quelque part rêve Sur la table d'être le poing Et sous le manteau de la trêve Il fait le point Je sais je sais ce qu'on peut dire Et le danger d'être d'endormi L'homme au zénith et le nadir A l'ennemi Je sais mais c'est la paix quand même Le recul du monstre devant Ce que je défends Ce que j'aime Toujours vivant C'est la paix dont les peuples savent Obscurément tous plus ou moins Contre le maître et pour l'esclave Qu'elle est témoin C'est la paix des peuples où sourd L'eau profonde des libertés C'est au silence des tambours Le mai planté C'est la paix couleur de la preuve Où le meurtre porte son nom A qui le voile de la veuve Dit Non C'est la paix qui force le crime A s'agenouiller dans l'aveu Et qui crie avec les victimes Cessez le feu Cessez partout le feu sur l'homme et la nature Sur la serre et le champ les jardins les pâtures Sur la table et le banc sur l'arbre et la toiture Sur la mer des poissons et celle des mâtures Sur le ciel où l'audace et l'oiseau s'aventurent Sur le passé de pierre où rêve la sculpture Sur les choses d'ici sur les choses futures Sur ce cœur dans son cœur qu'une mère défend Cessez le feu partout sur la femme et l'enfant Sur les chemins ombreux que le6 amants vont prendre Sur les baisers ardents où des baisers s'engendrent Sur les yeux grands ouverts pour le plaisir entendre Sur les amours vannés qui laissent le bras pendre Sur le réveil heureux des désirs sous leur cendre Sur cette douceur-là qui n'est jamais à vendre Sur les chuchotements qui font les lits si tendres Et de la. tête aux pieds comprendre ce qu'on sent Cessez le feu sur les caresses et le sang Cessez le feu devant les crèches et l'école Initial balbutiement de la parole Et les boules de neige et le lait dans le bol Le rire aux doigts levés à tort des pigeon-voie La décalcomanie au carreau que l'on colle Billes saute-moutons marelles courses folles Et deux et deux font quatre et do ré mi fa sol O cahiers de bâtons solfège épèlement O douceur aux premières pages du roman Cessez le feu sur le soleil des connaissances Le regard démêlant l'accessoire et l'essence L'énorme patience humaine qui recense La science qui sort comme une fleur des sens L'idée à l'accident mêlée à sa naissance L'homme sauf contre l'homme ayant toute licence Dans le laboratoire essayant sa puissance L'esprit qui dans les faits se plie et se déploie Cessez le feu sur le progrès trouvant sa loi Cessez le feu sur ceux qui goudronnent la route Et sur la profondeur des mines et des soutes Sur le bras qui défriche ou qui construit la voûte Les déblaiements à pratiquer coûte que coûte L'épaulement de chair où le polder s'arc-boute Et l'effort journalier qui n'a pas droit au doute Pétrole acier béton cristal caoutchouc toute La sueur investie aux matières qu'il faut Cessez le feu sur l'homme et ses pas triomphaux Cessez le feu sur la statue au corps durable Sur le peintre qui fait un verre désirable Sur le vers labourant aux nuages arables La musique par qui l'hiver est tolérable Dans la gorge le chant comme une ombre adorable La danse qui rend tout à ses pieds admirable Dentelle architecture aux forêts comparable Tout l'éblouissement soudain de la beauté Cessez cessez le feu sur ceux qui vont chanter Cessez le feu pour départager les doctrines Assez à la pensée opposer les machines Au cœur croyant porter la mort dans la poitrine Laissez comme à des fleurs au flanc de deux collines Leurs chances de printemps l'humaine et la divine A ces rêves de paix que divers imaginent Le pari de Pascal et celui de Lénine Assez trouer les yeux pour y chercher dedans La lumière qui fait le monde en l'inondant Cessez le feu sur ceux qui gagent sur l'aurore Leur morale et leur vie au lieu d'autres sur l'or Sur ceux même folie à vos yeux qui n'implorent Ni vos financements ni votre à bras-le-corps Et qui sans Plan Marshall sans Système Taylor Comptent sur le vouloir commun qu'on voit éclore Dans le refus commun des hommes à la mort Tais-toi l'atome et toi canon cesse ta toux Partout cessez le feu fessez le feu partout

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    L

    Louis Gallaup de Chasteuil

    @louisGallaupDeChasteuil

    De la guerre la paix et de la paix la guerre De la guerre la paix et de la paix la guerre L'Esté sort du Printemps, l'Automne de l'Esté, De l'Automne l'Hyver, l'Hyver de son costé Souspire en s'esmouvant, le Printems sur la Terre. Ainsi le Froid, le Chaud esmeuvent le Tonnerre ; Le Tonnerre l'Escler, l'Escler l'Obscurité ; L'Obscur esmeut le Froid, le Froid l'Humidité, L'Humide la Chaleur contrere au froid desserre ; Ainsi le jour, la Nuict, la Nuict chasse le Jour ; Les Astres de leur pante au Cyel font leur retour ; L'Eau coule de la Mer et dans la Mer se range ; La constante inconstance arrondit sa Vertu Pour ce grand Univers elle change et rechange Le Feu, l'Er, l'Eau, la Terre, en Er, Eau, Terre, Feu.

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    Léopold Sédar Senghor

    Léopold Sédar Senghor

    @leopoldSedarSenghor

    Prière de paix I. Seigneur Jésus, à la fin de ce livre que je T’offre comme un ciboire de souffrances Au commencement de la Grande Année, au soleil de Ta paix sur les toits neigeux de Paris - Mais je sais bien que le sang de mes frères rougira de nouveau l’Orient jaune, sur les bords de l’Océan Pacifique que violent tempêtes et haines Je sais bien que ce sang est la libation printanière dont les Grands Publicains depuis septante années engraissent les terres d’Empire Seigneur, au pied de cette croix – et ce n’est plus Toi l’arbre de douleur, mais au-dessus de l’Ancien et du Nouveau Monde l’Afrique crucifiée Et son bras droit s’étend sur mon pays, et son côté gauche ombre l’Amérique Et son cœur est Haïti cher, Haïti qui osa proclamer l’Homme en face du Tyran Au pied de mon Afrique crucifiée depuis quatre cents ans et pourtant respirante Laisse-moi Te dire Seigneur, sa prière de paix et de pardon. II. Seigneur Dieu, pardonne à l’Europe blanche ! Et il est vrai, Seigneur, que pendant quatre siècles de lumières elle a jeté la bave et les abois de ses molosses sur mes terres Et les chrétiens, abjurant Ta lumière et la mansuétude de Ton cœur On éclairé leurs bivouacs avec mes parchemins, torturé mes talbés, déporté mes docteurs et mes maîtres-de-science. Leur poudre a croulé dans l’éclair la fierté des tatas et des collines Et leurs boulets ont traversé les reins d’empires vastes comme le jour clair, de la Corne de l’Occident jusqu’à l’Horizon oriental Et comme des terrains de chasse, ils ont incendié les bois intangibles, tirant Ancêtres et génies par leur barbe paisible. Et ils ont fait de leur mystère la distraction dominicale de bourgeois somnambules. Seigneur, pardonne à ceux qui ont fait des Askia des maquisards, de mes princes des adjudants De mes domestiques des boys et de mes paysans des salariés, de mon peuple un peuple de prolétaires. Car il faut bien que Tu pardonnes à ceux qui ont donné la chasse à mes enfants comme à des éléphants sauvages. Et ils les ont dressés à coups de chicotte, et ils ont fait d’eux les mains noires de ceux dont les mains étaient blanches. Car il faut bien que Tu oublies ceux qui ont exporté dix millions de mes fils dans les maladreries de leurs navires Qui en ont supprimé deux cents millions. Et ils m’ont fait une vieillesse solitaire parmi la forêt de mes nuits et la savane de mes jours. Seigneur la glace de mes yeux s’embue Et voilà que le serpent de la haine lève la tête dans mon cœur, ce serpent que j’avais cru mort… III. Tue-le Seigneur, car il me faut poursuivre mon chemin, et je veux prier singulièrement pour la France. Seigneur, parmi les nations blanches, place la France à la droite du Père. Oh ! je sais bien qu’elle aussi est l’Europe, qu’elle m’a ravi mes enfants comme un brigand du Nord des boeufs, pour engraisser ses terre à cannes et coton, car la sueur nègre est fumier. Qu’elle aussi a porté la mort et le canon dans mes villages bleus, qu’elle a dressé les miens les uns contre les autres comme des chiens se disputant un os Qu’elle a traité les résistants de bandits, et craché sur les têtes-aux-vastes-desseins. Oui, Seigneur, pardonne à la France qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques Qui m’invite à sa table et me dit d’apporter mon pain, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlève la moitié. Oui Seigneur, pardonne à la France qui hait les occupants et m’impose l’occupation si gravement Qui ouvre des voies triomphales aux héros et traite ses Sénégalais en mercenaires, faisant d’eux les dogues noirs de l’Empire Qui est la République et livre les pays aux Grands-Concessionnaires Et de ma Mésopotamie, de mon Congo, ils ont fait un grand cimetière sous le soleil blanc. IV. Ah ! Seigneur, éloigne de ma mémoire la France qui n’est pas la France, ce masque de petitesse et de haine sur le visage de la France Ce masque de petitesse et de haine pour qui je n’ai que haine – mais je peux bien haïr le Mal Car j’ai une grande faiblesse pour la France. Bénis de peuple garrotté qui par deux fois sut libérer ses mains et osa proclamer l’avènement des pauvres à la royauté Qui fit des esclaves du jour des hommes libres égaux fraternels Bénis ce peuple qui m’a apporté Ta Bonne Nouvelle, Seigneur, et ouvert mes paupières lourdes à la lumière de la foi. Il a ouvert mon cœur à la connaissance du monde, me montrant l’arc-en-ciel des visages neufs de mes frères. Je vous salue mes frères : toi Mohamed Ben Abdallah, toi Razafymahatratra, et puis toi là-bas Pham-Manh-Tuong, vous des mers pacifiques et vous des forêts enchantées Je vous salue tous d’une cœur catholique. Ah ! je sais bien que plus d’un de Tes messagers a traqué mes prêtres comme gibier et fait un grand carnage d’images pieuses. Et pourtant on aurait pu s’arranger, car elles furent, ces images, de la terre à Ton ciel l’échelle de Jacob La lampe au beurre clair qui permet d’attendre l’aube, les étoiles qui préfigurent le soleil. Je sais que nombre de Tes missionnaires ont béni les armes de la violence et pactisé avec l’or des banquiers Mais il faut qu’il y ait des traîtres et des imbéciles. V. O bénis ce peuple, Seigneur, qui cherche son propre visage sous le masque et a peine à le reconnaître Qui Te cherche parmi le froid, parmi la faim qui lui rongent os et entrailles Et la fiancée pleure sa viduité, et le jeune homme voit sa jeunesse cambriolée Et la femme lamente oh ! l’œil absent de son mari, et la mère cherche le rêve de son enfant dans les gravats. O bénis ce peuple qui rompt ses liens, bénis ce peuple aux abois qui fait front à la meute boulimique des puissants et des tortionnaires. Et avec lui tous les peuples d’Europe, tous les peuples d’Asie tous les peuples d’Afrique et tous les peuples d’Amérique Qui suent sang et souffrances. Et au milieu de ces millions de vagues, vois les têtes houleuses de mon peuple. Et donne à leurs mains chaudes qu’elles enlacent la terre d’une ceinture de mains fraternelles. DESSOUS L’ARC-EN-CIEL DE TA PAIX. Paris, janvier 1945

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    Léopold Sédar Senghor

    Léopold Sédar Senghor

    @leopoldSedarSenghor

    Élégie pour Martin Luther King I Qui a dit que j’étais stable dans ma maîtrise, noir sous l’écarlate sous l’or ? Mais qui a dit, comme le maître de la masse et du marteau, maître du dyoung-dyoung du tam-tam. Coryphée de la danse, qu’avec ma récade sculptée Je commandais les Forces rouges, mieux que les chameliers leurs dromadaires au long cours ? Ils ploient si souples, et les vents tombent et les pluies fécondes. Qui a dit qui a dit, en ce siècle de la haine et de l’atome Quand tout pouvoir est poussière toute force faiblesse, que les Sur-Grands Tremblent la nuit sur leurs silos profonds de bombes et de tombes, quand A l’horizon de la saison, je scrute dans la fièvre les tornades stériles Des violences intestines ? Mais dites qui a dit ? Flanqué du sabar au bord de l’orchestre, les yeux intègres et la bouche blanche Et pareil à l’innocent du village, je vois la vision j’entends le mode et l’instrument Mais les mots comme un troupeau de buffles confus se cognent contre mes dents Et ma voix s’ouvre dans le vide. Se taise le dernier accord, je dois repartir à zéro, tout réapprendre de cette langue Si étrangère et double, et l’affronter avec ma lance lisse me confronter avec le monstre Cette lionne-lamantin sirène-serpent dans le labyrinthe des abysses. Au bord du chœur au premier pas, au premier souffle sur les feuilles de mes reins J’ai perdu mes lèvres donné ma langue au chat, je suis brut dans le tremblement. Et tu dis mon bonheur, lorsque je pleure Martin Luther King ! II Cette nuit cette claire insomnie, je me rappelle hier et hier il a un an. C’était lors le huitième jour, la huitième année de notre circoncision La cent soixante-dix-neuvième année de notre mort-naissance à Saint-Louis. Saint-Louis Saint-Louis ! Je me souviens d’hier d’avant hier, c’était il y a un an Dans la Métropole du Centre, sur la presqu’île de proue pourfendant Droit la substance amère. Sur la voie longue large et comme une victoire Les drapeaux rouge et or les étandards d’espérance claquaient, splendides au soleil. Et sous la brise de la joie, un peuple innombrable et noir fêtait son triomphe Dans les stades de la Parole, le siège reconquis de sa prestance ancienne. C’était hier à Saint-Louis parmi la Fête, parmi les Linguères et les Signares Les jeunes femmes dromadaires, la robe ouverte sur leurs jambes longues Parmi les coiffures altières, parmi l’éclat des dents le panache des rires des boissons. Soudain Je me suis souvenu, j’ai senti lourd sur mes épaules, mon cœur, tout le plomb du passé J’ai regardé j’ai vu les robes fanées fatiguées sous le sourire des Signares et des Linguères. Je vois les rires avorter, et les dents se voiler des nuages bleu noir des lèvres Je revois Martin Luther King couché, une rose rouge à la gorge Et je sens dans la mœlle de mes os déposées les voix et les larmes, hâ ; déposé le sang. De quatre cents années, quatre cents millions d’yeux deux cents millions de cœurs deux cents millions de bouches, deux cents millions de morts, Inutiles, je sens qu’aujourd’hui, mon Peuple je sens que Quatre Avril tu es vaincu deux fois mort, quand Martin Luther King. Linguères ô Signares mes girafes belles, que m’importent vos mouchoirs et vos mousselines Vos finettes et vos fobines, que m’importent vos chants si ce n’est pour magnifier MARTIN LUTHER KING LE ROI DE LA PAIX ? Ah, brûlez vos fanaux Signares, arrachez, vous Linguères vos perruques Rapareilles et vous militantes mes filles, que vous soyez de cendres, fermez laissez tomber vos robes Qu’on ne voie vos chevilles : Toutes femmes sont nobles Qui nourrissent le peuple de leurs mains polies de leurs chants rythmés. Car craignez Dieu, mais Dieu déjà nous a frappés de sa gauche terrible L’Afrique plus durement que 1es autres, et le Sénégal que l’Afrique En mil neuf cent soixante-huit ! III C’est la troisième année c’est la troisième plaie, c’est comme jadis sur notre mère l’Egypte. L’année dernière, ah Seigneur, jamais tu ne t’étais tant fâché depuis la Grande Faim Et Martin Luther King n’était plus là, pour chanter ton écume et l’apaiser. Il y a dans le ciel des jours brefs de cendres, des jours de silence gris sur la terre. De la pointe des Almadies jusqu’aux contreforts de Fongolimbi Jusqu’à la mer en flammes de Mozambique, jusqu’au cap de Désespoir Je dis la brousse est rouge et blancs les champs, et les forêts des boîtes d’allumettes Qui craquent. Comme de grandes marées de nausées, tu as fait remonter les faims du fond de vos mémoires. Voici nos lèvres sans huile et trouées de crevasses, c’est sous l’Harmattan le poto-poto des marigots. La sève est tarie à sa source, les citernes s’étonnent, sonores Aux lèvres des bourgeons, la sève n’est pas montée pour chanter la joie pascale Mais défaillent les swi-mangas sur les fleurs les feuilles absentes, et les abeilles sont mortelles. Dieu est un tremblement de terre une tornade sèche, rugissant comme le lion d’Ethiopie au jour de sa fureur. Les volcans ont sauté au jardin de l’Eden, sur trois mille kilomètres, comme feux d’artifice aux fêtes du péché Aux fêtes de Séboïm de Sodome de Gomorrhe, 1es volcans ont brûlé les lacs Et les savanes. Et les maladies, les troupeaux ; et les hommes avec Parce que nous ne l’avons pas aidé, nous ne l’avons pas pleuré Martin Luther King. Je dis non, ce ne sont plus les kapos, le garrot le tonneau le chien et la chaux vive, Le piment pilé et le lard fondu, le sac le hamac le micmac, et les fesses au vent au feu, ce ne sont plus le nerf de bœuf la poudre au cul La castration l’amputation la cruxifixion – l’on vous dépèce délicatement, vous brûle savamment à petit feu le cœur C’est la guerre post-coloniale pourrie de bubons, la pitié abolie le code d’honneur La guerre où les Sur-Grands vous napalment par parents interposés. Dans l’enfer du pétrole, ce sont deux millions et demi de cadavres humides Et pas une flamme apaisante où les consumer tous Et le Nigéria rayé de la sphère, comme la Nigritie pendant sept fois mais sept fois soixante-dix ans. Sur le Nigéria Seigneur tombe, et sur la Nigritie, la voix de Martin Luther King ! IV C’était donc le quatre Avril mil neuf cent soixante huit Un soir de printemps dans un quartier gris, un quartier malodorant de boue d’éboueurs Où jouaient au printemps les enfants dans les rues, fleurissaient le printemps dans les cours sombres Jouaient le bleu murmure des ruisseaux, le chant des rossignols dans la nuit des ghettos Des cœurs. Martin Luther King les avait choisis, le motel le quartier les ordures 1es éboueurs Avec les yeux du cœur en ces jours de printemps, ces jours de passion Où la boue de la chair serait glorifiée dans la lumière du Christ. C’était le soir quand la lumière est plus claire et l’air plus doux L’avant-soir à l’heure du cœur, de ses floraisons en confidences bouche à bouche, et de l’orgue et du chant et de l’encens. Sur le balcon maintenant de vermeil, où l’air est plus limpide Martin Luther debout dit pasteur au pasteur : « Mon frère n’oublie pas de louer le Christ dans sa résurrection, et que son nom soit clair chanté ! » Et voici qu’en face, dans une maison de passe de profanation de perdition, oui dans le motel Lorraine - Ah, Lorraine, ah, Jeanne la blanche, la bleue, que nos bouches te purifient, pareilles à l’encens qui monte ! Une maison mauvaise de matous de marlous, se tient debout un homme, et à la main le fusil Remington. James Earl Ray dans son télescope regarde le Pasteur Martin Luther King regarde la mort du Christ : « Mon frère n’oublie pas de magnifier ce soir le Christ dans sa résurrection ! » Il regarde, l’envoyé de Judas, car du pauvre vous avez fait le lycaon du pauvre Il regarde dans sa lunette, ne voit que le cou tendre et noir et beau. Il hait la gorge d’or, qui bien module la flûte des anges La gorge de bronze trombone, qui tonne sur Sodome terrible et sur Adama. Martin regarde devant lui la maison en face de lui, il voit des gratte-ciel de verre de lumière Il voit des têtes blondes bouclées des têtes sombre frisées, qui fleurissent des rêves Comme des orchidées mystérieuses, et les lèvres bleues et les roses chantent en chœur comme l’orgue accordées. Le Blanc regarde, dur et précis comme l’acier. James Earl vise et fait mouche Touche Martin qui s’affaisse en avant, comme une fleur odorante Qui tombe : « Mon frère chantez clair Son nom, que nos os exultent dans la Résurrection ! » V Cependant que s’évaporait comme l’encensoir le cœur du pasteur Et que son âme s’envolait, colombe diaphane qui monte Voilà que j’entendis, derrière mon oreille gauche, le battement lent du tam-tam. La voix me dit, et son souffle rasait ma joue : « Ecris et prends ta plume, fils du Lion ». Et je vis une vision. Or c’était en belle saison, sur les montagnes du Sud comme du Fouta-Djallon Dans la douceur des tamariniers. Et sur un tertre Siégeait l’Etre qui est Force, rayonnant comme un diamant noir. Sa barbe déroulait la splendeur des comètes ; et à ses pieds Sous les ombrages bleus, des ruisseaux de miel blanc de frais parfums de paix. Alors je reconnus, autour de sa Justice sa Bonté, confondus les élus et les Noirs et les Blancs Tous ceux pour qui Martin Luther avait prié. Confonds-les donc, Seigneur, sous tes yeux sous ta barbe blanche : Les bourgeois et les paysans paisibles, coupeurs de canne cueilleurs de coton Et les ouvriers aux mains fiévreuses, et ils font rugir les usines, et le soir ils sont soûlés d’amertume amère. Les Blancs et les Noirs, tous les fils de la même terre mère. Et ils chantaient à plusieurs voix, ils chantaient Hosanna ! Alléluia ! Comme au Royaume d’Enfance autrefois, quand je rêvais. Or ils chantaient l’innocence du monde, et ils dansaient la floraison Dansaient les forces que rythmait, qui rythmaient la Force des forces : la Justice accordée, qui est Beauté Bonté. Et leurs battements de pieds syncopés étaient comme une symphonie en noir et blanc Qui pressaient les fleurs écrasaient les grappes, pour les noces des âmes : Du Fils unique avec les myriades d’étoiles. Je vis donc – car je vis – Georges Washington et Phillis Wheatley, bouche de bronze bleue qui annonça la liberté – son chant l’a consumée _ Et Benjamin Franklin, et le marquis de La Fayette sous son panache de cristal Abraham Lincoln qui donna son sang, ainsi qu’une boisson de vie à l’Amérique Je vis Booker T. Washington le Patient, et William E.B. Dubois l’Indomptable qui s’en alla planter sa tombe en Nigritie J’entendis la voix blues de Langston Hughes, jeune comme la trompette d’Armstrong. Me retournant je vis Près de moi John F. Kennedy, plus beau que le rêve d’un peuple, et son frère Robert, une armure fine d’acier. Et je vis – que je chante ! – tous les Justes les Bons, que le Destin dans son cyclone avait couchés Et ils furent debout par la voix du poète, tels de grands arbres élancés Qui jalonnent la voie, et au milieu d’eux Martin Luther King. Je chante Malcom X, l’ange rouge de notre nuit Par les yeux d’Angela chante Georges Jackson, fulgurant comme l’Amour sans ailes ni flèches Non sans tourment. Je chante avec mon frère La Négritude debout, une main blanche dans sa main vivante Je chante l’Amérique transparente, où la lumière est polyphonie de couleurs Je chante un paradis de paix.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Allez en paix Allez en paix, mon cher tourment, Vous m'avez assez alarmée, Assez émue, assez charmée... Allez au loin, mon cher tourment, Hélas ! mon invisible aimant ! Votre nom seul suffira bien Pour me retenir asservie ; Il est alentour de ma vie Roulé comme un ardent lien : Ce nom vous remplacera bien. Ah ! je crois que sans le savoir J'ai fait un malheur sur la terre ; Et vous, mon juge involontaire, Vous êtes donc venu me voir Pour me punir, sans le savoir ? D'abord ce fut musique et feu, Rires d'enfants, danses rêvées ; Puis les larmes sont arrivées Avec les peurs, les nuits de feu... Adieu danses, musique et jeu ! Sauvez-vous par le beau chemin Où plane l'hirondelle heureuse : C'est la poésie amoureuse : Pour ne pas la perdre en chemin De mon coeur ôtez votre main. Dans votre prière tout bas, Le soir, laissez entrer mes larmes ; Contre vous elles n'ont point d'armes. Dans vos discours n'en parlez pas ! Devant Dieu pensez-y tout bas.

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    Maurice Chappaz

    @mauriceChappaz

    Allez en Paix ! Ma mère, qu'elle soit la première personne que je loue de l'autre côté ! Dès son sein elle m'avait recommandé : « Sois taciturne ». A-a-a, je l'ai dit à mon maître d'école, c'est la première lettre de l'au-delà. Le moins de bonheur et le plus de joie. Je désire trop. De mon pays même je dois sortir, de la terre où coulent le lait et le miel. Je ne dois emporter nulle chose sauf mon âme laquelle n'est pas à moi. Elle est seule et elle chante son rendez-vous avec la nuit.

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    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    En justice de paix Le vieux, contre la fenêtre, Fauve, en train de ruminer, Soudain s'entend condamner Au profit de ses trois maîtres. Il semble alors que son œil lent, Ayant défalqué l'assistance, Demande au grand Christ du mur blanc Ce qu'il pense de la sentence. Et quand le juge lui dit, froid : « Qu'avez-vous à répondre ? — Moi ! — Grince le vieux, pâle, et qui tremble, — J' n'ai rien à vous répondr' du tout Si c' n'est qu' vous êt' quat' chiens ensemble Pour manger un malheureux loup ! »

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    Max Elskamp

    @maxElskamp

    L’ange Et puis après, voici un ange, Un ange en blanc, un ange en bleu, Avec sa bouche et ses deux yeux, Et puis après voici un ange, Avec sa longue robe à manches, Son réseau d’or pour ses cheveux, Et ses ailes pliées en deux, Et puis ainsi voici un ange, Et puis aussi étant dimanche, Voici d’abord que doucement Il marche dans le ciel en long Et puis aussi étant dimanche, Voici qu’avec ses mains il prie Pour les enfants dans les prairies, Et qu’avec ses yeux il regarde Ceux de plus près qu’il faut qu’il garde ; Et tout alors étant en paix Chez les hommes et dans la vie, Au monde ainsi de son souhait, Voici qu’avec sa bouche il rit.

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    Nadia Ben Slima

    @nadiaBenSlima

    Vogue Au loin …la mer du nord Adossée au littoral la foule défile dans un flot bruyant, entre remous et repos. Sous le soleil renaissent les sourires. Sur la digue, se brisent les souvenirs, rêves apaisants bercés par l’écume vibrante. Chahuté par le vent, Le temps n’est plus alors rien Figé en une saison dont le sable est le témoin.

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    Nta Eric Stephan

    @ntaEricStephan

    Le chant de la liberté Le chant de la liberté C'est un chant doux Aux fleurs des arbres fous Dans une relation entre époux C'est un chant qui se paie à moindre coût Le chant de la liberté C'est un chant d'oiseau qui bat ses ailles Dans un feuillage qui ne dit pas son zèle Au son du vent et de la caravanes Un chant qui se déroule au silence de la savane Le chant de la liberté C'est un chant qui fait tomber les murs des prisons C'est un chant qui brise les chaines des captifs C'est un chant qui favorise les amours sans discrimination C'est le chant d'oiseau qui siffle au rythme du train C'est le chant qui vibre au silence de la nuit Le chant de la liberté C'est un chant qui célèbre l'égalité des Hommes C'est un chant qui marque la fin de tous les fléaux C'est un chant ou tous les Hommes marcherons la main dans la main Chantons ensemble la liberté dans tous les quatre coins du monde NTA ERIC STEPHAN Email:ndjokoanta@gmail.com

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    Olivier de Magny

    @olivierDeMagny

    Je cherche paix Je cherche paix, et ne trouve que guerre, Ores j’ai peur, ores je ne crains rien, Tantôt du mal et tantôt j’ai du bien, Je vole au ciel et ne bouge de terre. Au coeur douteux l'espérance j'enserre, Puis tout à coup je lui romps le lien, Je suis à moi et ne puis être mien, Suivant sans fin qui me fuit et m’enferre. Je vois sans yeux, je cours sans déplacer, Libre je suis et me sens enlacer D'un poil si beau que l'or même il égale : J’englace au feu, je brûle dedans l'eau, Je ris en pleurs, et ronge mon cerveau, Chantant toujours comme fait la cigale.

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    Ouahiba Chaoui

    @ouahibaChaoui

    Le paradis des criminels Ma mère, mon père Mes sœurs et mes frères Mes voisins, mes amis Mes copains de misère Je vous laisse ces quelques mots Je sais que vous n’en serez pas fiers Il n’y a rien à espérer dans cette vie Après ma mort les choses seront plus claires J’aurai le droit d’aller au paradis Juste après ma dernière prière C’est ce que m’ont déjà promis Les mandataires de dieu sur terre Probablement je n’aurai pas une tombe Pour que vous m’y mettiez des fleurs Car je vais étreindre une bombe Qui me déchiquettera en l’air Mes maitres m’ont fait comprendre Qu’il s’agit d’une guerre sainte Que c’est si brave de réduire en cendres Des enfants innocents et des femmes enceintes Des milliers d’anges en train de m’attendre Il n’y a pas de raison que j’aie crainte Il est grand temps que je m’y rende Pour libérer mon âme de sa contrainte Dites aux familles de victimes de ma part Que ma vie était tellement cruelle C’est parce qu’il ne me restait sur terre aucun espoir Que j’ai préféré partir au ciel Peut être qu’ils me pardonneront plus tard S’ils apprennent que j’étais pris dans un piège mortel J’ai pu comprendre… mais c’est trop tard Que le paradis promis, c’est le paradis des criminels.

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